Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Régis Jauffret a le don de s’intéresser au pire. Au pire du pire, aux saletés et à la merde. Claustria m’avait choqué et retourné. Là encore, il s’attaque a un indicible.
Enfin… il ne s’y atèle pas directement. Cette fois-ci il s’y prend par la bande, il remonte plus loin pour voir à l’origine des pires travers et (les psy tous en cœur approuveront), quel coupable plus facile et évident que la mère ?
Mais, Régis ne cède pas à la facilité. Si c’est bien dans le ventre de Klara que grandit le futur génocidaire, c’est plus de l’entourage dont il est sujet. Bondieuserie, clergé culpabilisateur, mari abusif et manipulateur (et un peu consanguin…), isolement et rabaissement systématique…
De quoi devenir fou et…
Un livre dans un milieu sale et puant. Terreau fertile pour annoncer pire encore
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) En juillet 1888, aux alentours de la Saint-Jacques, Oncle me fit grosse.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) De juillet 1888 à avril 1889, Klara Hitler porte dans son ventre celui qui est destiné à devenir l'incarnation du mal absolu.
Pour la première fois, la mère du monstre prend la parole sous la plume magistrale de Régis Jauffret, et nous confie le récit de sa grossesse funeste.
Neuf mois de violence et de religiosité étouffante, desquels naîtra celui qui incarnera le nazisme et la Shoah. Neuf mois durant lesquels Klara est traversée, habitée, possédée déjà par l'innommable, partagée entre l'amour pour son enfant à venir et les visions qu'elle reçoit malgré elle des crimes que ce fœtus, une fois devenu homme, commettra contre l'humanité tout entière.
Peu d'auteurs ont su explorer l'indicible avec le génie narratif dont fait preuve Régis Jauffret. Lui seul pouvait faire ce voyage dans les abysses, avec la conscience que seule la littérature peut explorer profondément l'âme humaine.
S’agit-il d’un prospectus de l’office du tourisme de Séoul ou manuel pour apprendre à gérer son diabète sans stress ?
Agréable et facile à lire, souvent drôle, ce petit livre reste en surface de toute problématique. Reste un joli voyage à Séoul pour y découvrir quelques curiosités et, pourquoi pas, stimuler les volontés touristiques…
Mais cette fin, misère ? Vite, entamons notre Glucose révolution avec Jessie Inchauspé ? Non ! Là, c’est trop
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Le diagnostic était tombé. Il allait devoir modifier drastiquement ses habitudes, lui qui ne s'était jamais amusé à les définir avec précision.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Un jeune Français, enfant adopté, solitaire et apathique, passe son temps devant un écran d’ordinateur. Adepte de jeux vidéo et de junk food, il se soucie peu de sa santé, jusqu’au jour où il apprend qu’il a du diabète et qu’il doit modifier fondamentalement son hygiène de vie. Il décide alors de partir en Corée pour y pratiquer le taekwon- do, bénéficier de la saine gastronomie de la péninsule et, par la même occasion, découvrir sa culture d’origine.
Loin d’être une énième variante sur la quête identitaire d’un individu déraciné́, ce roman réjouissant, à la fois mélancolique et tendre mais non dénué́ d’ironie, relate l’histoire d’une renaissance, sans faits glorieux ni émotions de pacotille.
Mais de quelles broderies parle donc Marjane ici ?
À Téhéran (et ailleurs) les femmes (aussi) se réunissent et parlent entre elles. Dans la famille Satrapi, ces discussions ont été élevées au rang d’art social. Marjane ouvre la porte et nous invite à pénétrer dans Saint des saints.
Un album peut être un peu moins hallucinant et créatif que Persepolis mais absolument hilarant !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) C'était vraiment succulent !
Merci.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Chez les Satrapi, lors des fêtes de famille, lorsque le ventre est bien rempli et que les hommes font la sieste, les femmes se réunissent autour d'un samovar et pratiquent la ventilation du coeur, c'est-à-dire qu'elles échangent des anecdotes sur des thèmes comme l'amour, le mariage ou le sexe. Une vision de la place des femmes dans la société iranienne.
Une histoire de proche aidant. Une fille et sa mère dans la souffrance, la dépression et l’envie d’en finir.
Une narration originale entre roman et poème, un style décousu qui exprime à lui tout seul le désarroi et la perte de repères.
Un relation fille-mère réunies par la violence de la maladie
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) un jour d'été, un jour de joie
deux ans ça se fête tu me diras
je ferai tout pour être là
nous sommes trois jours avant
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) De retour dans son pays natal après une longue absence, une femme prend soin de sa mère tombée malade. La veille de son hospitalisation, sa fille lui fait une promesse : l’emmener à Montauk, quand tout ira mieux. Mais comment voguer jusque-là ?
Boussole pour éviter la chute et déjouer l’urgence, l’écriture dessine la route vers ce lieu inconnu, au détour des trajets et des souvenirs réveillés par les souffrances de la mère. Montauk se révèle être une utopie du calme, du bruit aboli, de la parole retrouvée. Un lieu où, enfin, entre une mère et une fille, tout est simple.
Journal d’une tempête, Voir Montauk est une déclaration d’amour, où l’ironie et la poésie fendent la glace clinique des hôpitaux.
"mais il faut d’abord que j’apprenne ta mort, que j’apprenne à te laisser mourir, que j’arrête de dire non comme le font toujours les mamans"
Une histoire de village, d’Italie et de guerre. Une histoire de haines ancestrales, de jalousies, de rivalités et… au milieu, un terreau fertile pour les amours interdites des jeunesses qui se découvrent.
Malgré plusieurs époques et leur traitement un peu brouillon (ou trop emmêlé pour moi), le style et la passion emportent ce livre très touchant.
Il ne manque qu’un balcon pour se croire à Vérone…
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Lundi 6 septembre 1943
Premier jour d'école. Je ne sais pas si je tiendrai. Ils m'ont amené leurs gosses avec une méfiance de paysans obtus et coincés. C'est parce que je ne suis pas d'ici. Et que je suis une femme.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) "Dans ma famille, aucun évènement, pas même la guerre, ne pouvait enfreindre les certitudes d’un nom qui se savait fort pour sa discrétion, sa respectabilité. Aucune faute, commise ou non, ne serait jamais avouée. On trouverait le moyen de l’étouffer, de la rendre invisible et non advenue.
C’est ainsi que les histoires de famille, racontées à demi-mot par des tantes radoteuses, réchappées à l’enclos du silence pendant les fugues de mon enfance, constituèrent, à l’insu de tous, les vraies bases de mon éducation."
Âpre et rude est la vie à Rocca Patrizia ; frustres et obtus sont ses habitants. Dans cette atmosphère où l’on s’observe, se toise et se jalouse évoluent les familles du village. Leurs liens se dévoilent subtilement au fil des pages. Simona Brunel-Ferrarelli redonne vie avec fougue à cette Italie d’autrefois, aussi dramatique qu’envoûtante. Un roman que porte une écriture musicale et charnelle.
A court d’idées, Zep s’est un peu enlisé dans ce blog du Monde dans un one-man-strips un peu répétitif autour de sa bite et de sa calvitie (et parfois les deux en même temps).
Peut-être que l’actu était en panne en 2016 ? Ou était-ce Zep ?
Un dessin génial au service d’un projet un peu bâclé… comme une demi-molle
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Mi petit, mi grand...
Titeuf, dépêche-toi... Tu vas être en...
Pffff...
Ret...
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) L'auteur de Titeuf pose un regard sans concession Sur l'actualité sociopolitique de Son nombril. Il s'interroge sur la vanité des choses et s'engage pour un monde plus juste, sans guerre, sans peur de l'étranger et sans choux de Bruxelles.
De 2014 à 2018, Zep à tenu un blog BD sur Le Monde. Les strips ont été réunis sur deux albums et ça… c’est le premier.
Si le dessin est toujours chouette, les pensées sont de profondeur et de qualité très variables où la finesse côtoie le manque d’inspiration (souvent comblé par des bites… ça, ça passe toujours)
Et en relisant ces blagounettes 10 ans après, on se dit que malheureusement rien n’a vraiment changé, que ce soit pour le climat, la société, le Proche-Orient ou l’humour à deux zboubs. Probablement quelques cheveux en moins…
Rigolo. L’occasion éventuellement d’aller jeter un œil sur le blog What a wonderful world
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Ah ! si le smartphone avait été inventé plus tôt...
Les images géniales que l'on aurait pu faire !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) L'auteur de Titeuf pose un regard sans concession sur l'actualité sociopolitique de son nombril. Il s'interroge sur la vanité des choses et s'engage pour un monde plus juste, sans guerre, sans peur de l'étranger, et sans choux de Bruxelles.
Un groupe de rock, un groupe d’amis… une séparation et la vie qui mélange tout ça avec des femmes, des enfants, des accidents…
Une histoire tendre et amère sur la vie du point de vue des mecs. C’est plutôt bien vu et bien tourné. Un scénar’ rythmé aux nombreux flashbacks – et qui pourrait se retrouver facilement sur grand écran – soutenu par un talentueux dessin monochrome…
Des vies d’hommes et d’amitiés avec leurs succès et réussites, leurs failles, faiblesses, petitesses, trahisons… Des vies et des deuils
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Bienvenue à bord du vol BA 763 à destination de Londres - Heathrow - Nous vous prions d'éteindre vos appareils électroniques, de redresser vos tablet...
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Après s'être séparés plusieurs années auparavant, une bande de copains et membres d'un groupe de rock se retrouvent chez l'un d'eux, Sandro. Certains ont réussi, d'autres moins. Au détour de flash-back sur les concerts, la drogue, les amours passagères, ils comprennent les événements mal perçus à l'époque et découvrent que quelque chose de plus fort que la musique unit certains d'entre eux.
Très amusé par sa Patate chaude, c’est avec joie que je suis tombé sur le livre précédent de Marie Beer. Et quelle surprise, quelle claque ! Je me suis fait prestidigiter en toute beauté !
On suit ici le docteur Wilson, sa femme et sa patiente Sagama. Une histoire que l’on découvre au travers du journal du docteur harcelé tant par son épouse délaissée que par Sagama, suicidaire, abusée par son beau père, fragile, dépendante, instable, fugueuse, manipulatrice et qui dialogue avec des anges… Folle ?
Et ?
Et ce livre m’a retourné la tête !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Samedi 19 juillet 2014
J'ai offert ce jour à mon épouse un joli carnet auquel confier ses tourments. C'était une manière, peut-être malhabile, d'excuser ma suractivité professionnelle des derniers mois, vécue par elle comme un délaissement. Il m'arrive de conseiller à mes patients de coucher leurs maux par écrit avec des résultats très positifs. Un adolescent affronte ainsi un parent tyrannique sans risque de conflit.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Entouré d'une épouse un peu trop parfaite et d'un cercle social désespérément conformiste, le docteur Wilson, un psychiatre quinquagénaire, se réfugie dans l'écriture de son journal. Il y retrace la psychose de Sagama, une jeune patiente dont la disparition l'inquiète et dont la personnalité le fascine malgré lui... Un texte subtil, intense et drôle qui, au fil des pages, bouscule les représentations conventionnelles de la folie.