Un échec de Maigret

C’est clair, des fois, Maigret se plante. Mais en même temps, pour ne pas trop égratigner la légende, Simenon lui trouve bien des excuses, rend la victime détestable, les coupables presque légitimes ou alors même… innocents voir inexistants ?

Maigret était découragé d'avance. Il se sentait mal parti. Fumal était venu réclamer sa protection. Le commissaire ne l'avait pas cru et Fumal avait été tué d'une balle dans le dos. Tout à l'heure, sans doute, le ministre de l'Intérieur téléphonerait au directeur de la P.J.
Un échec de Maigret de Georges Simenon

Alors… échec ou demi-échec ?

Il semblait que c'était là le vice de Fumal: ruiner les autres, non seulement ceux qui se trouvaient sur son chemin ou qui lui portaient ombrage, mais ruiner n'importe qui, pour affirmer sa puissance, pour s'en persuader lui-même.

L’histoire du meurtre d’un odieux personnage qui serait certainement étiqueté aujourd’hui « pervers narcissique » et paranoïaque. Un ancien camarade d’école de Maigret, ami de ministre et sujet de lettres anonymes lui prédisant sa mort toute prochaine.

Un livre avec une toute-fin un peu trop morale pour être honnête

Maigret 77/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La vieille dame de Kilburn Lane et le boucher du parc Monceau.
C'est à peine si Joseph, le garçon de bureau, fit, en grattant la porte, le bruit léger d'une souris qui trottine. Il entrouvrit l'huis sans un craquement, surgit si silencieusement dans le bureau de Maigret qu'avec son crâne chauve auréolé de cheveux blancs presque immatériels, il aurait pu jouer les fantômes.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le commissaire reçoit la visite de Fumal, homme d'affaires de grande envergure qui se plaint d'être l'objet de lettres anonymes menaçantes et demande à être protégé en raison de son importance financière et politique.
Maigret, qui l'a connu dans son enfance, le trouve toujours aussi antipathique et s'occupe de lui à contrecœur.
Bien que sa maison ait été surveillée, Fumal est découvert assassiné le lendemain matin.

Ceci n’est pas un roman érotique

Après le jubilatoire et très érotique Il est 14h, j’enlève ma culotte, Zoé Vintimille propose un journal / bio / autofiction / roman (que sais-je et qu’importe). Une histoire de femme, sans pudeur mais pas forcément impudique.

Écrire
En rentrant chez elle, en fin de journée, elle se met à écrire. Les premiers mots qu'elle pose sont pour raconter la rencontre qui vient d'avoir lieu, les pieds dans l'eau, comme elle avait l'habitude de le faire par le passé avec chaque homme qui entrait dans sa vie.
Elle a toujours pris des notes, avant, sur ses rencontres avec les hommes. Au début sans autre but que de poser un peu de distance avec ce qui venait de se vivre, et pour se souvenir aussi, d'une phrase dite, d'une odeur, d'un détail, d'une sensation physique particulière éprouvée pendant le sexe. Et puis, également, ce besoin de faire récit, d'être bien certaine, en le figeant par des mots, que ce qui a eu lieu a vraiment eu lieu.
Ceci n’est pas un roman érotique de Zoé Vintimille

Alors que les premiers courts chapitres parlent d’«elle», elle laisse finalement tomber la distance et se met à écrire «je». Comme un besoin de cesser de se regarder, l’urgence de vivre et d’être présente.

Serais-je en train de tomber amoureuse? Est-ce que je suis capable de tomber amoureuse d'un homme qui n'a qu'un livre dans sa chambre, et qui de son propre aveu ne l'a lu qu'à demi? Je me dis petite saleté d'intello qu'est-ce que tu es snob.

Une femme, sa découverte de la sexualité, un mariage, des enfants… et tout s’emballe rien ne se maîtrise, la vie bouscule. Le sexe, l’amour… plus rien n’est clair

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Elle naît à 18h45, une dizaine de minutes avant son frère et deux bons mois avant terme. Elle est donc biologiquement l'aînée, mais il paraît que, concernant les naissances gémellaires, une sombre coutume attribuerait au second-né le bénéfice du droit d'aînesse.
Absurde.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Elle rencontre le sexe assez tard, si l'on tient en considération les statistiques établies. Vingt et un ans. Elle traînait cette virginité comme un boulet, rêvait d'entrer enfin dans la vraie vie, de découvrir le frisson, mais, rien à faire, ça ne venait pas. Il a bien fallu qu'elle prenne les choses en main. »

Partant d'une blessure amoureuse, la narratrice dévide sa vie et remonte au plus loin qu'elle peut, retraçant la façon dont elle a construit son rapport au sexe et à l'amour. Et comment elle s'y est révélée autant qu'enfermée. Joyeux, excitants, dérangeants, les tableaux tirés de son expérience racontent la vie d'une femme d'aujourd'hui : mère célibataire chahutée, quarantenaire qui revendique ses choix, sa sexualité et son goût des histoires

La première enquête de Maigret

Cette première enquête ressemble fort à une présentation (à postériori, écrite en 1949 alors que les premiers datent de 1931) des personnages. Et même si Maigret n’a pas toujours été vieux, Madame était déjà une « bonne grosse mémère ».

À neuf heures moins dix, une Mme Maigret souriante, qui sentait bon le frais et la savonnette, tirait les rideaux de la chambre, livrant passage à un soleil guilleret. Il n'y avait pas si longtemps qu'elle était mariée, et elle ne s'était pas encore habituée à l'aspect d'un homme endormi, avec les pointes des moustaches roussâtres qui frémissaient, les plissements du front quand une mouche s'y posait, les cheveux drus à rebrousse-poil. Elle riait. Elle riait toujours quand elle s'approchait de lui le matin, une tasse de café à la main, et qu'il la regardait avec des yeux vagues et un peu enfantins.
C'était une grosse fille fraîche comme on n'en voit que dans les pâtisseries ou derrière le comptoir de marbre des crémeries, une grosse fille pleine de vitalité qu'il pouvait pourtant laisser des journées entières dans leur petit appartement du boulevard Richard-Lenoir sans qu'elle s'ennuyât un instant.
 - A quoi penses-tu, Jules?
La première enquête de Maigret de Georges Simenon

Une enquête dans laquelle Jules (tout jeune et pas encore commissaire (juste secrétaire)), va s’en prendre plein la figure. Une sorte de clé pour la compréhension de son fatalisme ultérieur.

 - Je n'y comprends plus rien.
 - Parce que vous avez la prétention de comprendre?
Ce fut peut-être la première vraie leçon de modestie que reçut Maigret. L'inspecteur était plus âgé que lui. Il avait dépassé la trentaine. Il avait ce calme, cette sorte d'indifférence de ceux qui en ont beaucoup vu. Il fumait sa pipe à petites bouffées, sans essayer d'entendre ce qui se disait à l'intérieur.

Une enquête où les coupables resteront possiblement impunis… Mais comment le prouver ? Et ils sont si riches et si bien vus en société…

Maigret 55/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La déposition du flûtiste
Une balustrade noire partageait la pièce en deux. Du côté réservé au public, il n'y avait qu'un banc sans dossier, peint en noir lui aussi, contre le mur blanchi à la chaux et couvert d'affiches administratives. De l'autre côté, il y avait des pupitres, des encriers, des casiers remplis de registres énormes, noirs encore, de sorte que tout était noir et blanc. Il y avait surtout, debout sur une plaque de tôle, un poêle en fonte comme on n'en voit plus aujourd'hui que dans des gares de petites villes, avec son tuyau qui montait d'abord vers le plafond, puis se coudait, traversant tout l'espace avant d'aller se perdre dans le mur. L'agent au visage poupin, qui avait déboutonné son uniforme et qui essayait de dormir, s'appelait Lecœur.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Qui a tiré un coup de revolver, en pleine nuit, dans l'hôtel particulier de la puissante famille Gendreau-Balthazar, rue Chaptal ? Tout jeune secrétaire du commissariat du quartier Saint-Georges, Jules Maigret se voit confier une enquête officieuse - car on n'attaque pas de front ces gens de la haute société, aux relations influentes. Maigret va habilement débrouiller l'écheveau des secrets de la famille Gendreau. En particulier les ambitions d'Hector, fondateur de la dynastie : assurer à sa descendance un nom à particule. Comment la vanité mêlée aux intérêts d'argent peut déboucher sur le meurtre, c'est ce que nous découvrirons au terme de l'enquête. Enquête inutile. Maigret apprendra que les riches méritent des égards auxquels d'autres classes sociales n'ont pas droit...

Les vieux fourneaux : Chauds comme le climat

Les vieux fourneaux sont toujours verts ! Peut-être un peu moins vifs, moins drôles, moins percutants.

Et même si le discours reste toujours pertinent, la franchise a des hauts et des bas et cet opus n’est pas vraiment au sommet.

Les vieux fourneaux, tome 7 : Chauds comme le climat de Wilfrid Lupano, dessin de Paul Cauuet

Des histoires de village, de feu et d’usines qui rapportent plus en finance qu’en production. De jeunes qui tournent facho sans qu’il soit vraiment possible de comprendre pourquoi… Du sentiment que la violence monte inexorablement

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je suis vraiment navré de vous déranger, mais vous avez coupé votre téléphone, apparemment, et...
J'avais besoin de réfléchir


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'est la fête à Montcoeur ! Le maire a décidé d'organiser un « pique-nique de l'amitié et du vivre-ensemble ». Hélas, le vivre-ensemble a du plomb dans l'aile, ou plutôt un pic à brochette dans les fesses. Celles du maire, en l'occurrence, victimes d'une agression de Berthe, l'ancienne amante de Mimile.

La fête est donc de courte durée, d'autant qu'on apprend bientôt la mort d'Armand Garan-Servier, le patron de l'entreprise qui porte son nom.

À son décès s'ajoutent d'ailleurs plusieurs incendies inexpliqués qui ne font qu'attiser les tensions déjà palpables dans le village...

De son côté, à Paris, Antoine participe à la manifestation du 1er mai, où il s'oppose à la violence d'un militant des « black blocs », avant de se retrouver à l'hôpital après une charge policière musclée. Et il n'est pas au bout de ses peines...

L'événement lui vaut également une empoignade avec Pierrot, venu lui rendre visite. Un accrochage symbolique, qui témoignerait presque de l'impossible réconciliation au sein de la grande famille de la gauche...

Les vieux fourneaux : L’oreille bouchée

Les vieux fourneaux dans la fournaise et les moussons. Pluie et chaleur au pays de la déforestation et des mines d’or clandestines et officielles. Mercure, cyanure et arsenic au rendez-vous.

Les vieux fourneaux, tome 6 : L’oreille bouchée de Wilfrid Lupano, dessin de Cauuet Paul

Un tome un peu moyen au service d’une cause importante (euphémisme). La destruction aveugle des faunes, flores et populations au service du profit.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Touk
Tak
Touk
Qu'est-ce que ça m'énerve ce machin....


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Mimile a eu l'idée du siècle : inviter ses vieux amis à le rejoindre en Guyane pour un séjour mystérieux. Antoine, qui n'a jamais voyagé, est aux anges. Pierrot, qui n'a jamais voyagé non plus, n'a pas l'intention de laisser l'exotisme et l'aventure saper sa proverbiale mauvaise humeur.

Les voyages forment la jeunesse, pas les vieux, pense-t-il.

Il se trompe pourtant, car c'est bien l'enfance qui les attend au détour du fleuve Maroni. La jeunesse de Guyane, mais aussi la leur, celle des vertes années dans le Sud-Ouest, lorsque les trois amis jouaient aux pirates et rêvaient à des coffres remplis d'or !

Douchés par les pluies tropicales, menacés par les bestioles hostiles de la jungle et enivrés par leurs souvenirs, voilà les trois amis embarqués dans un voyage initiatique qui leur fera découvrir que la fièvre, en Amazonie, n'est pas transmise que par les moustiques.

Entre une ex-prétendante de Pierrot, une pièce de théâtre improvisée et la sacrée surprise de Mimile... ce voyage est une pépite !

Avec l'humour et l'engagement qui les caractérisent, Lupano et Cauuet rempilent pour un sixième tome des Vieux Fourneaux. Une aventure aux accents écologiques dans le berceau de l'or jaune...

Les vieux fourneaux : Bons pour l’asile

Après un tome quatre qui ne m’avait absolument pas conquis, j’avais laissé tomber cette série. Pourtant, ce tome est très drôle, enlevé, nuancé, et bien qu’il parte dans tous les sens, il est très cohérent.

Les vieux fourneaux, tome 5 : Bons pour l’asile de Wilfrid Lupano, dessin de Paul Cauuet

Un épisode dans lequel les ultras se retrouvent confrontés à leurs propres limites

Une bande dessinée où humour et anarchie font très bon ménage

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le rafiot arrive, je répète, le rafiot arrive. Tenez-vous prêts


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Retour à Paris pour Antoine, Mimile et Juliette. Le plan est simple : ramener Juliette auprès de sa mère, puis filer au Stade de France pour assister au match de rugby France-Australie. C'est du moins ce qui est prévu... Mais, désireuse de voir son père et son grand-père se rabibocher, Sophie les oblige à s'occuper ensemble de Juliette jusqu'au lendemain. Mimile ne peut donc compter que sur Pierrot pour l'accompagner au match. Or, Pierrot l'anarchiste mène un nouveau combat : il s'est engagé en faveur des migrants. Alors vous pensez bien qu'assister à un match opposant la France, qui refuse d'accueillir les migrants, à l'Australie, qui ne pense qu'à les entasser dans des camps, bafouant ainsi les droits de l'homme, c'est hors de question ! Mimile n'a plus pour seule compagnie que ses désillusions... Et si lui aussi était bon pour l'asile ?

Maigret et voleur paresseux

Maigret est un commissaire de romans bien spécial. Il fait des erreurs, s’accommode d’affaires non résolues, de tueurs impunis, de butins non récupérés, de voleurs en liberté… Tant que cela lui semble juste ou pas trop déraisonnable.

C'était rare qu'il parle de son métier, encore plus rare qu'il émette une opinion sur les hommes et leurs institutions. Il se méfiait des idées, toujours trop précises pour coller à la réalité qui, il le savait par expérience, est tellement fluide. Avec son ami Pardon seulement, le docteur de la rue Popincourt, il lui arrivait, après dîner, de grommeler ce qui pouvait passer à la rigueur pour des confidences.
Quelques semaines plus tôt, justement, il s'était laissé aller à parler avec une certaine amertume.
 - Les gens se figurent, Pardon, que nous sommes là pour découvrir les criminels et obtenir leurs aveux. C'est encore une de ces idées fausses comme il y en a tant en circulation et [...]
Maigret et voleur paresseux de Georges Simenon

Maigret (même s’il s’en désole et s’en réjouit à tour de rôle) n’est pas le juge, il n’est même pas la justice. Il est le flic !

Et comme il le dit dans ce voleur paresseux :

En réalité, notre rôle principal est de protéger l’Etat, d’abord, le gouvernement, quel qu’il soit, les institutions, ensuite la monnaie et les biens publics, ceux des particuliers et enfin, tout à la fin, la vie des individus…
« Avez-vous eu la curiosité de feuilleter le Code pénal? Il faut arriver à la page 177 pour y trouver des textes visant les crimes contre les personnes. Un jour, je ferai le compte exact, plus tard, quand je serai à la retraite. Mettons que les trois quarts du Code, sinon les quatre cinquièmes, s’occupent des biens meubles et immeubles, de la fausse monnaie, des faux en écritures publiques ou privées, des captations d’héritages, etc., etc., bref, de tout ce qui se rapporte à l’argent… A tel titre que l’article 274, sur la mendicité sur la voie publique, passe avant l’article 295, lequel vise l’homicide volontaire…»

Un commissaire bien désabusé !

Avec une vision bien cocasse des femmes…
Elle avait débuté, très jeune, sur le trottoir, aux alentours de la place des Ternes et, à vingt-cinq ans, elle dirigeait une maison de rendez-vous fréquentée par les hommes les plus distingués de Paris.
Elle avait tenu ensuite, rue Notre-Dame-de-Lorette, un cabaret de nuit d'un genre spécial à l'enseigne de La Cravache.

Maigret 86/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il y eut un vacarme pas loin de sa tête et Maigret se mit à remuer, maussade, comme effrayé, un de ses bras battant l'air en dehors des draps. Il avait conscience d'être dans son lit, conscience aussi de la présence de sa femme qui, mieux éveillée que lui, attendait dans l'obscurité sans rien oser dire.
Sur quoi il se trompait - pendant quelques secondes tout au moins - c'était sur la nature de ce bruit insistant, agressif, impérieux. Et c'était toujours en hiver, par temps très froid, qu'il se trompait de la sorte.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Il y eut un vacarme pas loin de sa tête et Maigret se mit à remuer, maussade, comme effrayé, un de ses bras battant l’air en dehors des draps. Il avait conscience d’être dans son lit, conscience aussi de la présence de sa femme qui, mieux éveillée que lui, attendait dans l’obscurité sans rien oser dire. Sur quoi il se trompait – pendant quelques secondes tout au moins – c’était sur la nature de ce bruit insistant, agressif, impérieux

Maigret et la grande perche

Si le Jules Maigret des romans (pour les séries télévisées, c’est tout autre chose!) a quelques traits communs avec son homologue de Los-Angeles, Frank Columbo (dont le prénom n’est jamais cité alors qu’on aperçoit parfois celui de Maigret), il y a quand même une très grosse différence : le français fait des erreurs !

Et c’est avec Ernestine que débute ce polar, venant demander de l’aide au commissaire alors que des années auparavant, elle avait fait de la prison par erreur à cause de Maigret… Pas rancunière !

 - Pour quelle raison l'aurais-je inventée? Vous pensez ça aussi, monsieur Maigret?
 - Je ne pense rien du tout.
Il souriait vaguement. Il était bien, quasi béat. La bière était fraîche, et l'ombre avait du goût, comme à la campagne, peut-être à cause de la proximité du Bois de Boulogne.
Une après-midi de paresse. Ils avaient bu deux demis. Puis, pour ne pas abandonner la fille si loin du centre de Paris, ils l'avaient prise dans leur taxi et l'avaient déposée au Châtelet.
 - Téléphonez-moi dès que vous recevrez une lettre.
Il sentait qu'il la décevait, qu'elle l'avait imaginé autrement. Elle devait se dire qu'il avait vieilli, était devenu comme les autres et ne s'occuperait que mollement de son affaire.
Maigret et la grande perche de Georges Simenon

Une histoire de perceur de coffres nocturne qui tombe sur un cadavre qu’il n’aurait pas du voir

Maigret 66/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Où Maigret retrouve une ancienne connaissance qui a fait une fin à sa façon et où il est question de Fred-le-Triste et d'une probable dépouille mortelle.
La fiche que le garçon de bureau avait fait remplir et qu'il tendait à Maigret portait textuellement :
« Ernestine, dite la Grande Perche (ex-Micou, actuellement Jussiaume), que vous avez arrêtée, il y a dix-sept ans, rue de la Lune, et qui s'est mise à p... pour vous faire enrager, sollicite l'honneur de vous parler de toute urgence d'une affaire de la plus haute importance. »


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«La Grande Perche», c'est Ernestine, une prostituée qui a eu jadis maille à partir avec le commissaire Maigret. C'est à lui, dont elle a pu apprécier l'humanité et l'indulgence, qu'elle vient confier le secret qui terrorise son mari. Au cours d'un cambriolage chez un dentiste de Neuilly, celui-ci a découvert le cadavre d'une femme dans la maison.
Ainsi Maigret va-t-il faire la connaissance du Dr Guillaume Serre, veuf d'une première femme et, dit-il, quitté par la seconde, une Hollandaise du nom de Maria. Maria a-t-elle vraiment regagné Amsterdam ?
Quels secrets ténébreux partagent le dentiste et sa mère, personnalité dominatrice dont il n'a manifestement jamais su s'affranchir ?

Le chien jaune

Maigret en Bretagne pour un des titres qui fit la renommée de Simenon… Et pourtant.

 - Assieds-toi !... Quel âge as-tu?
 - Vingt-quatre ans...
Il y avait en elle une humilité exagérée. Ses yeux battus, sa façon de se glisser sans bruit, sans rien heurter, de frémir avec inquiétude au moindre mot, cadraient assez bien avec l'idée qu'on se fait du souillon habitué à toutes les duretés. Et pourtant on sentait sous ces apparences comme des pointes d'orgueil qu'elle s'efforçait de ne pas laisser percer.
Elle était anémique. Sa poitrine plate n'était pas faite pour éveiller la sensualité. Néanmoins elle attirait, par ce qu'il y avait de trouble en elle, de découragé, de maladif.
Le chien jaune de Georges Simenon

Un polar dans lequel les meurtres et les tentatives se succèdent chaque jour avec pour témoin… un chien jaune. Et un commissaire qui ne pense pas, ne devine pas et ne semble rien faire alors que tout Concarneau panique et s’affole.

Le maire n'avait eu qu'un tressaillement.
 - J'espère que ce n'est qu'une petite vengeance...
Alors Maigret se leva soudain, secoua sa pipe dans le foyer, prononça en arpentant la bibliothèque :
 - Même pas ! Vous voulez des conclusions? Eh bien ! en voilà... J'ai tenu simplement à vous montrer qu'une affaire comme celle-ci n'est pas une simple opération de police qu'on dirige de son fauteuil à coups de téléphone... Et j'ajouterai, monsieur le maire, avec tout le respect que je vous dois, que, quand je prends la responsabilité d'une enquête, je tiens avant tout à ce qu'on me f... la paix !
C'était sorti tout à trac. Il y avait des jours que cela couvait. Maigret, peut-être pour se calmer, but une gorgée de whisky, regarda la porte en homme qui a dit ce qu'il avait à dire et qui n'attend plus que la permission de s'en aller.

Puis, tout s’éclaire. Miracle ou omniscience ? Maigret génie ou Simenon prestidigitateur ?

Une enquête qui fit partie de la première saison des enquêtes du commissaire Maigret avec Jean Richard dans le rôle titre

Maigret 6/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le chien sans maître
Vendredi 7 novembre. Concarneau est désert. L'horloge lumineuse de la vieille ville, qu'on aperçoit au-dessus des remparts, marque onze heures moins cinq.
C'est le plein de la marée et une tempête du sud-ouest fait s'entrechoquer les barques dans le port. Le vent s'engouffre dans les rues, où l'on voit parfois des bouts de papier filer à toute allure au ras du sol.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Des notables peu recommandables - A Concarneau, le sort s'acharne sur les joueurs d'une banale partie de carte...

A Concarneau, des faits troublants mettent la ville en émoi. On tente d'assassiner M. Mostaguen, au sortir de sa partie de cartes quotidienne à l'Hôtel de l'Amiral. Le sort s'acharne sur ses partenaires, car, deux jours après l'arrivée de Maigret, Jean Servières, rédacteur au Phare de Brest, disparaît ; le siège avant de sa voiture est maculé de sang. M. Le Pommeret meurt chez lui, empoisonné. Le docteur Michoux pense être le suivant

Maigret et le client du samedi

Un homme – un faiblard que Maigret aimerait bien secouer – vient lui annoncer après pas mal d’hésitations qu’il va bien finir par tuer sa femme et son amant qui couchent dans son lit alors que lui est relégué au salon sur un lit pliable.

Ce fut un dimanche matin comme les autres, paresseux et vide, un
peu terne. Maigret avait l'habitude, ce jour-là, quand, par chance, il le passait chez lui, de faire la grasse matinée et, même s'il n'avait pas sommeil, il restait au lit, sachant bien que sa femme n'aimait pas « l'avoir dans les jambes » tant qu'elle n'avait pas fini le gros du ménage. 
Presque toujours, il l'entendait se lever avec précaution, vers sept heures, se glisser hors du lit, gagner la porte sur la pointe des pieds; puis il entendait le déclic du commutateur dans la pièce voisine et un trait lumineux se dessinait au ras du plancher. 
Il se rendormait, sans s'être éveillé tout à fait. Il savait que les choses se passaient ainsi et cette certitude pénétrait son sommeil.
Maigret et le client du samedi de Georges Simenon

Mais voilà que trois jours après, il disparaît.

Il mangea son rôti de veau sans appétit et sa femme se demanda pourquoi il lui disait tout à coup: 
 - Demain, tu nous feras des andouillettes...

Une enquête pas vraiment intéressante et qui tient avec des bouts de ficelles mais raconte une bien navrante histoire. Et si Maigret n’a pas beaucoup d’empathie pour les soumis, il semble franchement détester les forts-à-bras

Maigret 90/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Certaines images, sans raison, sans que nous y soyons pour rien, se raccrochent à nous, restent obstinément dans notre souvenir alors que nous sommes à peine conscient de les avoir enregistrées et qu'elles ne correspondent à rien d'important. Ainsi, sans doute, Maigret, des années plus tard, pourrait- il reconstituer minute par minute, geste par geste, cette fin d'après-midi sans histoire du Quai des Orfèvres.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Léonard Planchon est un homme médiocre et faible, qui a repris, à la mort de son patron, une petite entreprise de peinture assez prospère. Plusieurs samedis consécutifs, on l'a vu à la P.J. faisant antichambre pour parler au commissaire Maigret, mais repartant toujours avant d'être reçu. Ce « client du samedi », comme on l'appelle au quai des Orfèvres, se présente – un samedi également – à l'appartement du commissaire ; il veut s'ouvrir à lui d'une idée qui l'obsède : tuer sa femme et son amant, Roger Prou, un bel homme, qui travaille chez Planchon où, peu à peu, il prend la place du patron