Maigret et Monsieur Charles

Le dernier Maigret de Simenon. Mais si !

Mme Maigret lui jeta le petit regard anxieux qu'elle avait toujours quand son mari menait une enquête difficile. Elle ne s'étonnait pas de son silence, de son air grognon. On aurait dit qu'une fois à la maison, il ne savait où se mettre, ni quoi faire.
Il mangeait distraitement et il arrivait à sa femme de lui demander en souriant :
 - Tu es là ?
Car il n'y était pas en esprit. Elle se souvenait d'une conversation entre les deux hommes, un soir qu'ils dînaient chez le docteur Pardon.
 - Il y a une chose, disait Pardon, que j'ai de la peine à comprendre. Vous êtes tout le contraire d'un justicier. On dirait même que, quand vous arrêtez un coupable, vous ne le faites qu'à regret. 
 - Cela arrive, oui.
 - Et pourtant vous prenez vos enquêtes à cœur comme si cela vous touchait personnellement...
Et Maigret avait répondu simplement :
 - Parce que c'est chaque fois une expérience humaine que je vis. Quand on vous appelle au chevet d'un malade inconnu, est-ce que vous n'en faites pas une affaire personnelle, vous aussi ?
Maigret et Monsieur Charles de Georges Simenon

Une histoire à mettre dans les grands classiques de Maigret. Un polar « sociologique » qui s’intéresse à un couple bien aisé (Monsieur est notaire et il possède une des études les plus en vue de Paris) mais qui ne se côtoie plus, ne s’aime plus et ne se croise plus que rarement dans un grand appartement. D’ailleurs, monsieur s’absente régulièrement dans les bras de jeunes filles et madame boit à la maison. Madame boit beaucoup !

Et madame débarque dans le bureau du commissaire pour signaler la disparition de monsieur Sabin-Levesque…

Maigret 103/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Maigret jouait, dans un rayon de soleil de mars encore un peu frileux. Il ne jouait pas avec des cubes, comme quand il était enfant, mais avec des pipes.
Il y en avait toujours cinq ou six sur son bureau et, chaque fois qu'il en bourrait une, il la choisissait avec soin selon son humeur.
Son regard était flou, ses épaules tassées. Il venait de décider du reste de sa carrière. Il ne regrettait rien, mais il en gardait une certaine mélancolie.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Voilà longtemps que Nathalie Sabin-Levesque sait à quoi s'en tenir sur les fugues de son mari. Tandis qu'elle sombre peu à peu dans l'alcool, rejetée par l'entourage de ce confortable notaire du faubourg Saint-Germain, Gérard, qui ne l'aime plus, se distrait dans les boîtes de nuit des Champs-Elysées, où les professionnelles le connaissent sous le nom de monsieur Charles. Mais cela fait un mois maintenant que Gérard n'a pas reparu... C'est à l'histoire d'un couple depuis longtemps désuni que Maigret va s'intéresser ici, telle que lui permettent de la reconstituer les témoignages des amis et des domestiques. Et à une femme dont l'ascension sociale aura été payée du prix de la solitude et de la déchéance

Bye Russel

Et vous ? Vous avez déjà lu Russell ?

Russell Banks

Bon, moi pas, j’avoue. Mais voilà que ça me titille. Bien dommage que ce soit une disparition qui mette en lumière !

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Publié le Catégories Deuil

Maigret, Lognon et les gangsters

Voilà un Maigret bien sympa, et ça, pour plusieurs raisons.

La première, c’est d’y retrouver le grisâtre Lognon, le Malgracieux ! Et que dire de sa femme, misère !

 - Je vous suis tellement reconnaissante d'être venu! Si vous saviez l'admiration que mon pauvre mari a pour vous !
Ce n'était pas vrai. Lognon le détestait. Lognon détestait tous ceux qui avaient la chance de travailler Quai des Orfèvres, tous les commissaires, tout ce qui avait un grade supérieur au sien. Il détestait ses aînés parce qu'ils étaient ses aînés et les jeunes parce qu'ils étaient jeunes. Il...
 - Asseyez-vous, monsieur le commissaire...
 - Elle était petite, maigre, mal coiffée, vêtue d'une robe de chambre en flanelle d'un vilain mauve. Ses yeux étaient profondément cernés, ses narines pincées, et elle portait sans cesse la main au côté gauche de sa poitrine comme quelqu'un qui souffre du coeur.
Maigret, Lognon et les gangsters de Georges Simenon

C’est aussi un Maigret d’action. Et ça bouge, ça tire, il a des virées de nuit en voiture et des blessés !

 - Je n'ai jamais vu Charlie Cinaglia en chair et en os, car j'ai quitté les Etats-Unis avant qu'il se fasse connaître et je n'ai pas entendu dire qu'il soit venu en Europe.
 - Je pensais que quelqu'un aurait pu vous en parler. Il s'est rendu plusieurs fois chez Pozzo. Or, vous êtes d'origine italienne tous les deux.
 - Je suis d'origine napolitaine, rectifia Luigi.
 - Et Pozzo?
 - Sicilien. C'est un peu comme si vous confondiez les Marseillais et les Corses.

Enfin, c’est une enquête à l’américaine. Avec des vrais gangsters, des italo-américains qui défouraillent et n’ont pas peur des coups. Des professionnels du crime.

 - Rien à me dire?
Pour toute réponse, il reçut une des injures les plus crues de la langue anglaise faisant allusion à la façon dont sa mère l'avait conçu.

Et là, le commissaire que l’on tente de décourager par tous les moyens mais qui, suite à son voyage aux États-Unis ne complexe pas, persiste et embarque !

Maigret 67/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Où Maigret est contraint de s'occuper de Mme Lognon, de ses infirmités et de ses gangsters.
- Entendu... Entendu... Oui, monsieur... Mais oui... Mais oui... Je vous promets de faire tout mon possible.. C'est cela... Je vous salue... Comment ? Je dis : je vous salue... Il n'y a pas d'offense... Bonjour, monsieur...
Pour la dixième fois, sans doute, il ne les comptait plus, Maigret raccrocha le téléphone, ralluma sa pipe avec un regard de reproche à la pluie longue et froide qui tombait derrière les vitres et, saisissant sa plume, se pencha sur le rapport commencé depuis une heure et qui n'avait pas encore une demi-page.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Surnommé l'inspecteur Malgracieux à cause de son humeur et de son aspect sinistre, Lognon se croit sans cesse persécuté : il est convaincu qu'une vaste conspiration nuit à son avancement. Or, voici que se présente l'affaire de sa vie : une nuit, un corps est jeté d'une voiture sur la chaussée ; aussitôt arrive une autre voiture, dont le conducteur enlève le corps. Lognon qui a assisté à la scène décide d'agir sans en référer à ses chefs, mais bientôt sa femme reçoit la visite d'inquiétants personnages parlant anglais. Effrayé, Lognon raconte tout à Maigret, lequel prend l'affaire en main d'autant que le jour même, Lognon est attaqué, et se retrouve à l'hôpital, sérieusement blessé

Le port des brumes

En ramenant un amnésique qui s’était pris une balle dans la tête (de quoi la perdre, donc), Maigret se retrouve dans le brouillard d’un port de Normandie, à Ouistreham, avec l’espoir de démêler un sacré sac de noeuds…
Mais les marins et les normands ne sont guère causants ni vraiment collaboratifs.

Julie en a profité pour tapoter le bout de son nez de sa houppette. Elle a encore les yeux un peu rouges d'avoir pleuré.
C'est drôle ! Il y a des moments où elle est jolie, où elle paraît très fine. Puis d'autres où, sans qu'on sache pourquoi, on sent la petite paysanne restée fruste.
Le port des brumes de Georges Simenon

Une enquête des débuts, avec plus d’action et des énigmes plus fouillées et complexes que dans les derniers. Un commissaire plus actif aussi et qui se retrouve en bien mauvaise posture.

Le médecin arrivait, un ami de la famille qui regardait le cadavre avec effarement.
« M. Grandmaison s'est suicidé ! dit Maigret avec fermeté. A vous de découvrir de quelle maladie, il est mort. Vous me comprenez ? Moi, je me charge de la police... »

Mais déjà, un Maigret pour qui la découverte vérité semble plus importante que la justice

Maigret 15/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le chat dans la maison
Quand on avait quitté Paris, vers trois heures, la foule s'agitait encore dans un frileux soleil d'arrière-saison. Puis, vers Mantes, les lampes du compartiment s'étaient allumées. Dès Evreux, tout était noir dehors. Et maintenant, à travers les vitres où ruisselaient des gouttes de buée, on voyait un épais brouillard qui feutrait d'un halo les lumières de la voie.
Bien calé dans son coin, la nuque sur le rebord de la banquette, Maigret, les yeux mi-clos, observait toujours, machinalement, les deux personnages, si différents l'un de l'autre, qu'il avait devant lui.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un petit port, entre Trouville et Cherbourg. Un vieux capitaine amnésique et sa jeune gouvernante. Et puis un meurtre qui va amener Maigret à remuer de sordides et tragiques secrets de famille. Avec un dossier présentant l'oeuvre et l'auteur, et donnant des clés pour aller à l'essentiel et approfondir l'étude de ce classique des romans policiers

La nuit du carrefour

Avant le voyant d’Etampes (rien à voir, d’ailleurs), il y eu le carrefour d’Étampes. le Carrefour des Trois Veuves ! Un Maigret atypique (une des premières enquêtes de 1931 d’ailleurs, ce qui pourrait être une explication) avec de l’action, des coups de révolver, des menottes et des voitures qui foncent dans la nuit.

Elle lui tendit un briquet finement ciselé, soupira en bombant la poitrine, ce qui échancra son corsage.
Mais le commissaire ne se hâtait pas de la juger. Il avait vu, dans la société qui hante les palaces, de fastueuses étrangères qu'un petit bourgeois eût prises pour des grues.
La nuit du carrefour de Georges Simenon

Après plus d’une trentaine de Maigret, une chose de plus que je trouve fascinante avec Simenon, c’est son traitement des relations hommes-femmes dans une époque bien tradi-patriarcale. Et alors qu’il se vantait d’avoir connu 10’000 femmes lors d’un entretien avec Fellini (il dira par la suite que ce fut une boutade), le commissaire Maigret semble asexué et insensible aux charmes féminins. Pour autant, que dire descriptions des femmes qui parsèment ses livres et peuvent paraître aujourd’hui bien « étranges » ?

Elle frémit.
« C'est sûrement la principale raison pour laquelle il se cache...
 - Mais il vous cache, par le fait !
 - Qu'est-ce que cela peut faire ?
 - Vous êtes sacrifiée...
 - C'est le rôle d'une femme, surtout d'une sœur... Ce n'est pas tout à fait la même chose en France... Chez nous, comme en Angleterre, dans une famille, il n'y a que le fils aîné, l'héritier du nom, qui compte... »

Et les relations Monsieur et Madame Maigret ? Et les différents couples représentés ? Le témoignage d’une époque ?

Maigret 7/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le monocle noir
Quand Maigret, avec un soupir de lassitude, écarta sa chaise du bureau auquel il était accoudé, il y avait exactement dix-sept heures que durait l'interrogatoire de Carl Andersen.
On avait vu tour à tour, par les fenêtres sans rideaux, la foule des midinettes et des employés prendre d'assaut, à l'heure de midi, les crèmeries de la place Saint-Michel, puis l'animation faiblir, la ruée de six heures vers les métros et les gares, la flânerie de l'apéritif.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Sur la route de Paris à Étampes, à trois kilomètres d'Arpajon, se trouve un lieu-dit qu'on appelle le Carrefour des Trois Veuves. Il n'y a que trois maisons à ce carrefour: l'une est une villa habitée par un aristocrate danois, Carl Andersen, et sa sœur Else. La deuxième est le pavillon d'un agent d'assurances et de sa femme, les Michonnet. La troisième est celle du garagiste Oscar et de sa femme. Un dimanche, Michonnet découvre que sa voiture, dans son garage, a été remplacée par celle d'Andersen. Et dans le garage de la villa d'Andersen, on trouve la voiture de Michonnet, occupée par le cadavre de Goldberg, un diamantaire anversois. Le commissaire Maigret se rend sur place pour enquêter, et s'installe, avec le brigadier Lucas, à l'auberge d'Avrainville proche

Maigret en meublé

Encore un opus bien sympa du commissaire. Une enquête à tiroirs où les réponses trop évidentes déplaisent à Maigret.

Un polar qui commence durement ! On a tiré sur Janvier, une balle lui a traversé le poumon. Pour démasquer le tireur, Maigret va s’installer en planque dans un meublé.

Le petit bistro, plus loin, où Maigret avait dîné, avait depuis longtemps fermé ses portes, et c'est vers le même moment aussi que, sans raison, Maigret s'était mis à penser à un verre de bière bien fraîche. Peut-être parce qu'un autobus avait freiné du côté du boulevard Saint-Michel, dont il avait évoqué les brasseries ?
Cela devint vite une obsession. La chartreuse lui laissait la bouche pâteuse et il avait l'impression que sa gorge restait grasse du ragoût de mouton qu'il avait mangé chez les Auvergnats et qui lui avait paru si savoureux.
Un instant, il hésita à remettre sa cravate, à descendre sans bruit, à faire un saut à pied jusqu'à la première brasserie.
Mlle Clément était couchée. Il faudrait la réveiller pour sortir, puis à nouveau pour rentrer.
Il alluma une pipe, toujours accoudé à l'appui de sa fenêtre, à respirer la nuit, mais cette idée de bière ne le quittait pas.
Maigret en meublé de Georges Simenon

Un livre bien intéressant pour comprendre le système qui précéda les digicodes : les concierges (même si en l’occurrence il s’agit de la propriétaire) qui étaient chargé-e-s d’ouvrir la porte du bas et d’assurer la moralité – et les commérages – de l’immeuble. Mais également bien amusant pour son traitement de la séduction où, pour une maigre fois, Simenon parle à mots couverts des attraits féminins d’une généreuse propriétaire

Mlle Clément se précipita à sa rencontre, tout excitée, ses gros seins remuant dans son corsage à chaque mouvement comme de la gélatine.

Maigret 65/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Comment Maigret passa une soirée de célibataire et comment elle se termina à l'hôpital Cochin
- Pourquoi ne viendriez-vous pas dîner chez nous, à la fortune du pot?
Le brave Lucas avait probablement ajouté :
- Je vous assure que ma femme en serait enchantée.
Pauvre vieux Lucas ! Ce n'était pas vrai, car sa femme, qui s'affolait pour un oui ou pour un non et pour qui c'était un martyre que d'avoir quelqu'un à dîner, l'aurait certainement accablé de reproches.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Qui a tiré sur l'inspecteur Janvier, tandis qu'il surveillait l'immeuble de la rue Lhomond où habitait le nommé Paulus, recherché pour vol ? Afin de le savoir, Maigret recourt une fois de plus à sa bonne vieille méthode : s'immerger dans la vie quotidienne, observer, deviner, prendre son temps. Le voici installé au coeur d'un vieux Paris tranquille et quasi provincial, dans l'immeuble où règne Mlle Clément, la propriétaire, affable, optimiste et espiègle. Au reste, tous les habitants sont sympathiques, même les suspects. Ce n'est tout de même pas Mme Boursicault, l'infirme du deuxième étage, qui a pu tirer sur un policier ? La vérité va d'elle-même venir au-devant de Maigret. Et nous découvrirons une fois encore comment les vies en apparence les plus tranquilles peuvent receler bien des secrets...

Il était une fois dans l’Est

Cette bd-bio – aux nombreux flash-back sur la jeunesse d’Isadora Duncan – raconte la relation mouvementée entre le poète russe Sergueï Essenine et la danseuse.

Il était une fois dans l’Est de Julie Birmant, dessin de Clément Oubrerie

Au faît de sa gloire, Isadora décide de partir à Moscou soutenir la révolution et danser pour les masses travailleuses. Elle y rencontre Sergueï, de 18 ans son cadet pour une relation mouvementée, comme sa vie d’ailleurs !

Isadora Ducan

Un dessin très dansant pour une bio qui m’a semblé peu claire dans ses intentions.

Et finalement, est-ce réellement un tome 1 sans suite ou faut-il voir Isadora comme le tome 2 d’une série tarabiscotée ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Voyou aimant à se fracasser les poings dans les fenêtres, poète adulé telle une rock star, Serge Essenine est un cow-boy de Moscou.

Avec son ami Mariengof, à la chevelure lustrée comme un piano de concert. Ils sont les chefs de la bande des imaginistes et... inséparables.

Mais un beau jour de 1921 surgit du fin fond de l'Ouest une danseuse plus si jeune, une Américaine aussi célèbre que Lénine, Isadora Duncan...

Maigret et le clochard

Voilà encore un Maigret absolument classique. Comme pour les vins, on retrouve les même éléments qui font la typicité d’une enquête du commissaire. Une pipe, de la bière, une fine et des sandwichs pour les accessoires.

Un verre de bière bien fraîche, avec de la mousse onctueuse.
Ils trouvèrent le bistrot, tranquille à souhait, plein d'ombre, mais la bière, hélas! était tiède et plate.
Maigret et le clochard de Georges Simenon

On retrouve aussi Madame Maigret dans son intérieur. Vision patriarcale de l’union où Monsieur travaille dehors et Madame s’occupe de son intérieur avec une préoccupation première : le bien-être de son époux.

De même on retrouve un grand soin apporté aux décors : météo, rues de Paris ou d’ailleurs, Quai d’Orsay, bureau du commissaire, psychologie des personnages, milieu social, bistrots…

On était mardi, donc le jour du macaroni au gratin. A part le pot-au-feu du jeudi, le menu des autres jours variait de semaine en semaine mais, depuis des années, sans raison, le dîner du mardi était consacré au macaroni gratiné, farci de jambon haché menu et, de temps en temps, d'une truffe coupée encore plus fin.

Finalement, la construction du récit suit un commissaire qui se laisse guider plus qu’il ne cherche, qui écoute, renifle et questionne jusqu’à ce qu’une image se dessine.

Maigret parlait rarement à sa femme d'une enquête en cours. Le plus souvent, d'ailleurs, il n'en discutait pas avec ses plus proches collaborateurs à qui il se contentait de donner des instructions. Cela tenait à sa façon de travailler, d'essayer de comprendre, de s'imprégner petit à petit de la vie de gens qu'il ne connaissait pas la veille. 
 - Qu'en pensez-vous, Maigret ? lui avait souvent demandé un juge d'instruction lors d'une descente de Parquet ou d'une reconstitution.
On se répétait, au Palais, sa réponse invariable :
 - Je ne pense jamais, monsieur le juge. 
Et quelqu'un avait répliqué un jour :
 - Il s'imbibe...

Et enfin, si la résolution de l’enquête et la découverte du (ou des) coupable est au centre du polar, la justice n’est pas toujours au rendez-vous. Et là, le commissaire parisien se démarque franchement de Columbo, son homologue de Los Angeles, qui ne s’autorise qu’une seule exception dans l’épisode « Forgotten Lady » en laissant la coupable impunie. Maigret s’avère bien plus flegmatique sur ce sujet là.

Une très bonne pioche que ce clochard !

Maigret 88/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il y eut un moment, entre le quai des Orfèvres et le pont Marie, où Maigret marqua un temps d'arrêt, si court que Lapointe, qui marchait à son côté, n'y fit pas attention. Et pourtant, pendant quelques secondes, peut-être moins d'une seconde, le commissaire venait de se retrouver à l'âge de son compagnon.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une nuit de mars, à Paris, deux bateliers tirent de la Seine un clochard grièvement blessé. Il s'agit de François Keller, un ancien médecin. Depuis plus de vingt ans, il a rompu tout lien avec son épouse et un milieu bourgeois qu'il ne supportait pas. Mais qui a pu vouloir sa mort ?
C'est en bavardant avec les autres clochards que Maigret va reconstituer l'existence marginale de Keller, tout en s'intéressant à une Peugeot 403 rouge et à Van Houtte, un des sauveteurs de la victime, marié et père d'un jeune enfant.
Les quais et les brumes de la Seine, le petit monde mystérieux des clochards et des mariniers fournissent au romancier un de ces décors en demi-teintes comme il les affectionne, pour y faire vivre une humanité apparemment ordinaire, mais lourde, pour qui sait voir, de secrets et de passions

Salut 2022

Quelle année 2022 !

Joël Dicker meilleures ventes en francophonie, Laurence Boissier qui s’en est allée, quelle année terrible ! Mais aussi l’annonce de la mort de Jean Teulé, Sempé, Christian Bobin ou Françoise Bourdin. Misère de misère.

Mais aussi une année pleine de lectures. Un peu trop, sûrement, je peine à me souvenir de tout ça. 281 livres pour 49338 pages. 95 bandes dessinées, livres d’images, albums ou romans graphiques. Mais aussi 136 romans, 29 biographies, 13 essais ou documentaires et 8 livres de mémoires ou autres avec une moyenne de 3.17 étoiles.
76 autrices et 122 auteurs mais avec une moyenne de 3.34 étoiles pour les autrices et 3.09 pour les hommes. Bim ! 2023, l’année de la parité ?

2022, année de la découverte de Nelly Arcan, un choc qui me rend triste, je ne lirais plus rien d’elle, tout est là. Mais par là, l’envie de découvrir mieux la production québécoise avec, par exemple Mélanie Michaud, Marie-Pier Lafontaine ou Anne Archet pour ne citer qu’elles.
2022 fut aussi l’occasion d’enfin finir de lire toutes les productions de Saphia Azzeddine, quelles merveilles !

Pour l’édition, l’année 2022 restera aussi en francophonie celle de Blackwater et ses hypnotiques couvertures chez Toussaint Louverture. Et si les éditeurs réussissent à comprendre que des livres, ça peut aussi être joli, c’est tout ça de gagné !

Mes lectures en 2022 en font clairement une année d’autrices avec les déjà citées, mais aussi avec (pour ne citer que mes préférences et dans un total désordre) Camille Anseaume, Pénélope Bagieux, Jeanne Broucq, Stéphanie Lugon, Maud Ventura, Camilla Vivian, Julia Wallach, Marjane Satrapi, Emma Becker, Nathalie Berthod et Sophie Solo, Constance Debré, Virginie Despentes, Diglee, Noémie de Lattre, Clara Dupont-Monod, Sarah Jollien-Fardel, Maria Larrea, Élodie Llorca, Pascale Robert-Diard, Joy Majdalani, Jeanne Cherhal, Coco, Nancy Huston (tiens, encore une canadienne !), Catherine Meurisse, Fabienne Périneau, Karine Reysset, Alexia Stresi, Ketty Rouf , Karine Yoakim-Pasquier ou Fabienne Radi
Magnifique année !

Finalement une fin d’année un peu particulière, sans plus trop d’envie, à manger des enquêtes du commissaire Maigret à la file après en avoir trouvé un dans la cave de mes parents

Finalement, pour ce qui est de ce blog qui avait commencé comme un « log » me permettant de conserver une trace de mes lectures, je suis allé jeter un oeil (bien narcissique, je l’avoue) aux statistiques WordPress et cette année, il y a eu 9796 pages vues en 2022 (5403 en 2021). Et si ces passages ici ont été autant d’idées de lectures, ma foi, quelle réussite. C’est pas Squeezie et ses millions d’abonnés, c’est pas non plus Jöel Dicker et ses millions de livres vendus, mais toutes ces vues pour des photos de pages de livres, c’est bien sympa quand même.

Allez, en route pour 2023 !

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Publié le Catégories Divers

Maigret et les vieillards

Maigret se retrouve dans la haute. Des vieux princes et diplomates emplis de devoir et de droiture. Aux histoires d’amours impossibles et de mariages de raison.

Chaque fois qu'il achetait un complet, un pardessus, des chaussures, Maigret les portait d'abord le soir pour se promener avec sa femme dans les rues du quartier ou pour aller au cinéma.
J'ai besoin de m'y habituer... disait-il à Mme Maigret qui se moquait affectueusement de lui.
Il en était de même quand il se plongeait dans une nouvelle enquête. Les autres ne s'en apercevaient pas, à cause de sa silhouette massive, du calme de son visage qu'on prenait pour de l'assurance. En réalité, il passait par une période plus ou moins longue d'hésitation, de malaise, voire de timidité.
Maigret et les vieillards de Georges Simenon

Et là, un mort. Sans motif, sans vol, sans effraction, sans raison. Une balle dans la tête et trois dans le dos. Un vieillard pourtant apprécié de tous.

Encore un qui n'avait pas menti! Curieux métier, pensait Maigret que celui où on est déçu que quelqu'un n'ait pas tué! C'était le cas et le commissaire, malgré lui, en voulait tour à tour à ces gens-là d'être innocents ou de le paraître.
 Car, malgré tout, il y avait un cadavre.

Et une femme de maison acariâtre qui va poser bien des soucis au commissaire pour une enquête « à la Maigret », avec pipe, bière et sandwiches

Maigret 84/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'était un de ces mois de mai exceptionnels comme on n'en connaît que deux ou trois dans sa vie et qui ont la luminosité, le goût, l'odeur des souvenirs d'enfance. Maigret disait un mois de mai de cantique, car cela lui rappelait à la fois sa première communion et son premier printemps de Paris, quand tout était pour lui nouveau et merveilleux.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Maigret s'était rarement trouvé aussi dérouté devant des êtres humains. Est-ce qu'un psychiatre, un instituteur ou un romancier aurait été mieux à même de comprendre des personnages surgis d'un autre siècle ? Une seule chose était certaine: le comte Armand de Saint Hilaire, doux vieillard inoffensif et homme d'honneur avait été assassiné, chez lui, par quelqu'un dont il ne se méfiait pas...