Maigret se défend

Et voilà, (si on passe l’évident anachronisme) Maigret pris dans les pièges de #meetoo

J'espère que vous ne vous tracassez pas, patron?
 - J' ai offert ma démission.
 - Il l'a refusée ?
 - Il a dit qu'il devrait l'accepter, mais que...
 - Alors?
 - Je reste. Tant qu'on ne me flanque pas à la porte. Je suis décidé à me défendre...
Maigret se défend de Georges Simenon

Accusé d’abus sur une jeune fille de 18 ans dans un petit hôtel, Maigret va passer du statu de commissaire à celui de suspect !

Dès qu'elle reconnut son pas dans l'escalier, elle vint lui ouvrir la porte, en robe d'intérieur à fleurs et en pantoufles. L'appartement sentait l'encaustique. - Je te demande pardon de ne pas être habillée mais, quand tu m'as fait téléphoner que tu ne rentrerais pas déjeuner, j'ai pensé que tu étais sur une nouvelle affaire et j'en ai profité pour cirer le parquet. Qu'est-ce que tu as? Tu es préoccupé? -- Je suis sur une nouvelle affaire, comme tu dis. L'affaire Maigret.

Une enquête à rebours, pieds et poings liés… mais pas sans ressources. Un commissaire qui pourtant, à trois ans de la retraite, hésite à tout plaquer et partir pêcher à Meung-sur-Loire avec Madame

… une histoire qui continue avec La patience de Maigret

Maigret 91/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
- Dites donc, Maigret...
Un bout de phrase dont le commissaire se souviendrait plus tard mais qui, sur le moment, ne l'avait pas frappé. Tout était familier: le décor, les visages, et même les gestes des personnages, si familier qu'on n'y prêtait plus attention. Cela se passait rue Popincourt, à quelques centaines de mètres du boulevard Richard-Lenoir, chez les Pardon, où les Maigret avaient l'habitude, depuis plusieurs années, de dîner une fois par mois.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dites donc, Maigret…
Un bout de phrase dont le commissaire se souviendrait plus tard, mais qui, sur le moment, ne l’avait pas frappé. Tout était familier : le décor, les visages, et même les gestes des personnages, si familier qu’on n’y prêtait plus attention. Cela se passait rue Popincourt, à quelques centaines de mètres du boulevard Richard-Lenoir, chez les Pardon, où les Maigret avaient l’habitude, depuis plusieurs années, de dîner une fois par mois. Et, une fois par mois, le docteur et sa femme venaient dîner chez le commissaire.

Maigret à Vichy

Encore un Maigret « atypique ». C’est amusant comme toutes ces enquêtes semblent similaires et pourtant comme chacune se démarque à sa façon.

Maigret allumait sa pipe, tournait la page du journal afin de trouver les nouvelles locales. Il tiqua en voyant sa photographie sur deux colonnes, une photographie qu'il ne connaissait pas, prise à son insu alors qu'il buvait un de ses verres d'eau quotidiens. A son côté, on distinguait un tiers environ de la silhouette de sa femme et, derrière, plus flous, deux ou trois visages anonymes.
Maigret enquête ?
« Par discrétion, nous n'avions pas signalé à nos lecteurs la présence, parmi nous, du commissaire Maigret qui est à Vichy, non par devoir professionnel, mais pour profiter, comme tant d'autres personnages illustres avant lui, des vertus curatives de nos eaux.
Maigret à Vichy de Georges Simenon

Ici, le commissaire est en « vacances forcées » avec sa femme, envoyé en cure par son médecin à Vichy. Monsieur et Madame qui se promènent de source en source et qui n’y boiront que de l’eau ! Si, si, que de l’eau !

 - Vous ne savez pas pourquoi Lecœur m'a fait avertir?
 - Il ne m'en a rien dit... Il doit croire que vous avez votre idée... Moi aussi, d'ailleurs...
On le supposait toujours plus malin qu'il ne l'était et, s'il protestait, les gens étaient persuadés que c'était une ruse.

Et c’est alors qu’une femme sera retrouvée morte étranglée. Pris dans l’enquête, Maigret accompagnera le commissaire Lecoeur dans une histoire sordide qui dévoilera un piètre et très touchant meurtrier.

Maigret 95/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tu les connais ? demanda Mme Maigret à mi-voix comme son mari se retournait sur un couple qu'ils venaient de croiser.
L'homme aussi s'était retourné, avait souri. Ou aurait même dit qu'il hésitait à revenir sur ses pas pour serrer la main du commissaire.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une femme, Hélène Lange, a été étranglée à Vichy. Bien qu'elle y ait vécu neuf ans, personne ne sait rien d'elle. Ni d'où proviennent les coquettes sommes d'argent qu'elle recevait à intervalles réguliers. Séjournant là pour une cure thermale en compagnie de son épouse, Maigret s'intéresse entre deux promenades à l'enquête de son confrère et ami Lecoeur. Ce dernier n'aura pas grand mal à arrêter l'assassin. Les petits secrets des soeurs Lange, en revanche, lui donneront davantage de fil à retordre...Comme toujours, Simenon excelle à créer une ambiance, à la rendre palpable. Les kiosques et les jardins de Vichy, les pavillons rococos, le calme teinté d'ennui de la saison thermale forment un parfait contrepoint aux existences, sordides ou pathétiques, qui nous sont finalement révélées.

Maigret et la vieille dame

Voilà un Maigret bien intéressant. On y découvre un commissaire emprunté, nostalgique, désordonné… presque fatigué

Il rencontra l'inspecteur Castaing devant un étalage de cartes postales.
 - Je vous attendais, commissaire. On vient de m'apporter les rapports. Je les ai en poche. Vous voulez les lire?
 - J'aimerais, avant tout, m'asseoir à une terrasse et boire un verre de bière fraîche. Elle ne vous a rien offert?
 - Elle m'a offert un calvados tellement vieux, tellement fameux que cela m'a donné soif de quelque chose de plus vulgaire et de plus désaltérant.
Maigret et la vieille dame de Georges Simenon

Un tome dans lequel Simenon décrit « la méthode » : s’imprégner, laisser (ou faire) parler et patienter pour que la vérité apparaisse.

Il semblait que ne pouvaient habiter là que des familles heureuses et vertueuses, pour qui tout était paix et joie, et il avait été secrètement déçu quand une affaire malpropre avait éclaté dans une de ces villas aux allées ratissées, - le meurtre sordide d'une belle-mère, pour des questions d'intérêt.
Maintenant, bien sûr, il savait. Il passait sa vie, en quelque sorte, à voir l'envers du décor, mais il gardait le regret enfantin d'un monde « comme sur les images ».

La visite de la vieille dame qui vient chercher le commissaire à Paris pour découvrir qui a bien pu vouloir l’empoisonner à l’arsenic et, hélas, tuer sa bonne à la place. Mais le poison, n’est-ce pas une arme de femme ?

Il savait qu'il y avait un moment comme celui-là à passer au cours de chaque enquête, et que, comme par hasard - où bien était-ce un instinct qui le poussait ? - presque chaque fois il lui arrivait de boire un peu trop.
C'était quand, comme il disait à part lui, cela a se mettait à « grouiller ».
Au début, il ne savait rien, que des faits précis, ce qu'on écrit dans les rapports. Puis il se trouvait en présence de gens qu'il n'avait jamais vus, qu'il ne connaissait pas la veille, et il les regardait comme on regarde des photographies dans un album.
Il fallait faire connaissance aussi rapidement que possible, poser des questions, croire ou ne pas croire aux réponses, éviter d'adopter trop vite une opinion.

Un Maigret un peu téléphoné et caricatural mais très représentatif de la série
Maigret 58/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La châtelaine de la bicoque.
Il descendit du Paris - le Havre dans une gare maussade, Bréauté-Beuzeville. Il avait dû se lever à cinq heures et, faute de trouver un taxi, prendre le premier métro pour se rendre à la gare Saint-Lazare. Maintenant, il attendait la correspondance.
- Le train pour Étretat, s'il vous plaît ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Qui pouvait vouloir tuer la vieille Valentine Besson, dont la servante, Rose, est morte d'avoir bu un verre d'eau destiné à sa patronne, et contenant des somnifères ?
Maigret, appelé à faire la lumière sur ce meurtre, soupçonne un moment Arlette, la fille de Valentine, qui semble avoir une vie privée assez trouble avec son mari, Théo. Mais la cupidité ne peut être le mobile : la vieille dame ne possédait plus que des copies de bijoux, répliques de la fabuleuse collection jadis constituée par son mari. Sur ces entrefaites, Valentine abat d'un coup de revolver un « rôdeur » qui n'est autre que le frère de Rose. Pour Maigret, qui vient de découvrir une émeraude authentique, les pièces du puzzle commencent à s'assembler... Dans une atmosphère de vacances balnéaires, ce sont de bien sombres mystères qui vont peu à peu être dévoilés par le sagace enquêteur.

Maigret chez le coroner

C’est au tour de Maigret de partir en voyage d’étude. Aux Amériques, où il aura l’occasion de constater les différences de traitement d’une enquête (et des suspects) entre la France et les États-Unis.

 - Quel est votre prénom ?
Il ne pouvait pourtant pas leur dire qu'il n'en avait pas. Force lui était d'avouer qu'il s'appelait Jules. Alors son interlocuteur réfléchissait un moment.
 - Oh! yes... Julius! Ils prononçaient Djoulious, ce qui lui paraissait déjà moins mal.
 - Have a drink, Julius! (Bois un verre, Jules!)
Et ainsi, tout le long du chemin, dans des quantités de bars, il avait bu un nombre incalculable de bouteilles de bière, de manhattans et de whiskies.
Maigret chez le coroner de Georges Simenon

Un commissaire qui aura bien de la peine à ne pas intervenir et qui devra se contenter de ronger son frein devant leurs étrangères procédures.

Un livre qui a bien vieilli et qu’il faut prendre « dans son jus » de l’époque pour supporter des termes qui ne sont plus admissibles aujourd’hui.

Maigret 57/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Maigret, deputy-sheriff.
Hé ! Vous.
Maigret se retournait, comme à l'école, pour voir à qui l'on s'adressait. Oui, vous, là-bas...
Et le vieillard décharné, aux immenses moustaches blanches, qui semblait sorti vivant de la Bible, tendait un bras tremblant. Vers qui? Maigret regardait son voisin, sa voisine. Il s'apercevait enfin, confus, que c'était vers lui que tout le monde était tourné, y compris le coroner, y compris le sergent de l'Air Force qu'on interrogeait, l'attorney, les jurés, les sheriffs.
- Moi ? questionnait-il en faisant mine de se lever, étonné qu'on eût besoin de lui.
Or, tous ces visages souriaient, comme si tout le monde, sauf lui, était au courant.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le 28 juillet, le corps de Bessy Mitchell est déchiqueté par un train de la ligne passant par Tucson, dans l'Arizona. La veille, Bessy est sortie avec cinq jeunes militaires de la base aérienne de Davis Mountains, près de Tucson : Ward, O'Neil, Van Fleet, Mullins et Wo Lee.
Maigret, en mission d'étude, assiste aux séances publiques de l'enquête menée par le coroner.
Un jury est chargé de déterminer, préalablement à toute mise en accusation, s'il s'agit d'un suicide, d'un accident ou d'un acte criminel.

Les méthodes de la justice américaine déroutent quelque peu le célèbre commissaire français…

Mon ami Maigret

Alors qu’il ne se passe rien à Paris, le commissaire se voit encombré d’un collègue de Scotland Yard en voyage d’étude et se retrouve embarqué pour une enquête dans le sud de la France où un petit truand vient d’être tué après avoir déclamé son amitié avec Maigret.

Il descendit l'escalier, passa près de Charlot qui le regarda d'un œil goguenard et alla s'asseoir à côté de Lechat, sur la terrasse.
C'était l'heure la plus savoureuse de la journée. Toute l'île se détendait, et la mer autour d'elle, et les arbres, les rochers, le sol de la place qui semblaient respirer à un autre rythme après la chaleur de la journée.
 - Vous avez découvert du nouveau, patron? 
Maigret commanda d'abord une consommation à Jojo qui passait près de lui et qui avait l'air de lui en vouloir de s'être enfermé avec Ginette dans la chambre.
 - Je le crains, soupira-t-il enfin.
Mon ami Maigret de Georges Simenon

Une enquête aux doux parfums de lavande, citronnier et pastis sous le soleil de Porquerolles

C'était tellement dimanche que cela en devenait presque écœurant. Maigret prétendait volontiers, moitié sérieusement, moitié plaisantant, qu'il avait toujours eu la faculté de flairer les dimanches du fond de son lit, sans avoir seulement besoin d'ouvrir les yeux.

Un Maigret tout penaud et complexé, comptant les points du match France-Angleterre face à son alter ego britannique dont il ne sait que penser

Maigret 56/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le très aimable M. Pyke.
- Vous étiez sur le seuil de votre établissement?
- Oui, mon commissaire.
C'était inutile de le reprendre. Quatre ou cinq fois, Maigret avait essayé de lui faire dire « monsieur le commissaire ». Quelle importance cela avait-il ? Quelle importance avait tout ceci ?
- Une voiture grise, de grand sport, s'est arrêtée un instant et un homme en est descendu, presque en voltige, c'est bien ce que vous avez déclaré ?
- Oui, mon commissaire.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Il vivait à Porquerolles dans son bateau. Il ressemblait plutôt à un clochard qu'à un pêcheur. L'hiver il ne faisait rien. L'été il emmenait les touristes pêcher autour de l'île. C'était une figure populaire. Personne n'avait intérêt à sa mort. On ne lui avait rien volé

Le revolver de Maigret

S’il est fort amusant de lire les Maigret sous l’angle des boissons alcoolisées, les rapports du couple Maigret sont tout aussi savoureux. Existe-t-il un seul de ces polars qui passerait le test de Bechdel ? Je m’en vais tester le prochain.

Certes, voilà un couple avec plein de douceur et même d’amour. Mais aussi un couple bien ancré dans un fonctionnement bien tradi où Monsieur travaille et Madame cuisine. Un gentil mari bonhomme et une femme admirative. Certes, un homme plus fidèle que les pendants des thrillers anglo-saxons de l’époque (et en tout cas bien plus que l’auteur au 10’000 femmes) et surtout une femme qui tient bien son foyer.

 - Un homme?
 - Un jeune homme.
Elle l'avait sans doute introduit dans le salon où ils ne mettaient presque jamais les pieds. Le téléphone se trouvait dans la salle à manger, où ils avaient l'habitude de se tenir et où ils recevaient les intimes. C'était là que Maigret avait ses pipes, son fauteuil, Mme Maigret sa machine à coudre. A la façon embarrassée dont elle lui parlait, il comprenait qu'elle n'avait pas osé fermer la porte entre les deux pièces.
 - Qui est-ce?
 - Je ne sais pas.
Le revolver de Maigret de Georges Simenon

Le tout dans une histoire de meurtre et de chantage qui mènera le commissaire à Londres pour sauver un jeune emporté et où il aura bien de la peine à se faire servir une bière

Maigret 68/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Où Maigret arrive en retard pour le déjeuner et où un convive manque au dîner.
Quand, plus tard, Maigret penserait à cette enquête-là, ce serait toujours comme à quelque chose d'un peu anormal, s'associant dans son esprit à ces maladies qui ne se déclarent pas franchement, mais commencent par des malaises vagues, des pincements, des symptômes trop bénins pour qu'on accepte d'y prêter attention.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quand, plus tard, Maigret penserait à cette enquête-là, ce serait toujours comme à quelque chose d'un peu anormal, s'associant dans son esprit à ces maladies qui ne se déclarent pas franchement, mais commencent par des malaises vagues, des pincements, des symptômes trop bénins pour qu'on accepte d'y prêter attention.
II n'y eut, au début, ni plainte à la P.J., ni appel à Police Secours, ni dénonciation anonyme, mais, pour remonter aussi loin que possible, un coup de téléphone banal de Mme Maigret.
La pendule de marbre noir, sur la cheminée du bureau, marquait midi moins vingt, il revoyait nettement l'angle des aiguilles sur le cadran. La fenêtre était large ouverte, car on était en juin, et, sous le chaud soleil, Paris avait pris son odeur d'été

Maigret et l’homme tout seul

Quand on prend les Maigret sous l’angle de l’alcool, ils en deviennent très amusants. Et là, ma foi, j’étais surpris ! Pas de chopines, de fines ou de demis. Rien !
Rien jusqu’à la page 48 et cette petite phrase « On ne pouvait pas lui supprimer tous les plaisirs sous prétexte qu’il approchait de ses cinquante-cinq ans. »

Maigret buvait sa bière. La première de la journée. Il les comptait. Quand il reverrait Pardon, il lui citerait les chiffres, non sans fierté. Il est vrai que, sur la question du tabac, c'était moins brillant et qu'il fumait toujours autant de pipes par jour. On ne pouvait pas lui supprimer tous les plaisirs sous prétexte qu'il approchait de ses cinquante-cinq ans.
Maigret et l’homme tout seul de Georges Simenon

Avec, quelques pages plus tard la confirmation : « Mon médecin me recommande la sobriété… » [sic]

 - D'accord, Monsieur le Commissaire. Vous ne venez pas boire un coup de muscadet ? 
 - Je sors d'en prendre. Mon médecin me recommande la sobriété...

Heureusement, comme pour les banquets de la mythique dernière page d’Asterix… tout est bien qui fini bien.

 - Vous venez prendre un verre place Dauphine ?
 - Volontiers...
Ils quittèrent à pied le quai des Orfèvres et retrouvèrent le bar familier. Plusieurs inspecteurs s'y trouvaient, mais un seulement de la brigade criminelle.
 - Qu'est-ce que ce sera, Commissaire ? questionna le patron.
 - Un grand demi. Le plus grand que vous ayez...
Torrence commanda la même chose. Maigret but la bière presque d'un trait et tendit son verre au patron pour qu'il le remplisse.
 - Cela fait soif, aujourd'hui...
Et Maigret, comme s'il répétait machinalement des mots dont le sens ne le frappait pas :
 - Cela fait soif, oui.

Une enquête autour du meurtre d’un clochard bien solitaire

Maigret 101/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il n'était que neuf heures du matin et il faisait déjà chaud. Maigret, qui avait tombé la veste, dépouillait paresseusement son courrier en jetant parfois un coup d'œil par la fenêtre et le feuillage des arbres du quai des Orfèvres n'avait pas un frémissement, la Seine était plate et lisse comme de la soie.
On était en août. Lucas, Lapointe et une bonne moitié des inspecteurs étaient en vacances. Janvier et Torrence avaient pris les leurs en juillet et Maigret comptait passer une bonne partie de septembre dans sa maison de Meung-sur-Loire qui ressemblait à un presbytère.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Il n'était que neuf heures du matin et il faisait déjà chaud. Maigret, qui avait tombé la veste, dépouillait paresseusement son courrier en jetant parfois un coup d'oeil par la fenêtre, et le feuillage des arbres du quai des Orfèvres n'avait pas un frémissement, la Seine était plate et lisse comme de la soie. On était en août. Lucas, Lapointe et une bonne moitié des inspecteurs étaient en vacances. Janvier et Torrence avaient pris les leurs en juillet et Maigret comptait passer une bonne partie de septembre dans sa maison de Meung-sur-Loire qui ressemblait à un presbytère

Maigret à l’école

Après plusieurs Maigret, des schémas et pattern récurrents transparaissent et permettent de mieux évaluer et jauger les différents volumes. Et cette histoire m’a semblé assez emblématique, même si elle ne se passe pas à Paris, mais en Bretagne où le commissaire se rend, motivé par une grosse envie d’huître et de vin blanc.

Ils passèrent devant une mercerie derrière les vitres de laquelle le commissaire aperçut une femme si vieille et si décharnée qu'on se demandait comment elle ne se brisait pas.
 - Qui est-ce?
 - Elles sont deux, à peu près du même âge, les demoiselles Thévenard.
Deux vieilles filles tenaient une boutique dans son village natal aussi. C'était à croire que les habitants des villages de France sont interchangeables. Des années avaient passé. Les routes s'étaient garnies d'autos rapides. Des autobus et des camionnettes avaient remplacé les carrioles. On voyait des cinémas un peu partout. On avait inventé la radio et bien d'autres choses. Et pourtant Maigret retrouvait ici les personnages de son enfance, figés dans leurs attitudes comme sur une image d'Epinal.
Maigret à l’école de Georges Simenon

Un commissaire empathique, bonhomme, qui passe son temps à boire des verres, causer le bout de gras et se promener jusqu’à ce qu’un plan se dessine de lui-même et que l’évidence apparaisse

Maigret 72/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
L'instituteur au purgatoire
Il y a des images qu'on enregistre inconsciemment, avec la minutie d'un appareil photographique, et il arrive que, plus tard, quand on les retrouve dans sa mémoire, on se creuse la tête pour savoir où on les a vues.
Maigret ne se rendait plus compte, après tant d'années, qu'en arrivant, toujours un peu essoufflé, au sommet de l'escalier dur et poussiéreux de la P. J. il marquait un léger temps d'arrêt et que, machinalement, son regard allait vers la cage vitrée qui servait de salle d'attente et que certains appelaient l'aquarium, d'autres le Purgatoire. Peut-être en faisaient-ils tous autant et était-ce devenu une sorte de tic professionnel ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'était un village de bouchots et de parcs à huîtres près de la Rochelle. Un village comme tant d'autres. Il y avait un adjoint qui buvait, des joueurs de cartes, un facteur qui se croyait un personnage important, un aubergiste qui connaissait les secrets de chacun et la vieille Léonie qui haïssait le monde entier. On n'y aimait pas beaucoup les étrangers.

Maigret tente d'innocenter Joseph Gastin, un instituteur de Saint-André-sur-Mer, en Charente-Maritime, accusé du meurtre de Léonie Birard, la bête noire du village.

Félicie est là

Amusant ce Maigret dans lequel il se retrouve avec une jeune femme dont il n’arrive à faire façon. Comme un ours avec un origami ou un morse au 400m haies.

Il a été trop vite. Elle se lève, elle se tient droite et roide devant lui telle la statue de l'indignation.
 - Mais oui, mon petit !... Restez assise... Logiquement, j'aurais déjà dû vous arrêter... 
 - Je suis prête...
Que c'est difficile, bon Dieu ! Et comme Maigret préférerait avoir devant lui le plus retors des escrocs, le plus terrible des repris de justice. Cette impossibilité de savoir à quel moment elle joue la comédie et à quel moment elle est sincère ! Est-elle jamais sincère? Il sent qu'elle l'observe, qu'elle ne cesse pas de l'observer avec une lucidité effrayante.
Félicie est là de Georges Simenon

Ce vieux bougon qui à bien de la peine à gérer ses colère face à cette petite impertinente qu’il essaie de vouloir aider malgré elle m’a bien amusé

Maigret 44/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
L'enterrement de Jambe-de-Bois
Ce fut une seconde absolument extraordinaire, car cela ne dura probablement qu'une seconde, comme, assure-t-on, les rêves qui nous paraissent les plus longs. Maigret, des années plus tard, aurait encore pu montrer l'endroit exact où cela s'était produit, la portion de trottoir où il avait les pieds, la pierre de taille sur laquelle se profilait son ombre, il aurait pu, non seulement reconstituer les moindres détails du décor, mais retrouver l'odeur éparse, les vibrations de l'air qui avait un goût de souvenir d'enfance.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Félicie est Partie faire les courses. À son retour, Jules Lapie, le paisible retraité dont elle tient le ménage, a été assassiné. Le commissaire Maigret, avec sa sagacité habituelle, a tout de suite compris que la jeune fille au physique ingrat savait quelque chose, que derrière ses airs revêches elle cachait un coeur tendre... Comment l'amener à se confier ? Qui protège-t-elle en gardant le silence ? Rarement un témoin aura donné autant de fil à retordre au célèbre commissaire...