Ils sont tous morts

Tout ça pue, c’est crade, aucun but ni aucun sens, de l’alcool, de la drogue, du sexe, du fric… Juste ici et maintenant. Une descente à la Trainspotting version Suisse-romande et départ pour la Thaïlande façon enfers.

Cynthia tend l'oreille quelques instants, puis, rassurée, elle devient très câline. Elle promène ses mains sur mes cuisses et me couvre de baisers. J'angoisse. Elle m'embrasse carrément, glisse ses doigts dans ma bouche, me pelote le paquet. Je saisis le whisky, en bois une bonne rasade pour me calmer un peu. Je suis terrorisé à l'idée que son mec surgisse, mais trop fier pour l'avouer, j'invoque l'amitié. La Vénus s'en fout, sa respiration s'accélère, son halètement est obscène. Tétanisé, je la laisse faire ce qu'elle veut de mon corps, impossible de la repousser, pas moyen de participer. Je bois, je bois vite et beaucoup. En moins d'une demi-heure, j'ai torché la bouteille.
Ils sont tous morts de Antoine Jaquier

Un livre pour des mains averties qui souhaitent se frotter au vide d’une bande de copains fumeurs de joints qui réussissent leur coup pour foirer leurs vies.

Je n'arrive pas à situer le moment où tout a basculé. En regardant la vue depuis notre terrasse, je constate, étonné, la présence des baigneurs. Ces derniers n'ont sans doute jamais quitté le paysage. Je sors d'un mois de rêve éveillé et le réveil est pénible, le cauchemar continue.

Un premier roman luisant comme une flaque de vomi et sordide comme une liasse de billets de banques.

Nous sommes sales et ce n'est pas par manque de moyens. Ici, des petites mains se proposent de laver nos vêtements pour un franc le kilo de linge sale. C'est juste notre crasse intérieure qui suinte à la surface. À cet instant d'ailleurs, nous suons comme des porcs.
Manu ayant déjà vomi dans le petit avion, il se contente maintenant de perdre connaissance devant des dizaines de passants.

Jack, des joints et ses potes… Ils sont tous morts

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
- Selon vous, qui de Dieu ou du diable est le plus puissant? demande Manu en passant le tuyau.
L'ambiance autour du narguilé est si intime, si oppressante, que l'on pourrait croire qu'en dépit du bon sens, la réponse de Stéphane va révolutionner deux mille ans d'inepties.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Campagne vaudoise, crépuscule des années 80. L'adolescence de Jack et ses potes se consume au rythme des bières et des mégots de joints. Des potes et des joints, il ne restera bientôt que des cendres. Ils sont tous morts, tués par les illusions de l'argent facile, par les mirages thaïlandais, par les différentes nuances de blanche et par la silhouette furtive d'une âme soeur. L'anesthésie se généralise, de la tête au coeur, et l'âme flotte, se dissipe, puis se rend

De mon plein gré

Un court roman sur une déposition dans un commissariat suite à un viol. Un récit qui part dans tous les sens, chaotique, répétitif, digressif et parfois incohérent à l’instar de l’inévitable confusion suite à une telle agression et à un état de choc post-traumatique.

De mon plein gré de Mathilde Forget

Et même si je n’ai pas apprécié cette lecture, à postériori, j’ai trouvé ça plutôt bien fait même si ce fut ardu et parfois même désagréable. Tous les livres n’ont pas vocation à être faciles !

Un livre qui pourrait rejoindre le brillant Zéro virgule neuf pour cent de Jeanne Broucq et de la difficulté d’accueillir les victimes au sortir de leur agression.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Elle pensait venir porter plainte, mais très vite elle se demande si ce n'est pas elle qui a commis le crime cette nuit-là.
L'enquête est en cours.

Dans les forêts de Sibérie

Six mois isolé volontaire au bord du lac Baïkal, Sylvain Tesson se demande s’il a une vie intérieure.

Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson

Il boit seul ou lors de brèves rencontres, craint les ours et se réchauffe en attendant le dégel.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Assez tôt, j'ai compris que je n'allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. Je me suis alors promis de m'installer quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie.
J'ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal.
Là, pendant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, j'ai tâché de vivre dans la lenteur et la simplicité.
Je crois y être parvenu.
Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à l'existence.
Et si la liberté consistait à posséder le temps ?
Et si la richesse revenait à disposer de solitude, d'espace et de silence - toutes choses dont manqueront les générations futures ?
Tant qu'il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu

Pardon

Comme elle le dit dans la bouche de son père, la colère est un poison que tu prépares pour un autre mais que tu bois-toi même. Et ce livre ressemble à ça. Une tentative d’accorder un pardon à son père afin de cesser de s’empoisonner par sa colère.

Et c’est révoltant, parce qu’à la lecture de ce livre, il semble évident que ce salopard ne mérite aucun pardon. Il est mort et que sa dépouille pourrisse rongée par les vers.

Pardon de Eve Ensler

Mais notre fonctionnement semble ainsi fait que les rancunes nuisent plus aux victimes qu’aux coupables… C’est nul !

Et cela fait de ce livre insoutenable, un témoignage bouleversant.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Comme des millions de femmes, Eve Ensler a attendu sa vie entière des excuses qui ne sont jamais venues. Son bourreau, qui fut aussi son père, est mort sans exprimer aucun regret. C'est ainsi qu'Eve a décidé d'écrire elle-même cette demande de pardon tant espérée.

Derrière les mots fantasmés de son père, c'est peu à peu la vie d'Eve, ses luttes et ses passions qui transparaissent. Se dessine le portrait d'une femme incroyablement courageuse qui est parvenue à trouver une voie alternative à la honte et à la colère.

Pardon est un texte salvateur qui a suscité à sa parution aux États-Unis la même onde de choc que Les Monologues du vagin

Dites-lui que je l’aime

Un livre de souvenirs. Une fille part à la recherche de sa mère, star de cinéma brutalement décédée à 33 ans.

Dites-lui que je l’aime de Clémentine Autain

Une mère fantasque et extrême. Le portrait d’une alcoolique perdue, brossé par une fille en colère qui n’ose que timidement tenter une réconciliation.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Comédienne culte, aujourd'hui oubliée, Dominique Laffin crève l'écran dans les années soixante-dix. Femme radieuse et brûlée, en quête de reconnaissance et de liberté, elle décède brutalement en 1985, à trente-trois ans. Sa fille Clémentine en a douze.

L'étoile du cinéma était aussi une mère en souffrance. Avec elle, les rôles étaient parfois inversés tant il lui était difficile de prendre soin de sa fille. Il aura fallu trente ans et les questions de ses propres enfants pour que Clémentine Autain se retourne vers le passé et vers cette mère « partie sans un mot », qu'elle avait dû effacer pour se construire. Elle entreprend alors de retrouver ce quelle lui doit en même temps que les souvenirs d'une enfance hors norme et en tire un récit d'une grande douceur, une lumineuse lettre d'amour

So sad today

Un must d’angoisses, d’hallucinations, de fantasmes, de désespoir et d’humour.

So Sad Today de Melissa Broder
So Sad Today de Melissa Broder

Un livre avec des drogues, du sexe, de l’alcool, des médicaments et… des désintoxications accompagnées de thérapeutes, gourous, religieux, chamans, psy, médecins, amants et angoisses.

C’est super drôle, monstre touchant, bancal et plein de sincérité. Melissa Broder écrit sans tabou sur des sujets absolument intimes et généralement honteusement cachés.

J’adore !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Je ne suis pas un être humain qui veut s'élever jusqu'à un état spirituel. Je suis un être spirituel expérimentant la condition humaine. »

Melissa Broder, grande dépressive devant l'Éternel, comble son appétit et son manque existentiels par tous les moyens possibles : drogues, alcool, sexe plus ou moins raté, histoires d'amour plus ou moins romantiques... Elle a longtemps cherché une place dans le monde et la trouver n'a pas été une mince affaire : sa quête l'a conduite dans un centre de yoga tantrique, dans des chambres d'hôtel avec des hommes qu'elle a fantasmés, dans des boutiques New Age à la recherche des bons grigris pour conjurer son mal. Mais tout cela n'est rien comparé à sa plus grande angoisse : comment supporter l'attente d'un texto qui ne vient pas ?

Melissa Broder écrit à la mitraillette, avec un humour ravageur et une franchise peu commune. Mais qu'on ne s'y trompe pas : en racontant tout ce qu'on préfère ordinairement taire de soi, elle trouve un moyen de nous parler de nous

Juliana les regarde

Difficile de critiquer un bouquin pas aimé qui n’est sûrement pas dénué de valeur tant il montre bien ce que je n’avais pas vraiment envie de voir. Car là, c’est pas passé.

Juliana les regarde de Evelio Rosero
Juliana les regarde de Evelio Rosero

Un fille de dix ans découvre le trouble dans une atmosphère glaucasse entre l’alcoolisme de sa mère qui baise avec le chauffeur, une copine qui avale les pilules roses et bleues de ses parents, au milieu du fric, des piscines…

Un mélange entre attirance et répulsion très bien rendu mais qui laisse une sensation désagréable.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Soit Juliana, dix ans, fille d'un ministre important et d'une maîtresse de maison alcoolique, qui fête aujourd'hui son anniversaire. Juliana raconte, dialogue avec un canard à l'oeil fluo, tente d'échapper aux chatouilles de son père et se fait traiter de garçon par sa mère. Autour, la haute société s'esclaffe et se consume entre les whiskys et les cordillères blanches.

Mais Juliana rencontre Camila, à peine plus grande, capable de tout : boire des vodkas, s'envoler. Son premier amour, sa première fois, son exaltation et sa terreur. Tous les après-midi, enfermées dans une chambre, les enfants découvrent les jeux érotiques et les terribles cruautés de l'amour. La narration explose, minée par le désir et par la fièvre, les temps se mélangent et composent un précipité halluciné, couleurs, sons, lumière et eaux dormantes, un vertige poétique entre la tendresse et l'horreur

Viol, une histoire d’amour

Il y a des livres de Joyce Carol Oates qu’on lit en se demandant pourquoi s’infliger ça. Et plusieurs fois, je me suis demandé s’il fallait continuer. C’est monstrueux, c’est l’horreur pure !

Viol, une histoire d'amour de Joyce Carol Oates
Viol, une histoire d’amour de Joyce Carol Oates

Et c’est pourtant un magnifique livre sur la violence crasse, sur l’injustice judiciaire, le besoin de réparation et celui de l’oubli. Un livre qui résonne longtemps.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ils étaient cinq. Ivres, camés. L'ordinaire de leurs samedis soir, quoi... Peut-être encore plus excités ce samedi-là, au soir du 4 juillet, la fête nationale. Vers minuit, la belle Tina Maguire a eu le tort de couper court à travers le parc pour rentrer plus vite chez elle avec sa gamine Bethie, 12 ans. Ils l'ont laissée pour morte dans le hangar à bateaux. Une tournante comme on n'ose pas en imaginer. Une abomination à laquelle a assisté, réfugiée derrière un tas de vieux canoës, la petite fille. Qui a pu finalement se traîner jusqu'à la route pour appeler au secours, et a sauvé ainsi sa mère.

Sauvé ? Pas des griffes d'avocats de haut vol, ni de l'incompétence des procureurs, ni des propos de certaines bonnes âmes : elle l'a bien cherché... en fait elle l'a cherché tout court. Ça lui pendait au nez...

Elle risque désormais de mourir vraiment, Tina. Et Bethie ne peut que prier pour l'intervention miraculeuse d'un ange vengeur. Justement il est là, dans l'ombre. Un flic épris de justice. Épris tout court. Le héros silencieux d'une histoire d'amour peu banale, racontée avec une éblouissante violence par une Joyce Carol Oates à son meilleur

Pactum salis

Un deuxième livre un peu désarçonnant d’Olivier Bourdeaut. Pas dénué d’un charme un peu étrange que lui donne cette petite touche de sel de Guerande.

Après un début aux trop nombreux adjectifs qui empâtent d’un style pédant son écriture, le récit prend du corps et de l’envergure. Michel et Jean se retrouvent sur les marais salants et s’affrontent dans un combat de coqs, à celui qui aura la plus grosse, le dernier mot, la plus cinglante répartie, à qui mettra la plus belle paire de baffes.

Pactum salis de Olivier Bourdeaut
Pactum salis de Olivier Bourdeaut

Avec beaucoup d’alcool aux ivresses calamiteuses

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Très improbable, cette amitié entre un paludier misanthrope, ex-Parisien installé près de Guérande, et un agent immobilier ambitieux, prêt à tout pour « réussir ». Le premier mène une vie quasi monacale, déconnecté avec bonheur de toute technologie, tandis que le second gare avec fierté sa Porsche devant les boîtes de nuit.

Liés à la fois par une promesse absurde et par une fascination réciproque, ils vont passer une semaine à tenter de s'apprivoiser, au coeur des marais salants

Zone érogène

On s’emmerde dans cette histoire, à l’image du protagoniste, Djian himself. Ca picole, ça fume, ça baise, c’est insatisfaisant et le bouquin est à l’avenant. Chiant.

Zone érogène de Philippe Djian
Zone érogène de Philippe Djian

Zone érogène, mon cul !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Je me sentais excité, c'était sûrement la pleine lune ou alors une de ces nuits où l'écrivain est réduit en bouillie et où je me retrouve seul en attendant un miracle, dans le silence et l'ennui et l'amertume et la faim, seul et complètement lessivé.»

Quand Cécilia débarque un matin en cassant le carreau de la salle de bains, la maison de l'écrivain devient le théâtre d'opérations féminines déconcertantes. Car, il le sait bien, une fille est «capable de vous clouer sur la Croix et ensuite de vous découper en mille morceaux». A peine a-t-il le temps de poser le cœur sur elles, qu'elles s'éclipsent. Même Nina n'est pas restée.

Seule, au milieu de ces êtres aux cuisses avenantes et à la taille fine, la machine à écrire est là qui affirme sa place. Plus que tout, le roman doit continuer. Mais Nina est si belle...