Sensibilités

A l’heure de la polémique autour de Que notre joie demeure, prix Décembre et Médicis, de Kevin Lambert et de la relecture prépublication par un sensitivity reader, ce livre tombe juste !

En plus, il est très drôle !

FEEL GOOD, UN MOMENT DE BONHEUR !
Partout sur les écrans, des femmes, des hommes, des enfants, des trans, des bis, des gays, des hétéros, des asexuels, de toutes les couleurs, tous les continents, tous les pays, tous les âges, tous les poids, toutes les tailles, tous les handicaps, toutes les religions, lisaient, au ralenti, des livres Feel-Good.
ET SI VOUS VOUS FAISIEZ DU BIEN? susurrait la voix moelleuse et sucrée qui accompagnait ces moments de pur bonheur.
Sensibilités de Tania de Montaigne

Sensibilités est une fable qui se passe dans une maison d’édition feel good et qui, suite au poignardage d’un auteur qui avait heurté la sensibilité d’un lecteur, se dote d’un code de bienveillance ! Mais est-ce possible, souhaitable, réaliste ?

Bienvenue dans une entreprise woke suiviste et jusqu’au-boutiste, secouée par la versatilité des réseaux sociaux et aveuglée par ses profits

Et bravo encore pour le nouveau titre de Noire qui devient Bus. Remarquez que j’aimais bien Jante aussi

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Un écrivain venait d'être poignardé à dix- huit reprises. Elle se rappellerait toujours que, le matin même, Feel Good s'apprêtait à entrer en Bourse. La journée, qui avait commencé dans la joie, s'était poursuivie dans le sang.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un écrivain est sauvagement poignardé. Son crime ? avoir heurté les sensibilités.

Immédiatement, une salariée de Feel Good, maison d'édition à la pointe du progrès, décide de tout mettre en oeuvre pour qu'une telle tragédie ne se reproduise jamais.

La méthode est simple et radicale : effacer certains mots des manuscrits, pour que plus personne ne soit heurté dans sa sensibilité. Corriger, couper, remplacer. Que chacun se sente heureux et calme. Les écrivains s'interrogent, luttent, mais le marché et les actionnaires applaudissent, les lectrices et les lecteurs adorent.

Pourtant, chaque jour apporte son lot de violence, de haine, de racisme, d'incompréhension. Ces maux n'ont-ils pas été eux aussi effacés de la société ?

Situations justes et terribles, où l'ironie se mêle à la tendresse. Dialogues acides et hilarants. Sensibilités est une fable de notre temps

Petites morts (et autres fragments du chaos)

Perversités, trash, porn et violence. Tout est là. Liberatore !

Petites morts (et autres fragments du chaos) de Liberatore

RanX, bande dessinée mythique de l’Écho des Savanes manque peut-être dans cette rétrospective de son travail. Des premiers croquis aux derniers dessins, Petites morts retrace l’évolution du trait, l’arrivée et le traitement de la couleur, la constructions des planches, les obsessions et fantasmes, les collaborations et les influences de cet auteur de BD italo-punk.

Un « beau livre » assez crade, une réussite

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'ouvrage contient toutes les premières créations de T. Liberatore, publiées en Italie à la fin des années 1970, les histoires publiées dans L'écho des savanes, et une histoire jamais publiée mettant en scène l'univers du sexe au Japon. Chacun de ses récits montre un univers sombre, désabusé et absurde au bord de la rupture

Interdiction de publier !

La censure est probablement née avec les premiers écrits… Enfin, sûrement avant… N’est-ce pas intrinsèquement lié à la nature des plus forts que de désirer faire taire les plus faibles.

Interdiction de publier ! de Jean-Yves Mollier

Dans cette revue de la censure fort bien étayée par de nombreux exemples, l’auteur commence par l’histoire avec la religion (dont le fameux Index Librorum Prohibitorum) et déroule jusqu’à aujourd’hui et les nouvelles formes telles que le politiquement correct, les réseaux sociaux, les groupes d’influence, les lanceurs d’alerte, les mafias, les intégristes et créationnistes… En passant, il n’a évidement pas oublié les censures politiques, économiques, d’opinion…

Rien de nouveau, certes, mais c’est très bien dit et documenté !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un essai sur la censure des livres, depuis ses formes passées jusqu'à sa résurgence moderne sous l'influence du politiquement correct et du retour de l'intégrisme religieux. Après avoir dressé un panorama historique de ce phénomène, l'historien met en garde contre les menaces envers la liberté de publier au nom d'un nouvel ordre moral

Génération offensée : de la police de la culture à la police de la pensée

Caroline Fourest s’intéresse au « politiquement correct » qui débarque gentiment de ce côté-ci de l’Atlantique, venu des États-Unis après un passage par le Canada. De plus en plus, les réseaux sociaux s’indignent à la première suspicion d’appropriation culturelle. Faut-il être trans pour parler des trans, ne peut-on plus que parler que de sa propre couleur de peau, faut il un test ADN ou s’aider d’un nuancier pour mesurer sa légitimité ? Et pour les religions ? Le mélange des genres n’a-t-il par toujours fait partie des démarches artistiques ? Puis-je me faire des dreadlocks si je suis norvégien ?

Et d’où viennent ces réflexes identitaires et qui cachent-ils ?

Génération offensée : de la police de la culture à la police de la pensée de Caroline Fourest

Caroline Fourest revendique le droit à s’exprimer, à créer librement, en différenciant l’hommage (ou l’inspiration) du pillage culturel. Elle refuse de voir sa parole confisquée par des mouvements identitaires et appelle au respect des diversités

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'est l'histoire de petits lynchages ordinaires, qui finissent par envahir notre intimité, assigner nos identités, transformer notre vocabulaire et menacer nos échanges. Une peste de la sensibilité.

Chaque jour, un groupe, une minorité, un individu érigé en représentant d'une cause, menace, et censure parce qu'il se dit « offensé ». Souvent, le procès est mené en criant à l'« appropriation culturelle », ce nouveau blasphème.

Au Canada, des étudiants réclament la suppression d'un cours de yoga pour ne pas risquer de « s'approprier » la culture indienne. Aux États-Unis, la chasse aux sorcières traque les menus asiatiques dans les cantines et l'enseignement des grandes oeuvres classiques, jugées choquantes et normatives. Des étudiants s'offusquent à la moindre contradiction, qu'ils considèrent comme des « micro-agressions ». Au point d'exiger des safe space, où l'on apprend à fuir le débat et l'altérité. La parole même est confisquée, selon l'origine géographique ou sociale, le genre ou la couleur de peau. Une intimidation qui va jusqu'à la menace physique et au renvoi de professeurs.

La France croyait résister à cette injonction, mais là aussi, des groupes tentent d'interdire des expositions ou des pièces de théâtre... souvent antiracistes ! La police de la culture vire à la police de la pensée.

Ce livre propose une voie authentiquement féministe et antiraciste, universaliste, qui permet de distinguer le pillage de l'hommage, tout en continuant à penser et se parler

Éloge de l’irrévérence

Éloge de l'irrévérence de Georges Kiejman et Richard Malka
Éloge de l’irrévérence de Georges Kiejman et Richard Malka

Superbes plaidoyers sur la liberté d’expression à l’occasion du procès des caricatures en 2007.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un procès opposant le journal satirique Charlie Hebdo à des associations réclamant sa censure, suite à la publication de caricatures de Mahomet, a eu lieu en 2007. Les avocats de la défense publient leurs plaidoiries dans lesquelles ils prônent la liberté de pensée, ainsi que le droit de se moquer des idées et des religions

Ecstasy and me : la folle autobiographie d’Hedy Lamarr

Une autobiographie (vraiment?) pour émoustiller le chaland… plutôt bien réussie.

Ecstasy and me : la folle autobiographie d'Hedy Lamarr de Hedy Lamarr
Ecstasy and me : la folle autobiographie d’Hedy Lamarr de Hedy Lamarr

Il y a des longueurs, certes, le style n’est pas vraiment folichon, mais c’est souvent drôle.

Et quelle vie ! 6 mariages, autant de divorces (ce qui n’était pas vraiment simple à une époque où il fallait prouver les torts), tant d’hommes (et bisexuelle affirmée) et plus de 30 millions de dollars gagnés… et autant perdus!

Mais aussi une femme – la plus belle du monde – forte, décidée, brillante, qui prend sa vie en main, qui ne se laisse pas faire dans le cinéma des années 40. Remarquable.

Et le Wifi ? Oui, aussi, et pas que !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Autriche, 1933. La jeune Hedy Lamarr se met à nu dans le film Extase et, simulant un orgasme, devient la première actrice X de l'histoire. Le scandale est mondial. Mais quelques années plus tard, après bien des aventures dignes d'un roman d'espionnage, la voici à Hollywood où elle est sacrée « plus belle femme du monde ». Elle tourne alors aux cotés de Clark Gable et Spencer Tracy, sous la direction de grands réalisateurs comme Cecil B. DeMille ou Victor Fleming. Beauté vénéneuse, filmographie fournie et amants célèbres : Hedy Lamarr avait tout pour figurer au panthéon des reines du cinéma, entre Greta Garbo et Marlene Dietrich. Mais elle semble avoir joué de malchance... Peut-être était-elle trop sulfureuse pour l'Amérique puritaine des années 1940 ?

Elle fuit son premier époux, déguisée en prostituée ; se maria six fois ; revendiqua sa bisexualité ; prit pour amants les plus grands noms d'Hollywood ; abusa de la chirurgie esthétique ; dilapida sa fortune ; se retira de la vie publique à quarante ans, ne réapparaissant qu'au gré de ses condamnations pour vol à l'étalage. Dans cette autobiographie controversée, Hedy Lamarr livre, avec une remarquable candeur, les détails de son ascension spectaculaire, brossant au fil des pages un portrait au vitriol du Hollywood décadent des années 1940

Planète Porn

Dommage, c’est pas mal, mais reste une impression de traitement de surface, comme si Marie Maurisse n’avait pas voulu ou pu voir au fond des choses, le glauque et le malsain (ou peut être ma vision est-elle biaisée). Même son voyage à Budapest parait bien gentil. En dehors de cette impression, le livre tente de faire le tour du sujet et ne semble éviter aucune facette.

Planète Porn de Marie Maurisse
Planète Porn de Marie Maurisse

Reste un livre équilibré pour aborder ce sujet et s’en faire une idée sans dogmatisme ni à priori.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le X est partout. Chaque année, près de cent milliards de vidéos sont regardées gratuitement sur le site Pornhub. Amateurs, fétichistes, libertins... Désormais, la pornographie est à portée de clic. Cette banalisation change la manière de travailler des professionnels du secteur, confrontés à une crise sans précédent. Doit-on avoir peur de cette nouvelle donne ? Comment appréhender les contenus pornos disponibles sur Internet ? Sont-ils de plus en plus violents ? Faudrait-il les censurer pour le bien-être de nos enfants ? Les femmes regardent-elles aussi du porno ? L'addiction existe-t-elle ?

De Los Angeles à Budapest, en passant par Paris, Newcastle et Barcelone, Marie Maurisse a rencontré les nouveaux acteurs du X et questionné des spécialistes sur ce que la diffusion massive de la pornographie change dans nos vies. Son récit mélange reportages, interviews et analyses qui nous donnent les clés pour réagir à ce nouvel âge

Lettre à celle qui lit mes romances érotiques et qui devrait arrêter tout de suite

Fabrique à stéréotypes sexistes, rétrogrades, simplistes, systématiquement hétéros, machistes, réacs et réducteurs, le mommy porn de masse est une industrie formatée et enfermée dans des modèles ou l’homme riche est dominant et la jeune femme est belle et ingénue et où tous les deux cachent une blessure intime (mais pas trop grave). Camille Emmanuelle démonte les secrets de fabrication de cette machine trop bien pensante sans style ni saveur où la femme rougissante confie sa jouissance à l’homme inaccessible.

Lettre à celle qui lit mes romances érotiques et qui devrait arrêter tout de suite de Camille Emmanuelle
Lettre à celle qui lit mes romances érotiques et qui devrait arrêter tout de suite de Camille Emmanuelle

Une repentance en forme de plaidoyer pour une indispensable qualitative diversité.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« L'homme est blanc, dominant riche, musclé, performant sexuellement et pénétrant. La femme est blanche aussi, pauvre, pénétrée, elle attend qu'un homme la comble sexuellement (et si possible la comble aussi de cadeaux). »

Les romances érotiques se suivent et se ressemblent : la femme et l'homme répondent à des stéréotypes étriqués, leurs interactions sont autant simplistes que convenues et le désir féminin doit se cantonner à quelques clichés hyper réducteurs.

Quant aux maisons d'édition friandes de ce genre littéraire, qui séduit de plus en plus de lectrices, elles empruntent à la production industrielle ses méthodes et ses cadences. Saviez-vous que chaque personnage doit avoir une blessure secrète ? Qu'il y a des tapis en poils de bête sur lesquels il ne fait pas bon faire l'amour ? Que six jours peuvent suffire à écrire une romance ? Ou encore que chaque personnage a une « fiche » consignée sur un tableau Excel ? ...

Camille Emmanuelle, qui a écrit sous pseudo une douzaine de romances érotiques, nous ouvre les portes de ce genre littéraire qui, à force de favoriser une sexualité normalisée, devient un obstacle à une réelle libération sexuelle de la femme. Avec la verve qui la caractérise, elle dénonce l'éternelle comédie qu'on veut, encore, faire jouer à l'homme et à la femme