Le gouffre du cafard

Voilà une histoire bien torchée qui ne démérite pas de sa magnifique couverture.

Paralysée devant la porte de la classe, Marianne regarde le sol.
 - Tu n'es pas coiffée, non plus ! Viens ici que je voie ça. Marianne avance le front bas. L'institutrice soulève sans ménagement les cheveux ébouriffés, mouillés par la neige, regarde derrière les oreilles de la fillette. L'enfant se laisse faire comme une poupée de chiffon.
 - Tu es vraiment dégoûtante de partout ! Enfin... tu n'as pas de poux. Tu voudrais que je te félicite de ne pas distribuer des parasites à tout le collège ?
L'enfant voudrait baisser la tête mais madame Jaquet la maintient par les cheveux pour qu'elle reste droite face à ses camarades.
Marianne a perdu sa langue, raille l'institutrice en s'adressant à la classe. Quel dommage que tu ne saches pas aussi bien perdre ta crasse. Enlève tes chaussures ! Madame Jaquet inspecte les pieds de l'enfant en poussant des exclamations de dégoût, puis invite ses élèves à les rejoindre devant le tableau. Elle gesticule en leur ordonnant d'encercler l'orpheline.
- Que dit-on des enfants sales ?
Les écoliers gloussent, se regardent entre eux sans oser parler. Finalement Jean-Daniel lève la voix.
- Que c'est des cochons.
Exact! Alors on va tous le dire à Marianne pour qu'elle apprenne à se laver.
L'institutrice donne l'exemple en pointant la fillette de l'index.
- Ouh! La cochoooooooonne! Ooouh la cochoooooone! reprennent les enfants en ritournelle, en désignant Marianne du doigt ou en lui adressant des cornes.
Le gouffre du cafard par Dunia Miralles

Une descente spéléologique dans l’accueil des étrangers (et du mépris de classe) en Suisse dans les années 70. Au cœur de la cruauté ordinaire et institutionnelle.

Une sale époque où l’on pouvait refuser l’accès au chiens et aux italiens… et humilier tous les pouilleux… tant qu’on y est !

Un tout petit roman qui réserve des surprises bien rigolotes au fond… tout au fond !

Et s’il n’est pas nécessaire de creuser très profondément pour imaginer la fin, celle-ci n’en est pas moins réjouissante

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Milieu d'automne 1973 : Concepción
La grande aiguille s'approche de l'heure pile. La pendule sonnera bientôt les huit coups qui enverront la fillette au lit. Les yeux rivés sur l'écran noir et blanc, Anselmo s'est plongé dans les malheurs du monde.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Ce matin elle n'est pas allée à l'école. Comme une fois la semaine passée, et deux fois la semaine précédente. Elle voudrait y aller mais n'y arrive pas. »

Dans les années 1970, en pays protestant, Concepción et ses camarades espagnols, italiens ou suisses en situation précaire, subissent des maltraitances en milieu scolaire. Une vingtaine d'années plus tard madame Krüger, qui écrit pour un journal paroissial, se rend chez Rose, une éminente spéléologue, afin de rédiger un article sur la dépollution des gouffres. La jeune femme lui propose de descendre avec elle dans une grotte. Au fil de leur progression dans les ténèbres, l'on découvrira les moments clés de la vie de la journaliste. Un voyage au coeur de la terre et dans les souterrains de l'âme.

L’histoire du roi qui ne voulait pas mourir

Sordide coïncidence, Jean Teulé est mort en écrivant cette histoire. C’est bien ballot !

Utilisez-le de manière à ce qu'aucune plainte des victimes ne puisse m'échapper. C'est la musique que je préfère... 
Être impitoyable.
L’histoire du roi qui ne voulait pas mourir de Jean Teulé

La fin de vie de Louis XI vue sous un angle à la Teulé : un peu crade, violent, méchant et purulent… Sans pitié !

L’histoire du roi qui ne voulait pas mourir dessins de Dominique Gelli

Manuscrit inachevé, des amis se sont proposés pour le terminer. Hommages, souvenirs, fins théâtrales, dessins, photos… Ils accompagnent cette drôle d’histoire en beauté.

C’est touchant sans sensibleries ni mélo.

Merci

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Au sortir d'une nuit de pleine lune, sur une plage insulaire de mer très lointaine, des fruits et des fleurs naissent ensemble dans la lumière qui apparaît. En cette petite terre volcanique émergée, faisant partie d'un archipel d'une dizaine d'îles inhabitées, croît une variété d'arbres qu'on ne trouve nulle part ailleurs au monde et pouvant survivre au contact de l'eau de mer.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Jean aimait rire de la mort. Il se moquait de l'embarras des survivants.

« Je vous préviens : je n'irai pas à votre enterrement », et il éclatait de ce rire énorme dont il avait le secret.

Le 18 octobre 2022, une bactérie sournoise l'a foudroyé.

Il laisse un vide, un silence, un manque insondable.

Il laisse aussi la première partie du manuscrit qu'il était en train d'écrire. L'histoire de Louis XI, ce monarque singulier qui, tout en étant de ceux qui ont posé les fondations de la nation française, a commis les plus effroyables crimes qu'on puisse imaginer.

Ses amis nous ont convaincus de publier ce texte inachevé. Philippe Jaenada, Enki Bilal, Dominique Gelli, Florence Cestac, François Delebecque, Philippe Druillet et Benjamin Planchon ont improvisé des textes et des images sur la dernière création de Jean Teulé.

Pucelle, vol 1 : Débutante

Dans ce premier tome qui raconte plus ou moins la même période que Cruelle ou Jumelle, Florence s’attache beaucoup plus à la découverte du monde en dessous de la ceinture. Un monde inconnu, sale et tabou !

Pucelle, vol 1 : Débutante de Florence Dupré la Tour

Alors, quand les premières règles arrivent…

Comme à son habitude, Florence s’attache à TOUT dire et parfois on lui en voudrait presque un peu de tant de sincérité. Mais pourtant, c’est bien là que se trouve toute la puissance de ses albums !

Une enfance au sein du patriarcat religieux, des tabous, de la toute puissance des hommes et de la docilité des épouses et des enfants. Mais aussi, une enfance avec Béné.

Un premier album fort qui casse bien des tabous et des non dits

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il courait dans la famille une savoureuse anecdote à propos d'une Grand-tante paternelle et maman se délectait souvent à nous la raconter.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Depuis sa plus tendre enfance, Florence ignore tout ce qui se passe… en-dessous de la ceinture.
Elle imagine que le papa met la petite graine dans le nombril de la maman, et puis de toute façon, il est tacitement interdit, dans la famille, de parler de « la chose qui ne doit pas être dite ».
Alors … Florence imagine des scénarii terribles, parfois idiots; Florence s’angoisse devant le poids de la tradition qui place inéluctablement la femme dans une position inférieure ; Florence, à sa façon, résiste pour ne pas sombrer.

Élise

A cette époque, celle de nos grands-parents, les maîtres et maîtresses étaient tout puissants et régnaient sur les classes dociles. La punition était sévère et nul ne pouvait la remettre en cause. De là à devenir cruels…

Élise de Fabian Menor

Basé sur des histoires racontées par sa grand-mère, Fabian Menor tente de nous faire revivre ces maltraitances dans les campagnes, au pays des joies de l’enfance et de la cruauté gratuite.

Mais il m’a manqué quelque chose, des émotions mieux traduites ou peut-être un scénario plus épais

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
À une époque où les professeurs ont le droit de lever la main sur les élèves, le quotidien d'Élise ressemble à celui de n'importe quelle petite fille.
Enfin presque...

Cruelle

Allongée dans un lit d’hôpital, Florence (oui, c’est autobiographique) a peur de sortir

Cruelle de Florence Dupré la Tour

Et allongée elle repense à son enfance, ses frères et sœurs (et sa jumelle), l’église et surtout, son rapport aux autres et aux animaux. Cochons d’Inde, lapins, poissons, poules, oies, tortues, chats, chiens… tout ces animaux aimés, mutilés et torturés (ou tués)…

Une bande dessinée très curieuse qui la met un peu mal et questionne sur la cruauté enfantine et le « que penser de l’enfant que j’étais » ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le spectacle de la vie
Je suis à l'hôpital. J'ai 26 ans. Chambre 203. Tension à 13/8. Il est 11 heures 37. Il pleut un peu dehors.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Enfant :
Être humain dans sa période de développement située entre la naissance et la puberté.

Animal :
Être vivant organisé, sensible et capable de mouvement.

Cruauté :
Plaisir que l'on éprouve à voir un être vivant souffrir ou à lui infliger cette souffrance.

Une histoire vraie

Variations endogènes

Des subtiles variations sur des fantasmes, des désirs inavouables, des pulsions perverses, des envies honteuses…

Variations endogènes de Karoline Georges

C’est délicieusement cru, rude, sale, morbide et souvent drôle avec de surprenantes surprises !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ils sont nombreux. Parmi eux, l'une attend sa naissance, l'autre est à l'apogée de son existence. Il y a quelques fous, des amants, un milliardaire, des enfants livrés à eux-mêmes. Ils sont animés par des intentions cruelles, sadiques, morbides ou masochistes. Ils tendent des pièges, mettent en scène leurs fantasmes, s'épuisent à poursuivre un idéal illusoire. Ils sont isolés. Ils s'apprêtent à mourir ou à commettre l'irréparable. Ils sont peut-être déjà morts. Assemblés avec minutie par une auteure au regard aussi tranchant qu'une lame, les quatorze tableaux de Variations endogènes forment un fascinant cabinet de perversités

Les femelles

Pas fan absolu des nouvelles, la couv. m’a quand même bien branché et mes dernières lecture de Joyce Carol Oates (m’)ont achevé… de me convaincre.

Les femelles de Joyce Carol Oates
Les femelles de Joyce Carol Oates

Et je n’ai pas été déçu par ces femelles qui, par vengeance, sadisme, accident, démence ou opportunité passent à l’acte. Mais, comme pour toutes les nouvelles, il faut se contenter d’une brève accroche, d’un court développement et d’une fin rapide. En l’occurrence, souvent brutale…

A conseiller aux amateurs de cruauté amorale et aux fans d’histoires courtes qui n’ont pas peur de s’endormir au coté d’une femme.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Petite fille jalouse, prostituée précoce, vierge effarouchée, bourgeoise en mal de sexe ou infirmière dévouée, elles ont six, onze, vingt, trente-cinq ans et, à première vue, paraissent inoffensives. À ceci près qu'il vaut mieux ne pas laisser traîner un revolver, un couteau ou une seringue à leur portée. Car ce sont des tueuses, les (anti) héroïnes de ces neuf nouvelles dérangeantes, que Oates met en scène avec un sadisme d'une sournoise sobriété. Une savante économie de moyens qui explique sans doute la montée de tension que le lecteur ressent à chacune de ces pages où l'horreur s'installe tranquillement...

De si rudes tendresses

Une quinzaine d’histoires courtes sur les envies cachées, les pulsions qui nous dévorent, les secrets qui nous hantent et les besoins qui nous poussent.

De si rudes tendresses de Tomaso Solari
De si rudes tendresses de Tomaso Solari

Sympa, mais dans style un peu bof-bof. Et comme souvent avec les nouvelles, le bon côtoie le non fini, laissant un non-goût de pas assez. Dommage, car les bons moments et les promesses n’y manquent pas.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Les personnages de ces nouvelles partagent un sentiment de culpabilité et dévoilent les conséquences de leurs faiblesses sur leur vie intérieure