Esmera

Sur une idée bien amusante, Zep et Vince ont signé un album érotique de très bonne facture. Esmera change de sexe à chaque orgasme !

Esmera de Zep, dessin de Vince

Une idée originale pour un scénario un peu léger – mais plaisant – avec de bouillonnants dessins de Vince. Oui, c’est vraiment très explicite !

Une bande dessinée qui se retrouve d’ailleurs – et à très juste titre – en bonne place avec Les plus belles filles de la BD érotique

Un petit regret ? Que ce ne soit pas un homme et une femme qui aient collaboré à la réalisation de ce bel objet. N’était-ce pas justement l’idéale occasion ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Rome, avril 2015.
Le sexe et la religion...
Il est toujours question de s'agenouiller... et d'être relevé.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
À la fin des années 1960, Esmera Santeneo grandit à l’école pour fille du Sacro Cuore en Italie. C’est dans cet environnement austère que la jeune fille voit ses premiers désirs charnels naître en elle. Partageant ses sentiments avec son amie Rachele, Esmera vivra ses premières expériences avec des garçons. Dans l’Italie des années 1960, l’éducation sexuelle est balbutiante et le plaisir de la femme, optionnel. Les premières aventures d’Esmera sont souvent décevantes mais riches en enseignements. Quand enfin elle parvient à maîtriser son plaisir, elle découvre que son corps possède un pouvoir unique et exceptionnel : elle change de sexe avec chaque orgasme ! En se retrouvant dans la peau d’une femme ou d’un homme, Esmera aura la possibilité d’explorer relations amoureuses et jouissances d’un double point de vue : masculin et féminin. De plus, vieillissant deux fois moins vite que le commun des mortels, cette « super-héroïne » charnelle traversera le siècle jusqu’aux années 2010 et sera le témoin privilégié de l’évolution de la sexualité et du plaisir au cœur de notre société.

Dès que sa bouche fut pleine

Le postulat de ce livre est hilarant (et très intéressant aussi). Et si c’était plutôt le fait de manger qui était tabou plutôt que la sexualité ?

Dès que sa bouche fut pleine, elle sut qu'elle n'oublierait jamais le goût, le plaisir, la puissance de cet instant, et que jamais, même si l'occasion se présentait un jour, même si quelqu'un était d'accord pour l'écouter, elle ne trouverait les mots pour en parler.
Dès que sa bouche fut pleine de Juliette Oury

Et dans cette société où tout le monde vit son alimentation caché – voir honteux – en ne se nourrissant que de barres anaromatiques, tout le monde baise et se touche, se retrouve pour une partie entre amis, partage une banquette entre collègues…

Mais petit à petit, Laetitia (qui s’emmerde quand même un peu dans son couple) sent monter le désir, celui de l’interdit, l’envie de goûter, de cuisiner, de manger, du gras, du goûteux, salé, épicé, sucré, des saveurs et des textures… Croquer dans cette irrésistible pomme !

Un livre sur le désir et la sensualité débordant d’érotisme culinaire

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Laetitia avait rarement très envie, le matin. Son sommeil était lourd et pénétré de rêves obscurs qui collaient à ses yeux quand elle ouvrait les paupières. Pourtant, chaque matin, quand Bertrand posait la main sur elle, quand elle sentait son érection contre sa cuisse, elle lui souriait, et puis elle se laissait faire.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Ce geste ne disait rien du désir de Bertrand, dont elle ne savait pas grand-chose, mais il parlait du jeune homme consciencieux qu'il était, de ceux qui avaient bien noté que les experts considéraient le rapport matinier, en ce qu'il rompait la chasteté de la nuit, comme le meilleur pour le métabolisme. Laetitia voyait que son amoureux mettait un point d'honneur à suivre les recommandations officielles et qu'il baisait donc équilibré, ne s'autorisant que peu d'écarts. »

Dans ce monde où la place du sexe et celle de la nourriture sont inversées, le sexe rythme les journées de tous, tandis que la nourriture est une affaire de l'intime, d'amants, qu'il faut taire et qui fait rougir.

Véritable expérience de lecture, Dès que sa bouche fut pleine est aussi un premier roman initiatique, l'histoire d'une jeune femme entraînée malgré elle par son désir, un désir défendu qu'elle va transformer en une force intime capable de la protéger contre toutes les formes d'aliénation. D'ailleurs, le désir et l'appétit sont-ils vraiment si différents ?

Désirer

Excellent ! C’est acté, les femmes enterrent définitivement l’érotisme à la papa.

Suite à une brève préface signée Charlotte Pudlowski, suivent six nouvelles autour du désir, celui des femmes.

Et c’est Emma Becker qui ouvre les feux avec un quiproquo magnifique, une embrouille délicieuse.

Philippe, lui, a juste un peu blanchi.
C'est peu de dire que ma soirée vient de prendre une tournure absolument inédite. Il faudrait maintenant m'arracher à ma chaise - et au lieu du bonsoir timide que je m'apprêtais à lâcher, j'attrape avec allégresse la main de Véronique et vais jusqu'à me lever pour la saluer.
Paul n’est pas venu de Emma Becker

Elle est suivie par la très drôle (si, si) Marina Rollman dans un France-Suisse au score tendu.

On est tous deux debout, derrière un canapé. Il a les mains posées sur le dossier, il s'agrippe. C'est pas des mains de pianiste mais c'est des belles mains carrées, douces mais solides, qui savent faire des trucs utiles, qui t'agrippent comme il faut. Les bras sont jolis aussi, on est dans cet âge chouette où on a pas ce truc tendu de bébé, mais pas non plus la sécheresse passé soixante. Les veines, la vie qui pulse en dessous, mais pas encore les taches, la mort qui s'annonce par le dehors.
Les femmes marrantes de Marina Rollman

Joy Majdalani nous parle d’une passion interdite pour Arthur (le pauvre, en plus, il est moche).

Dans la conversation d'Arthur, en dessous du pouce bleu qu'il avait envoyé en réponse à mon invitation, un nouveau message est apparu: « J'aurais pas dû t'embrasser la joue comme ça. Je suis désolé. » 
Puis, 
« Ta robe était magnifique. »
Je ne sais pas d'où me vient cette témérité nouvelle, mais sans réfléchir, je réponds:
« Arthur, je sais, je n'aurais pas dû, mais je viens de jouir très très fort en pensant à toi. »
Arthur qui est moche de Joy Majdalani

Wendy Delorme nous parle du désir au féminin, hélas impossible… le temps de laisser monter le désir.

Le chemin n'est pas long, de ma chatte à mon cœur. Mais il y a des personnes qui prennent un raccourci. Et ça se joue en une nuit.
Je suis une fille facile, je l'ai toujours été. Je n'en fais pas mystère. J'aime les choses concrètes, qui sont dites simplement. Et surtout, j'aime les filles.
Les cinq pas qui séparent le canapé du lit de Wendy Delorme

Emmanuelle Richard raconte le sexe au temps du Covid.

Au début de cette seconde réclusion forcée, je suis venue sonner. Je ne sais plus quel prétexte j'ai inventé, sans doute un dépannage alimentaire. Je n'ai pas fait l'effort de trouver quelque chose de subtil, c'est surtout le courage que ça m'a demandé. Quand tu m'as ouvert la porte, tu étais en vieux jean et t-shirt, couvert de plâtre et les bras nus. Bruns, tes bras sous la poudre de plâtre. Tu m'as souri. De ton sourire particulier, très beau quand il se fendait large, carnassier, et malgré tout très doux. Avec deux petites, mignonnes canines de vampire qui apparaissaient lors de la manifestation de certains de tes différents visages.
Ta fenêtre en face de Emmanuelle Richard

Et Laurine Thizy termine avec un classique, mais très réussi : le moniteur de ski.

Pas longtemps après, Ismaël s'en va, c'est maintenant ou jamais, c'est maintenant, je me lève aussi, notre chorégraphie implicite, le grand ballet su par cœur de ceux qui vont ken. Dehors, il fait un froid piquant. On se raccompagne en silence et soudain je suis plus certaine d'avoir raison, est-ce que je peux me tromper, rien n'est plus clair pourtant que le désir d'un homme, les micro-signaux comme autant de certitudes, et puis non, peut-être pas, peut-être que je comprends rien, peut-être que j'ai tort, mais le voilà qui s'arrête et sort ses clés et dit à voix basse: Je t'invite à boire un dernier truc? Une tisane, c'est le mieux pour faire passer la fondue.
Ismaël de Laurine Thizy

Quel excellent recueil de nouvelles autour du désir et ses multiples facettes (aussi colorées que la couv’) qui se conclu par une petite (et bienvenue) présentation des autrices.
Pour conclure, (hélas, c’est trop tôt), oui, on en veut encore !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Vous êtes sur un canapé, au restaurant, dans un bar. Vous êtes face à un inconnu, une inconnue, qui vous parle ; vous l'écoutez. Vous regardez ses lèvres. Chair tendre pigmentée, qui remue. De sa bouche, les mots qui s'échappent rencontrent le réel, entrent dans vos oreilles, creusent un chemin vers votre ventre, vous pénètrent. Vous êtes immobile, fébrile. Vous avez envie de l'embrasser et vous ne savez pas si ce sont ses mots que vous voudriez manger, ou son corps. Dans cette chorégraphie: le début de la jouissance, déjà. Le langage est une peau. Je frotte mon langage contre l'autre.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Elles veulent, elles fantasment, elles jouissent.
Mais avant tout, les femmes mènent la danse.

Six autrices explorent le désir au féminin. Les hommes deviennent des proies et les fantasmes prennent chair. Leurs héroïnes sont libres, modernes et drôles. Elles nous ressemblent.
Emma Becker, Wendy Delorme, Joy Majdalani, Emmanuelle Richard, Marina Rollman et Laurine Thizy se font la voix d'un érotisme d'aujourd'hui. Elles dessinent les contours d'un monde nouveau, dans lequel les femmes ne sont plus objets de désir mais actrices de leur plaisir.

Juicy : une idylle à quatre pattes

Juicy, une histoire festive de porn joyeux ? Pas tout à fait…

Dans la cabine, je souris devant tous les déshabillés, c'est parfait, la journée est parfaite et la musique juste un peu too much, puis quand la vendeuse se retire, je soupire et je fais la moue.
- Gary, j'ai juste besoin que tu me baises. Si tu veux m'acheter quelque chose, j'aimerais avoir un costume de licorne. J'ai assez de petites culottes comme ça et ma chatte est plus douce que tous les tissus. Touche, touche.
Il passe sa main sous ma robe. En caressant ma culotte, il tente de la repousser sur le côté, je le sens toucher mes lèvres, puis glisser un doigt dans ma chatte.
Juicy : une idylle à quatre pattes de Melodie Nelson

Une jeune fille de 17 ans couronnée Miss Teen America gentiment obsédée par son corps (difficile de ne pas l’être dans ce cas) glisse rapidement dans le monde du porno. Et sous le couvert d’une histoire érotique jamais tout à fait glauque mais pas vraiment joyeuse non plus, Juicy raconte une petite jeune fille qui pense tout maîtriser et décider (à part son amour obsessionnel pour Gary) dans le monde du porno.

Une historiette souvent drôle mais questionnante qui m’a parfois rappelé Florida et sa vision du monde des miss (des mini-miss dans Florida) et des ravages sur la psyché des jeunes filles

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je suis la personne la plus gentille de Tacoma, la plus gentille et celle qui a sucé le plus de mecs à la place de leur vendre des barres de chocolat à mille calories la bouchée. Pour pouvoir me rendre jusqu'à la finale de Miss Teen USA, j'ai cuisiné des biscuits aux pépites de chocolat pour le concessionnaire Toyota de mon quartier, j'ai regardé des recettes de savon à la menthe et au thé vert sur Pinterest avant d'en piquer chez Soaptopia pour en offrir à des revues de mode, j'ai envoyé des petites culottes avec des traces de mouille et de menstrues à des firmes d'avocats.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une gentille blondinette californienne remporte le concours de Miss Teen America. Son diadème lui semble aussi important que son hymen jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse de Gary T-Rex, un chanteur populaire moustachu et has-been. La célébrité, la crystal meth et les vibrateurs lui feront vite oublier ses rêves de paix dans le monde…
Juicy est une histoire d’amour pornographique, un roman Harlequin pour ceux qui préfèrent mélanger mouille et vodka plutôt que se balader sur un cheval blanc au coucher du soleil – parce que, de tous les artifices, ce n’est pas le silicone qu’il faut craindre, mais les promesses d’amour éternel.

L’art et la manière

Treize nouvelles autour de la baise, du sexe et du désir. Oui, cool ! Par Barbara Carlotti, en plus ! Autrice, compositrice et interprète talentueuse. Oh oui, voyons vite ce que ça peut donner.

Hélas, pas d’envol ni d’émotions dans ce recueil inconstant. Pas franchement érotique, parfois cru, souvent plat, je n’ai malheureusement que rarement trouvé la sensualité qui nous était vendue en quatrième de couverture.

Je m'endors sur le ventre, une main calée sur mon sexe dont je caresse les poils comme un doudou, j'ai toujours fait ça. Quand j'étais petite, j'arrivais même à m'endormir en boule, les genoux repliés sous mon ventre, le front sur l'oreiller, glissant les mains sous mes fesses comme sur la photo de Man Ray, La Prière.
L’art et la manière de Barbara Carlotti

Zut, Barbara, nous ne nous sommes pas vraiment rencontrés cette fois-ci. Je m’en vais retourner à vos chansons et votre voix sublime et profonde.

… Et pour les intrigués qui ne voient pas vraiment à quoi ressemble cette Prière de Man Ray… La voici

La Prière de Man Ray – 1930

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Rester enfermée dans le silence de mon appartement pour l'éternité... Voilà ce que je voulais faire. À la fin de mon histoire avec Luc qui avait duré six ans et des poussières, j'étais à la dérive mais je continuais à sortir la nuit avec ma nouvelle meilleure amie, Lassitude.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Dans la baise, il y a l'art et la manière, les bonnes manières et les mauvais coups. La relation sexuelle, dans ses gouffres charnels, est un langage secret qui dévoile le fond de nos êtres. Sans doute est-ce pour cela que j'aime tant baiser. J'ai en moi cette curiosité insatiable. Les mots, que je crois savoir manipuler un peu, me laissent souvent frustrée, ils ne me donnent pas tout à fait les clés de mon existence. »

Des histoires sensuelles, troublantes et poétiques, sur ce qui se joue dans l'incarnation du désir. Des histoires racontées avec audace et effronterie par un chœur de femmes cherchant à comprendre leurs élans sexuels

In Bed

Des couples, des amis, des collègues, des désirs d’enfants ou de sexe, des gaffes, des grincements, des fantasmes… La vie infidèle.

In Bed de Lydia Frost et illustrations de Jean-Philippe Kalonji

Une BD franchement explicite aux splendides dessins monochromes de Kalonji. Des merveilles de sensualité.

Mais zut, le scénario un peu léger ne rend pas vraiment honneur aux talents graphiques et aurait mérité quelques développements

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Manhattan. Upper East Side.
Serre-moi fort...
Déjà ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Je veux me perdre en toi, jusqu'à tout oublier, jusqu'à ce que tout disparaisse... Plus de temps, plus d'espace, plus que cette chambre, ce lit, nos corps... Je ne vis que pour cet instant, magique, éternel... Je ne vis que pour toi car je ne sais plus vivre pour moi... Je veux me perdre en toi, pour n'avoir plus rien à perdre... In Bed... »

L'adultère transcendé par le graphisme de Kalonji et la finesse du récit de Lydia Frost, un album remarquable et simplement beau

Odile l’été

C’est peu dire que l’érotisme féminin est généralement plus riche et diversifié que celui des auteurs masculins. Certes, on y trouve nombre de grosses bouses tant l’exercice est compliqué, mais de vraies pépites s’y retrouvent sous la plume de Anne Archet, Zoé Vintimille ou Belinda Cannone… pour ne citer qu’elles dans des registres très différents.

 - J'ai eu longtemps l'impression qu'on s'était jeté un sort l'une à l'autre. C'est con, je sais, mais j'essaie d'être la plus juste possible.
 - En étant défoncée ?
 - C'est défoncée que je suis la plus juste. On a commencé à fumer ensemble et c'est en fumant qu'on a pu se dire les choses qui comptaient vraiment. Je n'ai jamais eu d'usage plus intelligent des drogues qu'avec toi. Partout ailleurs, j'ai eu l'impression qu'on me donnait des drogues pour que je ne puisse plus m'échapper.
Odile l’été de Emma Becker

Dans cette collection Fauteuse de trouble, Julliard invite des autrices à jouer avec un érotisme féministe et émancipé. Et cette première lecture est une réussite.

C'est peu dire qu'Odile, en rentrant chez elle, s'étend sur son lit, dans sa chambre aux volets clos, bras et jambes écartés. Quatorze heures, l'heure blanche non, c'est trop tôt, Axel est trop sérieux pour ça, et puis il a une femme, et une petite fille, on est loin du film porno où des ouvriers nus sous leur salopette sortent nonchalamment leur chibre sur un simple regard de la petite dame en minirobe. Et puis, ils l'appellent patron... Est-ce qu'on baise une nana sous les yeux de son patron? Est-ce qu'on met sa bite là d'où le patron ressort à peine?
 - C'est ton rêve à toi, Odile, lui dis-je en allant me coucher. Ils mettent leur bite exactement là où tu leur dis de la mettre.

Deux copines d’enfance qui se sont perdues de vue depuis plus de dix ans partagent leur souvenirs. De leurs premiers émois ensemble à leurs fantasmes de femmes en passant par leurs expériences (très) diverses.

Un magnifique roman sur le désir et le plaisir

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
J'ai rêvé d'Odile cette nuit. C'est assez rare pour que je le note. Petite, je rêvais beaucoup d'elle, comme de mes parents; c'étaient les rêves les plus graves de ma vie, et puis ça m'est passé. Ce qui devrait m'étonner, c'est de ne pas retrouver Odile en rêve plus souvent.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Odile et moi, petites filles, courons dans le maquis qui entoure sa maison, elle habite à l'époque dans cette même grande villa à Cavalaire. Nous disparaissons des heures à la recherche d'un semblant de grotte planquée derrière un buisson de lentisque, une lampe torche à la main, et c'est là, pour la première fois, que nous inventons ce jeu qui nous tiendra en haleine jusqu'à la fin de notre adolescence - le petit copain et la petite copine. Au début, ces explorations n'interviennent que dans notre caverne ; l'obscurité et la fraîcheur nous préservent de ce que nous sommes en train de faire plus que du regard possible des autres. C'est une bulle dans laquelle nous nous fondons des heures entières, avant de ressortir comme si rien ne s'était passé, comme si nous venions de faire une partie de ballon, et nous n'en reparlons jamais, jusqu'à la fois d'après. »

Noir burlesque, tome 2

Après un premier tome qui m’avait laissé sur ma faim, voici le second qui sonne la fin.

Noir burlesque, tome 2 de Enrico Marini

Et le dessin est toujours aussi parfait, le style « roman/film noir » accompagné de gros bras, maffieux, jolies poupées, scotch, coups de poings, révolvers et carabines est parfaitement respecté ! Il y a du sang !

Alors, certes, il ne faut pas s’attendre à autre chose, mais le dessin est sublimement adapté au genre et Marini signe ici deux tomes de très bonne facture !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Pour Slick, les choses ne s'arrangent pas. Jusqu'à présent, il avait affaire aux truands irlandais. Mais cette fois, il change de dimension : le voilà confronté à la mafia italienne.
Rex, pour qui il n'avait travaillé qu'une seule fois, lui demande cette fois, sous la menace, de voler une oeuvre d'art. Et pas n'importe laquelle : outre sa très grande valeur, elle appartient à la mafia.
Dans un monde idéal, Slick prendrait le large avec Caprice, la femme de sa vie. Mais nous ne sommes pas dans un monde idéal. Caprice se retrouve coincée elle aussi : Rex la retient avec un secret qui pourrait ruiner sa carrière à tout jamais. Et les ennuis de Slick ne s'arrêtent pas là : il doit faire équipe avec une bande de véritables détraqués. Notamment Crazy Horse, l'un des tueurs incontrôlable de Rex qui semble être parti sur le sentier de la guerre.
Ce qui est certain, c'est que du sang et de larmes vont couler... Entre femmes fatales, fusillades sanglantes et règlements de comptes, Enrico Marini poursuit son hommage au film noir américain des années 1950

L’Éternel sentit une odeur agréable

Cette éternelle odeur m’a rappelé le Moine de Mattew Gregory Lewis et sa descente aux enfers entre sainteté et luxure, entre le désir de la pureté et celui des corps.

 - Monsieur l'abbé, je n'y peux rien. Cette femme... Emmanuelle... elle sent.
 - Ah! Ah! mon jeune ami. Et que sent-elle, cette femme ?
 - Elle sent la mort.
L'abbé Noiret se figea, me regarda comme sans me voir, un long moment, puis désignant la porte du menton, m'intima l'ordre de me retirer.
Le lendemain, à déjeuner, il posait devant mon assiette le journal ouvert à la page des faits divers de la paroisse.
UNE OUVRIÈRE DE LA FABRIQUE ZUBER SE TUE A MOTOCYCLETTE
L’Éternel sentit une odeur agréable de Jacques Chessex

Jules-Henri sent ! Et, accompagné de l’abbé Noiret il se questionne sur l’odeur des saints tout en étant inexorablement attiré par les effluves de Maria Elena.

Dégoûtation et invective! Le désir de Dieu ressemble au désir.
Hélas, je le crains aujourd'hui, cette ressemblance est un piège, j'en ai pris acte avec le temps. Le désir de Dieu mène à la vie, le désir des corps, comme les corps, à la destruction et au tombeau, boîte sans âme pour morts sans âme.

Guidé par son flair, Dieu et son désir, Jules-Henri tisse une fable à la morale incertaine et aux arguments dont la mauvaise foi ne trompent que lui… pour son plaisir

Mlle Johannot avait dénoué ses cheveux pour mourir, on la retrouva les épaules disloquées, le corps jaune et mou, les yeux exorbités, troubles, dans le visage déjà rongé. L'image courut longtemps dans le bourg et la montagne alentour, de l'affreuse punition du péché, cette belle jeune fille coupable, enceinte, qui pourrissait à une corde.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je m'appelle Jules-Henri Mangin, je suis né près de Bourg-en-Bresse il y a un peu plus de soixante ans. J'ai occupé une place importante à la tête d'une fabrique de serrurerie. Aujourd'hui je suis en retraite depuis quatre ans. Je revois sans cesse des choses de ma vie. Et tout ce que je raconte est vrai.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Les essences d'espèces rares et d'espèces communes, je les aurai cherchées dans le sexe des filles, et les autres traces, signatures, preuves, sentiers de l'odeur dans l'autre odeur, urines évaporées ou tièdes, lieux louches, lits à sueurs et autres restes de haltes amoureuses, de passages solitaires, de brûlure, d'écume, de jubilation stupéfaite.»

Ainsi parle Jules-Henri Mangin, se remémorant sa vie entière à traquer les odeurs de femmes, et surtout un certain été de 1960. Un été jurassien, sec, enflammé, jaune. Cet orphelin tranquille servait la messe et aidait à la mise en scène d'une pièce de Roger Vailland. Entre le garçon qu'obsèdent les odeurs du vice et le libertin au regard froid, se noue une amitié faite d'initiation progressive au plaisir. On joue, on fouette, on sépare les corps qui transpirent. Le petit amateur de théâtre ne sera plus jamais le même. Jusqu'au scandale qui éclabousse le bourg. Des années plus tard, Jules-Henri retrouve l'une des complices de cette comédie qui a mal tourné, l'espagnole et brune Maria Elena. Tout recommence, dans l'attrait du péché

Histoire de mademoiselle Brion : dite Comtesse de Launay (1754)

Réédité dans une collection de petits ouvrages érotiques (Vol. 12 de la Collection Mémoires indiscrets – Le coffret du bibliophile) ce livre avait paru originalement sous le titre La Nouvelle Académie des Dames, ou Histoire de Mlle. de B***, D.C.D.L. en 1776 puis réédité sous le titre présent par Guillaume Apollinaire dont il signe une brève introduction.

Vous serez, sans doute, étonnée, madame, de m'entendre parler de dettes contractées chez la Verne, après y avoir demeuré deux mois, fait nombre de partis dont elle avait touché l'argent et en sortir plus nue que je n'y étais entrée: c'est le grand art de ces sortes de courtières de la vertu féminine; vraies sangsues du peuple libertin, d'endetter les créatures qui leur servent à ruiner la jeunesse; bien plus, en jouissant du revenu de leurs charmes, elles acquièrent un droit sur leur liberté: c'est ce qui s'appelle le secret du métier et qui sera toujours une énigme pour les filles qui en sont la victime.
Histoire de mademoiselle Brion : dite Comtesse de Launay (1754) : Introduction et essai bibliographique par Guillaume Apollinaire

Amusant et très délicatement coquin, ce livre semble décrire plutôt bien la vie de femmes « libertines » au 18e, dépendantes (ou possessions ?) de mères maquerelles, greluchons, amants et autres entreteneurs

Et pour les plus fortunés, il semblerait qu’on trouve encore certaines éditions originales

[Anonyme]. La Nouvelle Académie des dames, ou Histoire de Mlle de B***, D. C. D. L. [dite Comtesse de Launay]. À Cythère, 1774. In-12 de 113 pages

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Fuyant les perversités paternelles, Mlle Brion se réfugie dans le bordel de la Verne. Cette maquerelle bienveillante se chargera de vendre son pucelage et de l’initier au mythe de l’amour. Les publications clandestines précédant l’époque révolutionnaire sont rares et doivent être considérées indépendamment des éditions de la fin du xviiie siècle. Selon Guillaume Apollinaire, dans sa préface pour la « Bibliothèque des curieux » de 1913 : « Le bon ton qui règne dans cet ouvrage lui donne encore une place à part dans la littérature de mœurs au xviiie siècle, littérature si riche qu’elle nous servirait facilement à reconstituer l’histoire du temps, si même les documents originaux et les archives venaient à disparaître. »