Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Voilà clairement le livre le plus américain d’une autrice suisse que j’ai pu lire.
OK, Pour le côté ricain, le livre se passe au États-Unis et la riche famille Haynes qui se prélasse au bord de la piscine donnent immédiatement un ton à la Bret Easton Ellis (la coke en moins), ou alors une famille à la Meet Joe Black (les névroses en plus). Mais il y a plus que ça. L’écriture, le style et récit très scénarisé, quasi cinématographique qui navigue constamment entre différentes périodes brosse un tableau très étasunien de cette famille dysfonctionnelle.
Une très belle réussite que cette noyade dans une famille étouffée par les secrets et les non-dits
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Dans la lumière déclinante de l'après-midi, les gouttes d'eau, brièvement suspendues dans l'air, prennent l'apparence de minuscules perles étincelantes. Une série d'empreintes de pieds humides, en bordure de la piscine, s'évapore lentement sous la chaleur de juillet. Depuis la terrasse résonne le tintement des couverts contre les assiettes, des chaises qu'on déplace.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Les enfants Haynes et leurs conjoints sont réunis autour d'Elizabeth, la matriarche charismatique. En apparence, la dynastie incarne la success-story américaine. Mais à vouloir se conformer à cette image de réussite, ils se sont enfermés dans des rôles de composition. Combien de temps pourront-ils encore taire leurs mensonges et leurs trahisons sans en payer le prix ? Accepteront-ils de tomber les masques dès lors qu'une tragédie les frappe ?
L’histoire de deux amis d’enfance aux États-Unis, vétérans de la guerre du Viêt Nam et ex-amoureux de la même petite amie qui les recontacte pour les revoir en Italie…
…pour leur présenter Kéo, une jeune immigrée clandestine à faire passer en Amérique.
Une belle histoire d’amitiés, d’amours et de non-dits avec toute la poésie des albums de Cosey
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Mer de Chine.
Ça y est, papa ! Je pars pour l'Amérique !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Vétéran du Vietnam, Arthur Druey ne voit plus d’issue à la déprime qui est devenue son lot quotidien. Sur un coup de tête, il décide d’accompagner son copain Ian Fraschetti en Italie. L’Italie où réside Shirley, leur premier amour commun. Mais la fougueuse jeune femme a bien changé et leur réserve quelques surprises : elle a pris le voile et s’occupe d’une jeune réfugiée cambodgienne, Kéo.
Voilà une sublime intégrale et pas juste une addition de titres !
Tout d’abord, l’édition est vraiment soignée ! Le papier, les regroupements, l’impression et les couleurs sont parfaits.
De plus, chaque tome commence par un dossier-entretien-préface permettant de comprendre le processus et les différentes époques de la création de la série, l’évolution du personnage, du dessin, des couleurs et des différents personnages.
L’intégrale permet aussi de retrouver toutes les femmes (et filles) qui ont traversé la vie de Jonathan, à commencer par Saïcha, dans Souviens-toi, Jonathan
Suivent la petite Drolma puis Kate, la colonel Jung Lan, Atsuko et Ambapali
C’est aussi une visite de l’Asie : Tibet, Chine, Inde, Myanmar… Mais aussi le Japon et, curieusement, les États-Unis pour deux tomes à la Crocodile Dundee avec Oncle Howard est de retour et Greyshore Island qui permettent de retrouver Kate.
Car Jonathan semble en Teflon et les femmes de sa vie ne font que passer… On les retrouve parfois pour plusieurs épisodes, mais très vite, bon gré, mal gré, on retrouve Jonathan ailleurs.
L’occasion de contempler les paysages et les décors de Cosey. Ses montagnes directement inspirées de Derib et Hergé (Tintin au Tibet), pour les premiers albums, avec un style qui devient au fil des albums (46 ans entre le premier et le dernier album) de plus en plus affirmé.
L’évolution du style est très impressionnante lorsqu’on tient tous les albums. Si les chevaux et paysages du début rappellent fortement Buddy Longway et le journal de Tintin, le trait s’épure de plus en plus au fil des années pour rendu devenu très personnel.
Les décorations et les encadrements des planches disparaissent, les cases s’agrandissent, les fioritures s’estompent pour ne laisser que l’essentiel en suggérerant le reste et en laissant aux lectrices et lecteurs le reste du travail.
Et si je reste de façon un peu nostalgique (c’est très personnel) très attaché au style des débuts et que je vois dans Kate une sorte de moment de grâce de la série, le dernier album et ses carnets de croquis reconstituent un ensemble remarquable, une oeuvre graphique exceptionnelle.
Sous cet angle là, l’année passée, je lisais À l’heure où les dieux dorment encore et ce carnet de croquis pourrait parfaitement compléter cette intégrale.
Il faut aussi souligner la grande valeur ajoutée des préfaces de cette intégrale de Claude B. Levenson, Antoine Maurel, Isabelle Dillmann et Nelly Rieuf Bista. Les entretiens et commentaires permettent de beaucoup mieux comprendre l’évolution de la série et… de l’auteur.
Impossible de parler de Jonathan sans parler de spiritualité, de bouddhisme… Jonathan, c’est aussi une quête spirituelle, une recherche de soi qui commence justement par l’amnésie du premier album.
C’est aussi le Tibet occupé par la Chine, les militaires et la résistance de la lignée des Dalaï-Lama et du bouddhisme tibétain.
Et le Tibet, c’est les montagnes et les grands espaces !
Finalement, le dernier album publié en 2021 clôt de magnifique façon cette série !
Une intégrale sublime, pour une oeuvre majeure de la bande dessinée !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Aux confins du Népal et du Tibet, un jeune Occidental, amnésique, marche à la recherche de son passé. Rencontres mystérieuses, personnages attachants, Jonathan nous entraîne dans une aventure intérieure et contemporaine.
On apprend l’histoire par la bouche des vainqueurs et longtemps la parole des peuples premiers est restée invisible derrière les westerns hollywoodiens. Choqué, Ethan Hawke souhaitait faire un film de cette histoire et tenter de rétablir une part de vérité… Le film n’a jamais vu le jour mais, grâce à la rencontre avec Greg Ruth, il est devenu cette bande dessinée. L’histoire de Geronimo.
Mais si l’idée est belle et séduisante, et si le rendu et les dessins monochromes sont magnifiques, l’histoire m’a semblé confuse.
Une bande dessinée avec des très belles planches et partant d’une belle intention, pour un rendu hélas un peu brouillon. Mais était-ce possible de raconter tout ça sur un seul album ?
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Au commencement, le monde était recouvert par les ténèbres. Cette nuit sans fin ne connaissait ni lune ni étoiles.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Année 1872. Au coeur des territoires apaches - vaste région déchirée par des décennies de guerres -, Goyahkla, jeune et brave parmi les braves, vient de perdre sa famille et tout ce qui lui était cher. Une vision l'amène à rejoindre le chef apache Cochise. Il prend ensuite la tête d'une attaque contre le village mexicain d'Azripe, où il fait montre d'un courage insensé. Ce jeune guerrier est dès lors à jamais transformé : Goyahkla sera désormais Geronimo, héros de tous les Indiens d'Amérique du Nord. Cette attaque n'est qu'un épisode d'un très long combat. Le mot Indeh, qui signifie « les morts », monte aux lèvres des Apaches, chaque fois qu'ils se battent contre l'ennemi et perdent des êtres chers, en défendant leur terre et leur culture. Le jour où une paix durable semble avoir été atteinte, la guerre paraît enfin terminée... Mais en est-il vraiment ainsi ?
Elle est noire, à Oakland, elle a 17 ans et se retrouve seule à faire face aux les merdes qui s’accumulent. Et tout va aller très vite.
Une dénonciation des abus policiers, du pouvoir des grosses merdes qui abusent de leurs insignes, de la violence de la pauvreté, du sexisme et du racisme systémique d’une société qui échoue à protéger les plus vulnérables.
Avec une voix claire et un style froid, Arpenter la nuit est un excellent roman qui malheureusement ne doit pas être très fictionnel tant de telles histoires semblent se répéter sans fin
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) La piscine est pleine de merdes de chien et les ricanements de Dee nous narguent dans le petit matin. Ça fait une semaine que je lui répète qu'elle ressemble vraiment à une toxico, ce qu'elle est bel et bien, à se marrer toujours pour la même blague comme si la chute pouvait changer. On dirait qu'elle s'en fiche que son mec l'ait quittée, qu'elle n'en avait même carrément rien à foutre quand il s'est pointé près de la piscine mardi dernier après avoir fait toutes les poubelles du quartier à la recherche de crottes emballées dans des sacs en plastique.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) En Californie, une adolescente noire est décidée à survivre, coûte que coûte, dans un monde qui se refuse à la protéger. Un premier roman coup de poing.
Kiara, dix-sept ans, et son frère aîné Marcus vivotent dans un immeuble d'East Oakland. Livrés à eux-mêmes, ils ont vu leur famille fracturée par la mort et la prison. Si Marcus rêve de faire carrière dans le rap, sa soeur se démène pour trouver du travail et payer le loyer. Mais les dettes s'accumulent et l'expulsion approche.
Un soir, ce qui commence comme un malentendu avec un inconnu devient aux yeux de Kiara le seul moyen de s'en sortir. Elle décide de vendre son corps, d'arpenter la nuit. Rien ne l'a préparée à la violence de cet univers, et surtout pas la banale arrestation qui va la précipiter dans un enfer qu'elle n'aurait jamais imaginé.
Un roman à la beauté brute, porté par la langue à fleur de peau de Leila Mottley
A l’aune de sa longue vie, de ses expériences, de la seconde guerre mondiale et de ses engagements, Edgar Morin en arrive à la guerre en Ukraine.
Et aujourd’hui, alors que la guerre fait rage en Europe, cet essai tente d’éviter les conclusions trop simplistes et rappelle que la manipulation de l’information, que les crimes de guerre, que les bombardements de villes et civils n’ont jamais été l’apanage exclusif des méchants nazis ou soviétiques (pour ne citer qu’eux).
Un essai qui tente de sortir d’une vision gentil-méchant pour éviter l’escalade et trouver des solutions permettant une paix durable
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Le premier bombardement aérien de terreur en Europe fut celui de la Luftwaffe qui anéantit Rotterdam en mai 1940. Il fut suivi par les pilonnements de Londres au cours de l'été 1940, qui furent abandonnés après la résistance héroïque de la Royal Air Force.
Puis il y eut les bombardements alliés sur les villes allemandes.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « La guerre d'Ukraine a rappelé en moi les terribles souvenirs de la Seconde guerre mondiale. Les destructions massives, les villes ravagées et détruites, les carcasses d'immeubles éventrés, les innombrables morts militaires et civiles, les afflux de réfugiés... J'ai revécu les crimes de guerre, le manichéisme absolu, les propagandes mensongères. Et me sont revenus en mémoire les traits communs à toutes les guerres que j'ai connues, guerre d'Algérie, guerre de Yougoslavie, guerres d'Irak. Les mêmes criminalisations non seulement de l'armée, mais du peuple ennemi, les mêmes délires, les erreurs et illusions toujours renouvelées, l'arrivée de l'inattendu toujours incroyable, puis rapidement banalisé.
J'ai écrit ce texte pour que ces leçons de quatre- vingt années d'histoire puissent nous servir à affronter le présent en toute lucidité, comprendre l'urgence de travailler à la paix, et éviter la pire tragédie d'une nouvelle guerre mondiale. »
De feu et d’or raconte de magnifique façon l’histoire d’une famille noire des États-Unis. Portés par plusieurs voix, nous traversons plusieurs époques en partant du massacre de Tulsa jusqu’à la maison de Brooklyn et la fameuse dernière marche des escaliers.
Un livre choral qui parle de racisme, de transmission familiale, du désir, de la maternité. La vie de Melody, Aubrey, Idris et ses grands parents dans une famille ou les filles deviennent femmes à 16 ans. Ou parfois plus (trop ?) tôt.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Tout de même, cet après-midi-là, il y avait un orchestre. La musique emplissait la maison de grès brun. Des doigts noirs tiraient des archets de violon, grattaient des cordes de violoncelle ; des lèvres foncées enserraient des trompettes; une fillette brune effleurait une flûte de ses ongles rose clair.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Pendant que nous dansons, je ne suis ni Melody, qui a seize ans, ni la fille autrefois illégitime de mes parents. Je suis un récit, une histoire presque oubliée. Dont on se souvient. »
En ce jour de printemps 2001, toute la famille est réunie à Brooklyn pour fêter le seizième anniversaire de Melody. Tandis qu'elle fait son entrée sur une musique de Prince, resplendissante dans sa robe blanche, une certaine mélancolie s'installe. Cette robe fut cousue seize ans auparavant pour une autre jeune fille : Iris, la mère de Melody, qui n'eut jamais l'occasion de la porter.
Déroulant l'histoire de Melody, de son père, d'iris et de ses grands-parents - du massacre de Tulsa en 1921 au 11 septembre 2001 -, Jacqueline Woodson reconstitue leurs ambitions et leur fureur de vivre, mais aussi le prix payé pour échapper à leur destin
Visiblement, Joseph Incardona s’est bien amusé à écrire cette Lonely Betty… Et c’est très réussi !
Une sorte de parodie de roman noir un peu curieuse avec une centenaire qui aurait des révélations à faire sur le triple meurtre d’enfants disparus 54 ans plus tôt.
Une drôle de nouvelle où l’on croise par ordre d’apparition :
Mike Dougladis (chauffeur de camion), Robert Kawzcinsky (maire), Jesus Christ (notre sauveur), Sarah Marcupanni (38 ans), Elisabeth Zelda (Betty) Holmes (99 ans), Savannah Simpson (compagne secrète de Sarah et gardienne de la prison d’Augusta), Rachel Bloom (fleuriste), Maurituus (chien), Helmut Schweinsteiger (docteur), cette salope de Miranda, Junior Bonner (l’ex), Jim Beam (bourbon), John Markham (shérif à la retraite), Marvin (petit fils de John), Laureen Markham (fille de John), James Sullivan (barman au Funny Throat), un infirmier asiatique (N’guyen), Tom Collins (un collègue), les parents de Tom, Malik Oblomov (colonel-instructeur), Sally Duchaussois (infirmière en chef), Mister Proper, Ingrid Duchaussois (jeune élève propre et studieuse), Linda Horowitz (élève à bleus), Henri (petit), Rooney (et sa petite bite), Mélanie Smith (coroner), Charles Saroyan (médecin légiste), Julie Fergusson (morte), David Bloom (le frère de la fleuriste), Richard Marlowe (directeur), Brahms (compositeur), Julian Pesci (photographe), le révérend Goldworthy, Elvis (chanteur), Nora (femme de John), Freddy Krueger (himself), Jack Daniel’s (whisky), les frères Harris (Peter, Georges et Ellis), Stephen (le quatrième enfant devenu grand), Jimmy et Igor (qui mangent des sandwichs), l’agent Withaker (agent), Jennifer Van Dine et ses parents (qui se rongent les sangs), le pape Wojtyla (pape), Magda (la vieille tante foldingue), Falkner (dans le titre), les trois petits cochons, Carrie (jeune) ou Dolores, Mozart (compositeur), Steve Mingus (lieutenant), Bela Lugosi (I love him), Tabitha (femme de Stephen), Alexandre Dumas (écrivain), Columbo (de mes deux) et Dolores Claiborne.
J’espère n’avoir oublié personne !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) C’était un dimanche, la veille de Noël. En moins de douze heures, le chasse-neige était déjà passé six fois sur le tronçon de la Route 9 traversant Durham.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Dans une petite ville du Maine, la veille de Noël, toute la communauté s'apprête à célébrer les cent ans de Betty Holmes, l'ancienne institutrice. À la stupeur générale, en ce jour de fête, Miss Holmes fait des révélations surprenantes sur une mystérieuse disparition vieille de soixante ans et sur un de ses anciens élèves devenu célèbre. Betty ne verra pas Noël...
Joseph Incardona pastiche le roman noir, s'amuse de tous les clichés du genre et, par une habile pirouette, cette parodie devient hommage
Après un premier tome qui m’avait laissé sur ma faim, voici le second qui sonne la fin.
Et le dessin est toujours aussi parfait, le style « roman/film noir » accompagné de gros bras, maffieux, jolies poupées, scotch, coups de poings, révolvers et carabines est parfaitement respecté ! Il y a du sang !
Alors, certes, il ne faut pas s’attendre à autre chose, mais le dessin est sublimement adapté au genre et Marini signe ici deux tomes de très bonne facture !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Pour Slick, les choses ne s'arrangent pas. Jusqu'à présent, il avait affaire aux truands irlandais. Mais cette fois, il change de dimension : le voilà confronté à la mafia italienne.
Rex, pour qui il n'avait travaillé qu'une seule fois, lui demande cette fois, sous la menace, de voler une oeuvre d'art. Et pas n'importe laquelle : outre sa très grande valeur, elle appartient à la mafia.
Dans un monde idéal, Slick prendrait le large avec Caprice, la femme de sa vie. Mais nous ne sommes pas dans un monde idéal. Caprice se retrouve coincée elle aussi : Rex la retient avec un secret qui pourrait ruiner sa carrière à tout jamais. Et les ennuis de Slick ne s'arrêtent pas là : il doit faire équipe avec une bande de véritables détraqués. Notamment Crazy Horse, l'un des tueurs incontrôlable de Rex qui semble être parti sur le sentier de la guerre.
Ce qui est certain, c'est que du sang et de larmes vont couler... Entre femmes fatales, fusillades sanglantes et règlements de comptes, Enrico Marini poursuit son hommage au film noir américain des années 1950
C’est au tour de Maigret de partir en voyage d’étude. Aux Amériques, où il aura l’occasion de constater les différences de traitement d’une enquête (et des suspects) entre la France et les États-Unis.
Un commissaire qui aura bien de la peine à ne pas intervenir et qui devra se contenter de ronger son frein devant leurs étrangères procédures.
Un livre qui a bien vieilli et qu’il faut prendre « dans son jus » de l’époque pour supporter des termes qui ne sont plus admissibles aujourd’hui.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Maigret, deputy-sheriff.
Hé ! Vous.
Maigret se retournait, comme à l'école, pour voir à qui l'on s'adressait. Oui, vous, là-bas...
Et le vieillard décharné, aux immenses moustaches blanches, qui semblait sorti vivant de la Bible, tendait un bras tremblant. Vers qui? Maigret regardait son voisin, sa voisine. Il s'apercevait enfin, confus, que c'était vers lui que tout le monde était tourné, y compris le coroner, y compris le sergent de l'Air Force qu'on interrogeait, l'attorney, les jurés, les sheriffs.
- Moi ? questionnait-il en faisant mine de se lever, étonné qu'on eût besoin de lui.
Or, tous ces visages souriaient, comme si tout le monde, sauf lui, était au courant.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Le 28 juillet, le corps de Bessy Mitchell est déchiqueté par un train de la ligne passant par Tucson, dans l'Arizona. La veille, Bessy est sortie avec cinq jeunes militaires de la base aérienne de Davis Mountains, près de Tucson : Ward, O'Neil, Van Fleet, Mullins et Wo Lee.
Maigret, en mission d'étude, assiste aux séances publiques de l'enquête menée par le coroner.
Un jury est chargé de déterminer, préalablement à toute mise en accusation, s'il s'agit d'un suicide, d'un accident ou d'un acte criminel.
Les méthodes de la justice américaine déroutent quelque peu le célèbre commissaire français…