Les envolés

Fasciné par cette chute invraisemblable, par cette mort absurde, par ce court métrage ahurissant, Étienne Kern a tenté de faire renaître l’histoire de Franz Reichelt.

Les envolés de Étienne Kern

Belle époque et début de l’aéronautique, accidents en pagaille, les pionniers des airs risquent leurs vies sur des engins à la fiabilité toute relative. C’est alors que le prix Lalance de la Ligue aérienne et de l’Aéro-Club de France offre 5000 francs à l’inventeur d’un parachute.

Le 4 février 1912, il s’élance du premier étage de la Tour Eiffel avec un costume-parachute qui ne s’ouvrit pas. Une chute de quatre secondes

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
4 février 1912. Le jour se lève à peine. Entourés d'une petite foule de badauds, deux reporters commencent à filmer. Là-haut, au premier étage de la tour Eiffel, un homme pose le pied sur la rambarde. Il veut essayer son invention, un parachute. On l'a prévenu : il n'a aucune chance. Acte d'amour ? Geste fou, désespéré ? Il a un rêve et nul ne pourra l'arrêter. Sa mort est l'une des premières qu'ait saisies une caméra.
Hanté par les images de cette chute, Étienne Kern mêle à l'histoire vraie de Franz Reichelt, tailleur pour dames venu de Bohême, le souvenir de ses propres disparus.
Du Paris joyeux de la Belle Époque à celui d'aujourd'hui, entre foi dans le progrès et tentation du désastre, ce premier roman au charme puissant questionne la part d'espoir que chacun porte en soi, et l'empreinte laissée par ceux qui se sont envolés

Federica Ber

Une histoire dans les hauteurs mais qui en manque pourtant.

Le hall d'entrée était mal éclairé. Il n'y avait pas d'ascenseur. En y repensant (à cette montée, dans la cage d'escalier, jusqu'au dernier étage), l'élément le plus curieux, celui qui me frappe aujourd'hui, c'était l'absence, chez moi, d'intention sexuelle. Je ne veux pas dire que l'idée du sexe avait subitement déserté mon esprit, ou que je ne désirais pas du tout Federica. Mais c'était une affaire, pour ainsi dire, réglée. J'avais compris cela, assis à la terrasse du café de la rue Saint-Fiacre. Elle me l'avait fait comprendre. Le sexe était derrière nous, pas devant. Nous étions d'accord.
Federica Ber de Mark Greene

Un homme part à la recherche de ses souvenirs, sur la piste d’une disparue.

Il m’a perdu en chemin

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'était lundi dernier. J'étais allé chercher le journal et, en revenant, je suis entré dans une boulangerie et j'ai pris des croissants.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un matin, dans le journal, un homme lit le récit d'un fait divers survenu en Italie. Un couple a été découvert mort, au pied d'une muraille rocheuse des Dolomites. Les corps, dit la rumeur, étaient attachés l'un à l'autre. Suicide, assassinat ? Les carabinieri suspectent une randonneuse : Federica Bersaglieri.

Ce nom, il croit le reconnaître. S'agirait-il de la jeune femme rencontrée vingt ans auparavant, durant une semaine féerique, au coeur d'un été parisien ? Elle l'avait arraché à ses habitudes, lui avait appris la légèreté. Ensemble, ils avaient bu du vin frais, mimé les passants dans les jardins publics, dormi à la belle étoile sur les toits de la ville... Puis elle avait disparu, brusquement.

Aujourd'hui, à mille kilomètres de distance, il cherche à comprendre.

Deux histoires d'amour envoûtantes, sous les auspices de l'imaginaire et de la liberté, des sommets des Alpes à ceux de Paris

Prends garde

Et l’instant d’un coup de feu, la foule affamée s’emballe, déchire, lapide, détruit et massacre.

Elles étaient trop riches, ils avaient trop faim.

Prends garde de Milena Agus et Luciana Castellina
Prends garde de Milena Agus et Luciana Castellina

Un petit livre en deux parties, historique et romancée. Un bel exercice, mais qui laisse un goût d’exercice.

Laëtitia ou la fin des hommes

Beaucoup d’empathie et d’attachement dans la reconstitution d’une histoire de vie de marquée par la violence des hommes, la justice et la récupération. Dégueulasse et pourtant extrêmement touchant.

Laëtitia ou la fin des hommes de Ivan Jablonka
Laëtitia ou la fin des hommes de Ivan Jablonka

Un livre après la colère. Pourtant, il en faudrait peut-être encore un peu.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, Laetitia Perrais a été enlevée à 50 mètres de chez elle, avant d'être poignardée et étranglée. Il a fallu des semaines pour retrouver son corps. Elle avait 18 ans.

Ce fait divers s'est transformé en affaire d'État : Nicolas Sarkozy, alors président de la République, a reproché aux juges de ne pas avoir assuré le suivi du « présumé coupable », précipitant 8000 magistrats dans la rue.

Ivan Jablonka a rencontré les proches de la jeune fille et les acteurs de l'enquête, avant d'assister au procès du meurtrier en 2015. Il a étudié le fait divers comme un objet d histoire, et la vie de Laëtitia comme un fait social. Car, dès sa plus jeune enfance, Laëtitia a été maltraitée, accoutumée à vivre dans la peur. Ce parcours de violences éclaire à la fois sa fin tragique et notre société tout entière : un monde où les femmes se font harceler, frapper, violer, tuer

La brûlure de l’été

Une famille, la précarité, un tigre. Et un drame, en France, à côté d’une ligne du TGV.

Un texte poignant mais gêné par une structure ou un je ne sais quoi de mal maîtrisé. Zut.

La brûlure de l'été de Jacques Weber
La brûlure de l’été de Jacques Weber
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un couple vivant de peu s'installe dans une gare désaffectée avec ses deux enfants. C'est la promesse d'une vie moins précaire. Mais les dettes s'accumulent et, en pleine canicule, on menace de leur couper l'eau.

Un terrible fait-divers, qui a autrefois défrayé la chronique, a inspiré à Jacques Weber un récit bouleversant, à la fois âpre et tendu, jusqu'au drame final. Un récit où il est question d'une France en marge, de surendettement, de cirque, de tigre échappé, de bistrots, de rêves, d'amour, de désespoir et d'idéaux.

Jacques Weber déploie ses talents de conteur dans une langue inventive et puissante, précise et évocatrice. Il nous livre un premier roman humaniste