L’arabe du futur, tome 6 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1994-2011)

Et voilà, le petit Riad est devenu grand. Enfin, presque ! Reste à passer son bac et vivre (et gagner) sa vie.

L’arabe du futur, tome 6 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1994-2011) de Riad Sattouf

Et son frère enlevé par son père en Syrie ? Et sa mère ? Et la famille, les filles, ses peurs… et tout et tout… Tout est là, avec une histoire et un dessin toujours aussi intimes et touchants.

Et pourtant, oui, c’est bien que ça se termine, avec brio, d’ailleurs

L’arabe du futur, tome 5

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'Arabe du futur, une jeunesse au Moyen-Orient (1978-2011) est une série de bande dessinée en six tomes, écrite et dessinée par Riad Sattouf.
Vendue à plus de 3 millions d'exemplaires et traduite en 23 langues, elle raconte l'enfance et l'adolescence de l'auteur, fils aîné d'une mère française et d'un père syrien. L'histoire nous mène de la Libye du colonel Kadhafi à la Syrie d'Hafez Al-Assad en passant par la Bretagne, de Rennes au cap Fréhel.Ce sixième tome couvre les années 1994-2011.
C'est le dernier de la série

Les oiseaux du ciel

C’est avec le souvenir en tête de la sublime trilogie du jardin d’hiver (Les habits neufs de Margaret, Les ivresses de madame Monro et Les égarements de Lili) que je me suis lancé dans ces oiseaux du ciel.

« Prenez donc un sherry, dit finalement Mme Marsh, dont la pitié était éveillée par la mine abattue de son amie.
 - Ça fera beaucoup de bien à Mary, dit Evelyn. Ça lui donnera quelque chose à quoi penser. » Elle était intimement convaincue que le chagrin des gens ayant subi un deuil les rendait malades. « Voyez les veuves, dit-elle. Elles finissent toutes par avoir le cancer ou par se mettre à boire.
- Pas moi », lui fit remarquer Mme Marsh.
Evelyn eut un sourire entendu - peut-être pensait-elle que le chagrin, dans ce cas, n'avait pas tout à fait commencé à faire son effet.
« Vous êtes hors du commun », dit-elle avec paternalisme.
Les oiseaux du ciel de Alice Thomas Ellis

Certes, la satire sociale des familles anglaises est délicieuse et l’humour grinçant bien présent. Pour autant, j’ai trouvé que ce petit livre manquait un peu de tonus et peinait à conclure, malgré l’annonce du désastre annoncé

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Mrs. Marsh a deux filles : Mary et Barbara. Mary a perdu son fils, Robin. Seule, désemparée, elle revient vivre chez sa mère. A la veille de Noël, toute la famille se rassemble chez Mrs. Marsh, dans un charmant cottage en lisière d'un bois. Mais le drame couve sous les bons sentiments. Malaise, frustration, jalousie, tout finit par éclater au grand jour. Comme dans la Trilogie du jardin d'hiver, Alice Thomas Ellis scrute avec tendresse et cruauté les efforts pathétiques de ses semblables pour trouver ce qui leur tient lieu de bonheur : l'oubli, la consolation, le silence

Les gens de Bilbao naissent où ils veulent

Quelle merveille, quel cadeau !

Apres l'aveu, j'alternais entre les benzodiazepines en sublingual et l'alcool.
Quand je revis ma mère dans le sous-sol d'un restaurant japonais je ne sus rien faire d'autre qu'aboyer. C'est qui ? Tu dois bien savoir quelque chose ? Pourquoi tu m'as rien dit ? Qui d'autre est au courant ? Quoi vous saviez tous ? Elle aussi ? Eux ? Les salauds. Je me sentais trahie jusqu'au cul.
No te pongas furiosa. Ne sois pas furieuse. Tu rigoles ? Ironie, le restaurant s'appelle ZEN. Ne plus rien digérer, pas meme la soupe miso. Avoir les boyaux qui hurlent à chaque aliment, les sucs digestifs provoquant mon agonie à chaque phrase de la puta madre. Enfin, quitter la table.
Les gens de Bilbao naissent où ils veulent de Maria Larrea

Maria Larrea nous offre un livre en deux parties d’une même quête, celle de son identité et ça commence par celle de ses parents. Et puis, tout bascule.

Hegoak ebaki banizkio
Neuria izango zen
Ez zuen aldegingo.
Bainan honela
Ez zen gehiago txoria izango.
Eta nik,
Txoria nuen maite.
Si je lui avais coupé les ailes
Il aurait été à moi
Il ne serait jamais reparti.
Mais, ainsi,
Il n’aurait plus été un oiseau.
Et moi,
J’aimais l’oiseau.

Un livre bouleversant sur l’identité, la filiation et les origines

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le poulpe crachait encore une bave mousseuse sur les rochers quand Dolores s'en saisit.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Tout commence en Espagne. En juin 1943, une prostituée obèse de Bilbao donne vie à un garçon quelle confie aux jésuites. Plus tard, en Galice, une femme accouche d'une fille qu'elle abandonne aux soeurs d'un couvent. Les deux orphelins connaissent la misère et Franco mais se rencontrent, se marient, partent à Paris. La Galicienne devient femme de ménage, le Basque gardien du théâtre de la Michodière. Ils auront un enfant, Maria. C'est notre narratrice.

À vingt-sept ans, celle-ci croyait s'être arrachée à ses origines : la loge de ses parents, la violence de Julian et les silences de Victoria. Mais un tirage de tarot va renverser son existence et l'obliger à replonger dans le passé des siens. Pour comprendre de qui elle est la fille, elle devra enquêter et revenir là où tout a débuté, à Bilbao, où naissent les secrets.

Étourdissant de style, d'énergie et de vie, ce premier roman mené tambour battant nous embarque instantanément. Avec maestria, Maria Larrea y recompose pièce à pièce le visage de sa famille et le puzzle de sa mémoire. On court et rit et pleure ensemble. Une écrivaine est née

Héros anonymes

Quel numéro d’équilibriste que ces Héros anonymes.

Mon père voulait à tout prix faire plaisir à sa panthère qui, tout droit sortie de sa favela, raffolait de ces endroits aristocratiques et commandait un jus d'orange de pomme s'il vous plaît... Elle nous fichait la honte avec son accent de péquenaude mais sa plastique de rêve déviait illico nos oreilles sur ses seins juteux compressés dans un corsage zébré et rehaussés par un soutien-gorge rembourré.
Héros anonymes de Saphia Azzeddine

Car voilà un livre qui paradoxalement brille par son ambiguë absence de traitement. Un délire au premier degré.

Ma plomberie interne se remit à déconner et je pleurai pendant des plombes comme un con devant mon écran d'ordinateur. J'étais le plus grand coulage de l'histoire depuis Jeanne Mas et, plus grave encore, personne ne prédisait son retour.

Un jeune franco-marocain cynique en errance, troll du web sans convictions, un jeune qui bascule sans même se comprendre. Mais comment le raconter ? Comme ça ? L’amok !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
J'aurais bien aimé que ce soit vraiment des Arabes qui pulvérisent les tours jumelles. Ça aurait enfin signifié qu'ils sont de nouveau capables de flirter avec le grandiose.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
"J'aurais bien aimé que ce soit vraiment des Arabes qui pulvérisent les tours jumelles. Ça aurait enfin signifié qu'ils sont de nouveau capables de flirter avec le grandiose. Fini la dérive, bonjour l'audace. Du travail d'Arabes mais de chirurgiens arabes s'il vous plaît. Fiérot, je visionnais en boucle ces images délirantes depuis mon réveil. Très vite le réel détrôna la fiction et je compris tout seul que mon peuple était bien trop étriqué dans son calbute pour foutre un bazar aussi démesuré. Les images n'en perdaient pas pour autant de piquant mais ce jour-là je troquai mon keffieh pour ma casquette des Yankees. Je m'étais réjoui trop vite, aucune performance à signaler du côté des merguez ce 11 septembre 2001."

Dans son nouveau livre, Saphia Azzeddine nous invite à entrer dans la tête d'un " héros anonyme " et à mesurer à quel point c'est effrayant d'être un " lambda " et de se sentir, pourtant, tout-puissant.

Mon père est femme de ménage

En 2020, Saphia Azzeddine publiait Mon père en doute encore, une déclaration d’amour à son père. Publié originellement en 2009, Mon père est une femme de ménage ressemble fortement à un premier jet de ce livre sous la forme d’une fiction qui met en scène Paul (Polo) vivant dans la banlieue parisienne et son père.

J'ai croisé le père de Marwan dans les escaliers. Il s'est inquiété pour mon front amoché et m'a invité à rompre le jeûne chez eux. Ça m'a enchanté. Ça sent toujours la bouffe chez Marwan, ils n'aèrent pas beaucoup et la cocotte-minute siffle toujours à plein tube. Les Arabes ne sont pas les rois de la déco c'est certain, mais chez Marwan c'est feng shui. Totalement malgré eux, leur appartement est apaisant. Les plantes, les fleurs et les fruits sont en plastique mais il y a plus de vie chez eux que dans tout le Jardin d'Acclimatation.
Mon père est femme de ménage de Saphia Azzeddine

Une histoire d’adolescence, de premiers amours, de complexes et de la difficulté d’être fier de son père femme de ménage. C’est doux et tendre, c’est la famille, le manque d’argent, la cuisine du Maghreb, le bac, les ménages et la honte d’avoir honte

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Mon père est femme de ménage. Souvent, après l'école, je passe lui donner un coup de main. Pour qu'on puisse rentrer plus tôt à la maison. Et aussi parce que c'est mon père.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Paul, dit Polo, a tous les complexes d'un adolescent de son âge. Entre une mère alitée et une soeur qui ne rêve que de devenir reine de beauté, le seul qui s'en sorte à ses yeux, c'est son père. Hélas, il est femme de ménage. Une honte de plus à ajouter à ses amours inexistantes et à sa cité parisienne lugubre. Son seul refuge : les mots

Mon cher mari

Un recueil de nouvelles macédoniennes, quelle heureuse surprise ici. Écrites par une femme, en plus. Je veux !

Ensuite, j'ai ignoré ses tableaux et, enfin, il y a quelques années, je lui ai dit que ses peintures ne me plaisaient pas du tout. Lors de notre dernière dispute, dans un moment de colère, je lui ai dit que ses peintures ressemblaient à un barbouillis de vilaines chattes, ou bien à une omelette ou du vomi. Il a été très vexé.
Mon cher mari de Rumena Bužarovska

Et c’est très drôle (bon, pas toujours, il y a aussi des drames). On sent quelques petites différences culturelles, des relations de couples un poil plus tradi que dans la littérature française, et ces onze portraits de maris (et amants) brossés par leurs épouses (et maîtresses (et autres complications)) sont pour la plupart très réussis.

Cap sur la Macédoine du Nord où souffle un vent d’émancipation, de liberté et de vie !

Irena a repoussé sa main et le morceau de foie est tombé sur la nappe. « Qu'est-ce que ça peut te foutre, que j'aie ou non des
enfants ? » a-t-elle soudain éclaté. Toni s'est immobilisé, fourchette en l'air. Irena parlait d'une voix sourde, les dents serrées. 
« Vous voulez bien ne pas vous mêler de ma chatte, comme je ne me mêle pas de vos histoires de cul ? »
Ce qu'elle disait était si vulgaire que nous étions trop choqués pour réagir. Je n'avais jamais entendu de tels propos en public. Surtout de la part d'une jeune femme.
« Par exemple vous deux. Vous vous êtes englués dans vos couples et maintenant vous essayez de fourrer les autres dans votre bouillie. Vous critiquez la vie privée des autres et vous faites des sermons sur la morale et les enfants, et vous baisez probablement en cachette. Oui, vous allez ou tous les deux après, hein ? Vous croyez que je ne vois pas ce que vous faites ? Du foie grillé, mon œil. Allez, lâchez-moi ! » a dit Irena en se levant.

Des nouvelles où se côtoient le rire, le drame, le malaise, la viande et le sexe… la vie, donc

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
J'ai rencontré Goran à un festival de poésie. Ses cheveux commençaient à grisonner - maintenant ils sont complètement gris, mais il pense que cela fait partie de son « nouveau sex-appeal », comme il m'a dit un jour.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Des nouvelles de Macédoine du Nord grâce à ce remarquable recueil où, tour à tour, onze femmes détaillent sans tabous leur vie conjugale. Tableau drôle et grinçant du couple et des rôles de chacun et chacune dans la société macédonienne, coincée entre conservatisme et envie de modernité. Une interrogation ironique sur le très sérieux sujet de l’amour et du mariage à la mode balkanique

Du temps de ma splendeur

A ma grand-mère qui ne lira pas ce livre
A ma mere qui m'avait interdit de l'écrire

Analyse d’une filiation toxique.

Ce jour-là, en raccrochant au nez de Reine, l'écume aux lèvres, j'ai eu le sentiment de franchir un seuil dangereux, comme dans les contes de fées, j'ai brisé le miroir en mille morceaux et j'ai attendu la malédiction.
Du temps de ma splendeur de Aurélie Djian

Adorée par sa grand mère Rose, la narratrice souffre d’une relation très difficile (euphémisme) avec sa mère Reine.

Une livre avec des analyses glaciales de l’impact des relations mères-filles quand elles sont merdiques. Un livre sur la nécessité parfois de se construire seul-e, de briser des relations pour trouver soi-même ses repères pour avancer

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Souvent ses phrases commençaient par Du temps de ma splendeur. Je portais des talons aiguilles. Les cheveux longs et lisses. Les ongles vernis. Je me préparais pendant des heures devant le miroir. Je prenais soin de moi dans les plus petits détails. Je flirtais avec la vulgarité en toute candeur.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Tu vieilliras, ma fille, plus vite que tu ne le crois et tu en souffriras pour l'éternité. N'espère pas en moi une alliée qui te raconterait ses secrets de créature et se réjouirait de ta métamorphose. Non, ma fille, je ne te prêterai pas ma baguette magique, ma parure et mes paillettes, pas touche, même pas en rêve. La splendeur ne se partage pas si elle veut régner. Tu ne seras pas une femme, ma fille, tu n'hériteras pas d'une fierté en collier, facile à porter, tu devras conquérir ton sexe toute seule, à la force du poignet, ça fait mal, tu verras, plus mal que tu ne le crois. Tu sueras sang, salive, larmes et cyprine dans le désert, peuple élu abandonné, tu apprivoiseras seule ton destin singulier, armée d'une ardente patience. Je surveillerai de très près ta superbe et je n'hésiterai pas à te mettre des glaçons dans la culotte, comme les hommes, plus tard, pour éprouver ton courage. Tu apprendras seule à nager contre le courant, telle une truite sauvage et tu me remercieras d'en ressortir musclée

La vie clandestine

En mai, je lisais La fille de Deauville de Vanessa Schneider et voilà que je retombe dans la même histoire qui marqua la France dans les années 70, le groupe terroriste Action Directe. Pour autant, nulle similitude dans le traitement de ce sujet.

Dans une certaine mesure, j'emploie encore ce procédé aujourd'hui. Le meilleur moyen de ne pas être déçue, enragée ou désespérée par une réponse consiste encore à ne pas poser la question. Pas de questions, pas de réponses.
C'est simple. Je m'entretiens avec les livres, ceux que je lis, ceux que j'écris, loin, très loin des vivants. Mais cela ne marche plus très bien. Avec cette enquête, je poursuis quelque chose, tel un explorateur sur les traces d'une bête, mais par un étrange retournement de situation, on dirait que cette chose est derrière moi. A mes trousses. La nuit, dans mes songes, je cours dans la neige, chaussée de bottes de ski, traquée par un ours. Ou par un tigre qui s'échappe d'une cage dont on a déverrouillé la porte. Et puis, Yves S. surgit, c'est lui qui a ouvert l'enclos. Je mène une double vie, l'une diurne, l'autre nocturne, et aucune d'elles ne se déroule ici, maintenant. Il est peut-être temps de cesser de visiter des magazines et des souvenirs.
La vie clandestine de Monica Sabolo

Alors que la fille de Deauville s’intéressait à Joëlle Aubron, Monica Sabolo s’attelle à reconstruire une histoire plus complète, plus intime du groupuscule. Ce faisant elle s’interroge sur son identité, ses propres secrets de famille et laisse resurgir un incestueux beau-père.

Une (auto)biographie ou tout se mêle, s’interroge et se répond. Un livre où la recherche du pardon se confronte à la violence d’hier

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je ne sais plus comment cela a commencé. Comment j'en suis arrivée à commander sur eBay, moyennant la somme de soixante euros, une buse naturalisée avec une queue tordue, juchée sur une branche.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
"Je tenais mon sujet. Un groupe de jeunes gens assassinent un père de famille pour des raisons idéologiques. J'allais écrire un truc facile et spectaculaire, rien n'était plus éloigné de moi que cette histoire-là. Je le croyais vraiment. Je ne savais pas encore que les années Action directe étaient faites de tout ce qui me constitue : le silence, le secret et l'écho de la violence". La vie clandestine, c'est d'abord celle de Monica Sabolo, élevée dans un milieu bourgeois, à l'ombre d'un père aux activités occultes, disparu sans un mot d'explication. C'est aussi celle des membres du groupe terroriste d'extrême gauche Action directe, objets d'une enquête romanesque qui va conduire la narratrice à revisiter son propre passé. Comment vivre en ayant commis ou subi l'irréparable ? Que sait-on de ceux que nous croyons connaître ?

Le livre des soeurs

Ah qu’il est facile de vomir sur les productions annuelles d’Amélie Nothomb. Il faut dire qu’elle y met quand même du sien. Production horlogère, gimmicks littéraires et mots d’esbroufe, brieveté du contenu, personnalité atypique (et forcément agaçante), fan club adulatoire, succès incontestable aux ventes garanties… et tant et tant.

Deux âmes se découvrirent et résonnèrent l’une en l'autre. Deux planètes s’alignèrent de manière si exacte que s'éleva, audible pour ces seules enfançonnes, une musique qui ne devait jamais s’assourdir. Ce phénomène mi-son mi-lumière se répercuta de l’une à l’autre soixante fois par minute et pour les siècles des siècles.
Tristane posa le bébé sur sa poitrine et regarda son beau visage. La nouveau-née entrouvrit les yeux et sourit.
 — Elle ne te voit pas encore et sourire n’a pas de signification pour elle, dit Florent.
La petite fille n’entendait que la symphonie qui commençait. Elle savait que Laetitia vivait la même chose qu'elle. Les deux âmes ne cessaient d'échanger ce signal qui s'appelle l'amour.
Le livre des soeurs de Amélie Nothomb

Et pourtant, encore une fois, il y a du très bon (et du gentillet) dans cette sororité fusionnelle au sortir une filiation toxique. Des trouvailles, des traits d’humour, des développements intéressants et des personnages attachants (et un peu de mièvrerie convenue).

Le 2 décembre 1985, tante Bobette estima que sa vie était un échec.
À 23 heures 31, couchée devant la télévision, la table basse jonchée de canettes de bière vides, le cendrier débordant, elle se livra à ces sombres pensées : « J'ai trente-deux ans, quatre gosses, pas d'avenir. Je ne sais pas ce que je voulais, ni ce que je veux. Pas ça. Il ne va rien m'arriver de bon. Plus exactement, il ne va rien m'arriver. »
Bobette avait un rhume, ce qui lui tapait sur le système. Elle décida d'en finir. Au prix d'un effort considérable, elle se traîna jusqu'au four, en ouvrit la porte et alluma le gaz. Ensuite, elle alla se laisser tomber sur la banquette et s'endormit aussitôt.

Et vous, avec votre mère, c’était comment ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
L'amour de Florent fut le premier événement de la vie de Nora. Elle sut qu'il n'y aurait ni autre amour ni autre événement. Il ne lui arrivait jamais rien.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Deux sœurs, nées de parents unis par un amour exclusif, vivent également un amour absolu si près et en même temps si loin de leurs géniteurs distraits. Une bible de sentiments, un hommage à l’amour et aux amours, une méditation sur le temps qui passe et la rédemption par la parole et par les mots

Oleg

Oleg (alter ego de Frederik ?) est dessinateur de BD et il peine un peu à trouver de l’inspiration.

Oleg de Frederik Peeters

Et il raconte sa vie. Avec des hauts, des délires créatifs, des retombées sur terre, sa femme et sa fille qu’il aime, la maladie, les salons de BD, son métier, les petits et gros soucis… la vie et ses questionnements.

Un album avec des pages très créatives et quelques des longueurs. Un quotidien aujourd’hui

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Les récits autocentrés sont très à la mode, mais Peeters a un je-ne-sais-quoi en plus. D’une lecture agréable, Oleg rappelle Pilules bleues, mais avec vingt ans de plus, et la maturité qui l’accompagne. C’est un témoignage sincère sur son travail, son amour, sa fille, et il est génial de pouvoir ainsi pénétrer dans son intimité. D’autant qu’il a su, en superposant des images mentales incongrues à son quotidien, nous rendre curieux jusqu’au bout : voilà un pseudo-journal qu’on a du mal à lâcher !