Ivre avec les escargots

Ce petit livre indique «nouvelles» et pourtant c’est bien plus que ça ! «Brèves» aurait peut-être mieux convenu. Car ces brèves d’école, de fugues, d’attirances, de découvertes, de filles et de garçons forment un tout cohérent, une histoire. Celle d’une adolescente qui devient femme.

IV
Maman tricote et papa fume la pipe
À l'école, on nous apprit que «Maman tricote et papa fume la pipe». Une vérité qui semblait aussi immuable que le soleil qui brille ou l'attraction terrestre. Ne sachant rien des papas je ne m'étonnais pas, qu'ils aient une pipe ou pas, ce n'était pas mon affaire. Mais ma mère ne tricotait pas, elle devait être l'exception qui confirme la règle. Je demandai autour de moi : oui, ça tricotait pas mal du côté maternel.
1968, bientôt, les mamans iraient brûler leurs soutiens-gorges et les papas déboussolés mettraient du cannabis dans leur pipe. Nous n'étions qu'en avril, alors papa fumait peinard et maman tricotait,
Ivre avec les escargots de Valérie Poirier

Ca se passe à la T’Chaux dans les années 70 et c’est drôle, fin et délicat, plein de dérision et d’amour pour cette jeune fille qui découvre la vie. Autobiographie, autofiction ou pures inventions ? Qu’importe, c’est tout à fait réussi et ça goûte très vrai.

Un régal !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
On voulait souffrir, puisque l’amour était – toutes les chansons le disaient – un voyage entre paradis et enfer. En attendant de commencer à vivre, on esquissait les chorégraphies entrevues au Grand Échiquier : œillades, tête penchée, lèvres gourmandes, on mimait avec ravissement cette féminité convenue. Laborieusement fatales, on s’évadait doucement de l’enfance

L’enfant dans le miroir

Voilà un objet inclassable, magnifique et hypnotique. Conte, album, livre, nouvelle ? Inclassable !

L’enfant dans le miroir de Nelly Arcan illustré par Pascale Bourguignon

Une nouvelle de Nelly Arcan mise en images de façon magistrale par Pascale Bourguignon !

Une petite fille à la recherche de son reflet, son image, son identité. Dans les yeux de son père, de sa mère ou de l’inatteignable miroir ? Un corps en devenir. Un corps de femme, le sien. Mais à qui appartient le corps des femmes.

L’enfant dans le miroir de Nelly Arcan, calligraphie de Pascale Bourguignon

Mille mercis et mille bravos à Pascale Bourguignon pour cette superbe adaptation !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
On dit que l'idéal est de rester jeune de corps en étant grand dans la tête.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Conte cruel pour jeunes filles, L'enfant dans le miroir raconte les angoisses reliées à la quête de la beauté. Pascale Bourguignon, illustratrice, nous donne le passe-partout du serrurier pour entrer dans l'univers de Nelly Arcan. Ce livre-cadeau rempli de papillons crève-coeurs, de femmes-cloches et de forêts de miroirs propose une nouvelle vision des mythologies entourant la beauté. L'enfant dans le miroir présente une encyclopédie naturelle et générale des mots qui provoquent la tyrannie de la beauté. Devant ces demoiselles décadentes parsemées de fleurs, ces femmes grimpeuses, les Andromaque gothiques, ces petites icônes-fées et ces femmes qui ont troqué leur corset pour une cuirasse, on comprend que la beauté est une simple construction

En cheveux

Un petit livre à l’écriture aussi fine que de la soie marine. Autour d’un objet, un châle de soie marine ayant appartenu à sa tante et désormais au musée, la narratrice raconte son père et sa famille, le patriarcat italien et le fascisme.

En cheveux de Emmanuelle Pagano

Un bijou de délicatesse finement tissé

Soie de mer – Byssus
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« II faut pêcher mille grandes nacres, les sortir de l'ombre, pour obtenir deux cent cinquante grammes de fil de soie de mer, deux cent cinquante grammes seulement de lumière avec un millier de gros coquillages. »

Un châle, à première vue commun s'il n'était constitué de fils de Pinna nobilis, la grande nacre de Méditerranée. Lorsqu'elle retrouve l'objet précieusement conservé dans les réserves du musée, les souvenirs reviennent à la narratrice. Se déploie, pli après pli, une histoire familiale dans l'Italie fasciste, dont les fragiles fils tissés de la nacre forment la trame. Un frère autoritaire et machiste, ses deux soeurs Nella et Bice protégeant le châle comme objet totémique soustrait à la vue de l'homme, la nature et ses odeurs, ses lumières, sont la matière de ce récit sensuel et incarné

La Maison

Emma Becker se retrouve à Berlin durant 2 ans dans un bordel (deux, en fait, le premier étant bien sordide) pour écrire un livre, témoignage de son expérience dans une maison close où elle s’appellera Justine.

La Maison de Emma Becker

C’est parfois drôle, des fois sexe, souvent intime et toujours très humain.

Un livre féministe ou celui d’un idiote utile cautionnant la prostitution, roman, récit, gonzo-journalisme ou autobiographie ? En tout cas, un vrai tendre moment

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
J'ai toujours cru que j'écrivais sur les hommes. Avant de m'apercevoir que je n'écris que sur les femmes. Sur le fait d'en être une. Écrire sur les putes, qui sont payées pour être des femmes, qui sont vraiment des femmes, qui ne sont que ça ; écrire sur la nudité absolue de cette condition, c'est comme examiner mon sexe sous un microscope. Et j'en éprouve la même fascination qu'un laborantin regardant des cellules essentielles à toute forme de vie

Le chemisier

Des dessins d’une simple beauté épurée à couper le souffle. Une sensualité à fleur de soie.

Le chemisier de Bastien Vivès
Le chemisier de Bastien Vivès

L’émancipation d’une femme grâce à un chemisier. Quand l’habit dévoile.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« - Pour le chemisier, je peux vous le rendre demain, si vous voulez ?
- C'est bon, c'est pas pressé.
- Je vous appelle.
- Oui, on voit ça... »

La femme qui ne vieillissait pas

Comme un peintre des sentiments, avec des phrases simples et les couleurs de la vie, Grégoire bouleverse.

La femme qui ne vieillissait pas de Grégoire Delacourt
La femme qui ne vieillissait pas de Grégoire Delacourt

C’est doux et juste. Pas plus. Limite un peu cucul.

Mais c’est avec une grosse empathie et plein de tendresse que j’ai refermé la dernière page. L’histoire de cette femme qui a reçu un cadeau empoisonné, une jeunesse éternelle.

Et les années qui, comme les chapitres, se ressemblent et s’estompent dans le pastel d’une triste mélancolie

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
" A quarante-sept ans, je n'avais toujours aucune ride du lion, du front, aucune patte d'oie ni ride du sillon nasogénien, d'amertume ou du décolleté ; aucun cheveu blanc, aucune cerne ; j'avais trente ans, désespérément. " Il y a celle qui ne vieillira pas, car elle a été emportée trop tôt. Celle qui prend de l'âge sans s'en soucier, parce qu'elle a d'autres problèmes. Celle qui cherche à paraître plus jeune pour garder son mari, et qui finit par tout perdre.
Et puis, il y a Betty

Avant, j’avais deux seins

Un sujet terrible pour un livre terrible! La maladie et l’humour pour un livre fort, remuant, profond et léger. Aucun paradoxe, pas d’oxymore. La vie est belle même si la maladie est souffrance.

Avant, j’avais deux seins de Delphine Apiou
Avant, j’avais deux seins de Delphine Apiou

Un livre qui passe le cancer à la moulinette du ridicule, du convenu, des sentiments et des espoirs.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans un tourbillon d'émotions, de rires et de larmes, Delphine Apiou en fait la chronique sans concession. Comment annoncer son cancer à sa famille («Papa, maman, devinette : qu'est-ce qui est rond et qui ne grossit que dans un seul sein ?»), comment le cacher à son banquier («Non, non, ça va, je suis juste un peu fatiguée... Je signe où pour le prêt ?»), comment résister aux réactions loufoques des copains («Fais voir ton nichon... Ouais, c'est moche, mais il t'en reste un autre.»), comment parler avec le corps médical («Il y a bien deux m à mammectomie ?»)... ? Surtout, Delphine Apiou aborde, sans détour, la question : la rencontre amoureuse est-elle compatible avec la reconstruction mammaire ?

Hilarant, débordant de verve et d'énergie, son livre clame que la vie continue malgré l'épreuve