Ils ont tué Leo Franck

Il fut en temps où l’on assistait volontiers à une pendaison et même, pourquoi pas, on se photographiait fièrement à côté du pendu. Souvent noir et pauvre. Ici, juif.

Léo Frank à été lynché par une foule chauffée à blanc le 18 août 1915.

Ils ont tué Leo Franck de Xavier Bétaucourt, dessins de Olivier Perret, couleurs de Paul Bona

Cette histoire emblématique sert parfaitement d’exemple pour démontrer la bêtise des foules, le poids d’une presse à sensation partisane, les lacunes des systèmes judiciaire et policier, le racisme et l’antisémitisme dans le sud des États-Unis, la pauvreté et les différences de classe et toutes leurs conséquences.

Une reconstruction fouillée au dessin un peu statique bien relevé par des aquarelles de Bona. Hélas le traitement au plus proche des faits historiques rend l’album un brin lassant, et ce malgré la fin brillante qui ose la question : et maintenant ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
1982. Alonzo Mann est un vieil homme qui sent sa fin venir. Il décide de témoigner à nouveau sur une affaire qui a déchiré l'Amérique en 1913. Celle d'une possible erreur judiciaire et du lynchage d'un homme : Leo Frank.
1913. Le corps de Mary Phagan, 14 ans à peine, est retrouvé dans l'usine dans laquelle elle travaillait. Elle a été étranglée. Près d'elle deux bouts de papier sur lesquels, agonisante, elle aurait écrit que son violeur et assassin est un homme noir.
La police identifie rapidement deux suspects : Leo Frank, le patron de l'usine qui est le dernier à l'avoir vue vivante et Jim Conley, balayeur, noir, surpris en train de laver une chemise tachée de sang...
Qui du jeune et riche patron juif venu de Boston ou du pauvre employé noir illettré sera inculpé ?
Dans ce récit tout est vrai. L'affaire, l'emballement de la presse, les mots, terribles, prononcés au procès, le témoignage, au crépuscule de sa vie d'Alonzo Mann... La résonance avec l'époque actuelle aussi...

Le singe de Hartlepool

Excellente bande dessinée sur la bêtise humaine, la bétise crasse, sale, infecte. Celle des mouvements de groupes, racistes et nationalistes.

Le singe de Hartlepool de Wilfrid Lupano, illustrations de Jérémie Moreau

En plus, non contents d’être seulement méchants, voilà de sacrées bandes de crétins, idiots dégénérés !

Tiré d’une histoire possiblement vraie où un pauvre petit singe fera les frais de son uniforme français. (Des français pas moins cons et que les anglais, d’ailleurs. Pas de frontière pour ça !)

Un magnifique album avec un scénario à la hauteur du dessin !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
1814 au large des côtes du petit village anglais de Hartlepool, un navire de la flotte napoléonienne fait naufrage lors d'une tempête. Au petit matin, sur la plage, les villageois retrouvent un survivant parmi les débris. C'est un singe qui jouait le rôle de mascotte à bord du vaisseau, et qui porte l'uniforme français. Or les habitants de Hartlepool détestent les Français, même s'ils n'en ont jamais vu en vrai. D'ailleurs, ils n'ont jamais vu de singe non plus. Mais ce naufragé arrogant et bestial correspond assez bien à l'idée qu'ils se font d'un Français... Il n'en faut pas plus pour qu'une cour martiale s'improvise.

Inspiré d'une légende tristement célèbre du Nord de l'Angleterre, Le Singe de Hartlepool est une fable tragi-comique qui parle de nationalisme va-t-en-guerre et du racisme ignorant qui ne connaît pas de frontières...

Ouvre ton aile au vent

Dans un Paris post-apocalyptique, ravagé par une pandémie et sous la tutelle d’un gouvernement autoritaire à lieu, une fois par an, un lâcher de canard.

Ouvre ton aile au vent de Éloi Audoin-Rouzeau

Et joie à celle ou celui qui l’attrapera. Souper avec le président, dégustation du canard et plein de brousoufs !

Et nous voilà à suivre le vol du volatile traqué par les foules

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans un Paris post-apocalyptique règnent une violence primitive et un pouvoir autoritaire. Une fois l'an, la foule a droit à son charivari rituel : une chasse au canard est organisée. Tous les moyens sont bons pour le capturer, et le vainqueur échappera à la misère. Les jeux sont ouverts et le peuple laisse libre cours à ses pulsions... Sauf que, cette fois, avec l'aide d'une poignée de rêveurs et d'insoumis, le canard joue crânement sa chance. Dans ce premier roman aux allures de course-poursuite, Éloi Audoin-Rouzeau Interroge la bestialité tapie en chacun de nous. Face à la violence sociale, il en appelle à l'individu. Une plume tendre qui dénonce la barbarie et célèbre la résistance

Prends garde

Et l’instant d’un coup de feu, la foule affamée s’emballe, déchire, lapide, détruit et massacre.

Elles étaient trop riches, ils avaient trop faim.

Prends garde de Milena Agus et Luciana Castellina
Prends garde de Milena Agus et Luciana Castellina

Un petit livre en deux parties, historique et romancée. Un bel exercice, mais qui laisse un goût d’exercice.