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Jean est médecin et il voit passer bien des patients. A chaque fois, c’est une fenêtre sur leur intimité qu’ils ouvrent. Une tranche de vie qui se dévoile au travers d’une maladie transactionnelle.
Au fil de ce livre d’une grande tendresse, c’est aussi le médecin qui se dévoile avec ses peurs, ses douleurs et ses culpabilités… Mais aussi ses convictions, son féminisme, son homosexualité et toutes ses rages et colères.
Alors oui, c’est parfois un peu mielleux-mélo-sirupeux, mais c’est aussi souvent bien drôle. La vie d’un médecin qui ne peut pas sauver tous ses patients et qui peine aussi à se sauver lui-même
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) C'est un petit cabinet médical. On y accède après avoir traversé un couloir en crépi beige, très beige, puis longé un patio fleuri, très fleuri. Parfois, ça sent les fleurs séchées, parfois rien du tout.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Jean a trente-six ans. Il fume trop, mâche des chewing-gums à la menthe et fait ses visites de médecin de famille à vélo. Il a supprimé son numéro de portable sur ses ordonnances. Son cabinet médical n'a plus de site Internet. Il a trop de patients : jusqu'au soir, ils débordent de la salle d'attente, dans le couloir, sur le patio.
Tous les jours, Jean entend des histoires. Parfois il les lit directement sur le corps des malades. Il lui arrive de se mettre en colère. Mais il ne pleure jamais. Ses larmes sont coincées dans sa gorge. Il ne sait plus comment pleurer depuis cette nuit où il lui a manqué six minutes.
Voilà une vie heureuse pleine de délicatesse. Oui, même si l’histoire est bien différente, les émotions m’ont semblé bien similaires à ce roman précédent. David réécrirait-il toujours selon le même pattern1 ou aurait-il un message qu’il ne cesserait de vouloir transmettre ?
Une histoire en trois période. Et si la première ma semblé longuette et la dernière un peu mélo, la deuxième m’a franchement bien amusé.
Allons David, il est temps de renaître et de laisser enfin exploser cette vie heureuse qui n’ose l’être !
1 Merci encore pour les deux trois bonnes blagues des notes de bas de page
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Éric Kherson appréhendait toujours de prendre l'avion. II dormait en général assez mal la veille du voyage, se laissant dériver vers les pires scénarios possibles, imaginant tout ce qu'il laisserait derrière lui après sa mort violente dans un crash.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Jamais aucune époque n’a autant été marquée par le désir de changer de vie. Nous voulons tous, à un moment de notre existence, être un autre. »
Sordide coïncidence, Jean Teulé est mort en écrivant cette histoire. C’est bien ballot !
La fin de vie de Louis XI vue sous un angle à la Teulé : un peu crade, violent, méchant et purulent… Sans pitié !
Manuscrit inachevé, des amis se sont proposés pour le terminer. Hommages, souvenirs, fins théâtrales, dessins, photos… Ils accompagnent cette drôle d’histoire en beauté.
C’est touchant sans sensibleries ni mélo.
Merci
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Au sortir d'une nuit de pleine lune, sur une plage insulaire de mer très lointaine, des fruits et des fleurs naissent ensemble dans la lumière qui apparaît. En cette petite terre volcanique émergée, faisant partie d'un archipel d'une dizaine d'îles inhabitées, croît une variété d'arbres qu'on ne trouve nulle part ailleurs au monde et pouvant survivre au contact de l'eau de mer.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Jean aimait rire de la mort. Il se moquait de l'embarras des survivants.
« Je vous préviens : je n'irai pas à votre enterrement », et il éclatait de ce rire énorme dont il avait le secret.
Le 18 octobre 2022, une bactérie sournoise l'a foudroyé.
Il laisse un vide, un silence, un manque insondable.
Il laisse aussi la première partie du manuscrit qu'il était en train d'écrire. L'histoire de Louis XI, ce monarque singulier qui, tout en étant de ceux qui ont posé les fondations de la nation française, a commis les plus effroyables crimes qu'on puisse imaginer.
Ses amis nous ont convaincus de publier ce texte inachevé. Philippe Jaenada, Enki Bilal, Dominique Gelli, Florence Cestac, François Delebecque, Philippe Druillet et Benjamin Planchon ont improvisé des textes et des images sur la dernière création de Jean Teulé.
En partant d’un conte que lui racontait Nishio-san quand elle était toute petite, Amélie Nothomb nous parle – à l’instar de Haruki Murakami et de tant d’autres (une mode ?) – de son métier d’écrivaine.
Une Amélie psychopompe qui, l’instant d’un livre fait revivre son passé, ses morts, ses oiseaux et ses traumatismes en nous parlant de son enfance voyageuse de fille de diplomate. Et, ce faisant, nous dévoile son labeur.
Psychopompe, adjectif et nom masculin
(grec psukhopompos, de pompaios, qui conduit)
Conducteur des âmes des morts. (Dans l’Antiquité, ce rôle était joué surtout par Hermès, Charon et Orphée.)
Larousse.fr (en ligne)
Un livre touchant, de chants et d’envol
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Le marchand de tissus vit passer un vol de grues blanches. Émerveillé par leur beauté, il pensa qu'il rêverait de découvrir une étoffe d'une splendeur comparable à leur plumage.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Écrire, c'est voler. »
Prenant pour titre un adjectif issu du grec apparu en France au XIXe siècle, ce roman d'Amélie Nothomb évoque ces personnages mythiques accompagnant les défunts jusqu'aux Enfers ou les en ramenant, à l'instar de Charon, de l'Ankou, d'Orphée ou d'Hermès.
Il y a plusieurs histoires dans cette bande dessinée. Évidemment de la violence, souvent gratuite. Mais aussi de la résistance, de la résignation, des croyances et de la folie.
Et en 80 pages – d’une édition fort soignée, au dessin très maîtrisé et aux superbes aplats de couleurs – Stephen Desberg nous raconte l’horreur. La vie d’avant, le camp et la vie d’après.
Avec toujours, des anges. Mais qui sont-ils et où sont-ils au milieu de l’enfer.
Arbeit macht frei, me dit-il en guise d’adieu. Ce qui est faux. À Auschwitz seule la mort rend libre.
Une réussite !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) J'ai rencontré les anges pour la première fois un soir de mon enfance.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) En 1939, la Pologne est envahie par les Allemands. Les Juifs sont conduits dans le ghetto de Varsovie, première étape avant les camps, dont Auschwitz. Le narrateur raconte sa rencontre avec Hannah qui tente de s'opposer à la barbarie et à l'indicible.
Auschwitz aujourd'hui, c'est un silence qui hurle.
Un silence pour nous laisser imaginer l'écho de l'horreur, la mémoire des cris et des prières.
Parmi les portraits du souvenir, celui de David. Le regard de la douleur, mais aussi de l'espoir.
La volonté de ne pas avoir été abandonné, de ne pas lâcher prise. Car même au cœur de l'inhumanité, les anges ne peuvent jamais être loin.
Et celui qui pleure n'est pas toujours celui qui souffre le plus.
Voilà une bande dessinée bien intéressante sur le jugement dernier. Oh, pas celui d’un dieu dans le ciel. Ici, il s’agit plutôt de la dernière occasion de régler nos derniers conflits intérieurs. Au moment de notre mort, nous serons nous pardonnés nos culpabilités ?
L’histoire d’un majordome dans le dernier hôtel, au dernier quai du dernier train. L’hôtel où on laisse ses derniers bagages.
Un album au dessin léger et sympathique, pour une thématique qui aurait peut-être été mieux mise en valeur par un trait moins enfantin
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Émile commence sa journée, rythmée au tic près, immuablement, il reproduit les gestes monotones, mais rassurants, de son métier : gérant d'hôtel
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Prêt pour l'ultime voyage ?
Vérifiez d'abord que tous vos souvenirs sont en règle... »
Les clients de cet hôtel ont un point commun : ils viennent tous de mourir. Dans un rituel immuable, Émile, en hôte bienveillant, les accueille et les guide pour qu'ils puissent faire un point sur leur vie et trouver une forme de résilience. Quant à ceux qui ne parviennent pas à faire la paix avec eux-mêmes, ils connaissent un sort peu enviable. Tout est réglé comme une horloge à l'hôtel du dernier quai. Pourtant un grain de sable va enrayer les engrenages. Cette fois, les nouveaux pensionnaires n'ont aucun souvenir de leur ancienne vie. Dès lors, comment les aider ?
Rythmée par le tic-tac du temps qui s’écoule, Charlie raconte sa maladie (une boule comme une orange), son frère (un gros connard), son père (suicidé), sa copine (enceinte), sa mère (mère), son compagnon, sa famille…
Mais rien n’est immuable au son du tic-tac et le frère est il vraiment aussi con et un père mort n’a-t-il plus rien à dire ?
L’histoire de la maladie qui détruit, mais aussi bien plus que ça.
Un livre splendide, aux émotions qui déchirent, un cocktail de violence et d’amour, de rancunes et de retrouvailles.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Je me sens aussi blanche qu'un paysage d'hiver. Ils n'ont pas réussi à passer entièrement le coloscope. Quelque chose bloquait son avancée au niveau de l'intestin. Ce n'est pas bon signe, surtout que mon ventre crie sa douleur depuis longtemps.
Tic-tac.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) À 29 ans, Charlie n’a plus de temps à perdre. Sa liste de choses à régler est interminable. Elle entreprend un périple vers le pardon et le deuil, accompagnée de son frère détesté, de sa cheeky best friend, du fantôme de son père, de sa mère trop intense et de son amoureux qu’elle soupçonne de garder dans ses poumons le parfum d’une autre femme.
Un récit porté par une prose à la fois crue et candide, qui fait jaillir la lumière même dans ses coins les plus sombres
Couverture trop moche, typo pourrie, genre détesté (qu’importe les raisons)… Mais parfois, ceux-ci nous tombent dans les mains, on y jette un œil condescendant, lointain, dédaigneux. Et, surprise, quelques mots nous accrochent. Et phrases après phrases, nous voilà piégés et les préjugés volent.
En l’occurrence, la poésie ne me parle pas. Et ouvrir ce livre à la mise en page si caractéristique m’a immédiatement repoussé.
Mais voilà, le texte était là, brillant, lumineux, solaire.
Lou parle de sa peur. Mais aussi, par effet de miroir, de son amour de la vie
Et c’est magnifique
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) C'est comme ça depuis le début
j'apprends des choses
dans des livres ou dans des gens
je m'essaye aux trajectoires
aux stratégies réfléchies
je goûte des plats nouveaux
des fois même, j'en fais
en laissant une tache d'huile sur la page de droite
[...]
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Car enfin si je devais mourir pouvez-vous m'expliquer à quoi aurait servi
Au travers de questions souvent anodines, Charlie Delwart se demande et si ? Et qu’ai-je fait, qu’aurais-je pu faire autrement ? Est-ce (où était-ce) le bon choix, quel est le sens de tout ça ? Et la mort, ça arrive quand ?
Souvent drôle mais parfois répétitif, l’exercice est amusant mais tend à surfer sur la blague en restant en surface
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Tous les jours, des faits ou des événements nous interrogent, parce qu'ils nous percutent directement ou nous interpellent par empathie avec la personne concernée que ferais-je à sa place ? - ou par autocentrage - que ferais-je si ça m'arrivait ? Même si au fond la principale question qui se pose globalement à nous est: que ferais-je à ma place ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) On se demande souvent ce que l'on ferait à la place de l'autre. Mais à cette question, il est impossible de répondre tant chacun a sa façon de vivre et de penser. Pour Charly Delwart, la question qui se pose plutôt serait : « Que ferais-je à ma place ? »
De situations anodines - répondre à un SMS, aller aux urgences, lire la presse - surgissent des questions fondamentales : ne communiquerai-je à terme plus qu'en émojis ? Que suis-je prêt à faire pour ma survie ? Serai-je un jour un lanceur d'alerte ? Et pour chacune, plusieurs réponses s'offrent à nous. Charly Delwart a capturé soixante-dix questions et, avec beaucoup d'esprit et d'humour, il les déplie pour former le questionnaire à choix multiple de son existence avec, en filigrane, une question qui nous relie tous : comment mener la seule existence qu'on a ?