Ne lâche pas ma main

Bluffé par l’adaptation du roman de Michel Bussi, Nymphéas noirs réalisée par le même duo, c’est avec beaucoup de plaisir (et peut-être trop d’attentes) que je me suis jeté sur ce nouvel opus.

Ne lâche pas ma main de Frédéric Duval et dessin de Didier Cassegrain, d’après le roman de Michel Bussi

Le dessin et l’adaptation sont toujours brillants. À nouveau, beaucoup de lumière (cette fois-ci l’action se passe à La Réunion) et de couleurs, un très bel album.

Hélas, si le rendu du twist des Nymphéas était impressionnant, l’histoire ici est bien plus prévisible… Ce qui, pour le maître du twist à la française, est un petit peu décevant.

Pas mal du tout, mais un peu zut quand même

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Saint-Gilles-les-Bains, Île de la Réunion, Vendredi 29 mars 2019...
Hôtel Alamanda 15h01...
Martial, Je monte une seconde à la chambre !
Hpfff ! OK...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
- Je ne comprends pas, Liane devrait être là !
- Madame Bellion, c'était le genre à changer de tenue toutes les heures, vous voyez... Et là, dans la chambre, il n'y avait pratiquement plus de vêtements, la penderie était vide...
Et puis tout était en désordre... Tout...
- Le vase renversé... J'ai pensé à une scène de ménage ou bien à une drôle de partie de jambes en l'air...
- Et puis j'ai vu les taches de sang... sur le lit, les murs, les rideaux...

Liane et Martial Bellion et leur fille Sofa profitent des saveurs sucrées-salées et du climat tropical de l'île de La Réunion. Des vacances de rêve à n'en pas douter.

Ce couple en apparence idéal va pourtant chavirer quand Liane disparaît mystérieusement de sa chambre d'hôtel. Enlèvement ? Fugue ? Meurtre ? D'abord perplexe, la police soupçonne vite Martial d'avoir assassiné son épouse. Paniqué mais refusant de se rendre aux forces de l'ordre, il entraîne sa fille dans une fuite effrénée à travers les paysages luxuriants, et inquiétants, de l'île. Serait-ce un aveu ? À moins que la disparition de Mme Bellion ne cache une machination bien plus diabolique... ?

Après le succès flamboyant des Nymphéas noirs dans la collection Aire Libre, le trio d'auteurs se reforme pour l'adaptation d'un autre best-seller de Michel Bussi, Ne lâche pas ma main, publié en 2013. Didier Cassegrain met sa palette de couleurs chaudes et chaleureuses au service d'un polar haletant composé avec soin par Fred Duval et qui nous embarque dans les décors majestueux de l'île de La Réunion pour une chasse à l'homme aussi palpitante qu'imprévisible.

Le jardin du Bossu

Après être tombé sur la très drôle bande dessinée La cage aux cons, c’est avec hâte que j’ai cherché ce jardin du Bossu dont elle était tirée. Toutefois, si la BD est très fidèle au polar, le dessin lui ajoute une dimension graphique (oui… évidement) fort réussie et son dessin un peu cracra lui donne toute sa saveur.

 - Ça, vous savez faire ! j'ai dit.
 - Des années d'expérience ! Une discipline quotidienne! De l'entraînement ! Et encore de l'entraînement ! Des années! Un sacerdoce! C'est ce que je dis toujours: on n'a rien sans rien ! Il faut s'investir!
 - Je ne me suis pas ménagé, croyez-moi !
 - Que voulez-vous, la route est longue, mais c'est la route!
 - La route est longue, mais c'est la route! Belle formule.
 - Elle est de moi, j'ai dit.
 - Vous avez l'art des fulgurances, il a dit.
 - C'est que j'ai mouillé la chemise moi aussi, au niveau poésie ! Et j'ai jamais eu la télé pour me motiver! Je suis un bagnard de la création littéraire. Un peu comme Rimbaud de son vivant.
Le jardin du Bossu par Franz Bartelt

Un roman donc un poil décevant à l’écriture stéréotypée « polar à l’ancienne » qui, certes ne manque ni de gouaille ni d’imagination, mais que j’ai trouvée un peu plus terne que son adaptation graphique

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il était là, le con ! Rond comme un bidon. Entouré d'une flopée d'ivrognes encore plus saouls que lui. Je ne l'avais jamais vu en ville. J'ai demandé au Gus qui c'était. Il n'en savait rien. J'ai recommandé une bière. Le type se vantait. Il ne parlait que de son pognon. Il en avait, puisqu'il payait les tournées en sortant de sa poche des poignées de billets. Il refusait la monnaie. Il s'y croyait. Le con. Ah, le con!


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un petit voyou se voit refuser l'entrée du foyer par sa femme tant qu'il n'aura pas trouvé une solution pour subvenir aux besoins de la famille. Alors qu'il s'introduit dans une maison pour voler de l'argent, le propriétaire surgit et l'empêche, sous la menace d'une arme, de repartir. Il devient désormais l'esclave de cet homme en attendant de mettre au point un moyen d'évasion

Tokyo express

Un bon polar à l’ancienne qui, plus que de chercher whodunit va s’attacher à how, tant le coupable semble être désigné d’emblée. Mais, bon-sang-de-bon-soir, comment a-t’il pu ? alors qu’il se trouvait de l’autre côté du Japon, sans cesse de train en train ou en bateau ?

 - Le problème est de savoir si Yasuda a obtenu ces témoins de quatre minutes par hasard ou volontairement.
En disant ces « témoins de quatre minutes », le commissaire avait eu une bonne expression. Ensuite, attentif aux explications de Mihara, il écrivit sur un papier les points suivants:
1. La veille, Yasuda invite à dîner deux serveuses du Koyuki. C'est un prétexte pour aller ensemble à la gare de Tokyo.
2. Dès le dîner, il regarde sans arrêt sa montre.
3. Ils arrivent sur le quai numéro treize juste à temps pour l'intervalle de quatre minutes en question.
4. C'est Yasuda qui découvre Sayama et Toki alors que ceux-ci montent dans l'Asakaze et qui les désigne aux deux serveuses.
Ayant fini d'écrire, il se tapota la joue avec le bout de son crayon, comme un écolier, en regardant fixement sa feuille de papier.
 - Bon, dit-il un instant plus tard, ce n'est pas le fait du hasard. C'est volontaire !
Tokyo express de Seichō Matsumoto

Une histoire de corruption au ministère X et de deux suicidés au cyanure retrouvés sur une plage.

Un chouette bouquin pour les amateurs du genre avec une enquête un peu complexe mais qui se dénoue petit à petit et avec suffisamment d’explications pour que tout reste clair, même pour qui ne connaîtrait absolument pas le Japon et ses horaires de trains à la précision légendaire (oui… difficile de transposer ça au pays de la SNCF)

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le treize janvier au soir, Tatsuo Yasuda invitait un de ses clients au Koyuki, un restaurant de luxe d'Akasaka. L'invité était un directeur de ministère.
Tatsuo Yasuda dirigeait la société Yasuda de matériel pour machines. Celle-ci s'était considérablement développée ces dernières années. On disait que des subventions ministérielles y étaient pour quelque chose. Cela expliquait sans doute pourquoi Yasuda invitait très souvent des clients d'une telle importance au Koyuki.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un double suicide d'amoureux et une sordide affaire de corruption. Un meurtrier très méticuleux et une enquête bien embrouillée qui pourrait ressembler à première vue à une visite touristique dans tout le Japon.

Dans les bars de Tokyo, l'inspecteur Mihara découvre des pots-de-vin et la vérité au fond d'un verre. Dans les trains, de Kamakura à Hokkaido, il a de curieux pressentiments devant un paysage de chiffres et apprend aussi la poésie japonaise dans un annuaire des chemins de fer.

Tokyo Express est un des plus célèbres polars japonais contemporains. C'est ce livre qui consacrera en effet Matsumoto comme le meilleur écrivain de romans policiers du Japon. Vendu à plusieurs millions d'exemplaires, il obtint un succès légendaire et sa réédition faisait de lui un des plus grands best sellers de l'après-guerre

Noir burlesque, tome 2

Après un premier tome qui m’avait laissé sur ma faim, voici le second qui sonne la fin.

Noir burlesque, tome 2 de Enrico Marini

Et le dessin est toujours aussi parfait, le style « roman/film noir » accompagné de gros bras, maffieux, jolies poupées, scotch, coups de poings, révolvers et carabines est parfaitement respecté ! Il y a du sang !

Alors, certes, il ne faut pas s’attendre à autre chose, mais le dessin est sublimement adapté au genre et Marini signe ici deux tomes de très bonne facture !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Pour Slick, les choses ne s'arrangent pas. Jusqu'à présent, il avait affaire aux truands irlandais. Mais cette fois, il change de dimension : le voilà confronté à la mafia italienne.
Rex, pour qui il n'avait travaillé qu'une seule fois, lui demande cette fois, sous la menace, de voler une oeuvre d'art. Et pas n'importe laquelle : outre sa très grande valeur, elle appartient à la mafia.
Dans un monde idéal, Slick prendrait le large avec Caprice, la femme de sa vie. Mais nous ne sommes pas dans un monde idéal. Caprice se retrouve coincée elle aussi : Rex la retient avec un secret qui pourrait ruiner sa carrière à tout jamais. Et les ennuis de Slick ne s'arrêtent pas là : il doit faire équipe avec une bande de véritables détraqués. Notamment Crazy Horse, l'un des tueurs incontrôlable de Rex qui semble être parti sur le sentier de la guerre.
Ce qui est certain, c'est que du sang et de larmes vont couler... Entre femmes fatales, fusillades sanglantes et règlements de comptes, Enrico Marini poursuit son hommage au film noir américain des années 1950

Ceux du Grand Café

À la retraite, Maigret passe toutes ses fins d’après-midi avec une partie de cartes au Grand Café en compagnie du boucher, du garagiste et d’un quatrième qui change selon les jours.

 - Vous pensez aussi...
 - Qu'est-ce que je pense ?
 - Que j'ai tué le boucher ?...
 - Je suppose que c'est impossible, puisque vous étiez chez vous à ce moment...
 - Non !
Urbain le regardait dans les yeux, avec défi, et Maigret articula en saisissant son verre :
 - Alors, c'est plus ennuyeux...
Ceux du Grand Café de Georges Simenon

Un soir, alors qu’il doit se rendre chez le notaire avec un porte-monnaie bien rempli, le boucher est retrouvé mort dans sa camionnette, tué d’une balle de revolver. Maigret, retraité, se mure dans le silence et la mauvaise humeur.

 » - Elle n'est même pas belle ! Comment a-t-on pu tuer pour elle ? 
 » Les héroïnes de drames passionnels ne sont jamais belles ! C'est un poison plus subtil.

Si les nouvelles ne sont pas du tout le point fort des Maigret, celle-ci ne s’en tire pas trop mal, fort bien mise en valeur par les dessins de Loustal.

Avec des illustrations de Loustal

Maigret 38/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Cela avait commencé l'hiver. Dès que le soir tombait, Maigret ne savait où se tenir. C'est à peine s'il s'était amusé pendant un mois à tourner les boutons de son appareil de T.S.F. et il ne lui fallait pas une demi-heure pour lire trois journaux.
Alors il désertait la salle à manger, où il avait l'habitude de se tenir, et allait faire un petit tour à la cuisine.
- Tu n'as pas encore fini ? demandait-il à sa femme. Qu'est-ce que tu fais ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Maigret connaissait tout le monde à Meung-sur-Loire, où il s'était retiré. Il était à la retraite. Il cultivait son jardin et bricolait dans son cabanon au bord du fleuve.

Il lui arrivait d'entrer au Grand Café, près du pont, il y buvait parfois un demi. Ce n'était pas encore une habitude

Les nouvelles enquêtes de Maigret

Ces nouvelles enquêtes de Maigret regroupent 17 nouvelles de Maigret.

La péniche aux deux pendus
Tout est dans le titre !

Mais, à la Citanguette, il y avait un bistrot, si bien que les bateaux faisaient l'impossible pour y coucher. Un vrai bistrot pour mariniers, où l'on vendait du pain, des conserves, du saucisson, des cordages et de l'avoine pour les chevaux.
C'est là, on peut le dire, que Maigret fit vraiment son enquête, sans en avoir l'air, buvant de temps en temps un verre, s'asseyant près du poêle, allant faire un petit tour dehors tandis que la patronne, presque aussi blonde qu'un albinos, le regardait avec un respect mitigé d'ironie.
La péniche aux deux pendus de Georges Simenon
Et Simenon en profite pour nous parler de son amour des canaux, des péniches et des écluses
Maigret 20/103

L’affaire du boulevard Beaumarchais
Un amour malheureux et des maux d’estomac…
Maigret 21/103

La fenêtre ouverte
Une faillite, un patron un peu margoulin, un employé ex-officier démobilisé et désœuvré et… Maigret, par magie comprend tout grâce à l’odeur froide de la poudre !
Maigret 22/103

Monsieur Lundi
Une mort bien étrange, une bonne tuée par des épis de seigle ! Heureusement, Maigret peut compter sur le principal suspect pour lui donner tous les éléments ! Fastoche
Maigret 23/103

Jeumont, 51 minutes d’arrêt !
Huis clos dans un compartiment de train. Un mort et Popaul (le neveu de Maigret) appelle tonton à la rescousse.
Maigret 24/103

Peine de mort
Sans preuves, mais avec une conviction, Maigret tente de gagner à l’usure
Maigret 25/103

Les larmes de bougie
Un mobile ou une preuve ? Chercher l’argent, toujours l’argent !
Maigret 26/103

Rue Pigalle
Des truands, des armes…
Maigret 27/103

Une erreur de Maigret
Qui aurait pu s’intituler : la grosse colère de Maigret au fond d’une cave sordide et où les conclusions du commissaire tiennent du miracle

Il y a des gens à qui on ne peut même pas casser la figure, parce qu'on craindrait que la main s'y enlise! Depuis trois ou quatre heures, depuis qu'on l'avait chargé de cette affaire de la rue Saint-Denis, Maigret était à cran, le Maigret des mauvais jours, le Maigret écœuré, quasi sournois à force de dégoût, à qui personne, au Quai des Orfèvres, n'osait adresser la parole.
Une erreur de Maigret de Georges Simenon
Maigret 28/103

L’amoureux de Madame Maigret
Où l’on apprend (ou alors ne m’en souvenais-je pas) que Madame Maigret se prénomme Henriette.
Et dans cette histoire, il est question d’un homme sans âge, moustache, canne et lorgnon qui passe bien des heures dans le square à regarder une bien jolie bonne.
Maigret 29/103

La vieille dame de Bayeux
Tuée dans la chambre jaune ou dans la chambre bleue ? Telle est la question !
Maigret 30/103

L’auberge aux noyés
Une femme à la gorge tranchée retrouvée dans une spider tombée dans le canal après un accrochage avec un camion. Et là encore, Magic-Maigret qui trouve la solution d’un seul clin d’oeil !

Une remarque à faire, c'est que les histoires ennuyeuses, celles dont on a toutes les peines du monde à se dépêtrer et qui finissent d'une façon plus ou moins désagréable, sont toujours celles dans lesquelles on se laisse engager assez sottement par le hasard, ou simplement faute du courage de dire non quand il en est encore temps.
L’auberge aux noyés de Georges Simenon
Maigret 31/103

Stan le Tueur
Une bande de cruels polonais égorgent dans les campagnes. Aidé par un curieux personnage, Maigret dénoue le mystère.
Maigret 32/103

L’Étoile du Nord
A deux jours de la retraite, Maigret prend un appel et se retrouve face à un meurtre dans un petit hôtel et il ne faut pas bien longtemps au commissaire pour découvrir la principale suspecte. Mais quelque chose ne colle pas… Et d’ailleurs, cette suspecte, qui est-ce ?
Amusant, le nombre d’enquêtes du commissaire à quelques jours de la quille ! L’écluse N°1 n’était elle pas déjà la dernière ?
Maigret 33/103

Tempête sur la Manche
Et voilà, Maigret est à la retraite (pour les trois dernières nouvelles) et ici, il tente de se rendre en Angleterre avec Madame Maigret. Et juste avant la traversée, alors qu’ils sont coincés par la tempête… Bim, un mort !
Maigret 34/103

Mademoiselle Berthe et son amant

L'air sentait tellement le printemps, avec des bouffées si chaudes et si parfumées que, le beaujolais aidant, cela mettait le sang à la tête et donnait des envies de sieste dans l'herbe avec un journal déployé sur la tête.
Mademoiselle Berthe et son amant de Georges Simenon
Appelé à l’aide, Maigret retourne à Paris pour une jeune fille qui craint pour sa vie. Mais est-ce vraiment pour sa vie qu’elle a peur ?
Maigret 35/103

Le notaire de Châteauneuf

Il n'y avait pas le moindre cadavre dans cette affaire. Aucune vie humaine, en apparence, n'était menacée. Il s'agissait en somme de gens heureux qui s'acharnaient à défendre leur bonheur, tel qu'ils le concevaient, les uns contre les autres.
Le notaire de Châteauneuf de Georges Simenon
Finalement, seule cette dernière nouvelle ressort un tant soit peu de ce recueil. L’histoire d’un petit notaire de province qui voit disparaître des ivoires de sa collection. L’occasion de brosser le tableau d’une petite famille bourgeoise heureuse (ou presque).
Maigret 36/103

Car hélas, les nouvelles ne sont vraiment pas un format dans lequel Simenon brille, le format court ne lui permettant pas de s’installer à son rythme dans le milieu qu’il souhaite décrire. Pour une petite enquête, peut-être, mais ce n’est (à mon avis) pas pour ses intrigues polaristiques qu’il brille, mais bien plus pour les portraits qu’il présente.

Un recueil dispensable dans lequel seules une ou deux nouvelles rehaussent le médiocre niveau

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La péniche aux deux pendus
L'éclusier du Coudray était un type maigre du genre triste, en complet de velours à côtes, aux moustaches tombantes, à l'œil méfiant, un type comme on en rencontre beaucoup parmi les régisseurs de domaines. Il ne faisait pas la différence entre Maigret et les cinquante personnes, gendarmes, journalistes, policiers de Corbeil et membres du Parquet à qui, depuis deux jours, il avait raconté son histoire. Et, tout en parlant, il continuait à surveiller, en amont et en aval, la surface glauque de la Seine.
C'était novembre. Il faisait froid et un ciel tout blanc, d'un blanc cru, se reflétait dans l'eau.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Vols, suicides, meurtres et disparitions étranges, tel est le quotidien du célèbre commissaire Maigret. Observateur et fin psychologue, Maigret n'a nul besoin de techniciens de scène de crime et autres experts ; il lui suffit de se laisser guider par son instinct et sa connaissance de l'homme. Des bars de Pigalle aux pensions de famille, des appartements bourgeois aux squares parisiens, chaque nouvelle enquête est pour lui une manière de s'immerger dans la comédie humaine

L’improbable monsieur Owen

Maigret est à l’hôtel, au soleil, à Cannes ! pendant que Madame Maigret est au chevet de sa tante Émilie. Il en profite pour résoudre un meurtre qui a lieu dans l’hôtel durant son séjour. Une résolution aussi improbable que le titre de cette nouvelle !

Il avait une nouvelle preuve de la divergence des avis en matière de beauté féminine. M. Louis lui avait dit :
 - Une jolie blonde...
Et, comme on avait ajouté qu'elle était bien en chair, il l'avait imaginée grassouillette. Or, Mlle Germaine était peut-être belle, mais elle n'était pas jolie. Si ses traits étaient réguliers, ils étaient durs, et ses formes trop nettes étaient loin de donner une impression de faiblesse féminine.
L’improbable monsieur Owen de Georges Simenon

Une nouvelle où l’on apprend que pour Maigret (et Simenon ?), la beauté féminine est « faible ». Je vous laisse ça là.

Une nouvelle introuvable autrement que dans des recueils du type « Tout Simenon »… Et c’est bien dommage. Alors un grand merci à la regrettée Team AlexandriZ.

Maigret 37/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'était merveilleux d'être là, les yeux clos, de sentir les paupières picoter sous la caresse d'un soleil filtré par les rideaux jaunes ; c'était merveilleux surtout de se dire qu'il était deux heures et demie, ou trois heures de l'après-midi, peut-être plus, peut-être moins, et qu'au surplus ce rongeur de l'existence qu'on appelle une montre n'avait en l'occurrence aucune importance.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Maigret, passe ses vacances sur la Côte d'Azur, dans un palace de Cannes. Le portier du palace, M. Louis, est une vieille connaissance du commissaire. Bien décidé à profiter du soleil méditerranéen, Maigret va cependant devoir se charger d'une enquête, sur la demande de M. Louis: dans une chambre de l'hôtel, occupée par un vieux Suédois toujours vêtu de gris, on a découvert le cadavre d'un jeune homme, noyé dans la baignoire

Maigret et l’inspecteur malgracieux

Ce recueil de nouvelles comprend :

Maigret et l’inspecteur Malgracieux
L’histoire d’un meurtre déguisé en suicide qui intrigue beaucoup Maigret alors que l’enquête aurait dû revenir au fameux Malgracieux.

C'était une drôle de vie. Maigret prenait un air grognon, mais, en réalité, il n'aurait pas donné sa place, à ces moments-là, pour le meilleur fauteuil de l'Opéra. Était-il possible d'être davantage chez lui, dans les vastes locaux de la Police Judiciaire, qu'au beau milieu de la nuit ? Tellement chez lui qu'il avait tombé la veste, retiré sa cravate et ouvert son col. Il avait même, après une hésitation, délacé ses souliers qui lui faisaient un peu mal.
Maigret et l’inspecteur malgracieux de Georges Simenon
Un commissaire gêné aux entournures et qui avance à pas feutrés en tentant de ne point empiéter sur l’enquête du susceptible Malgracieux
Maigret 49/103

Le témoignage de l’enfant de choeur
Une nouvelle assez choupi, où un enfant de choeur qui rêve d’un vélo se retrouve témoin d’un meurtre.

Il avait horreur d'être malade et pourtant il y avait des moments où c'était presque voluptueux, des moments où, fermant les yeux, il n'avait plus d'âge, parce qu'il retrouvait des sensations de son enfance.Alors il retrouvait aussi le jeune Justin au visage pâle et déjà énergique. Toutes les images du matin qui revenaient à la mémoire, non plus avec la précision de la réalité de chaque jour, non plus avec la sécheresse des choses que l'on voit, mais avec cette intensité particulière des choses que l'on sent.Par exemple, il aurait pu décrire, presque dans le détail, cette mansarde qu'il n'avait pas visitée, le lit de fer sans doute, le réveil sur la table de nuit, l'enfant qui tendait un bras, qui s'habillait sans bruit, avec des gestes toujours les mêmes...
Le témoignage de l’enfant de choeur de Georges Simenon
Heureusement, le commissaire grippé qui avait, lui aussi, été enfant de choeur, l’écoute et le croit.
Maigret 50/103

Le client le plus obstiné du monde
Des soeurs jumelles, un mari jaloux et alcoolique de retour d’Afrique et… Beaucoup, beaucoup de petits verres, d’alcools et de bistrots pour retrouver qui a tué.

La caisse enregistreuse fonctionnait sans arrêt, et il y avait de la sueur sur le front des garçons qui s'épongeaient parfois avec le même torchon qui servait à essuyer le comptoir. On plongeait un instant, dans l'eau trouble des bassins d'étain, les verres qu'on ne se donnait pas la peine de sécher ensuite et dans les- quels on versait à nouveau vin rouge ou vin blanc.
 - Deux petits blancs secs... commanda Maigret, qui savourait tout ce brouhaha matinal.
Et le vin blanc avait un arrière-goût canaille qu'on ne savoure que dans les bistrots de cette sorte.
Le client le plus obstiné du monde de Georges Simenon
Une balade de bistrot en bistrot… Encore un demi, commissaire ?
Maigret 51/103

On ne tue pas les pauvres types
Un homme est mort, de façon un peu… Déconcertante… Un suicide avec une belle et grosse assurance vie ?

On n'aurait pas pu dire pourquoi, au juste. Il se dégageait de cette femme, qui était peut-être une fort brave femme, quelque chose de décourageant qui parvenait à rendre terne, quasi lugubre, jusqu'au soleil qui pénétrait par la fenêtre. La vie, autour d'elle, devenait tellement morne, tellement inutile et monotone qu'on se demandait si la rue était vraiment là, à portée de la main en quelque sorte, grouillante de vie, de lumière, de couleurs, de sons et d'odeurs.
 - Pauvre type...
Pas parce qu'il était mort, mais parce qu'il avait vécu !
On ne tue pas les pauvres types de Georges Simenon
Mais aussi, un homme avec une double vie, triple, quadruple !
Alors, pourquoi est-il mort ? Et si ce n’est pas un suicide… Qui l’a tué ?
Maigret 52/103

Et pour une fois (car les précédentes m’avaient bien déçu), voilà un recueil de nouvelles qui n’est pas prétexte à refourguer des brouillons, des esquisses ou des fonds de tiroirs inaboutis. Les historiettes (sans être incroyables, certes) sont sympa, parfois rigolotes ou prétexte à raconter un sujet qui n’aurait pas nécessité plus.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Un monsieur qui n'aime pas plus la vie que la police
Le jeune homme déplaça légèrement le casque d'écoute sur ses oreilles.
- Qu'est-ce que je disais, mon oncle?... Ah! oui... Quand la petite est rentrée de l'école et que ma femme a vu qu'elle avait des plaques rouges sur le corps, elle a d'abord cru que c'était la scarlatine et...
Impossible de finir une phrase un peu longue ; invariablement une des petites pastilles s'éclairait dans l'immense plan de Paris qui s'étalait sur tout un pan de mur. C'était dans le XIIIe arrondissement, cette fois, et Daniel, le neveu de Maigret, introduisant sa fiche dans un des trous du standard, murmurait :
- Qu'est-ce que c'est ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'était une de ces affaires dont l'odeur plaisait à Maigret, qu'il aurait aimé renifler à loisir jusqu'au moment où il en serait si bien imprégné que la vérité lui apparaîtrait d'elle-même.
Et il tombait sur le pauvre Lognon, le meilleur des hommes, le plus consciencieux des inspecteurs, mais sur qui la malchance s'acharnait avec tant d'insistance qu'il en était arrivé à avoir la hargne d'un chien galeux...

Menaces de mort

Menacé de mort par une lettre anonyme et ce, dimanche avant six heures de l’après-midi, Emile Grosbois fait appel à Maigret.

Un décor où tout chantait la joie de vivre ! 
Or, Maigret était là en compagnie de deux petits hommes chafouins et roussâtres qui l'épiaient et s'épiaient mutuellement.
Au lieu de la gaieté qu'évoque le mot villa, la construction sombre exhalait l'ennui, la mesquinerie, la méfiance.
 - Ne passez pas par là, monsieur le commissaire, car il y a des pièges... Prenons le sentier...
Un perron sans style. Une antichambre trop peu éclairée où on commençait à renifler une fade odeur d'humidité.
Menaces de mort de Georges Simenon

Mais comme toujours, Maigret a besoin de temps, d’espace pour s’épanouir. Et une nouvelle, non, c’est trop court !

Menaces de mort avec des illustrations de Loustal

Restent les fines illustrations de Loustal qui donnent un peu de grâce à ce glauque huis-clos dans une famille où tout le monde semble se détester cordialement.

Maigret 39/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
- Allô ! C'est vous, Maigret ? Vous voulez passer un instant dans mon bureau ?
Fenêtres ouvertes sur la Seine, car on avait un mois de juin splendide. Maigret en profita pour mettre fin aux confidences d'un assez louche individu qui faisait pardonner ses trafics plus ou moins clandestins en venant raconter chaque semaine à la P. J. ce qu'il savait sur ses collègues de Montmartre.
Quelques instants plus tard, le commissaire poussait la porte matelassée du bureau du directeur de la Police judiciaire et, là aussi, les hautes fenêtres étaient ouvertes, donnant de la gaieté à une pièce où venaient aboutir tous les crimes de Paris.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Les lettres anonymes, ce n'était pas vraiment le domaine du commissaire. Alors pourquoi accepta-t-il l'enquête ? La douceur du soleil de juin, la perspective d'un week-end au bord de l'eau ?...

L’inspecteur Cadavre

Et voilà, c’était le dernier roman de Maigret que je n’avais pas encore lu. Et, bonheur, c’en était un très bon ! Restent encore quelques nouvelles mais celles-ci m’ont généralement semblé moins bonnes. J’avais commencé ces lectures suite à la découverte d’un Maigret dans la cave de mes parents. Puis, j’avais été motivé par la lecture d’un article dans le Temps où Nicolas Dufour racontait son été durant lequel « J’ai lu les 75 romans de Maigret (et j’ai déjà envie de les relire) »

Le nom de l'homme était Cavre, Justin Cavre, et non Cadavre, bien entendu, mais il y avait vingt ans qu'on lui avait donné le surnom d'inspecteur Cadavre et c'était toujours ce sobriquet qu'on employait à la Police Judiciaire quand on parlait de lui.
Il était ridicule, dans son coin, l'air constipé, à prendre des poses inconfortables pour ne pas regarder dans la direction de Maigret. Il savait que celui-ci l'avait bien vu. Décharné, blafard, les paupières rouges, il faisait penser à ces gamins qui, à la récréation, se morfondent à l'écart en cachant sous leur hargne leur envie de jouer avec les autres.
L’inspecteur Cadavre de Georges Simenon

Et je termine ces Maigret avec bonheur par cette dernière enquête qui est celle de l’injustice ! Et, par chance, c’est peut-être une des plus emblématique. Ici, les salauds, les malins et malfaisants restent impunis.

Et, tout en attendant le train au bout du quai, près de sa valise qu'il surveillait, Maigret parlait tout seul :
 - Vois-tu, mon petit, moi aussi je suis de ceux qui, comme toi, voudraient que tout soit beau et propre sur la terre... Moi aussi, je souffre et je m'indigne quand...

Fataliste, Maigret s’en accommode tant bien que mal.

Car c’est sûrement là que réside une des originalités de Maigret. Si le commissaire cherche toujours à comprendre (avec succès, d’ailleurs (et souvent un peu miraculeusement)), les coupables ne sont pas toujours condamnés et parfois, nulle morale, aucun Karma ni justice. Le commissaire hausse les épaules et s’en va. Oui, les assassins, comme dans la vraie vie, restent libres… Parfois.

Maigret 45/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le petit train du soir
Maigret regardait le monde avec de gros yeux maussades, donnant sans le vouloir à sa personne cette fausse dignité, cette importance qu'on affecte après les heures vides passées dans un compartiment de chemin de fer. Alors, bien avant que le train ralentisse pour entrer en gare, on voit des hommes gonflés dans d'énormes pardessus sortir de chaque alvéole, une serviette de cuir ou une valise à la main, et, avec l'air de ne pas se préoccuper les uns des autres, rester debout dans le couloir, une main négligemment accrochée à la tringle de cuivre qui barre la vitre.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Suicide? Meurtre? Un froid matin de janvier, un jeune homme est retrouvé mort sur la voie ferrée près de Saint-Aubin-les-Marais, en Vendée. Pour rendre service à un ami, le commissaire Maigret accepte de quitter Paris pour essayer d'y voir plus clair.
Mais il n'est pas le seul à mener l'enquête : un ancien policier devenu détective privé, l'inspecteur Cadavre, s'intéresse lui aussi de très près à cette affaire...