Le droit d’emmerder Dieu

Tout est dans le titre de cette plaidoirie de Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo lors du procès des attentats de 2015.

Le droit d’emmerder Dieu de Richard Malka

Une plaidoirie intégralement retranscrite sur la non négociabilité de la liberté d’expression, sur les responsabilités politiques, médiatiques et religieuses. Une langue magnifique, des arguments brillamment mis en place dans un déroulé implacable. Un contre pied ferme contre toute tentative de retourner les responsabilités des attentats. Le droit au blasphème est partie entière des libertés.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«C'est à nous, et à nous seuls, qu'il revient de réfléchir, d'analyser et de prendre des risques pour rester libres. Libres de nous engager et d'être ce que nous voulons. C'est à nous, et à personne d'autre, qu'il revient de trouver les mots, de les prononcer, de les écrire avec force, pour couvrir le son des couteaux sous nos gorges.
À nous de rire, de dessiner, d'aimer, de jouir de nos libertés, de vivre la tête haute, face à des fanatiques qui voudraient nous imposer leur monde de névroses et de frustration - en coproduction avec des universitaires gavés de communautarisme anglo-saxon et des intellectuels qui sont les héritiers de ceux qui ont soutenu parmi les pires dictateurs du XXe siècle, de Staline à Pol Pot.»

Ainsi plaide Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo, lors du procès des attentats de janvier 2015. Procès intellectuel, procès historique, au cours duquel l'auteur retrace, avec puissance, le cheminement souterrain et idéologique du Mal. Chaque mot pèse. Chaque mot frappe. Ou apporte la douceur, évoquant les noms des disparus, des amis, leurs plumes, leurs pinceaux, leur distance ironique et tendre. Bien plus qu'une plaidoirie, un éloge de la vie libre, joyeuse et éclairée

Civilizations

Génial bouquin, quel boulot incroyable autour du « Et si ! »

Civilizations de Laurent Binet

Après un petit aparté Viking (fort plausible) permettant de se débarrasser de la grippe, Laurent Binet revisite la conquête des Amériques façon gros fiasco et inverse le cours de l’histoire.

C’est drôle et jubilatoire, ça tient la route et tout se mêle : les puissances, les guerres, la papauté et la montée du protestantisme, les personnalités et les coups du sort tout en proposant des réflexions morales assez piquantes sur les religions dans une époque de grands bouleversements.

Mais voilà… le mode narratif a fini par me lasser sur la fin. Zut !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Vers l'an mille : la fille d'Erik le Rouge met cap au sud.
1492 : Colomb ne découvre pas l'Amérique.
1531 : les Incas envahissent l'Europe.

À quelles conditions ce qui a été aurait-il pu ne pas être ?
Il a manqué trois choses aux Indiens pour résister aux conquistadors. Donnez-leur le cheval, le fer, les anticorps, et toute l'histoire du monde est à refaire.

Civilizations est le roman de cette hypothèse : Atahualpa débarque dans l'Europe de Charles Quint. Pour y trouver quoi ?

L'Inquisition espagnole, la Réforme de Luther, le capitalisme naissant. Le prodige de l'imprimerie, et ses feuilles qui parlent. Des monarchies exténuées par leurs guerres sans fin, sous la menace constante des Turcs. Une mer infestée de pirates. Un continent déchiré par les querelles religieuses et dynastiques.

Mais surtout, des populations brimées, affamées, au bord du soulèvement, juifs de Tolède, maures de Grenade, paysans allemands : des alliés.

De Cuzco à Aix-la-Chapelle, et jusqu'à la bataille de Lépante, voici le récit de la mondialisation renversée, telle qu'au fond, il s'en fallut d'un rien pour qu'elle l'emporte, et devienne réalité

Où allons-nous, mes amis ?

Parfait pour se questionner ou se réunir pour tenter de chercher des solutions, ce petit essai ne m’a pourtant pas emmené très loin avec lui. Un livre pourtant érudit et plein de bonnes intentions capable de mettre en évidences nos erreurs et nos manquements, mais sans pour autant proposer des solutions. Si ce n’est peut-être l’éducation et la discussion comme armes contre l’obscurantisme.

Où allons-nous, mes amis ? de Marek Halter
Où allons-nous, mes amis ? de Marek Halter

Oui, d’accord. L’intelligence contre la bêtise, soit ! Super, même. Mais…

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Mes amis, il ya urgence. Nous marchons et ignorons où mènent nos pas. Même l'horizon, que certains tentent de nous dessiner, se dissout dans le brouillard. Nous sommes comme ce voyageur du Transsibérien qui, jour après jour, se lamente sur son siège. « Personne ne peut m'aider, personne. - Mais pourquoi ? - Parce que, depuis une semaine déjà, je roule dans un train qui ne va pas dans la bonne direction ! » Depuis une semaine ? Pour nous, depuis bien plus longtemps. Avons-nous essayé de tirer la sonnette d'alarme ? De changer de train ? De direction ? Mais pour aller où ? Vieille question. Quo Vadis. Domine ? « Où vas-Tu, Seigneur ? » Où allons-nous, mes amis ? Où voulons-nous aller ? »

Dans un monde dominé par la peur et menacé par les guerres de religion, Marek Halter tente inlassablement de restaurer le dialogue entre juifs, musulmans et chrétiens. D'une voix puissante, il lance avec ce texte un nouvel appel à la réconciliation et à la paix

Le quatrième mur

Difficile de se relever après le quatrième mur de Sorj Chalandon.
Sonné!

Le quatrième mur de Sorj Chalandon
Le quatrième mur de Sorj Chalandon
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« L'idée de Samuel était belle et folle : monter l'Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth. Voler deux heures à la guerre, en prélevant dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs. Puis rassembler ces ennemis sur une scène de fortune, entre cour détraite et jardin saccagé.

Samuel était grec. Juif, aussi. Mon frère en quelque sorte. Un jour, il m'a demandé de participer à cette trêve poétique. Il me l'a fait promettre, à moi, le petit théâtreux de patronage. Et je lui ai dit oui, Je suis allé à Beyrouth le 10 février 1982, main tendue à la paix. Avant que la guerre ne m'offre brutalement la sienne...»
S. Ch.