Folle

Après le choc de Putain, j’ai directement entamé Folle, livre dans lequel Nelly Arcan annonce son suicide pour ses 30 ans (ce qu’elle réalisera tristement un peu plus tard). Elle y parle d’une déception amoureuse, de ses obsessions pour la « jeunesse-beauté » (duo indissociable selon elle et qu’elle voit s’échapper) et des rôles assignés aux femmes.

Folle de Nelly Arcan

Une fin de relation toxique et chaotique pleine d’aigreur et de regrets.

Des phrases plus courtes, posées, un style plus maîtrisé mais moins déconcertant

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
À Nova rue Saint-Dominique où on s'est vus pour la première fois, on ne pouvait rien au désastre de notre rencontre. Si j'avais su, comme on dit la plupart du temps sans dire ce qui aurait dû être su au juste, et sans comprendre que savoir à l'avance provoque le pire, si on avait pu lire dans les tarots de ma tante par exemple la couleur des cheveux des rivales qui m'attendaient au tournant et si de l'année de ma naissance on avait pu calculer que plus jamais tu ne me sortirais de la tête depuis Nova...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Ensuite j'ai eu peur de tout, j'ai eu peur qu'il soit comme toi, qu'en naissant le bébé ait déjà un passé rempli d'autres femmes. [...] Il me semblait qu'en venant de toi, cet enfant me quitterait.»
Devenant son propre personnage, Nelly Arcan, jeune romancière sulfureuse, écrit une lettre à l'homme qui l'a quittée. Histoire de conquête et d'abandon, de désir et d'humiliation entre une jeune femme québécoise et son amant français, consommateur de cyber-sexe et de coke. Elle s'y révèle amoureuse folle, folle de jalousie, folle de son corps haï, folle de la dictature planétaire de l'image.
Après le succès éblouissant de Putain, Nelly Arcan plonge une nouvelle fois dans la beauté d'un désespoir absolu

Putain

Nelly Arcan raconte sa vie avec des phrases longues comme les pages pour tenter de décrire tout ce qu’elle n’arrive pas à dire. Une lecture hypnotique qui parle d’une société malade, de la valorisation et marchandisation du corps, de la beauté et des choses.

Putain de Nelly Arcan

Un texte glaçant qui se déroule sans fin pour tenter de trouver… Mais trouver quoi dans toute cette putasserie ou les hommes paient pour baiser des jeunes femmes de l’âge de leurs filles ? Qu’un bain de mousse et un sac Hermès peuvent apporter du bonheur ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je n'ai pas l'habitude de m'adresser aux autres lorsque je parle, voilà pourquoi il n'y a rien qui puisse m'arrêter, d'ailleurs que puis-je vous dire sans vous affoler, que je suis née dans un village de campagne à la lisière du Maine, que j'ai reçu une éducation religieuse, que mes professeurs étaient toutes religieuses, des femmes sèches et exaltées devant le sacrifice qu'elles faisaient de leur vie, des femmes que je devais appeler mères et qui portaient un faux nom qu'elles devaient d'abord se choisir, sœur Jeanne pour Julie et sœur Anne pour Andrée, des sœurs-mères qui m'ont enseigné l'impuissance des parents à nommer leurs enfants, à les définir adéquatement auprès de Dieu, et que voudriez-vous savoir de plus, que j'étais somme toute normale, plutôt douée pour les études, que dans cette campagne de fervents catholiques où j'ai grandi on renvoie les schizophrènes aux prêtres pour qu'on les soigne par exorcismes, que la vie y est très belle lorsqu'on se contente de peu, lorsqu'on a la foi ? Et quoi encore, que j'ai joué du piano pendant douze ans et que j'ai voulu comme tout le monde quitter la campagne pour habiter la ville, que depuis je n'ai plus joué une note et que je me suis retrouvée serveuse de bar, que je me suis faite putain pour renier tout ce qui jusque-là m'avait définie, pour prouver aux autres qu'on pouvait simultanément poursuivre des études, se vouloir écrivain, espérer un avenir et se dilapider ici et là, se sacrifier comme l'ont si bien fait les sœurs de mon école primaire pour servir leur congrégation ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Cachée derrière les rideaux de sa chambre, une prostituée patiente entre deux clients. L'attente se nourrit du souvenir : une famille dévote, une mère absente et un père distrait. Et parfois la jouissance éprouvée avec ces hommes auxquels elle fait l'amour, ces hommes qu'elle déteste peut-être autant qu'elle-même. Un récit obsessionnel qui ressemble à un exorcisme désespéré pour se maintenir en vie

Guerre

C’est rêche, ça racle, c’est rude, sale, grossier, suintant de pus et de vomissements.
C’est aussi un premier jet qui n’avait jamais été corrigé ou repris, une découverte étonnante et fascinante.

Guerre de Louis-Ferdinand Céline

Un livre partiellement autobiographique où, durant la première guerre mondiale, Ferdinand blessé au bras et à l’oreille se retrouve hospitalisé à l’arrière du front avec un autre blessé, un souteneur violent qui ne pense qu’à faire venir sa protégée.

Une ambiance puante et merdique, des scènes à peine soutenables, une guerre où les hommes sont de la viande pour les canons et les femmes de la chair pour les hommes.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Pas tout à fait. J'ai bien dû rester là encore une partie de la nuit suivante. Toute l'oreille à gauche était collée par terre avec du sang, la bouche aussi. Entre les deux y avait un bruit immense. J'ai dormi dans ce bruit et puis il a plu, de pluie bien serrée. Kersuzon à côté était tout lourd tendu sous l'eau. j'ai remué un bras vers son corps. j'ai touché. L'autre je pouvais plus. Je ne savais pas où il était l'autre bras. Il était monté en l'air très haut, il tourbillonnait dans l'espace et puis il redescendait me tirer sur l'épaule, dans le cm de la viande. Ça me faisait gueuler un bon coup chaque fois et puis c'était pire.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Parmi les manuscrits de Louis-Ferdinand Céline récemment retrouvés figurait une liasse de deux cent cinquante feuillets révélant un roman dont l'action se situe dans les Flandres durant la Grande Guerre. Avec la transcription de ce manuscrit de premier jet, écrit quelque deux ans après la parution de Voyage au bout de la nuit (1932), une pièce capitale de l'œuvre de l'écrivain est mise au jour. Car Céline, entre récit autobiographique et œuvre d'imagination, y lève le voile sur l'expérience centrale de son existence : le traumatisme physique et moral du front, dans l'« abattoir international en folie ». On y suit la convalescence du brigadier Ferdinand depuis le moment où, gravement blessé, il reprend conscience sur le champ de bataille jusqu'à son départ pour Londres. À l'hôpital de Peurdu-sur-la-Lys, objet de toutes les attentions d'une infirmière entreprenante, Ferdinand, s'étant lié d'amitié avec le souteneur Bébert, trompe la mort et s'affranchit du destin qui lui était jusqu'alors promis. Ce temps brutal de la désillusion et de la prise de conscience, que l'auteur n'avait jamais abordé sous la forme d'un récit littéraire autonome, apparaît ici dans sa lumière la plus crue. Vingt ans après 14, le passé, « toujours saoul d'oubli », prend des « petites mélodies en route qu'on lui demandait pas ». Mais il reste vivant, à jamais inoubliable, et Guerre en témoigne tout autant que la suite de l’œuvre de Céline

Delirium

Bien souvent dans les romans de gare mal fichus, les rêves servent de cache-misère aux auteurs pour trouver une fin à leurs abracadabrantesques délires. Mais là, non. C’est pas Inception mais c’est un peu cul, un peu valaisan, pas assez gore et plutôt drôle.

Delirium de Louise Anne Bouchard

Un détective privé à la recherche d’infos sur une ancienne disparition mystérieuse, huit beautés marchandes de leurs charmes au Dolly Pop.

Une histoire qui n’est pas sans rappeler celle du célèbre portrait d’Oscar le Sauvage.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Jérôme boit trop, baise trop, et s’est fait virer de son job.
Il va se refaire une santé en Valais. Et là, encore, il baise trop, boit trop.
Dans son cauchemar, on l’enlève et on le malmène : séquestration et sévices pour l’empêcher de toucher à la légende du Dolly Pop, la mystérieuse disparition de huit beautés qui gagnaient leur vie en Valais en vendant leurs charmes et parfois leurs petites culottes

La chienne du Tzain Bernard

Après avoir bien ri avec La fête de la vicieuse de Philippe Battaglia dans cette même collection, j’avais pensé à une pépite sortie d’une mine aux joyaux tous merveilleux. Hélas, cette chienne, premier numéro du Gore des Alpes, ne m’a guère convaincu.

La chienne du Tzain Bernard de Gabriel Bender

Une histoire contée par le nain d’un potentat Valaisan qui passe son temps à engrosser les filles de ferme et… accidentellement sa soeur. Un récit avec des gros chiens qui dévorent des enfants.

Malheureusement, le récit manque de fluidité et le scénario de consistance. Les Tz’ lassent bien vite et les incessantes interruptions donnent droit à des pages d’énumérations aussi agaçantes qu’anecdotiques.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La Chienne du Tzain-Bernard rend hommage aux premières œuvres de la littérature gothique dans un style épique qui rappelle les fictions polissonnes de l’Ancien Régime. L’auteur interroge et met en lumière les liens interlopes du clergé avec l’argent et le pouvoir, donc avec le sexe.
«Il ne savait pas non plus comment et pourquoi la blonde gisait sur le sol, un œil crevé et l’autre vitreux, le fémur à l’envers, la clavicule et la nuque brisée»

La fête de la vicieuse

Un livre auquel on pourrait donner 5 étoiles ou qu’on jette au caniveau après trois pages. C’est le genre qui veut ça et dans ce sens, bravo, c’est parfait !

La fête de la vicieuse de Philippe Battaglia

Du pur gore grotesque avec des monstres, des punitions divines, des curés vicieux, du sang et de la tipaille, du surnaturel dans une sorte de pulp gothique moderne avec le Valais pour décor.

C’est drôle, de mauvais goût, pas toujours très bon, mais c’est court et réjouissant

Huitième livre de la collection Gore des Alpes commencée en 2019 avec La chienne du Tzain Bernard de Gabriel Bender qui compte déjà douze autrices et auteurs et quinze titres. A suivre !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En L’Haut La Pointe est un charmant petit village comme il n’en existe que sur les cartes postales. On y trouve de petites maisons qui bordent la rivière surnommée La Vicieuse par les habitants du cru. Mais à la veille des célébrations campagnardes de la Fête de la Vicieuse, un être difforme aux origines occultes s’évade de la cave où il était retenu. Battaglia vous entraîne dans l’œil d’un cyclone de sang, de foutre et de hurlements et vous force à vous poser l’unique question : qui sont les monstres ?

Chant d’amours

Il y a des très belles pages dans cette tourmente.

Chant d’amours de Claire Barré

Une femme écartelée entre deux amants, le roi et le vagabond, le charnel et le spirituel, la furie et l’ascèse, la démesure et la retenue.

La dualité était belle mais hélas, je n’ai pas réussi à me laisser emporter dans cette passion… Zut

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une femme, Stella, est déchirée par l'amour qu'elle porte à deux hommes : Amir, l'amant vorace, ne lui offre qu'un plaisir purement charnel, alors que Malo, l'amant désincarné, la pousse à s'extraire d'elle-même pour partir en quête spirituelle. L'un fait jouir son corps, l'autre, son âme. Il y a quatre ans, Stella a quitté Amir pour suivre Malo sur les routes. Aujourd'hui, elle revient

Petites morts (et autres fragments du chaos)

Perversités, trash, porn et violence. Tout est là. Liberatore !

Petites morts (et autres fragments du chaos) de Liberatore

RanX, bande dessinée mythique de l’Écho des Savanes manque peut-être dans cette rétrospective de son travail. Des premiers croquis aux derniers dessins, Petites morts retrace l’évolution du trait, l’arrivée et le traitement de la couleur, la constructions des planches, les obsessions et fantasmes, les collaborations et les influences de cet auteur de BD italo-punk.

Un « beau livre » assez crade, une réussite

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'ouvrage contient toutes les premières créations de T. Liberatore, publiées en Italie à la fin des années 1970, les histoires publiées dans L'écho des savanes, et une histoire jamais publiée mettant en scène l'univers du sexe au Japon. Chacun de ses récits montre un univers sombre, désabusé et absurde au bord de la rupture

Happy Sex

Bande dessinée adultes ! Oui, clairement, sexplicite !

Happy Sex de Zep

Des brèves de cul, des situations cocasses, des petits bugs amusants, des problèmes d’érections, des surprises ou des fantasmes qui se concrétisent curieusement…

C’est bien drôle et rafraîchissant

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Cerveau gauche
Aaah...
Pfff...
Tic tic
On recommence ?
Mm
Hein ?
Euh...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Bande dessinée pour les adultes dans laquelle Zep met en scène de façon humoristique une galerie d'hommes et de femmes pour illustrer la diversité de leurs positions et de leurs comportements sexuels

Q et Q2

Magazine de ma jeunesse, j’ai découvert l’humour cucul avec Fluide Glacial, je me suis régalé avec Édika, Gotlib, Coyote, Léandri, Goossens, Alexis, Morell, Solé, Blutch ou Gimenez – Haaaa, les orgasmes fous de Gimenez – les romans photos et tous les autres…

Q extrait d’une planche de Gimenez

Vous dire si j’étais impatient de découvrir une pépite qui m’aurait échappé, une madeleine aux parfums enivrants

Q extrait d’une planche de Julien CDM

Mais voilà, les planches de mon enfance me semblaient plus incroyables et les extraits pas toujours les plus pertinents… Ma madeleine ou moi avons un peu vieilli, zut. J’ai quand même adoré certaines planches, la venue de nouveaux et les sélections de plagiats et censures de Bernard Joubert m’ont bien fait rigoler !

Q2 un dessin de Bertail

Reste deux volumes qui pourraient plaire aux collectionneurs

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Q : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur « Fluide Glacial et le sexe » sans jamais oser le demander est dans cet ouvrage.
De Forest et sa Barbarella pas farouche à Sanlaville et sa chef scoute très pédagogue, en passant par Alexis et Sourdrille (notre nouveau Crumb !), Fluide Glacial vous livre ce qu'il a de plus bouillant.
Peut-on rire de tout ? Oui, et même avec les plus belles femmes du monde !

Q2 : Des poils et de la poilade ! Des seins et du dessin !
Dans ce deuxième tome, les grands noms de la BD érotique, Magnus, Liberatore ou Sourdrille, côtoient le meilleur des auteurs de Fluide Glacial : Gotlib, Édika, Goossens, Hugot, Bouzard, Julien CDM, Tebo, Bertail, Salch, Pluttark, Sanlaville et tant d'autres. Et parce que plus on est nombreux, plus c'est joyeux, la sève de la nouvelle BD s'est également jointe à cette fantastique orgie dessinée !
Entrez, c'est ouvert !