Le syndrome du varan

C’est tellement violent, tellement dur, rude, la chair à vif, la viande à nu, la merde et la tripaille à l’air. Un cri rauque, primal.

Le syndrome du varan de Justine Niogret
Le syndrome du varan de Justine Niogret

Je suis confus, parce que ce livre oxymore est magnifique, alors que ce qu’on y lit force à vomir.

Le livre d’une enfance démolie par une mère perverse et un père pédophile. Comme un cri pour tenter de revivre et reprendre son souffle.

Et aussi un livre qui ne laisse pas le lecteur ni la lectrice sagement installés dans leurs canapés mais les forcent « a minima » à un poil d’introspection. Et moi, suis-je un héros ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Ça m'a longtemps pour comprendre pourquoi le varan. Ça se voit ici, dans ces lignes-là. Je ne sens rien. Enfin, si, quelque part dans un espace auquel je n'ai pas accès, je sens. Je dois hurler de haine et de terreur, avec la bouche pleine de bave. Mais je ne m'entends pas. Je suis là, sur le bord du marigot, à épaissir encore, à durcir, à cuire au soleil et à la boue. Je raconte, je dis les faits, je les écris, je les relis, une fois. Je les fais lire. Il y a les faits, il y a un goût d'ironie, de douleur passée, mais il n'y a pas ce que j'ai ressenti. Il n'y a pas ma fibre, celle qui hurle et crie et voudrait brûler le monde dans l'acide jusqu'à ce qu'il n'en reste que les os. Il n'y a pas ça. Il n'y a que le varan. Le varan épais qui parle de sa vieille voix de cadavre dans une langue trop tiède pour qu'elle lui plaise.
Cette nuit-là, quand je me suis réveillée, le monde a changé. »

Roman choc sur une enfance esquintée, récit de la reconstruction aussi, Le Syndrome du varan possède une voix unique et brûlante, qui marque pour longtemps

Laëtitia ou la fin des hommes

Beaucoup d’empathie et d’attachement dans la reconstitution d’une histoire de vie de marquée par la violence des hommes, la justice et la récupération. Dégueulasse et pourtant extrêmement touchant.

Laëtitia ou la fin des hommes de Ivan Jablonka
Laëtitia ou la fin des hommes de Ivan Jablonka

Un livre après la colère. Pourtant, il en faudrait peut-être encore un peu.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, Laetitia Perrais a été enlevée à 50 mètres de chez elle, avant d'être poignardée et étranglée. Il a fallu des semaines pour retrouver son corps. Elle avait 18 ans.

Ce fait divers s'est transformé en affaire d'État : Nicolas Sarkozy, alors président de la République, a reproché aux juges de ne pas avoir assuré le suivi du « présumé coupable », précipitant 8000 magistrats dans la rue.

Ivan Jablonka a rencontré les proches de la jeune fille et les acteurs de l'enquête, avant d'assister au procès du meurtrier en 2015. Il a étudié le fait divers comme un objet d histoire, et la vie de Laëtitia comme un fait social. Car, dès sa plus jeune enfance, Laëtitia a été maltraitée, accoutumée à vivre dans la peur. Ce parcours de violences éclaire à la fois sa fin tragique et notre société tout entière : un monde où les femmes se font harceler, frapper, violer, tuer