Chemin sans issue

Dans les Maigret, Simenon s’attache généralement à ce qui se passe après le drame, quand le commissaire arrive. Dans ses romans durs, il s’intéresse plutôt ce qui se passe avant, à ce qui amène à la rupture, les envies, les frustrations, l’argent, le sexe, le pouvoir, la misère…

Il ne bougea, un instant plus tard, que pour amener sur son visage le bonnet de marin américain qui, dès lors, tamisa le soleil.
Il ne dormait pas. Il ne pensait pas. Il restait vaguement attentif à ce qui se passait autour de lui, aux voix des pêcheurs du dimanche qui s'embarquaient dans les canots, aux autocars, venus de partout, voire de Lyon et de Paris, qui s'arrêtaient un instant devant chez Polyte.
Il n'y avait rien de changé ! Et c'est précisément ce qui provoquait son malaise. Depuis le fameux jour, il était inquiet, d'une inquiétude trouble et maladive. Il ne se sentait bien nulle part et il avait pris l'habitude de s'étendre ainsi sur le pont, de s'entourer d'un halo de soleil, de feutrer ses pensées d'une somnolence qui, petit à petit, l'imprégnait de rêverie.
Chemin sans issue de Georges Simenon
Ici, c’est un homme rongé par l’alcool et la jalousie qui se débat avant de craquer et se morfondre dans les remords.

Une sombre histoire sous le soleil de la côte d’Azur, bercée par les vagues et le champagne

Le 24e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ce n'est qu'après coup, bien sûr, que les heures prennent leur importance. Cette heure-là, sur le moment, avait la couleur du ciel, un ciel gris par- tout, en bas, où couraient des nuages poussés par le vent d'est, en haut où l'on devinait des réserves de pluie pour des jours et des jours encore.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Vladimir, Russe blanc au service d'une richissime et extravagante veuve française dont il est l'amant, ne supporte plus l'amour naïf et puissant unissant son ami de toujours à la jeune fille de sa patronne. Il envie la beauté de ce qui les lie, la simplicité si puissante du temps qu'ils se donnent, la sincérité de leurs joies. Vladimir est ensorcelé. Que valent l'amitié et la raison devant une telle folie ? Vladimir ira bien au-delà de ce dont il se serait cru capable...

Le testament Donadieu

Si une histoire se termine bien, c’est qu’elle n’est pas finie. Et avec ce testament Donadieu, Simenon ne nous berce pas vraiment d’illusions. L’histoire de Philippe, trop avide, ambitieux, arriviste prêt à tout pour réussir.

Pour un peu il aurait pleuré ! C'était sur lui-même qu'il s'apitoyait, sur lui qu'une femme stupidement jalouse empêchait de faire ce qu'il avait à faire. 
 - J'ai mis six ans, six ans d'efforts farouches, parfois douloureux, à atteindre le premier palier que je voulais atteindre, et maintenant qu'il y a une nouvelle étape à franchir, Madame est jalouse ! J'ai couché avec une pauvre bourgeoise aux chairs fades, mais Madame est jalouse quand même ! Imbécile !...
Il parlait tout seul, à présent. Il n'y avait plus besoin de l'exciter. Il gémissait sur son sort, sur l'incompréhension de sa femme et tout le temps on sentait qu'il mentait, ou plutôt qu'il décalait la vérité. C'était vrai qu'il sacrifiait tout à son ambition, comme il le disait, mais, ce qu'il n'ajoutait pas, ce que Martine sentait, c'est qu'elle ferait partie au besoin des choses sacrifiées, que peut-être, que sans doute elle en faisait déjà partie!
Le testament Donadieu de Georges Simenon

Et il réussira ! Et qu’importe les reniements, les mensonges, tromperies et manipulations. Il épousera une fille Donadieu et ce sera la première pierre de son grand oeuvre.

Un roman sombre où les femmes sont des pions que l’on utilise, les amis des ressources à traire, la famille des encombrants à disperser et les promesses de douces paroles laudatives à utiliser sans compter

Le 37e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Une ouvreuse traversa le hall, ouvrit à deux battants les portes vitrées, tendit la main pour s'assurer qu'il ne pleuvait plus et rentra en serrant son tricot noir, à boutons, sur sa poitrine. Comme à un signal, la marchande de berlingots, de cacahuètes et de nougats quitta, de son côté, l'abri d'un seuil et s'approcha de son éventaire dressé au bord du trottoir.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Philippe Dargens, fils d'un élégant aventurier, directeur de cinéma, a réussi à s'introduire dans une famille d'armateurs de La Rochelle, les Donadieu.
Pour faire fortune, il ne recule devant rien : il fait la conquête de sa belle-mère qu'un testament éloignait des affaires, il écarte ses beaux-frères...
Il trahit peu à peu tous les idéaux de sa jeunesse et utilise son entourage pour satisfaire ses ambitions.

La boule noire

Le roman d’un effondrement, d’une prise de conscience.

En lui refusant son adhésion au Country Club local, le gérant d’un commerce de la ville se fait remettre à sa place au sein de sa communauté. Il n’est pas des leurs !

La boule noire de Georges Simenon
Mais qui est-il ? C’est alors qu’il apprend le décès de sa mère, cleptomane et alcoolique.

Un roman bien sombre sur l’hypocrisie sociale… Une triste colère désabusée

Le 83e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le petit moteur de la tondeuse à gazon communiquait sa trépidation au bras de Higgins et, par son bras, à son corps entier, de sorte qu'il n'avait plus l'impression de vivre au rythme de son propre cœur mais à celui de la machine. Rien que dans la rue, il y en avait trois, plus ou moins pareilles, qui fonctionnaient en même temps, avec le même bruit rageur, parfois des ratés, et, quand l'une d'entre elles s'arrêtait, on en entendait d'autres plus loin dans le quartier.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'existence de Walter Higgins ne se distingue en rien de celle de ses voisins. Il vit dans une maison typique de l'élégant quartier de Maple Street. Une satisfaction manque cependant au bonheur de Higgins : son admission au Country Club dont les membres, notables de la cité, semblent s'ingénier à lui interdire l'entrée. Cette année encore, une boule noire a sanctionné le vote.

La veuve Couderc

Il ne se passe pas grand chose, un homme qui descend du bus, ancien prisonnier, criminel, et qui s’installe chez la veuve Couderc… Dans ses paysanneries ou rien ne se passe…

« Tout condamné à mort aura la tête tranchée. »
Il sursauta, comme si quelqu'un, alors qu'il se croyait seul, lui avait posé brusquement la main sur l'épaule. Les mots s'étaient formés dans sa tête, les syllabes s'étaient écrites dans l'espace et il achevait machinalement:
 - Article 12 du Code pénal!
Il avait eu le tort de dormir l'après-midi. Puis, quand il était redescendu, Tati l'avait regardé avec trop d'insistance, comme s'il y avait quelque chose de changé en lui. Ce regard le poursuivait, dans l'obscurité de la mansarde, sous le lanterneau bleu de lune.
La veuve Couderc de Georges Simenon

Sans compter la maréchaussée, la famille, le vieux, les rancœurs, la terre, la maison, l’héritage, les ptits sous bien cachés et Félicie

La tension monte au bord de l’écluse dans une sorte de torpeur malsaine pleine d’envies et de jalousies. D’impossible sérénité.

Un roman dur qui n’épargne personne

Le 46e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il marchait. Il était seul sur trois kilomètres au moins de route coupée obliquement, tous les dix mètres, par l'ombre d'un tronc d'arbre et, à grandes enjambées, sans pourtant se presser, il allait d'une ombre à l'autre. Comme il était près de midi et que le soleil approchait du zénith, une ombre courte, ridiculement ramassée, la sienne, glissait devant lui.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Lorsque Jean sort de prison, il est hébergé par une veuve de quarante-cinq ans dont il devient l'amant. Ancienne servante, elle avait épousé le fils de ses patrons. Elle doit maintenant se défendre contre l'avidité de ses belles-sœurs et de sa nièce. La veuve Couderc s'attache à Jean avec une jalousie morbide, mais lui ne rêve que d'un bonheur paisible.
Cette histoire simple a la grandeur d'une tragédie dont les héros sont appelés secrètement à être les artisans de leur propre malheur.

La poussette

Suite à un accident de poussette avec un bébé, une jeune fille reste « coincée » dans une sorte de douce folie, un peu poétique et déconnectée de la réalité.

Et puis l'hiver est venu. La neige tombait devant la fenêtre. J'allumais la bougie parfumée qu'on m'avait donnée à la pharmacie, j'étais une bonne cliente à cause des pilules. Dans ma tête, c'est devenu plus tranquille. À Noël, j'ai fait des biscuits pour mon mari et pour Newborn, mais c'est moi qui les ai tous mangés.
La poussette de Dominique de Rivaz

Un livre tendre pour des sujets qui ne le sont pas du tout

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tout ça ne serait pas arrivé si au cours de puériculture de l'école, quatre semaines avant le brevet, la poussette ne s'était pas renversée.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Il faut dire à ma décharge que c'était une poussette qui avait dû servir à plusieurs bébés, une poussette à l'ancienne, haute sur pattes, un peu usée mais encore assez élégante, je crois même qu'elle s'appelait Gloria. Si elle s'était appelée Citysport Cocoon, Loola Up Full, ou Baby Safe Sleeper, avec quatre roues tout terrain comme elles sont aujourd'hui, tout ça ne serait pas arrivé. »

Une jeune femme raconte son histoire. Avec une saine autodérision, elle essaie d'oublier l'accident qui l'a pour toujours figée dans l'adolescence. Comment vivre après cela ?

Sans pathos ni apitoiement, la voix attachante de la narratrice donne à La Poussette un ton à la fois naïf et cruel, tendre et inconfortable.

L’homme aux mille visages

Il y a des bouquins comme ça, qu’on ne lirait pas forcément et qui nous tombent dans les mains par hasard. On en lit une page et impossible de le reposer avant la fin. C’est ce qui m’est arrivé avec cet homme aux mille visages.

Chaque occupation que Ricardo s'invente, photographe, ingénieur, chirurgien, médecin humanitaire, policier, recèle une double finalité: incarner un rêve universel et adapté aux femmes qu'il séduit. Et libérer du temps.
Avec Marianne, il est en formation de chirurgie pédiatrique à Toulouse une semaine par mois plus ses gardes de nuit à l'hôpital. Avec Nicole, il est en mission à l'étranger, au Soudan surtout, dont il rentre avec une odeur de poudre et d'aventure. Chez Peugeot, il part régulièrement visiter des usines en Pologne, en Chine, où il se casse hélas une jambe et se trouve bloqué sur place plusieurs semaines. À son retour, il porte un plâtre. Carolina lui a acheté des béquilles. Pendant des semaines, il marche difficilement, du moins quand il est avec elle.
L’homme aux mille visages de Sonia Kronlund
L’histoire d’un énorme mytho, le prince de l’embrouille, le roi de la manipulation, l’empereur des imposteurs ! Sonia Kronlund a mené l’enquête aux trousses de Ricardo (un de ses nombreux noms). Séducteur aux milles vies.

Et c’est très impressionnant !
On imagine toujours que les femmes trompées, absées, escroquées, ne « veulent pas voir » ou « savaient » d'une certaine façon. Je crois plutôt qu'elles ont peur et que cette peur panique devient une seconde nature qui fait écran tout autant qu'elle aiguise la méfiance. Et je parle d'expérience. Je n'ai pas beaucoup pratiqué le « coping proactif » : après les mythomanes plus ou moins psychopathes, j'ai enchaîné avec les infidèles de toutes espèces, les collectionneurs, les suractifs senti- mentaux, les hommes mariés trompant leur femme autant que leur « maîtresse », quand ils ne trompaient pas leur « maîtresse » avec leur femme, disait l'un d'eux, assez fier de son trait. Des profils petits bras comparés à Ricardo, mais des expériences cuisantes quand même, et répétitives.
Une enquête poussée qui va la mener du Brésil en Pologne. Et si la partie interprétation psy du personnage m’a parfois moins convaincu (mais il faut bien essayer de comprendre pourquoi ? Qu’est-ce qui peut bien le pousser dans de tels délires ?), le travail journalistique est impressionnant et le résultat se lit comme un roman quasi psychédélique.

Fascinant !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Quand j'avais une vingtaine d'années, le premier garçon avec qui j'ai vécu a dissimulé un magnétophone dans mon salon entre le radiateur et le mur. Il enregistrait ce qui se passait en son absence, puis il écoutait ce que j'avais dit aux gens de passage ou au téléphone.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Il se fait appeler Ricardo, Alexandre, Daniel ou Richard. Il est argentin, brésilien ou portugais, se prétend chirurgien, ingénieur, photographe ou encore policier. Sous ses multiples légendes, il mène en parallèle plusieurs histoires d'amour dans différents pays. Sans qu'aucune compagne ne se doute de rien.

Qui est cet imposteur de haut vol ? Comment procède-t-il ? Pourquoi ?

Avec l'aide des femmes qui l'ont aimé, d'un détective privé polonais et de policières brésiliennes, Sonia Kronlund a mené l'enquête. Pendant cinq ans, elle a cherché les traces de l'homme aux mille visages. Aujourd'hui, elle raconte comment ce fascinant caméléon s'est trouvé pris à son propre piège.

Pour Britney

Pour Britney se lit dans un souffle, sans répit. C’est dur, la lecture est harassante, exigeante. Mais quel texte !

Nelly Arcan en avait fini par se pendre de toutes ces histoires-là, Nelly Arcan qui avait pour elle, l'intelligence et la poésie, mais dont la plus grande part de l'énergie avait été perdue, gâchée à cela : comparer ses seins à ceux des autres femmes à l'aune et sous la surveillance de ce regard-là, qui souvent traversait les yeux des garçons que l'on aimait, et ça faisait mal - et je me demande moi, ce que ça ferait si depuis toutes petites, on s'amusait comme ça, à voix haute, à détailler devant tout le monde le corps des garçons, les garçons qui ont peur je le sais bien, tout le monde le sait, on nous le répète assez souvent comme s'il s'agissait là d'un argument indémontable, d'une raison suffisante pour, peur que leur bite ne soit pas, oui mais ce n'est pas une raison suffisante et ça n'a jamais été, une affaire publique discutée dans la cour de l'école par des petites filles assemblées en [...]
Pour Britney de Louise Chennevière
Nelly Arcan et Britney Spears, deux mêmes jeunes femmes broyées sous le regard des hommes. Et, peut-être pire encore, sous leur propre regard sous le regard des hommes.

Et il ne s’agit pas que du regard ! Regard n’est qu’un euphémisme maladroit.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
J'ai rouvert l'été dernier, des cartons qui dormaient, depuis plus de vingt ans, dans un box triste d'un entrepôt triste qui se dresse le long du périph - je passais quelquefois devant en rentrant en taxi d'une soirée loin de l'autre côté, avec des amis ivres et en silence je pensais, alors c'est là que repose mon enfance. C'est une drôle de chose que l'enfance, c'est, la chose la plus loin et peut-être, la plus proche. Je sais de source vive que, de certaines enfances on ne se remet pas.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ce que je vois quand je regarde la photo de cette petite fille à l'aube de ce siècle nouveau, c'est qu'elle ne sait rien encore de ce que le monde va lui apprendre, et qu'être une petite fille est pour elle une joie parce que ça veut dire pouvoir devenir Britney Spears et que Britney Spears pour elle alors, c'est chanter et danser, c'est être dans son corps, sans crainte et sans distance, se sentir très vivante, c'est se tenir, très loin de la peur mais.

Il pleut bergère

Simenon a regardé tomber la pluie bergère par la fenêtre un peu comme Hergé avait recherché les bijoux de la Castafiore. Une histoire construite autour de pas grand chose, un suspense vide, un soufflé tenant juste le temps du service. Un exercice de style en creux.

J'ai été gratifié, ce matin-là, d'un réveil aérien, un de ces réveils qui vous imprègnent de joie pour toute la journée. Encore fort avant dans le sommeil, à peine conscient du tambourinage d'une pluie fine sur les toits de zinc, un frôlement plutôt, comme la vie d'un nid de souris qu'on perçoit dans l'épaisseur d'un mur, je retrouvais confusément la promesse d'un jour exceptionnel. Mais cette promesse, je ne mettais aucune hâte à la préciser. Je me couvrais frileusement, au contraire, de toutes les bribes de sommeil que je pouvais ramener à moi.
Il pleut bergère de Georges Simenon

Oui, ça fonctionne presque et c’en devient même fascinant, hypnotique. On regarde avec Jérôme cette pluie noire avec attention, on la sent même sur la peau, pesante, froide, oppressante. Autant que la repoussante tante Valérie.

Mais quand même un peu vide, non ?

Le 42e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
J'étais assis par terre, près de la fenêtre en demi-lune, au milieu de mes petits meubles et de mes animaux. Mon dos touchait presque l'énorme tuyau de poêle qui, venant du magasin et traversant le plancher, allait se perdre dans le plafond après avoir chauffé la pièce. C'était amusant car, quand le feu, en bas, ne ronflait pas, le tuyau conduisait le son et j'entendais distinctement tout ce qui se disait.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quand il avait sept ans, Jérôme passait toutes ses journées à la fenêtre, regardant le spectacle de la rue. Dans la maison en face de la sienne il y avait un petit garçon, Albert, qui, lui aussi, était toujours à sa fenêtre. Une grande sympathie naquit entre les deux enfants et Jérôme peu à peu découvrit le secret de son petit voisin. Le père de celui-ci était un assassin recherché par la police et dont la tête était mise à prix. Et, de sa fenêtre, Jérôme put voir la police resserrer lentement son étreinte et finalement arrêter le père du petit garçon qui, comme lui-même, regardait toujours à sa fenêtre.

Le mal joli

L’histoire d’une passion. Mais la grosse passion, celle qui emporte tout. Celle où la douleur côtoie l’extase. La passion adultère, celle qui ne peut vivre ni mourir.

Quand je dis ça, je ne suis pas en train de soutenir qu'il faille prendre pitié des femmes et des hommes adultères. Ça ne viendrait à l'idée de personne, pas même aux gens qui l'ont vécu. Mais je dis qu'il existe dans cette existence humaine des drames qui se promènent déguisés en miracles, et il est étrange que ce drame que nous sommes tant à partager ne soit compris par pratiquement personne, que nous nous trouvions toujours seuls face à l'abîme de nos pensées, seuls comme face à un deuil, à la maladie, et que personne n'ait jamais pensé à réunir les gens atteints de cette affliction sous un même toit, deux fois par semaine, pour vider leurs poches pleines de considérations terribles, où se dissolvent les enfants, les responsabilités, le sens commun.
Le mal joli de Emma Becker

Un livre que j’ai lu en me demandant comment il allait se terminer – on le sait bien, les histoires d’amour finissent mal. Faudra-t-il un second tome me demandais-je en voyant la fin approcher ?

Un jour, je ne saurai plus mentir. Tout le reste de mon existence s'adaptera à mon amour pour Antonin et je n'aurai qu'à hausser les épaules. Parce que c'est ça, la vie : c'est la matière devenue folle.

Une autofiction forcément impudique dans laquelle Emma Becker nous vend ses talents d’amante tout en peignant un tableau au réalisme cru. Celui d’un amour interdit, torture divine auto-infligée.

Et que celles et ceux qui n’ont jamais vécu telle passion gardent leur pierre pour s’en frapper au soir de leur mort

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il me semble a posteriori que tout allait bien lorsque j'ai rencontré Antonin pour la première fois. C'est déjà faire preuve de relativisme m'aurait-on posé la question ce soir-là, cafardeuse et assommée d'herbe comme je l'étais, j'aurais eu un sourire triste et répondu qu'on m'avait déjà enculée plus aimablement.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Pendant combien de temps peut-on supporter deux amours inconditionnelles ? Pendant combien de temps une femme peut-elle vivre écartelée entre une passion amoureuse et un amour absolu pour ses enfants ?

Dans ce nouveau roman, Emma Becker regarde en face et dévoile sans complaisance les moments les plus dangereux, les plus intenses et les plus beaux d'une vie.

Elle ausculte ici le mal joli, cette traversée des plaisirs incandescents et des peines inavouables qui scandent un amour interdit. Et elle nous conte cette histoire d'amour, ou plutôt nous la fait vivre en temps réel, durant un printemps, un été et un automne.

Trois saisons privée des siens auprès de l'homme qu'elle aime, privée de lui auprès des siens.
Trois saisons dans la vie d'une femme.
Trois saisons d'extase et de déchirement.

Emma Becker va encore plus loin dans l'écriture de l'intime et jamais elle ne nous avait tendu un miroir aussi universel.

Alors c’est bien

Une merveille !

Depuis deux ans, le père de Clémentine était malade. Elle raconte ici son père, ses parents, la famille, la maladie, la mort, la cérémonie. Elle raconte l’amour, la famille, les rires et les joies.

Le couple que formaient mes parents, c'est La Promesse de l'aube, de Romain Gary: « On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. » Lorsque j'étais enfant, je n'avais aucun doute sur le fait qu'une fois adulte, je vivrais dans la plus idéale complicité avec quelqu'un qui m'aime sans condition. Tout comme, en voyant les seins identiques et parfaits des danseuses du Crazy Horse à la télévision les soirs de réveillon, j'étais convaincue que, plus tard, j'en aurais de pareils. Pour les seins comme pour l'amour, la vie nous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient pas toujours
Alors c’est bien de Clémentine Mélois
Et c’est drôle et c’est beau

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il faut que je raconte cette histoire tant qu'il me reste de la peinture bleue sur les mains. Elle finira par disparaître, et j'ai peur que les souvenirs s'en aillent avec elle, comme un rêve qui s'échappe au réveil et qu'on ne peut retenir.

Avec ce bleu, j'ai peint le cercueil de Papa.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Bernard Mélois est sculpteur. Il a consacré son existence à souder des figures spectaculaires dans le capharnaüm de son atelier, en chantant sous une pluie d'étincelles. Alors qu'il vit ses derniers jours, ses filles reviennent dans leur maison d'enfance. En compagnie de leur mère, des amis, des voisins, elles vont faire de sa mort une fête, et de son enterrement une oeuvre d'art. Périple en Bretagne pour faire émailler la croix, customisation du cercueil, préparatifs d'une cérémonie digne d'un concert au Stade de France : l'autrice raconte cette période irréelle et l'histoire de ce père hors du commun dont la voix éclaire le récit.

D'une fantaisie irrésistible, Alors c'est bien offre un regard sensible et inattendu sur la perte et la filiation. C'est aussi l'hommage de l'artiste Clémentine Mélois à son père, ce bricoleur de génie qui lui a transmis son humour inquiet, son amour des mots et son vital élan de création.