Maud Martha

Maud Martha, c’est l’enfance, la jeunesse, le mariage et la famille d’une femme noire à Chicago dans les années 40.

Ses rêveries n'appartenaient qu'à elle. Elle aimait rêvasser à des textures aussi douces que de la mie de pain, à la lumière, à la beauté sophistiquée, à des surfaces aussi étincelantes que des joyaux. Il n'y avait aucun mal à cela, n'est-ce pas ? Par ailleurs, qui pouvait jurer qu'elle ne réaliserait pas son rêve? Pas complètement, d'accord! Mais au moins en partie ?
Elle avait dix-huit ans et le monde attendait. De pouvoir la caresser.
Maud Martha de Gwendolyn Brooks

C’est donc aussi la violence du racisme, l’inexorable patriarcat, la pauvreté, les petits appartements miteux, les boulots avilissants…

Elle avait aspiré à quelque chose de solide. Elle avait aspiré à quelque chose de chatoyant, de chaleureux, mais qui fût dur aussi, comme du roc, incassable. Elle avait aspiré à établir... une tradition. Elle avait aspiré, pour leur propre usage, pour elle, pour lui, pour la petite Paulette, à un ensemble de coutumes inébranlables. Elle avait aspiré à de la pierre ; seulement voilà, elle se conduisait comme son épouse, apaisante, attentive en tous points, maternante - bref, la voilà qui fêtait Noël en faisant passer des bretzels et des bières.

Mais aussi, les joies de l’enfance, de la maternité, les rêves de l’amour et l’humour cruel de la vie.

Il y avait aussi Clement Lewy, un petit garçon qui vivait au premier étage, dans l'un des logements donnant sur la cour de derrière.
La vie des Lewy n'était pas très animée. Elle était même plutôt sans saveur. Comme une pâte à gâteau pas mélangée. Avec des grumeaux.

C’est écrit magnifiquement bien, les phrases y sont les bijoux d’un collier et les petits chapitres, des tranches de vies comme des peintures évidentes de réalisme

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ce qu'elle pouvait aimer les bonbons boutons, et les livres, et peindre la musique (do bleu profond, ré délicatement argenté), et le ciel de l'ouest, si changeant, vu des marches de la véranda de derrière; et les pissenlits.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Publié en 1953, Maud Martha est le premier et unique roman de l'immense poétesse américaine Gwendolyn Brooks. Largement inspiré de la vie de l'autrice, Maud Martha retrace en trente-quatre brefs tableaux les différentes étapes de son existence : enfance, jeunesse, mariage, vie conjugale, maternité... Les épisodes de la vie, qui sont les mêmes pour tous, éprouvés par une jeune femme noire de Chicago dans les années 1940.

À partir des petits riens qui forment le tissu de l'existence et épousent la courbe de la mémoire, Gwendolyn Brooks a composé une grande oeuvre littéraire traversée par les questions raciales et leurs violences silencieuses. Un roman magnifique sur une femme qui doute d'elle-même et de la place qu'elle tient dans le monde.