Quel enfer ! Voila un livre brillant dont on ne sort pas indemne, un livre choc qui rappellera (il le cite d’ailleurs) le film Soleil vert de Richard Fleischer. Et là, rien n’est épargné au lecteur de la visite d’un abattoir-boucherie de chair humaine à la chasse, la dégustation de doigts, de rognons ou de cervelle… Le tout dans un climat totalitariste, déshumanisé et anxiogène.
C’est difficilement supportable et cela appelle inévitablement à une introspection sur sa propre consommation de viande et ses indissociables aveuglements – hypocrisies – cynismes – indécences…
Et au travers de ce livre… un homme blessé, une pierre dans le coeur et qui pleure son enfant perdu et son père malade
Un virus a fait disparaître la quasi-totalité des animaux de la surface de la Terre. Pour pallier la pénurie de viande, des scientifiques ont créé une nouvelle race, à partir de génomes humains, qui servira de bétail pour la consommation. Ce roman est l'histoire d'un homme qui travaille dans un abattoir et ressent un beau jour un trouble pour une femelle de « première génération ». Or, tout contact inapproprié avec ce qui est considéré comme un animal d'élevage est passible de la peine de mort. À l'insu de tous, il va peu à peu la traiter comme un être humain.
Le tour de force d'Agustina Bazterrica est de nous faire accepter ce postulat de départ en nous précipitant dans un suspense insoutenable. Roman d'une brûlante actualité, tout à la fois allégorique et réaliste, Cadavre exquis utilise tous les ressorts de la fiction pour venir bouleverser notre conception des relations humaines et animales