Albert Cohen et Genève : guide littéraire

Ce petit guide Cohen-Genève est un petit trésor d’anecdotes et d’humour.

Albert Cohen et Genève : guide littéraire de Pierre-Louis Chantre, Marie-Luce Desgrandchamps, Idit Ezrati Lintz, Thierry Maurice, Bruno Racalbuto, Noémie Sakkal Miville et Yan Schubert
Au travers de la brève biographie d’introduction, les liens entre l’auteur et la ville du bout du lac apparaissent rapidement pour tisser leur forte relation.
L’occasion de parcourir Genève et de goûter à toute la finesse de l’humour d’Albert Cohen au travers de ses petites piques sur la ville et ses habitants qui parsèment ses écrits

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
« Albert Cohen, le plus grand écrivain genevois depuis Jean-Jacques Rousseau » titre la manchette de la Tribune de Genève au lendemain de la mort de l'auteur.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Albert Cohen (Corfou, 1895 - Genève, 1981) a vécu près de cinquante ans à Genève, où il a écrit la majeure partie de son oeuvre.

Ce guide littéraire interroge les rapports contrastés de l'écrivain à la Cité de Calvin. Il propose six promenades explorant vingt-neuf lieux emblématiques, des organisations internationales à Cologny, en passant par la Vieille-Ville, le Jardin Anglais et le parc des Bastions. Une riche introduction, des notices illustrées, des citations, des cartes et des documents inédits restituent la géographie personnelle de l'auteur de Belle du Seigneur.

Prodigieux satiriste, incurable inquiet, autofabulateur, Cohen fut dans sa ville d'adoption étudiant en droit, militant sioniste, fonctionnaire international, et écrivain consacré.

Le nombre de fois où je suis morte

Combien de fois meurt-on dans une vie ? De faim, de honte, d’ennui, de désir, d’impatience, de jalousie, de culpabilité, de chaud, d’angoisse, de chagrin, de froid, de peur ou de rire ?
Marie-Christine Horn ne mourra en tout cas pas sans y avoir réfléchi, avec un sourire mi-tendre et mi-moqueur et avec beaucoup de talent !

Ainsi donc, je me souviens de ma première mort. La mort de l'enfance qui s'enterre sans pelle mais avec des fleurs, une plus précisément. La fameuse petite fleur qu'on offre à celui qu'on choisit, à seize ans, pour la vie et qu'on quitte quelques mois plus tard pour un autre, plus grand, plus beau, plus brun, plus « quelque chose » qu'on estimera suffisamment primordial pour rompre le serment qu'on avait scellé plus tôt.
Le nombre de fois où je suis morte de Marie-Christine Horn

Ces nouvelles, parfois graves mais souvent très drôles, portent un regard coquin et acidulé sur des instants de vie de femmes, joyeux ou tristes, drôles ou cruels…
Moi qui me lève chaque matin pour gagner ce salaire qui me sert à payer les traites de cette voiture dont j'ai besoin pour aller gagner ce salaire qui me sert à payer les traites de cette voiture.… des grandes et petites morts qui rapprochent de la dernière

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il est des peines, comme des joies, qui vous surprennent un beau jour comme un vilain, sans qu'on les ait vraiment choisies, provoquées ou même attendues. Il est des joies, comme des peines, qui vous émeuvent plus ou moins, et dont les larmes ont autant un goût de rire que de chagrin.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Morte de faim, morte de peur, morte d’ennui…Femmes tantôt fragiles, en colère ou désespérées, les protagonistes dansent sur le fil, frôlent les précipices en quête de réponses, d’ailleurs ou de sens.
Treize nouvelles, autant de petites morts. Avec lucidité et humour noir, l’auteure signe un texte puissant dont le fil rouge est l’exploration de la psyché féminine dans toute sa complexité.

Smoothie

Voilà exactement le genre de livres dont je raffole. C’est court (pas besoin d’en faire des tonnes), c’est bien écrit et ce n’est pas prétentieux pour autant, c’est léger mais cela touche juste, c’est doux et drôle… Bref, un livre sur lequel je suis tombé au hasard et qui m’a enchanté !

Ce soir-là, j'ai presque eu envie de recommencer à fumer et j'ai bu, toute seule chez moi, en mangeant des chips. J'ai énuméré le nombre de règles que j'étais en train d'enfreindre et j'ai pouffé. Mon rire était triste. Même Arthur Schopenhauer et ma conscience, dans la bibliothèque, se sont un instant détournés de leurs ébats pour me regarder avec commisération.
Smoothie de Stéphanie Glassey
L’histoire d’une rupture et des injonctions au bonheur instagrammable.

Un bon moment de yoga – avec ce gros bouffon de Schopenhauer – plein de doutes et d’autodérision !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je pense que tu t'en rends compte toi aussi, nous sommes trop différents, on n'a pas la même philosophie de vie ! Le temps est trop précieux, je vais m'en aller.
Un silence a suivi cette phrase qui sonnait le glas de notre date. Il m'a fixée avec un mélange de mépris et de commisération, puis s'est saisi de l'immense smoothie vert, qui trônait, vaguement menaçant, au centre de la table. En trois vigoureuses aspirations - il ne faisait plus aucun effort pour atténuer le « sluuuurp» -, il l'a terminé.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Suite à une rupture amoureuse, une jeune étudiante doctorante en philosophie se trouve confrontée à un monde au positivisme imposé, où règne la tyrannie de la forme physique et de la santé, et où le yoga semble réduit à une pratique hygiéniste.
Démunie face à ce nouvel environnement en inadéquation totale avec sa culture du doute et son affection pour la mélancolie, notre héroïne arrivera-t-elle à trouver l'équilibre nécessaire pour réapprendre à vivre? Avec un savoureux ton humoristique, l'auteure nous emmène sur le chemin de la résilience, et nous livre une petite pépite teintée de philosophie de vie sur fond de yoga.

La mécanique des désirs

Réécriture de Escorte paru en 2010 (que j’avais lâché après quelques pages que j’avais alors trouvées un peu indigestes), on retrouve ici une femme [qui] regarde les hommes regarder les femmes comme l’écrivaient Siri Hustvedt ou Louise Chennevière dans Pour Britney… avec le désespoir en moins.
Mais toujours et encore, une femme, son corps, sa jeunesse… pour les hommes.

Elle allait aussi recommencer à être quelqu'un d'autre, emprunter un autre prénom, enfiler des habits cachés depuis des années sous son lit, dans des tiroirs, contre le mur. Elle m'avait montré des photos d'elle, en latex, avec un fouet. Je m'étais rapprochée d'elle, parce que dans les cours d'école, j'ai besoin des autres mères, j'ai besoin de rire encore fort et de vouloir pleurer. J'aime arriver seule, sans maquillage, les cheveux mouillés, toujours presque en retard, puis m'entourer des femmes qui attendent, elles aussi. Sous les lunettes aux verres sombres, je réussissais intuitivement à aller vers celles qui me ressemblent : après maints jours, nous nous disions que nous n'avions pas qu'embrassé des hommes, et que nous avions déjà été payées pour être nues et aimer ceux qui recherchent quelque chose qu'ils n'ont pas.
Ils ne réussissent pas à l'avoir avec nous, non plus, ce qu'ils cherchent, raconter leurs histoires et avoir notre attention et notre sexe, sans considérer les heures. Moi aussi, je ne peux pas avoir ce que je cherche, mais je peux m'en approcher, comme un homme sous moi, à laper entre mes jambes.
La mécanique des désirs de Mélodie Nelson
Forcément impudique, évidement dérangeant, cette mécanique des désirs est pourtant très touchante par son intime sincérité.

Certes, on n’y retrouve pas le même sentiment d’oppression qu’avec Nelly Arcan, pas non plus l’exhibitionnisme autofictionnel d’Emma Becker… mais toujours cette ambiguïté dont parlait Nancy Huston, oscillant entre le désir de plaire et la souffrance de cette soumission – désirée autant que subie. Une autobiographie qui semble nous renvoyer à Schopenhauer et sa fameuse citation « La vie oscille, comme un pendule, de la souffrance à l’ennui ». Et comme seul l’art pourrait nous en sauver… Mélodie écrit. Et même fort bien !

Mais désormais mère ! Et la maternité n’efface pas la violence du désir…

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
J'ai toujours été un peu mélancolique, et cette tristesse s'incruste même quand je change de couleur de cheveux ou de vernis à ongles, même quand je me blottis contre un homme, comme une bête sauvage qui fait semblant d'être apprivoisée dans un lit, sous un arbre, au parc, dans l'espace restreint d'une banquette arrière, avec de la buée dans les fenêtres.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La mécanique des désirs transpose le regard lucide et distancié d'une femme devenue mère qui revisite son passé d'escorte. Ce récit littéraire parfois cru, révèle la froideur des hôtels du centre-ville, les secrets des maisons de la banlieue et les confidences entre amies sur les banquettes de la Belle Province. Sans fard, la narratrice évoque ses moments d'intimité avec les clients, les rencontres marquantes qui ont jalonné sa trajectoire, ainsi que ses relations avec ses proches. La mécanique des désirs, c'est aussi l'exploration de la nature profonde d'une femme, de sa sexualité, et au-delà du désir et des attentes jamais vraiment comblées, des décisions qui fabriquent une vie.

Cucul : new rom-com

Le roman à message est un art difficile, si les ficelles sont trop grosses : ça ne passe pas. Et là, comment dire… elles sont énormes, des câbles de télécabines ! Et pourtant, c’est plutôt bien foutu et je me suis laissé séduire (pas même coupable) comme par un bon film de Noël.

- « Je sentis un souffle près de mes épaules dénudées », c'est mieux. Il ne va pas l'embrasser tout de suite.
- Oui, bien sûr, vous avez raison. C'est un de mes défauts, je veux souvent aller trop vite quand j'écris. Surtout les scènes un peu cul. Je voudrais être auteure de haïkus de cul. « Il la doigta / Elle jouit / C'était sympa », hahaha.
James ne captait pas la référence, mais il sourit.
- Ce serait décevant pour les lectrices. Reprenons. Je sentis un souffle près de mes épaules dénudées et tressaillis de peur.
- N'ayez crainte, Beverley, je ne vais rien vous faire, vous ne me plaisez pas, vous êtes juste là pour poser pour moi.
Quelle enflure ! Lui non plus ne me plaisait pas, qu'est-ce qu'il croyait !
- Je suis obligé de dire des trucs méchants comme ça ? me demanda James.
- Ah oui, et ce n'est que le début. Vous êtes un beautiful connard, je vous le rappelle.
Cucul : new rom-com de Camille Emmanuelle

Alors, oui : le livre porte très bien son titre !

Pourtant, en reprenant la même thématique, Camille Emmanuelle propose ici une mise en abyme de son excellente Lettre à celle qui lit mes romances érotiques et qui devrait arrêter tout de suite. Un message d’autant plus pertinent aujourd’hui, avec la mode (franchement questionnable) de la dark romance chez les adolescentes.

Sus aux stéréotypes mascu avec Cucul !

Un livre à conseiller les yeux fermés à tous les ados et même aux plus grand-e-s !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tout a été bouleversé dans ma vie, mais rien n'a changé dans cette pièce. Mêmes fauteuils classiques en cuir noir, même plante suspendue toujours impeccablement verte, même grand pictogramme chinois encadré, face à moi. J'ai arrêté la thérapie depuis plus d'un an, assez fière de n'avoir plus besoin de béquille pour avancer dans l'existence. Pourtant, en cette belle matinée d'avril, je me sens soulagée d'être de nouveau installée dans ce fauteuil face à ma psy.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Il est sa création. Elle ne sera pas sa créature.

Le jour, Marie Couston est prof de français contractuelle dans un lycée. La nuit, elle écrit sous pseudo de la romance érotique. Mais lorsque son éditrice exige qu'elle abandonne ses romans cucul pour de la dark romance, Marie voit rouge. En clair, on lui demande de rendre sexy des violences conjugales et sexuelles... Sans regret, et un peu saoule, Marie décide de tuer son personnage principal avant de s'endormir.

Au réveil, elle n'en croit pas ses yeux : un inconnu est assis sur son canapé. L'homme, très beau dans son costume sur mesure hors de prix, lui explique alors le plus sérieusement du monde qu'il est James Cooper, le mâle alpha de sa romance et de ses fantasmes...

Hilarante et engagée, la comédie romantique que vous attendiez, sans savoir que vous l'attendiez.

L’âne rouge

Comme un cerf pris dans les phares d’une voiture la nuit, Jean Cholet, fasciné par un nouveau monde hypnotique, incapable du moindre mouvement salvateur, va se laisser sombrer.

C'était arrivé quand même ! Tout ce qui devait arriver était arrivé ! Or, il savait qu'il n'était pas né pour traîner sa misère à Paris, ni pour être toute sa vie l'amant d'une Lulu.
N'est-ce pas un peu pour cela qu'il regardait les gens avec effronterie et qu'il se complaisait à défier le sort ? Et, quand il s'attendrissait dans les bras de Lulu, n'y avait-il pas un Cholet qui regardait Cholet pleurer ?
A l'instant même, il se voyait dans une grande glace, enfoncé dans l'angle de la banquette, un bras déployé sur le rebord. Il avait une barbe de trois jours. Son faux col était sale, une cravate mal nouée. Dans le même miroir, il apercevait le pianiste droit sur son tabouret et, en face de lui, un bourgeois rutilant qui venait pour la première fois avec sa femme dans un cabaret de Montmartre et qui observait tout avec avidité.
Cholet devait lui faire peur, avec ses yeux fiévreux, son visage ravagé, son air absent.
L’âne rouge de Georges Simenon
Dans ce récit d’une descente annoncée, l’âne rouge, une boîte de nuit aux accortes danseuses va entraîner un trop jeune journaliste à perdre tous ses repères, son argent et ses valeurs dans un tourbillon alcoolisé.

Et dans ce bon 2e roman dur, on trouve déjà nombre des excellentes caractéristiques des opus suivants avec cette inexorabilité des destins et cette fatalité qui guident les protagonistes

Le 2e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Un navire qui descendait la Loire lança deux coups de sirène pour annoncer qu'il évoluait sur tribord et le cargo qui montait répondit par deux coups lointains qu'il était d'accord. Au même moment le marchand de poisson passait dans la rue en criant et en poussant sa charrette qui sautait sur les pavés.
Avant d'ouvrir les yeux, Jean Cholet eut encore une. autre sensation : celle d'un vide ou d'un changement.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Jean Cholet, jeune journaliste à la Gazette de Nantes, vit chez ses parents, une famille de petits employés consciencieux et effacés. Un soir, alors qu'il assiste à son premier banquet officiel, il se laisse aller à boire outre mesure et provoque un scandale puis échoue dans un cabaret, L'Ane Rouge, dont l'ambiance l'attire désormais irrésistiblement...

Les clients d’Avrenos

Triangles amoureux à Stabmoul. Enfin… plus que de triangles on peut plutôt parler d’une vraie boule à facettes. qui tourne autour de Nouchi, une ex-danseuse de cabaret qui fait tourner les têtes et de Bernard de Jonsac qui travaille à l’ambassade française.

Dès minuit, Jonsac avait les tempes douloureuses et surtout la sensation, une fois de plus, de graviter dans un univers inconsistant. À dix reprises déjà, il était passé de la terrasse du bord de l'eau à la terrasse du premier étage, en jetant un coup d'œil furtif dans toutes les chambres. Maintenant, il recommençait...
Stolberg l'avait dit : c'était bien une nuit du Bosphore, avec sa mollesse, ses magnificences et ses pauvretés, ses parfums et ses moisissures. Comme dans les paysages de Stamboul, il y avait une bonne part de poésie trop voulue, mais aussi quelques moments vraiment rares qui ne devaient rien à la volonté des hommes.
Les clients d’Avrenos de Georges Simenon
Nouchi qui a peur de la pauvreté et ne veut appartenir à personne et Jonsac prêt à tout pour ne pas la perdre. Couple, amis ou alliés dans cette ville lascive et envoûtante ?

Un très bon roman dur qui se déroule comme un pas de danse, fait d’allers et de retours et de quelques pieds écrasés pour tenter de ne pas se perdre

Le 12e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
On n'attendait pas encore de clients, bien qu'un étudiant qui venait pour Sadjidé fût déjà accoudé au bar. Mais ce n'était pas la peine de le servir, car il ne commandait que des bocks et ne les buvait pas.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quels sont les secrets qui unissent Nouchi, l'entraîneuse de dix-huit ans originaire de Vienne, et Bernard de Jonsac, ce Français d'une quarantaine d'années que tout le monde croit diplomate ? Quels mystères se cachent derrière leur errance aux parfums d'insouciance ? Partis d'Ankara, ils arrivent à Istanbul. Les nuits moites du Bosphore cachent des personnages qui se guettent, se haïssent, sympathisent parfois... Rien ne change dans ce décor où la torpeur gouverne. Et pourtant... Une femme est retrouvée comme morte, Nouchi fascine, et Bernard de Jonsac ferme les yeux sur ce qu'il ne veut pas comprendre.

Le goût du baiser

Sans être forcément dans le public cible, voici une romance érotique et féministe bien sympathique !
Certes, les clichés s’y déroulent comme les blés devant la moissonneuse, mais le tout reste plutôt bien tourné.

Quand il s'arrête devant chez moi et que je descends de sa Vespa, je me sens légèrement tremblante pendant quelques secondes. C'est très étrange, c'est presque la même sensation que lorsque... je viens de me caresser ! Je fais attention à ne pas avoir le même sourire béat, déjà que, après avoir enlevé le casque, je dois avoir une coupe de cheveux de folle. Il descend et enlève son casque. Ses cheveux à lui n'ont pas bougé : merci la gomina.
Je le remercie de m'avoir ramenée. Nous restons l'un face à l'autre, sans dire un mot. Il est vraiment grand, je dois lever mon visage pour le regarder dans les yeux. Ce regard si noir, fascinant, troublant...
 - Bon, on se voit au prochain cours. Enfin si je n'ai plus mal au pied, et si je ne suis pas démoralisée.
 - Tu sais, même après des années de pratique, y a des fois où on n'y arrive pas.
Le goût du baiser de Camille Emmanuelle
Véritable guide pratique pour jeunes filles (et pour les mecs aussi, il y a encore bien du boulot !), ce goût du baiser démontre que les emmerdes, les conneries que l’on peut faire et tous les connards malveillants peuvent être surpassés. Enfin, tous… n’exagérons pas !
Un vrai bol d’air frais bouillant qui sent bon (enfin… façon de parler) la vie.

Et pis c’est trop chou, et ça fait du bien

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
L'odeur du pain grillé. Je ne sens pas l'odeur du pain grillé. J'ai pourtant bien entendu le bruit du pain qui saute du grille-pain, dans la cuisine. C'est samedi matin. Je suis dans ma chambre, dans mon lit, encore allongée. Je suis réveillée depuis plusieurs minutes. Le matin, le week-end, ma mère fait griller du pain. Tous les samedis et tous les dimanches, depuis que je suis petite, je me réveille avec cette odeur familièrement délicieuse.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Cette année de première s'annonce particulière pour Aurore : à la suite d'un accident de vélo, elle vient de perdre le goût et l'odorat.

Au lycée, elle fait tout pour cacher ce handicap, invisible aux yeux des autres. Mais en réalité, ce trouble s'avère plus envahissant que prévu, surtout quand Antoine, un garçon sur lequel elle fantasme depuis des mois, semble enfin s'intéresser à elle.

Privée de deux sens sur cinq, Aurore a soudain le sentiment que son propre corps lui est étranger. Comment poursuivre une vie sexuelle à peine amorcée quand on ne sent rien, pas même sa propre odeur ?

Une histoire d'amitié, de plaisir, de désir, de colère transformée en force et de réappropriation du corps. Celle d'une jeune femme portée par une joie de vivre farouche et communicative.

Les suicidés

Juliette est aussi indolente qu’Émile est nerveux. Elle fugue avec lui à Paris. Pourquoi ? L’aime-t-elle ? … peut-être ne le sait-elle même pas vraiment.

Le patron le reconnut, questionna :
 - Un rhum ? 
 - Deux. Et de quoi écrire. 
Il n'y avait qu'une table, dans un coin. Il y installa sa compagne, devant une feuille de papier, et dicta : 
« Mes chers parents, Ne me faites pas rechercher. Je suis heureuse. Si on essayait de me ramener à la maison, je me tuerais... »
Elle écrivit, sans le regarder. Il frémissait. Chaque mot tracé sur le papier était une nouvelle victoire. Il eut une inquiétude, la dictée finie, quand il vit la plume s'abaisser à nouveau sur la feuille. 
« Pardon, papa », ajouta-t-elle.
Les suicidés de Georges Simenon
Un roman dur plutôt psychologique sur l’échappée à Paris de deux jeunes maladroits.

« C'est sa faute ! » se disait Bachelin en se faufilant entre les ménagères qui entouraient les petites charrettes où s'entassaient, dans un soleil fluide, des légumes acides et des fruits fragiles comme le précoce printemps. 
Le regard rempli des images bariolées de la rue, il corrigeait aussitôt : 
« En tout cas, ce n'est pas la mienne ! »

Le 11e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Juliette traversa la rue à pas précipités, comme elle le faisait chaque soir en quittant Bachelin, et déjà, avec des gestes que la peur rendait maladroits, elle fouillait son sac à main, atteignait le seuil, faisait cliqueter la clef contre la serrure.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Juliette parle peu. Elle a le regard fixe et se laisse emmener. Elle n'a jamais dit "Non !". Ni à sa mère trop effacée ni à son père qui la couve d'un amour sans génie. Dès lors, pourquoi ne pas suivre le jeune Émile Bachelin ? Pourquoi ne pas prendre le train ?

Les gens d’en face

Un bon gros pamphlet contre l’appareil soviétique bien caricatural ! Les gens d’en face se passe en Géorgie, à l’époque une république d’URSS et on y suit Adil bey, consul turc candide fraîchement arrivé.

Est-ce parce qu'il était Turc, eux Russes ou Italiens? Jusqu'au Persan qui s'était toujours méfié ! Est-ce simplement parce qu'il était Adil bey? En tout cas, chaque fois qu'il avait essayé de vivre, ce qu'il avait toujours appelé vivre, il s'était heurté à des murs. Si bien que, sans même le vouloir, il était devenu inerte, autant, peut-être plus que ceux qui l'entouraient. C'était facile ! On y arrivait de soi-même ! On emportait sa solitude partout, même quand on allait chez les gens, chez Pendelli comme dans les bureaux du département étranger. C'était un nuage protecteur dans lequel on marchait, le visage fermé. Comment n'avait-il pas compris dès le premier jour qu'ici chacun était cadenassé de la sorte ? John se renfermait à coups d'alcool. Les Pendelli étaient retranchés à double tour dans leur confort bourgeois qu'ils étaient capables de transporter jusque dans le désert. Et Sonia ! Et Koline ! Est-ce que Koline, quand il rentrait chez lui, avait une intimité quelconque avec sa femme ?

Les gens d’en face de Georges Simenon

Et tout y passe et Simenon ne recule devant aucun stéréotype : espionite aiguë, empoisonnement, dénonciations arbitraires, exécutions sommaires, pénurie alimentaire, bureaucratie inefficace, faim, alcoolisme des corps consulaires, prostitution… Tout y passe !

Un amusant cliché suivi d’une romance un peu bâclée

Le 6e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
« Comment ! vous avez du pain blanc ! »
Les deux Persans entraient dans le salon, le consul et sa femme, et c'était celle-ci qui s'extasiait devant la table couverte de sandwiches joliment arrangés.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Les impressions défavorables ressenties par Adil bey à son arrivée dans la petite ville populeuse et maussade où l'appellent ses fonctions de consul se précisent de jour en jour : l'inconfort délibéré de son installation, les contacts décevants avec l'administration soviétique, la méfiance agressive des gens qui l'entourent. Elles atteignent le malaise lorsqu'il constate qu'un couple, les Koline, l'épie des fenêtres d'en face. Or Sonia, sa secrétaire, habite chez eux.