Le crime du golf

Pour son troisième roman, Agatha Christie rappelle Hercule Poirot et l’envoie en France, appelé par un homme qui se sent menacé… Il arrivera prestement avec son ami Hastings… juste un peu trop tard.

 — Ta ta ta ! » Poirot poussa son exclamation d'impatience préférée. « Vous ne comprenez pas encore! On peut avoir un crime sans assassin, mais, pour avoir deux crimes, il est indispensable d'avoir deux cadavres. »
Sa remarque me parut si peu claire que je le dévisageai avec une certaine inquiétude. Pourtant, il paraissait parfaitement normal. Tout à coup, il se leva et alla vers la fenêtre.
 « Le voici ! s'écria-t-il.
 — Qui ça ?
 — M. Jack Renauld. Je lui ai fait porter un mot à la villa lui demandant de venir nous retrouver ici. »
Le crime du golf de Agatha Christie

Et commence une enquête bien tarabiscotée, pleine de retournements de situations dans une enquête menée par un policier français bien prétentieux

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Dois-je rappeler cette anecdote bien connue d'un jeune écrivain qui, pour forcer, dés le premier mot de son roman, l'attention de l’éditeur le plus blasé, écrivait la phrase suivante :
« Enfer! dit la duchesse... »


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une fois n'est pas coutume, cette enquête d'Hercule Poirot nous mène en France d'où M. Renauld - un monsieur qui semble avoir des moyens - a lancé un SOS impérieux au détective. Une limousine attendra Poirot et son ami Hastings à Calais...
Mais à Calais, point de limousine : c'est que M. Renauld a été assassiné dans la nuit. On l'a trouvé lardé de coups de couteau dans le dos, au fond d'une tombe ouverte, creusée dans un terrain de golf...
L'enquête ne sera pas facile : M. Renauld était bien discret sur son passé en Amérique du Sud ; et bien mystérieuses sont les deux femmes qui, aux dires des domestiques, le rencontraient souvent le soir... Mais Poirot est là, furetant partout, à récolter le moindre indice...

Mr. Brown

Pour son deuxième roman, Agatha Christie avait déniché deux jeunes désœuvrés, Quat’sous et Tommy pour un roman d’espionnage et d’enquête au rythme endiablé.

 - Commencerons-nous : jeune homme sans emploi, au cœur sensible.
 - Par exemple !
 - Comme vous voudrez. Mais ça pourrait toucher une vieille fille qui vous adopterait illico, avant que vous n'ayez eu le temps de vous lancer
dans des aventures.
 - Je ne veux pas qu'on m'adopte.
 - J'ai oublié que vous étiez contre l'adoption. Allons, c'était pour vous taquiner. Certains journaux sont pleins d'annonces de ce genre ! Trouvons quelque chose de mieux. Par exemple : Deux jeunes aventuriers à louer. Prêts à n'importe quoi, n'importe où. Salaire élevé. (Il faut qu'on sache à quoi s'en tenir la-dessus dès le début.) Nous pourrions aussi ajouter: « On ne répond qu'aux offres sérieuses », ça se fait quelquefois.
 - Je suis complètement sûr que toutes les offres en réponse à une annonce pareille ne seront pas sérieuses !
 - Tommy ! Vous êtes un génie. C'est beaucoup plus chic: « On ne répond pas aux offres sérieuses. »
 - Qu'en dites-vous? Attendez, je vais relire :
Deux jeunes aventuriers à louer. Prêts à n'importe quoi, n'importe où. Salaire élevé. On ne répond pas aux offres sérieuses.
Mr. Brown de Agatha Christie

Tout va très vite et les retournements de situations sont incessants. Impossible de reprendre son souffle dans cette histoire d’espions très fraîche et sympathique.

Une histoire un peu légère, certes, mais très vivante à la recherche de Jane Finn dans l’ombre d’un mystérieux Monsieur Brown

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le Pacific coulait. Il avait eu de grandes avaries pendant la tempête, et maintenant, bien que la mer fût déjà calmée, le naufrage était imminent.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'est toujours après le drame qu'on s'avise qu'un personnage falot a traversé la scène sans que personne lui prête attention.

Et justement, dans le bureau de Mr Whittington, il y avait un clerc qui se faisait appeler Mr Brown. Mais voilà ! Personne n'est capable de se rappeler quoi que ce soit de Mr Brown. Pas même son visage. La description qu'on donne invariablement de Mr Brown, c'est qu'il ressemble à tout le monde.

La mystérieuse affaire de Styles

Après la lecture de tous les Maigret l’hiver passé, je me suis dit que je remettrais bien ça avec un autre classique des polars. Et pourquoi pas Agatha Christie.

Mais voilà, rien à voir ni rien à comparer. Dans les Maigret, c’est l’humain qui est au centre, et Simenon – en véritable ethnologue – propose un portrait de la France et des français des années 30 à 60.

Il se leva et se dirigea négligemment vers la fenêtre.
 - J'ai admiré ces corbeilles. A propos, combien de jardiniers emploie-t-on ici ?
 - Seulement trois maintenant. Nous en avions cinq avant la guerre, lorsque la propriété était tenue comme celle d'un gentleman devrait l'être. Ah! si vous l'aviez vue alors, monsieur. C'était une merveille 1 Mais aujourd'hui il n'y a que le vieux Manning, le jeune William et une femme-jardinier en culottes! Ah ! dans quel temps affreux vivons-nous !
 - Le bon temps reviendra, Dorcas. Du moins, nous l'espérons. Maintenant, voulez-vous m'envoyer Annie.
La mystérieuse affaire de Styles de Agatha Christie

Chez Agatha Christie, c’est l’enquête qui est au centre. Et c’est qui a tué qui crée le suspense…. Un peu moins ma tasse de thé. Darjeeling ?

Une enquête empoisonnée pour Hercule Poirot

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Il n'y a pas qu'Alfred Inglethorp qui tire profit du meurtre de sa femme : il y a aussi ses beaux-enfants et Cynthia, protégée de la défunte. Tous auraient pu se procurer la strychnine qui a tué Mrs Inglethorp.

Mais cela n'explique ni l'obstination qu'Hercule Poirot met à empêcher l'arrestation d'Inglethorp ni la passivité d'Inglethorp devant les charges qui pèsent sur lui. Il est vrai aussi qu'on n'a trouvé aucun indice. Et pourtant, il y en a...

Grâce à un feu allumé au cœur de l'été, à une empreinte sur une plate-bande et à une tache de café, Poirot arrachera des aveux au meurtrier et trouvera la solution de cette affaire de Styles qui, pour être le premier roman d'Agatha Christie, n'en est pas le moins ingénieux.

Les nouvelles enquêtes de Maigret

Ces nouvelles enquêtes de Maigret regroupent 17 nouvelles de Maigret.

La péniche aux deux pendus
Tout est dans le titre !

Mais, à la Citanguette, il y avait un bistrot, si bien que les bateaux faisaient l'impossible pour y coucher. Un vrai bistrot pour mariniers, où l'on vendait du pain, des conserves, du saucisson, des cordages et de l'avoine pour les chevaux.
C'est là, on peut le dire, que Maigret fit vraiment son enquête, sans en avoir l'air, buvant de temps en temps un verre, s'asseyant près du poêle, allant faire un petit tour dehors tandis que la patronne, presque aussi blonde qu'un albinos, le regardait avec un respect mitigé d'ironie.
La péniche aux deux pendus de Georges Simenon
Et Simenon en profite pour nous parler de son amour des canaux, des péniches et des écluses
Maigret 20/103

L’affaire du boulevard Beaumarchais
Un amour malheureux et des maux d’estomac…
Maigret 21/103

La fenêtre ouverte
Une faillite, un patron un peu margoulin, un employé ex-officier démobilisé et désœuvré et… Maigret, par magie comprend tout grâce à l’odeur froide de la poudre !
Maigret 22/103

Monsieur Lundi
Une mort bien étrange, une bonne tuée par des épis de seigle ! Heureusement, Maigret peut compter sur le principal suspect pour lui donner tous les éléments ! Fastoche
Maigret 23/103

Jeumont, 51 minutes d’arrêt !
Huis clos dans un compartiment de train. Un mort et Popaul (le neveu de Maigret) appelle tonton à la rescousse.
Maigret 24/103

Peine de mort
Sans preuves, mais avec une conviction, Maigret tente de gagner à l’usure
Maigret 25/103

Les larmes de bougie
Un mobile ou une preuve ? Chercher l’argent, toujours l’argent !
Maigret 26/103

Rue Pigalle
Des truands, des armes…
Maigret 27/103

Une erreur de Maigret
Qui aurait pu s’intituler : la grosse colère de Maigret au fond d’une cave sordide et où les conclusions du commissaire tiennent du miracle

Il y a des gens à qui on ne peut même pas casser la figure, parce qu'on craindrait que la main s'y enlise! Depuis trois ou quatre heures, depuis qu'on l'avait chargé de cette affaire de la rue Saint-Denis, Maigret était à cran, le Maigret des mauvais jours, le Maigret écœuré, quasi sournois à force de dégoût, à qui personne, au Quai des Orfèvres, n'osait adresser la parole.
Une erreur de Maigret de Georges Simenon
Maigret 28/103

L’amoureux de Madame Maigret
Où l’on apprend (ou alors ne m’en souvenais-je pas) que Madame Maigret se prénomme Henriette.
Et dans cette histoire, il est question d’un homme sans âge, moustache, canne et lorgnon qui passe bien des heures dans le square à regarder une bien jolie bonne.
Maigret 29/103

La vieille dame de Bayeux
Tuée dans la chambre jaune ou dans la chambre bleue ? Telle est la question !
Maigret 30/103

L’auberge aux noyés
Une femme à la gorge tranchée retrouvée dans une spider tombée dans le canal après un accrochage avec un camion. Et là encore, Magic-Maigret qui trouve la solution d’un seul clin d’oeil !

Une remarque à faire, c'est que les histoires ennuyeuses, celles dont on a toutes les peines du monde à se dépêtrer et qui finissent d'une façon plus ou moins désagréable, sont toujours celles dans lesquelles on se laisse engager assez sottement par le hasard, ou simplement faute du courage de dire non quand il en est encore temps.
L’auberge aux noyés de Georges Simenon
Maigret 31/103

Stan le Tueur
Une bande de cruels polonais égorgent dans les campagnes. Aidé par un curieux personnage, Maigret dénoue le mystère.
Maigret 32/103

L’Étoile du Nord
A deux jours de la retraite, Maigret prend un appel et se retrouve face à un meurtre dans un petit hôtel et il ne faut pas bien longtemps au commissaire pour découvrir la principale suspecte. Mais quelque chose ne colle pas… Et d’ailleurs, cette suspecte, qui est-ce ?
Amusant, le nombre d’enquêtes du commissaire à quelques jours de la quille ! L’écluse N°1 n’était elle pas déjà la dernière ?
Maigret 33/103

Tempête sur la Manche
Et voilà, Maigret est à la retraite (pour les trois dernières nouvelles) et ici, il tente de se rendre en Angleterre avec Madame Maigret. Et juste avant la traversée, alors qu’ils sont coincés par la tempête… Bim, un mort !
Maigret 34/103

Mademoiselle Berthe et son amant

L'air sentait tellement le printemps, avec des bouffées si chaudes et si parfumées que, le beaujolais aidant, cela mettait le sang à la tête et donnait des envies de sieste dans l'herbe avec un journal déployé sur la tête.
Mademoiselle Berthe et son amant de Georges Simenon
Appelé à l’aide, Maigret retourne à Paris pour une jeune fille qui craint pour sa vie. Mais est-ce vraiment pour sa vie qu’elle a peur ?
Maigret 35/103

Le notaire de Châteauneuf

Il n'y avait pas le moindre cadavre dans cette affaire. Aucune vie humaine, en apparence, n'était menacée. Il s'agissait en somme de gens heureux qui s'acharnaient à défendre leur bonheur, tel qu'ils le concevaient, les uns contre les autres.
Le notaire de Châteauneuf de Georges Simenon
Finalement, seule cette dernière nouvelle ressort un tant soit peu de ce recueil. L’histoire d’un petit notaire de province qui voit disparaître des ivoires de sa collection. L’occasion de brosser le tableau d’une petite famille bourgeoise heureuse (ou presque).
Maigret 36/103

Car hélas, les nouvelles ne sont vraiment pas un format dans lequel Simenon brille, le format court ne lui permettant pas de s’installer à son rythme dans le milieu qu’il souhaite décrire. Pour une petite enquête, peut-être, mais ce n’est (à mon avis) pas pour ses intrigues polaristiques qu’il brille, mais bien plus pour les portraits qu’il présente.

Un recueil dispensable dans lequel seules une ou deux nouvelles rehaussent le médiocre niveau

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La péniche aux deux pendus
L'éclusier du Coudray était un type maigre du genre triste, en complet de velours à côtes, aux moustaches tombantes, à l'œil méfiant, un type comme on en rencontre beaucoup parmi les régisseurs de domaines. Il ne faisait pas la différence entre Maigret et les cinquante personnes, gendarmes, journalistes, policiers de Corbeil et membres du Parquet à qui, depuis deux jours, il avait raconté son histoire. Et, tout en parlant, il continuait à surveiller, en amont et en aval, la surface glauque de la Seine.
C'était novembre. Il faisait froid et un ciel tout blanc, d'un blanc cru, se reflétait dans l'eau.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Vols, suicides, meurtres et disparitions étranges, tel est le quotidien du célèbre commissaire Maigret. Observateur et fin psychologue, Maigret n'a nul besoin de techniciens de scène de crime et autres experts ; il lui suffit de se laisser guider par son instinct et sa connaissance de l'homme. Des bars de Pigalle aux pensions de famille, des appartements bourgeois aux squares parisiens, chaque nouvelle enquête est pour lui une manière de s'immerger dans la comédie humaine

Cécile est morte

Encore un Maigret qui commence par une boulette du commissaire. Il y a vraiment des paterns qui se retrouvent dans les différentes enquêtes : la victime qui aurait pu être évitée, la personne qui revient toujours au Quai pour voir le commissaire en personne… Les deux se retrouvent ici.

Au cours de chaque enquête retentissante, ou presque, il y avait au moins un journaliste pour publier un papier devenu en quelque sorte traditionnel : Les méthodes du commissaire Maigret.
Qu'il y vienne donc, le journaliste !... Maigret sortait du cinéma... Il mangeait... Il buvait de la bière... Il avait l'air, près de la vitre embuée de La Coupole, d'un gros bourgeois de province sidéré par l'activité de Paris...
À vrai dire, il ne pensait à rien... Il était boulevard Montparnasse et il n'y était pas, car il emmenait partout la maison en tranche napolitaine avec lui... Il entrait... Il sortait... Il guettait Mme Sauf-Votre-Respect dans son antre... Il montait et descendait l'escalier...
Cécile est morte de Georges Simenon

Une enquête où le commissaire se retrouvera accompagné d’un homologue de Philadelphie, M. Spencer Oats, venu en France pour tenter de comprendre les fameuses (fumeuses) méthodes du commissaire Maigret qui s’en sortira un peu miraculeusement in-extremis.

Maigret 42/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La pipe que Maigret alluma sur son seuil, boulevard Richard-Lenoir, était déjà plus savoureuse que les autres matins. Le premier brouillard était une surprise aussi plaisante que la première neige pour les enfants, surtout que ce n'était pas ce méchant brouillard jaunâtre de certains jours d'hiver, mais une vapeur laiteuse dans laquelle erraient des halos de lumière. Il faisait frais. Le bout des doigts, le bout du nez picotaient et les semelles claquaient sec sur le pavé.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Maigret s'en veut. Il aurait dû savoir. Elle lui avait pourtant demandé de l'aide.
Cécile venait chaque matin, les derniers temps, l'attendre dans l'antichambre de son bureau de la P. J., à tel point que ses collègues jasaient et se moquaient de lui. Elle attendait, espérait, racontait à nouveau que quelqu'un, chez sa tante, entrait sans laisser de traces. Visitait... Maigret était occupé. Un gang de Polonais. Les affaires courantes...
Il aurait dû savoir

Maigret se fâche

A la retraite depuis deux ans, en train de se battre contre des doryphores sur ses aubergines… Maigret se voit sollicité par une petite vieille au caractère bien trempé au sujet de la mort suspecte de sa petite fille, noyée. Ni une, ni deux, Maigret fait sa valise et laisse sa femme et les aubergines ravagées.

C'était par vanité plutôt ou par une sorte de pudeur que, depuis deux ans, il refusait systématiquement de s'occuper de toutes les affaires qu'on venait lui proposer, surtout des banques, des compagnies d'assurances, des bijoutiers qui lui soumettaient des cas embarrassants.
On aurait dit, quai des Orfèvres : « Le pauvre Maigret repique au truc, il en a déjà assez de son jardin et de la pêche à la ligne. »
Or, voilà qu'il se laissait embobiner par une vieille femme surgie dans l'encadrement de la petite porte verte.
Il la revoyait, raide et digne, dans l'antique limousine que conduisait avec une périlleuse désinvolture un François en tenue de jardinier qui n'avait pas pris le temps de changer ses sabots contre des souliers.
Maigret se fâche de Georges Simenon

L’occasion de revoir un camarade de classe qui ne lui avait pas laissé forcément un bon souvenir. Les choses ne s’amélioreront pas.

Au moment où il allait disparaître dans le hall d'entrée, il se ravisa, revint sur ses pas pour laisser tomber, la face lourde, le regard pesant:
 - Vois-tu, je sens que ce que je vais découvrir est tellement laid, tellement sale, qu'il m'arrive d'hésiter à continuer.
Il partit sans se retourner, referma violemment la porte derrière lui et se dirigea vers la grille. Celle-ci était fermée. La situation était grotesque, de se trouver ainsi dans le parc de la propriété sans que personne ne s'occupât de lui.
Il y avait toujours de la lumière dans le bureau, mais Malik ne songeait pas à reconduire son adversaire.

Un très bon polar bien glauque au milieu du fric et au bord de la Seine et des canaux à quelques kilomètres de Paris

Une longue nouvelle de 140 pages suivie du déjà lu La pipe de Maigret

Maigret 46/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La vieille dame dans le jardin
Madame Maigret, qui écossait des petits pois dans une ombre chaude où le bleu de son tablier et le vert des cosses mettaient des taches somptueuses, Mme Maigret, dont les mains n'étaient jamais inactives, fût-ce à deux heures de l'après-midi par la plus chaude journée d'un mois d'août accablant, Mme Maigret, qui surveillait son mari comme un poupon, s'inquiéta :
- Je parie que tu vas déjà te lever...
Pourtant le fauteuil transatlantique dans lequel Maigret était étendu n'avait pas craqué. L'ancien commissaire de la P.J. n'avait pas poussé le plus léger soupir.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans sa retraite de Meung-sur-Loire, Maigret est sollicité par Bernadette Amorelle qui s'inquiète de la récente noyade dans la Seine de sa petite-fille Monita : la jeune fille nageait bien et il ne doit pas s'agir d'un accident

Maigret et l’homme du banc

Tiens, voilà une enquête où l’on ne croise que des innocents (enfin… presque). Maigret et ses collaborateurs interrogent, fouinent, cherchent, mais aucun coupable crédible ne semble apparaître.

Tandis qu'il montait dans la voiture, les deux femmes le regardaient par-dessus les layettes et les lainages blancs et roses.
 - Où allons-nous, patron ? 
Il était onze heures du matin.
 - Arrête au premier bistrot.
 - Vous en avez un à côté du magasin.
Une pudeur l'empêchait d'entrer dans celui-là, sous les yeux de Léone.
 - Tourne le coin de la rue.
Il voulait téléphoner à M. Kaplan, chercher dans le Bottin l'adresse exacte de M. Saimbron, quai de la Mégisserie.
Par la même occasion, puisqu'il avait commencé sa journée par un calvados, il en but un autre au comptoir.
Maigret et l’homme du banc de Georges Simenon

Simenon ne va quand même pas nous faire le coup du coupable surprise qu’il sort de sa manche juste à la fin et bim ?

Maigret alla tisonner le poêle, bourra une pipe et, pendant près d'une heure, se plongea dans de la besogne administrative, annotant des pièces, en signant d'autres, donnant quelques coups de téléphone sans intérêt.
 - Je peux entrer, patron?
C'était Santoni, tiré à quatre épingles selon son habitude, et, comme toujours aussi, répandant une odeur de coiffeur qui faisait dire à ses collègues :
 - Tu sens la putain! 
Santoni était frétillant.
 - Je crois que j'ai découvert une piste. 
Maigret, sans s'émouvoir, le regarda de ses gros yeux troubles.

Mais non, ça tient la route, cet homme du banc est un bon Maigret, un poil atypique, mais d’une brillante et surprenante construction !

Maigret 69/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Les souliers jaunes
Pour Maigret, la date était facile à retenir, à cause de l'anniversaire de sa belle-sœur, le 19 octobre. Et c'était un lundi, il devait s'en souvenir aussi, parce qu'il est admis au Quai des Orfèvres que les gens se font rarement assassiner le lundi. Enfin, c'était la première enquête, cette année-là, à avoir un goût d'hiver.
Il avait plu tout le dimanche, une pluie froide et fine, les toits et les pavés étaient d'un noir luisant, et un brouillard jaunâtre semblait s'insinuer par les interstices des fenêtres, à tel point que Mme Maigret avait dit :
- Il faudra que je pense à faire placer des bourrelets.
Depuis cinq ans au moins, chaque automne, Maigret promettait d'en poser le prochain dimanche.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Comment Louis Thouret, marié, habitant Juvisy et magasinier de son état, a-t-il pu finir tué d'un coup de couteau dans une impasse proche du boulevard Saint-Martin ? C'est en se posant cette question que Maigret va découvrir une existence étrange, la double vie d'un homme très ordinaire.
Depuis longtemps, Thouret était pour sa femme un inconnu. Depuis longtemps, il n'était plus magasinier. Depuis longtemps, il mentait, mû par une crainte dérisoire et plus forte que tout. À quelle déchéance progressive ce mensonge initial a pu conduire le défunt, c'est ce que Maigret comprendra peu à peu, en explorant une de ces vies à la fois ordinaires et mystérieuses qu'excelle à camper Georges Simenon

Maigret voyage

En lisant Maigret, je me suis souvent retrouvé avec beaucoup d’alcool. Pour cette fois, je me suis dit, je note !

Elle s'interrompit en voyant le visage de Maigret soudain froid et dur.
 - Pourquoi me regardez-vous comme ça ?
 - Pourquoi mentez-vous ?
Il avait été sur le point de s'y laisser prendre.
 - A quel moment êtes-vous allée dans la chambre du colonel ?
 - C'est vrai... J'avais oublié...
 - Vous aviez oublié que vous y étiez allée ? 
Elle secouait la tête, pleurait pour de bon.
Maigret voyage de Georges Simenon

Et sur les 186 pages de Maigret en vacances, dans l’ordre, ça donne ça :
Une bouteille de bière danoise, une bouteille de champagne, une bouteille de whisky, du soda et un seau de glace, une coupe de champagne, une bouteille de champagne vide, une bouteille de whisky au trois quarts, une bouteille de Krug 1947, une bouteille non entamée, non débouchée de Johnny Walker, du whisky, un scotch, un whisky, une gorgée d’alcool, un verre de whisky, une bouteille de champagne et celle de whisky aux trois quarts pleine, un whisky, un grand verre de gin mélangé d’un jus de tomate, un whisky, un verre de bière, un whisky, un verre vidé d’un trait, un verre embué qui contenait un liquide clair, un martini, vraisemblablement, un truc très sec, une gorgée de martini, une bouteille de champagne, du scotch (quelques verres), une bouteille de champagne vide, une gorgée de whisky, un verre au bar, une bouteille de champagne, un martini, un verre au bar, café ou thé ? le bruit caractéristique d’une bouteille qu’on rebouche, une odeur d’alcool, une bouffée d’alcool, une gorgée de whisky, du champagne, une bouteille, une coupe de champagne de temps en temps, deux trois fois un verre de whisky, un dernier verre, son whisky, le tiers d’une bouteille, un peu de whisky, une gorgée, juste une gorgée, le whisky, un verre, une gorgée de whisky, un petit vin blanc du pays qu’on avait servi frais dans une carafe embuée, des verres remplis avec une lenteur voulue, assez de champagne, un café, champagne et whisky, des consommations, une bouteille de whisky, du soda et quatre verres, une bouteille de champagne et une bouteille de whisky, de l’eau minérale, un martini, un vin très clair, très frais, un coup de plus, un dernier cocktail, du calvados, whisky, champagne, fine Napoléon, du whisky au goulot comme une pocharde des quais s’envoie un grand coup de rouge, les cocktails, des omelettes flambées, un café crème, le même champagne ou le même whisky, du calvados, toutes les marques de whisky, la même chose, il avait beaucoup bu, un bon quart d’heure devant son verre, des bouteilles de bière sur un plateau, des bouteilles qui sortaient de la cave à vin, quatre ou cinq cocktails avant chaque repas, un verre, une rasade, la bouteille de whisky, l’alcool, la pompe à bière, un demi, un verre d’eau fraîche [sic], un second verre de bière, un verre (offert), un verre (offert aussi), du thé.

Et sinon ? Le commissaire, part du Georges-V pour Nice, Genève et Lausanne et défraie dans la haute société (ce qui explique les alcools plutôt atypiques pour Maigret qui se pique généralement de fine, bière et gros rouge)

Maigret 79/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ce qui se passait au George-V pendant qu'il pleuvait sur Paris, que Maigret dormait et qu'un certain nombre de gens faisaient de leur mieux
Les affaires les plus empoisonnantes sont celles qui ont l'air si banales au début qu'on ne leur attache pas d'importance. C'est un peu comme ces maladies qui commencent d'une façon sourde, par de vagues malaises. Quand on les prend enfin au sérieux, il est souvent trop tard.
C'était Maigret qui avait dit ça, jadis, à l'inspecteur Janvier, un soir qu'ils s'en revenaient tous les deux par le Pont-Neuf au Quai des Orfèvres.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Les affaires les plus empoisonnantes sont celles qui ont l’air si banales au début qu’on ne leur attache pas d’importance. C’est un peu comme ces maladies qui commencent d’une façon sourde, par de vagues malaises. Quand on les prend enfin au sérieux, il est souvent trop tard.
C’était Maigret qui avait dit ça, jadis, à l’inspecteur Janvier, un soir qu’ils s’en revenaient tous les deux par le Pont-Neuf au Quai des Orfèvres.
Mais, cette nuit, Maigret ne commentait pas les événements qui se déroulaient, car il dormait profondément, dans son appartement du boulevard Richard-Lenoir à côté de Mme Maigret.
S’il s’était attendu à des embêtements, ce n’est pas à l’hôtel George-V qu’il aurait pensé, un endroit dont on parle plus souvent à la rubrique mondaine des journaux que dans les faits divers, mais à la fille d’un député qu’il avait été obligé de convoquer à son bureau pour lui recommander de ne plus se livrer à certaines excentricités

Maigret et le fantôme

Et si, en dehors de la promotion des boissons alcoolisées et du tabac, les Maigret étaient finalement des portraits de nos petites et humanités

L'ivrogne au pieds nus
Les habitudes se prennent vite, dans les bistrots de quartier.
Parce qu'il avait bu un grog le matin, le patron aux manches troussées parut surpris que son client demande de la bière. Et quand Maigret demanda un jeton de téléphone, il questionna :
 - Un seul ?
Celui qui avait précédé Maigret dans la cabine avait fait, lui, une sérieuse consommation de calvados, car l'air en restait imbibé et 1e combiné même sentait l'alcool de pommes.
Maigret et le fantôme de Georges Simenon

Des galeries ou se croisent toutes les misères possibles sous les yeux d’un commissaire fataliste, alcoolique et résigné par la bêtise et la cupidité de ses semblables

Une enquête fort fort sympa qui mène le commissaire là où il ne s’imaginait pas aller

Maigret 90/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il était un peu plus de une heure, cette nuit-là, quand la lumière s'éteignit dans le bureau de Maigret. Le commissaire, les yeux gros de fatigue, poussa la porte du bureau des inspecteurs, où le jeune Lapointe et Bonfils restaient de garde.
- Bonne nuit, les enfants, grommela-t-il. Dans le vaste couloir, les femmes de ménage balayaient et il leur adressa un petit signe de la main.
Comme toujours à cette heure-là, il y avait un courant d'air et l'escalier qu'il descendait en compagnie de Janvier était humide et glacé.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'inspecteur Lognon, dit « le Malgracieux », est victime d'une tentative d'assassinat en sortant d'un immeuble de l'avenue Junot, où il passe ses nuits chez Marinette, une jeune esthéticienne. Le lecteur découvre en compagnie du commissaire Maigret que la nuit réserve parfois bien des surprises.

Les vacances de Maigret

Alors qu’il se trouve en vacances, son épouse coincée à l’hôpital par une appendicite, le commissaire travaille quand même !

Un couple arrêta son  regard, ou plutôt il resta interdit en voyant une femme qui ressemblait tellement aux deux portraits du bureau du docteur qu'on en ressentait un malaise.
Celle-ci n'était plus jeune. Elle devait approcher de la cinquantaine et pourtant elle avait les mêmes cheveux d'un blond aérien, les mêmes yeux violets. A peine la silhouette était-elle un peu plus grasse, tout en gardant une étonnante légèreté.

La femme portait un tailleur blanc, un chapeau blanc, qui détonnaient dans la foule peu élégante de la rue. Elle laissait derrière elle un sillage parfumé.
Elle marchait assez vite, entrainant un homme de quinze ans plus vieux qu'elle qui ne paraissait pas à son aise.
Les vacances de Maigret de Georges Simenon

Entre appels au secours, bluff, hasards, sixième sens et intuition, Maigret va tenter de démêler une histoire compliquée et surtout, éviter des morts supplémentaires.

Les deux inspecteurs avaient fini de diner et fumaient leur cigarette en dégustant un cognac quand le commissaire se mit à table, dans la salle à manger presque vide.
 - Alors patron?
Et lui, plus bourru que jamais, un sale gout de fatigue dans la bouche, comme après un long voyage en chemin de fer, de grogner ;
 - Alors, merde!

Quand une femme tombe de la voiture du docteur à pleine vitesse

Maigret 53/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La rue était étroite, comme toutes les rues du vieux quartier des Sables d'Olonne, avec des pavés inégaux, des trottoirs dont il fallait descendre chaque fois qu'on croisait un passant. La porte du coin était une magnifique porte à deux battants, d'un vert profond, somptueux, aux reflets parfaits, aux deux marteaux de cuivre bien astiqués, comme on n'en voit que chez les avoués de province ou dans les couvents.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Alors que le couple Maigret se repose quelques jours aux Sables-d'Olonne, Mme Maigret est victime d'une crise d'appendicite. A l'hôpital où elle est soignée, une religieuse implore le commissaire de s'intéresser à « la malade du 15 ».
Dans quelles circonstances cette jeune femme est-elle tombée de la voiture que conduisait son beau-frère, le Dr Philippe Bellamy ? Pourquoi ce dernier semble-t-il faire si peur à la jeune Lucile Duffieux, une gamine de quatorze ans qui sera assassinée peu après ? Qu'est devenu Emile, son frère aîné, parti pour Paris où il n'est jamais arrivé ?
Et Maigret d'oublier ses vacances. Entre deux visites à l'hôpital, il va percer à jour une de ces passions morbides qui peuvent naître au sein d'une vie en apparence aussi calme et équilibrée que celle du Dr Bellamy...