Agatha Christie, le chapitre disparu

En 1926, la mère de Agatha Christie meurt et son mari infidèle lui annonce son intention de divorcer. Elle disparaît alors durant une dizaine de jours. Disparition qu’elle n’expliquera jamais.

 « Bon sang, pourquoi ai-je fermé les yeux en lançant la voiture dans la pente », articulai-je. 
 « Puisque c'est comme ça, tant pis, c'est que je dois vivre ! » Je me souviens avoir prononcé cette phrase et je me rappelle également sur quel ton je l'ai émise.
Je me sentis soudain soulagée d'un immense poids, je ne mourrai pas aujourd'hui, ni demain, plus question de mettre fin à mes jours. À la seconde que je crus être la dernière de ma vie, je dois l'avouer, j'avais supplié à la voiture de stopper son allure, à ma mère de me sauver, « non, je ne veux pas mourir, Maman, Maman ». La peur avait été si grande.
Agatha Christie, le chapitre disparu de Brigitte Kernel

Brigitte Kernel s’empare de cette rocambolesque histoire et comble les vides de cette affaire dont toute l’Angleterre parla.

Leeds Mercury - Wednesday 15 December 1926
Leeds Mercury – Wednesday 15 December 1926

C’est drôle, pétillant et léger (un peu beaucoup, même), comme une enquête menée par la protagoniste de son propre rapt

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
The End.
Voilà, le livre est fini.
J'y ai posé le point final vers quinze heures.
Le titre : Une autobiographie. Il n'y a pas plus simple.
Juste au-dessus, en lettres capitales, mon nom, Agatha Christie.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Hiver 1926. Agatha Christie disparaît. L'Angleterre retient son souffle. Pourquoi et comment la reine du crime s'est-elle volatilisée dans la nature ? Qu'a-t-elle fait pendant onze jours ? Cette histoire vraie demeure comme une zone d'ombre dans la vie de la plus célèbre des romancières anglaises et personne encore n'est parvenue à élucider cette énigme.

Dans ce roman passionnant, Brigitte Kernel se glisse dans la peau d'Agatha Christie pour revenir sur cet épisode mystérieux, reconstituer l'étrange disparition, déterrer une sombre affaire de vengeance et même découvrir une histoire d'amour.

Maikan

Un livre comme un film d’horreur, mais en pire. Car tout cela a réellement existé. Et pire encore.

Quelques jours plus tard, quand les élèves se lèvent, personne ne remarque le lit vide. Personne ne note l'absence du numéro vingt. C'est en allant chercher du bois de chauffage, Charles qui, dans la remise. Elle se balance dans la pénombre Sa tête est bizarrement inclinée, ses yeux exorbités semblent fixer le mur de planches, comme si Jeanne avait tenté de voir au-delà.
Charles soulève le corps inerte. Il lui paraît étonnamment léger. Il retire délicatement la corde qui ceint le cou de Jeanne. Puis pose la jeune fille sur le sol. Charles secoue la dépouille déjà refroidie. Isolerait que Jeanne s'éveille, qu'elle a battre et yeux. Il aimerait que son cœur se remette à réchauffe sa poitrine. Mais Jeanne est déjà ailleurs. Son visage, purgé de sang, offre une blancheur qui en rappelle une autre à Charles et qui fait monter en lui une rage sourde et irrépressible.
Maikan de Michel Jean

Acculturation, viols, disparitions, violences systématiques et encore pire (oui, vraiment !), en témoignent les macabres découvertes des dernières années. Des crimes perpétrés par l’église et l’état, main dans la main.

Salle de classe du pensionnat de Fort George, 1939. Archives Deschâtelets-NDC, fonds Deschatelets, Z SS20 D15-3.
Salle de classe du pensionnat de Fort George, 1939. Archives Deschâtelets-NDC

Pourtant, Maikan, reste un beau livre sous la plume de Michel Jean, un très beau livre même grâce à l’humanité et la sensibilité de l’auteur de Kukum ou Atuk. Un livre qui persiste à croire en l’amour, la fraternité et la solidarité, même dans les pires moments

Note en fin d’ouvrage :
Le pensionnat catholique de Fort George a ouvert ses portes en 1936 et les a fermées seize ans plus tard, en 1952. On ne connaît pas avec certitude le nombre de pensionnats ayant existé au Canada. De la fin du XIX siècle à la fin du XX siècle, la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens en a répertorié cent trente-neuf, dont douze au Québec. Le dernier pensionnat a fermé ses portes en 1996, en Saskatchewan.
Cent cinquante mille enfants autochtones ont fréquenté ces établissements. Plus de quatre mille y sont morts. Les conditions de vie difficiles qui prévalaient dans les pensionnats sont le plus souvent attribuables au financement insuffisant du gouvernement canadien. Elles ont entraîné des problèmes sanitaires, un régime alimentaire inadéquat et un manque de vêtements et de médicaments pour les enfants sur place.
La situation est devenue si inquiétante qu’au début du XX siècle le médecin et directeur de la santé du ministère des Affaires indiennes, Peter H. Bryce, a sonné l’alarme et a rédigé pour ses supérieurs de nombreux rapports qui indiquaient que les Autochtones du Canada risquaient d’être décimés, par la tuberculose notamment. Le gouvernement canadien ignora les recommandations de Bryce et le démit de ses fonctions. Dans un ouvrage publié en 1922, Bryce qualifia l’attitude du Canada de « crime national ».
Aujourd’hui, les Nations unies considèrent comme un génocide le fait de retirer les enfants de leurs foyers en se basant sur leur appartenance ethnique pour les placer dans un environnement étranger afin de les endoctriner. Le Canada reconnaît maintenant publiquement que l’objectif des pensionnats était d’assimiler les Autochtones, en somme de « tuer l’Indien dans l’enfant » ; mais souvent, comme le dit le chanteur innu Florent Vollant, ils ont tué l’enfant aussi. Le 11 juin 2008, le Premier ministre Stephen Harper a présenté les excuses officielles du gouvernement canadien aux Autochtones: « L’héritage laissé par les pensionnats indiens a contribué à des problèmes sociaux qui persistent dans de nombreuses communautés aujourd’hui. » A l’image de plus de vingt-cinq pays dans le monde, dont l’Afrique du Sud après l’apartheid et plusieurs États d’Amérique du Sud, tels le Brésil et l’Argentine, le Canada a créé en 2007 la Commission de vérité et de réconciliation, avec pour mandat de lever le voile sur les agressions physiques, sexuelles et mentales qu’ont subies beaucoup d’enfants ayant fréquenté les pensionnats. Dans le rapport final qu’il a rendu en 2015, le chef de la Commission, le juge et actuel sénateur Murray Sinclair, a parlé d’un « génocide culturel » perpétré à l’encontre des populations autochtones du pays aux XIX siècle et XX siècle, une qualification reprise par Beverley McLachlin qui était alors la juge en chef de la Cour suprême du Canada.
Quatre-vingt mille anciens pensionnaires vivent encore.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La pelle frappe le sol, comme la hache l'arbre à abattre. Cette terre ne se laisse pas travailler facilement et l'acier s'y enfonce avec difficulté. II creuse, un coup à la fois, avec une sourde résolution. À mesure que s'ouvre le sol, il bute contre des pierres, de plus en plus nombreuses, de plus en plus grosses, qu'il extrait à la main, une à une.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
À quatorze ans, Virginie, Marie et Charles sont arrachés à leurs familles sur ordre du gouvernement canadien. Avec les autres enfants innus du village, ils sont conduits dans un pensionnat, à près de mille kilomètres de chez eux, pour y être éduqués. Là-bas, il leur est interdit de parler leur langue, leurs cheveux sont rasés, leurs objets personnels confisqués. Ils ne sont désormais plus qu'un numéro.

Que s'est-il réellement passé à Fort George, île maudite balayée par l'impitoyable vent du large ?

Soixante-dix ans plus tard, l'avocate Audrey Duval cherche à comprendre ce qu'il est advenu des trois jeunes gens mystérieusement disparus.

La pouponnière d’Himmler

C’est froid, impersonnel et les maigres émotions qui transparaissent ne suscitent guère d’empathie. Difficile d’entrer dans ce roman. Dans cette fiction historique devrais-je dire, et même là, le mot fiction semble de trop, tant cela devait bien ressembler à ça.

Plus de sirènes, mais les dents de Renée continuent à claquer. La guerre arrivera. Elle en est sûre. Elle le sent, même physiquement, que la guerre est en train d'avancer dans sa direction. Respiration haletante, comme si elle courait. couchera plus, elle ne sera plus jamais chez elle nulle part. Elle le sent dans le picotement du bout de ses doigts. Elle le sent dans ses os.

La guerre arrive
La pouponnière d’Himmler de Caroline De Mulder

Alors oui, voilà probablement un livre excellent par sa volonté de coller au plus près de ce que furent ces Lebensborn. Ces maternités de sang pur – délire eugéniste – qui étaient censées repeupler un Reich arien.

Mais il m’a manqué clairement un plaisir de lire. Tel n’était vraisemblablement pas le but

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Deux cents langes, sur trois rangées parallèles. Pas un souffle dans la blancheur du coton. Un parfum de savon de Marseille, de lait sucré. Des rires grelottants. Un moment ils couvrent les gazouillis d'enfants qui viennent à la fois du parc et des fenêtres grandes ouvertes. Les femmes qui rient sont quatre, elles parlent et retirent des cordes les pinces à linge, les jettent dans une boîte métallique. Elles plient les carrés de tissu, qu'elles empilent ensuite dans de vastes paniers d'osier.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Heim Hochland, en Bavière, 1944. Dans la première maternité nazie, les rumeurs de la guerre arrivent à peine ; tout est fait pour offrir aux nouveau-nés de l'ordre SS et à leurs mères « de sang pur » un cadre harmonieux. La jeune Renée, une Française abandonnée des siens après s'être éprise d'un soldat allemand, trouve là un refuge dans l'attente d'une naissance non désirée. Helga, infirmière modèle chargée de veiller sur les femmes enceintes et les nourrissons, voit défiler des pensionnaires aux destins parfois tragiques et des enfants évincés lorsqu'ils ne correspondent pas aux critères exigés : face à cette cruauté, ses certitudes quelquefois vacillent. Alors que les Alliés se rapprochent, l'organisation bien réglée des foyers Lebensborn se détraque, et l'abri devient piège. Que deviendront-ils lorsque les soldats américains arriveront jusqu'à eux ? Et quel choix leur restera-t-il ?

Reconstituant dans sa réalité historique ce gynécée inquiétant, ce roman propose une immersion dans un des Lebensborn patronnés par Himmler, visant à développer la race aryenne et à fabriquer les futurs seigneurs de guerre. Une plongée saisissante dans l'Allemagne nazie envisagée du point de vue des femmes.

Azincourt par temps de pluie

Avec Jean, c’était souvent truculent, picaresque, avec du gras sur la viande, du bruit en mangeant la soupe, une bonne claque dans le dos et une chopine de gros rouge en fessant la bonniche.

Alors que ça s'engueule à l'intérieur de la tente pour savoir où foutre les arbalétriers et les canons, à l'extérieur ça cause chiffon (de fer) :
 - Moi, pour la cotte de mailles, j'aime bien les anneaux rivés. C'est plus souple.
 - Je les préfère soudés, c'est plus compact. 
Pendant que des valets douchés tendent des lanières de cuir autour de leur personne, deux nobles de moindre importance que ceux qui entourent Charles d'Albret, sous la pluie diluvienne, comparent leurs armures :
 - Je voulais que la mienne ait une influence italienne mais aussi avec le style allemand; italienne dans ses formes plus seyantes mais allemande dans le décor de ses cannelures destinées à renforcer le métal.
 - Pour n'être pas directement à même la peau, au contact des plaques de tôle qui m'écorcheraient, j'ai demandé qu'on garnisse la face interne de ma carapace de drap et de velours.
 - Et moi je l'ai fait bourrer de coton et de soie. Avez-vous remarqué que mon épée, que j'ai baptisée « Douce », porte la marque d'un atelier d'Augsbourg ?
Azincourt par temps de pluie de Jean Teulé

La bataille d’Azincourt (vue du côté français), c’est une grosse défaite, la loose totale et une boucherie innommable. Une bataille qui sonnera la fin des guerres chevaleresques.
 - Je veux laver l'honneur de la France !
Au galop, épée au poing, il rejoint puis s'élance par-dessus la colline de percherons et d'hommes morts pour se jeter, seul, à l'assaut de l'armée ennemie tandis que le seigneur de Dammartin, qui l'observe, dit :
 - Quand même, il arrive bien tard, lui... 
Tué aussitôt, du crâne brisé d'Antoine de Brabant la cervelle se répand sur ses épaules alors que le comte d'Aumale précise au seigneur :
 - Oui mais juste à temps pour mourir !
Ben voilà, hein ! On s'emporte, on s'emporte...

Et les goguenards français partis pour ne faire qu’une bouchée des anglais décimés par la dysenterie. Nobles et nobliaux fanfaronnant en tête, pleins de leur bravoure et de leur supériorité, vont se prendre la pâtée !

Le matin précédant la bataille. Peinture de Sir John Gilbert (1884)

C’est gaulois, drôle et enlevé, mais c’est une boucherie. Il fallait Jean pour raconter ça

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Jeudi 24 octobre 1415
- Tiens, voilà aussi le poète !... Parmi les plis remuants de sa bannière trempée, on aperçoit un serpent couronné avalant un enfant. C'est celle du duc Charles d'Orléans!
- Oh, père, le neveu du souverain? Il semble jeune d'allure.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Azincourt, un joli nom de village, le vague souvenir d'une bataille perdue. Ce 25 octobre 1415, il pleut dru sur l'Artois. Quelques milliers de soldats anglais qui ne songent qu'à rentrer chez eux se retrouvent pris au piège par des Français en surnombre. Bottés, casqués, cuirassés, armés jusqu'aux dents, brandissant fièrement leurs étendards, tous les aristocrates de la cour de France se précipitent pour participer à la curée. Ils ont bien l'intention de se couvrir de gloire, dans la grande tradition de la chevalerie française. Aucun n'en reviendra vivant. Toutes les armées du monde ont, un jour ou l'autre, pris la pâtée, mais pour un désastre de cette ampleur, un seul mot s'impose : grandiose !

Avec la verve qu'on lui connaît et son sens du détail qui tue, Jean Teulé nous raconte ces trois jours dantesques où, sous une pluie battante, des milliers d'hommes se sont massacrés dans un affrontement sanglant d'autant plus désastreux que cette bataille était parfaitement inutile.

L’heure H : pour ne plus jamais baisser la tête

Erri de Luca et Cosimo Damiano Damato cosignent ici une brève (beaucoup trop brève) plongée dans la lutte ouvrière du sud de l’Italie.

L’heure H : pour ne plus jamais baisser la tête de Erri De Luca et Cosimo Damiano Damato, dessin de Paolo Castaldi

Le dessin de Paolo Castaldi est très réussi, les angles de vue, les crayonnés et des aquarelles sont fort bien rendus. Bruts et monochromes avec de nombreux gros plans qui plongent dans le récit. C’est vraiment le grand plus de cet album.

Malheureusement, de nombreux aller-retour entre les années 70 et aujourd’hui (qui démontrent l’actualité de la lutte) compliquent un récit déjà trop succinct

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
« Des arbres séculaires tombent comme des marionettes en bois »


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le récit des luttes ouvrières dans l'Italie des années 70

Sara et Sebastiano vivent leur amour à l'ombre de l'entreprise de sidérurgie Italsider. Ils luttent pour un avenir juste et équitable où les ouvriers ne travailleraient plus à la pièce, ne seraient plus exploités et où les usines seraient un lieu de travail, de droits et non de mort ; Un avenir où les pêcheurs et les paysans, qui ont vécu pendant des siècles avec dignité de ce que la mer et la terre des Pouilles pouvaient leur donner, ne seraient pas des laissés-pour-compte.

Sara et Sebastiano font partie d'une des plus importantes formations de la gauche extraparlementaire italienne, active de la fin des années 60 à la première moitié des années 70. Leur militantisme tumultueux se déroule dans les rues de Tarente, accompagné jour après jour par les articles du quotidien Lotta continua, organe officiel du groupe politique du même nom.

L’histoire du roi qui ne voulait pas mourir

Sordide coïncidence, Jean Teulé est mort en écrivant cette histoire. C’est bien ballot !

Utilisez-le de manière à ce qu'aucune plainte des victimes ne puisse m'échapper. C'est la musique que je préfère... 
Être impitoyable.
L’histoire du roi qui ne voulait pas mourir de Jean Teulé

La fin de vie de Louis XI vue sous un angle à la Teulé : un peu crade, violent, méchant et purulent… Sans pitié !

L’histoire du roi qui ne voulait pas mourir dessins de Dominique Gelli

Manuscrit inachevé, des amis se sont proposés pour le terminer. Hommages, souvenirs, fins théâtrales, dessins, photos… Ils accompagnent cette drôle d’histoire en beauté.

C’est touchant sans sensibleries ni mélo.

Merci

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Au sortir d'une nuit de pleine lune, sur une plage insulaire de mer très lointaine, des fruits et des fleurs naissent ensemble dans la lumière qui apparaît. En cette petite terre volcanique émergée, faisant partie d'un archipel d'une dizaine d'îles inhabitées, croît une variété d'arbres qu'on ne trouve nulle part ailleurs au monde et pouvant survivre au contact de l'eau de mer.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Jean aimait rire de la mort. Il se moquait de l'embarras des survivants.

« Je vous préviens : je n'irai pas à votre enterrement », et il éclatait de ce rire énorme dont il avait le secret.

Le 18 octobre 2022, une bactérie sournoise l'a foudroyé.

Il laisse un vide, un silence, un manque insondable.

Il laisse aussi la première partie du manuscrit qu'il était en train d'écrire. L'histoire de Louis XI, ce monarque singulier qui, tout en étant de ceux qui ont posé les fondations de la nation française, a commis les plus effroyables crimes qu'on puisse imaginer.

Ses amis nous ont convaincus de publier ce texte inachevé. Philippe Jaenada, Enki Bilal, Dominique Gelli, Florence Cestac, François Delebecque, Philippe Druillet et Benjamin Planchon ont improvisé des textes et des images sur la dernière création de Jean Teulé.

Rodina

Baru mélange ici la grande histoire et les petites, les souvenirs et les faits historiques… réels ou distordus par le temps

Rodina de Baru

L’histoire de la libération d’un train de prisonniers et de prisonnières qui rejoignirent les rangs de la résistance… Oui, les femmes aussi !

Hélas, la frontière entre les faits, le présent et ce qui est raconté n’est pas toujours très claire et si le choix narratif m’a semblé très sympa, le résultat m’a finalement perdu. Mais peut-être aurais-je du lire sa trilogie Bella ciao avant

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je vous ai déjà dit (j'ai vérifié) qu'Enrico s'appelait Heinrich, en réalité...
... Heinrich Becker, précisément, et qu'il était allemand


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans la nuit du 7 au 8 mai 1944, un détachement de FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans-main d'oeuvre immigrée) commandée par Jules Montanari, alias commandant Jacques, fit s'évader trente-sept femmes, russes et biélorusses, et vingt-quatre hommes du camp d'Errouville, en Meurthe-et-Moselle. Après un jour et deux nuits de marche forcée, elles et ils arrivèrent, les pieds en sang, au maquis de l'Argonne. Les hommes furent facilement dispersés dans les différents maquis. Mais les femmes ? Le commandant Jacques avait prévu de les placer dans des familles sûres jusqu'à la fin de la guerre. Sauf quelles voulaient se battre. À l'usure, elles eurent gain de cause et fondèrent le seul et unique détachement exclusivement féminin de la Résistance française. Elles le baptisèrent Rodina, qui veut dire « patrie » en russe.

Croke Park : 21 novembre 1920. Dimanche sanglant à Dublin

L’histoire d’un massacre perpétré par l’armée anglaise suite à des exécutions menées par l’IRA le matin même.
En trois minutes, 14 morts et 62 blessés dans un stade lors d’un match de bienfaisance de football gaélique.
Un événement qui précipitera la naissance de l’état d’Irlande.

Croke Park : 21 novembre 1920. Dimanche sanglant à Dublin de Sylvain Gâche, dessins et couleurs de Richard Guerineau

En miroir d’un match de rugby qui se joua en 2007 dans le même stade, cet album raconte les événements de 1920, heure par heure qui se terminèrent dans un bain de sang. Une bande dessinée suivie par un dossier succinct mais très clair et pédagogique.

Si l’histoire est claire et bien développée, le dessin naïf et figé m’a beaucoup moins attiré. Reste une très bonne BD pour expliquer une des facette de la guerre d’indépendance

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
In valley green, on towering crag,
Our fathers fought before us,
And conquered.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« - Vous êtes venus pour l'opération de demain ? - Quelle opération ? Nous sommes venus pour jouer contre Dublin, à Croke Park ! »

Le 21 novembre 1920 à Dublin, le stade de Croke Park, enceinte des sports traditionnels irlandais, accueille une rencontre de football gaélique. Mais le matin même, le Cairo Gang - des espions anglais chargés d'éliminer les indépendantistes irlandais - est littéralement décimé par les Douze Apôtres, une unité de l'IRA dirigée par Michael Collins. Persuadés que les tueurs se cachent au sein des spectateurs, les paramilitaires britanniques vont pénétrer dans le stade et y perpétrer un véritable massacre...

En 2007, lors du tournoi des Six Nations, les matchs de rugby doivent être délocalisés pour la première fois à Croke Park. Hasard du tirage au sort, c'est l'Angleterre qui vient y affronter les favoris : l'Irlande... L'idée d'entendre le God Save the Queen résonner au coeur même des lieux de la tragédie ravive la douloureuse mémoire du Bloody Sunday de 1920.

Mêlant habilement un grand moment de réconciliation par le sport et les drames de l'indépendance. Richard Guérineau et Sylvain Gâche s'emparent avec souffle de ces moments clefs de l'Histoire irlandaise...

L’enragé

Les droits de l’enfance, en fin de compte, sont une notion passablement récente. Sévices, exploitation, viol, enfermement, punitions corporelles… toutes ces violences étaient courantes et acceptées jusqu’à peu.

Il a rangé sa trique.
 - Tu es une vraie teigne toi, hein ?
Pas de réponse.
 - Maintenant tu baisses les yeux, a ordonné Chautemps.
J'ai été condamné à trente jours de quartier disciplinaire, dont trois au pain sec et à l'eau. Privé de cours, de messe, de récréation et de réfectoire. Repas au cachot et présence obligatoire à la corderie. Ils me punissaient mais m'obligeaient à travailler.
L’enragé de Sorj Chalandon

À la fin des années 30, tous les enfants s’échappèrent de la maison de correction de Belle-Île-en-mer (un bagne, donc !) et tous furent rattrapés… tous sauf un.

J'ai retrouvé Soudars à l'infirmerie. Il avait fracassé la vitrine du meuble à médicaments. Il était seul. Lorsqu'il m'a vu, il a tenté de s'enfuir. Mes poignets étaient bleus de sa corde. Je sentais encore le mât dans mon dos.
Je l'ai coincé violemment contre le lit de consultation. Coup de poing à la tempe.
 - Fais pas le con, Bonneau !
Coup de tête. Craquement d'os, son nez. Nouveau coup dans les dents. Il avait la bouche ouverte, j'ai senti sa morsure sur mon front. Sa mâchoire qui cède. Il s'est effondré sur le dos, au milieu des fioles de gardénal. Je lui ai donné un coup de pied dans la tête, un deuxième. Longtemps j'avais rêvé de cette scène. Je rythmais chaque sévice par un commentaire.

Sorj Chalandon imagine et raconte son histoire, la violence, l’injustice, la haine, la vengeance et la colère.

Un livre prenant, rude et choquant. Dans cet enfer et au travers de cette évasion, il interroge la possibilité d’un après. Comment vivre avec ?

Magnifique

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tous sont tête basse, le nez dans leur écuelle à chien. Ils bouffent, ils lapent, ils saucent leur pâtée sans un bruit. Interdit à table, le bruit. Le réfectoire doit être silencieux.
- Silencieux, c'est compris ? a balancé Chautemps pour impressionner les nouveaux.
Sauf à la récréation, la moindre parole est punie.
Le surveillant-chef empêche même les regards.
- Je lis dans vos yeux, bandits.
Cet ancien sous-officier marche entre les tables, boudiné dans son uniforme bleu.
- J'y vois les sales tours que vous préparez.
Sa casquette de gardien au milieu de nos crânes rasés. Moysan, Trousselot, Carrier, L'Abeille, Petit Malo, même Soudars le caïd, tous ont la tête dans les épaules. Notre troupe de vauriens semble une armée vaincue.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Je n’ai pas le droit aux sentiments. Les sentiments c’est un océan, tu t’y noies. Pour survivre ici, il faut être en granit. Pas une plainte, pas une larme, pas un cri et aucun regret. Même lorsque tu as peur, même lorsque tu as faim, même lorsque tu as froid, même au seuil de la nuit cellulaire, lorsque l’obscurité dessine le souvenir de ta mère dans un recoin. Rester droit, sec, nuque raide. N’avoir que des poings au bout de tes bras. Tant pis pour les coups, les punitions, les insultes. S’évader les yeux ouverts et marcher victorieux dans le sang des autres, mon tapis rouge. Toujours préférer le loup à l’agneau. »
Dans la nuit du 27 août 1934, cinquante-six gamins se révoltent et s’échappent de la colonie pénitentiaire pour mineurs de Belle-Île-en-Mer. Voici ouverte la chasse aux enfants. Tous sont capturés. Tous ? Non : aux premières lueurs de l’aube, un évadé manque à l’appel. Voici son histoire…

L’été où tout arriva : 1927, l’Amérique en folie

Tournant principalement autour de l’événement majeur de cette année, la traversée de l’Atlantique par Charles Lindbergh, Bill Bryson nous raconte à sa manière cette année marquante de l’Amérique moderne.

L’été où tout arriva: 1927, l’Amérique en folie de Bill Bryson

Un été de prohibition, juste avant le grand crash économique et la grande guerre qui suivra, en pleine démocratisation de la radio et à l’arrivée du cinéma parlant, au milieu des États-Unis – pays de la boxe et du base-ball – gouvernés de façon (j’allais dire bizarre mais peut être faudrait-il écrire) habituelle.

En vrai rat de bibliothèque, documentaliste infatigable, scrutateur de l’énorme et du détail, Bill Bryson livre un pavé d’humour et d’histoire.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Mai 1927 : Charles Lindbergh traverse l'Atlantique seul, sans escale et de continent à continent. Cet exploit va changer le monde et les États-Unis, comme plusieurs autres événements survenus jusqu'en septembre dans ce pays qui ne connaît pas encore la crise mais doit déjà faire face aux dérèglements climatiques, aux tueurs fous et aux bizarreries de son président.

Cette Amérique qui ressemble à celle d'aujourd'hui nous est racontée par l'auteur de non-fiction préféré des Anglo-Saxons. Il le fait avec autant de joyeuse érudition que d'humour noir, et au travers d'une foule de personnages aussi différents que Henry Ford (génial constructeur automobile mais sinistre antisémite), Al Capone (joufflu comme un bébé mais beaucoup moins inoffensif) et Walt Disney, à qui l'exploit de Lindbergh inspirera un héros pilote sous les traits... d'une souris