Une sortie honorable

Après une brève description de l’enfer colonial qui ressemble comme deux gouttes d’eau aux atrocités commises par Léopold II au Congo, rappelées dans Le coeur des ténèbres, en Algérie ou qu’on retrouve dans Exterminez toutes ces brutes !, Eric Vuillard raconte avec force anecdotes la guerre d’Indochine.

Une sortie honorable de Éric Vuillard

Et comme à son habitude, il use d’effets, de projections, de circonvolutions et de bons mots (un peu beaucoup d’ailleurs, et cela nuirait presque à l’efficacité de son argumentaire).

Mais à la fin, il retombe sur ces pattes et cette sortie honorable démontre qu’elle ne le fut en rien. Les profiteurs de guerre dans leurs beaux salons s’en sont rempli les poches dans leurs beaux costumes une fine et un cigare à la main. Les incapables en uniformes de parade ont fait leur job à la perfection en décimant tant et plus ne laissant que désolation et terres brulées.

Qui, bien au chaud, gouverne, à qui profitent ces crimes et les puants sont-ils dans les cachots ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Et si je vous en donnais deux ?, lui lança-t-il.
- Deux quoi ? », répondit le ministre français, interloqué, incapable de faire le lien entre la conversation diplomatique, somme toute assez classique qu'il menait à propos de Diên Biên Phu, et cette question à la tournure tout à fait saugrenue.
« Deux bombes atomiques... », précisa le secrétaire d'Etat américain.
É.V.

Le roi n’avait pas ri

Triboulet fut le fou du roi Louis XII puis de François 1er.

Le roi n’avait pas ri de Guillaume Meurice

Guillaume Meurisse, amuseur public et politique en conte son histoire de façon… un peu désabusée

L’humour n’aurait donc aucune autre utilité que celle de faire rire ?

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Triboulet fut le difforme et volubile bouffon de Louis XII et François Ier. À travers sa vie de frasques et de facéties, il testa à chaque instant les limites de sa liberté. Jusqu'à... la blague de trop.

Le pouvoir tolère-t-il vraiment le rire ? Lorsqu'elle est permise par un roi, l'irrévérence fait-elle révérence ?
L'ascension et la chute de Triboulet, racontée par un bouffon du XXIe siècle

Le bal des folles

Humanisme, exhibitionnisme ou voyeurisme, les débuts de la médecine psychiatrique ont donné lieu à quelques approximations dans une société patriarcale et conformiste. Un livre qui témoigne de la position des femmes et de leur fragilité dès qu’elles montraient quelque velléité d’affirmation ou qui aspiraient à simplement vivre comme elles le souhaitaient.

Le bal des folles de Victoria Mas

Pas trop fan des esprits… Mais qu’importe, Magnifique !

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« Depuis l'arrivée de Charcot à la Salpêtrière, on dit que seules les véritables hystériques y sont internées. Mais le doute subsiste... »

Chaque année, à la mi-carême, se tient, à la Salpêtrière, le très mondain Bal des folles. Le temps d'une soirée, le Tout-Paris s'encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires. Cette scène joyeuse cache une réalité sordide : ce bal « costumé et dansant » n'est rien d'autre qu'une des dernières expérimentations de Charcot, adepte de l'exposition des fous.

Dans ce livre terrible, puissant, écrit au scalpel, Victoria Mas choisit de suivre le destin de ces femmes victimes d'une société masculine qui leur interdit toute déviance et les emprisonne. Parmi elles, Geneviève, dévouée corps et âme au service du célèbre neurologue ; Louise, une jeune fille « abusée » par son oncle ; Thérèse, une prostituée au grand coeur qui a eu le tort de jeter son souteneur dans la Seine ; Eugénie Cléry enfin qui, parce qu'elle dialogue avec les morts, est envoyée par son propre père croupir entre les murs de ce qu'il faut bien appeler une prison.

Un hymne à la liberté pour toutes les femmes que le XIXe siècle a essayé de contraindre au silence

14 juillet

En s’emparant de la prise de la Bastille, Eric Vuillard a voulu redonner son nom au peuple. Quentin, Richard, Rogé, Masson, Miclet et tant d’autres…

14 juillet de Éric Vuillard

Du coup, comme dans tous ses livres c’est toujours aussi brillant, enlevé, drôle et incisif… mais, un peu longuet quand même et parfois brouillon. Mais bon ! Cette journée était brouillonne et fut fort longue…

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Tout commence par une folie. Le 28 avril 1789, quelques jours avant l'ouverture des états généraux, les ouvriers de la manufacture royale, menacés d'une baisse de salaire, mettent à sac la folie Titon.

Moins de trois mois passent. Au matin du 14 juillet, le peuple de Paris se soulève, la Bastille doit rendre gorge. Une myriade d'émeutiers, hommes et femmes, donnent chair à la révolte à coup de petits héroïsmes, morceaux de bravoure prosaïques : charrier des planches de bois, rouler les canons sur le pavé, soigner les blessés, encourager les uns, vilipender les autres, cogner, vociférer, mettre le feu aux poudres...

Parce que c'est depuis la foule sans nom que l'on comprend le soulèvement d'un peuple, Éric Vuillard déploie une narration collective composée de figures singulières, entraînées dans ce formidable élan qu'est la prise de la Bastille. Ses miniatures éclatantes forment une fresque magistrale qui redonne vie à cette grande journée pétrifiée par le temps. Un livre flamboyant, où notre fête nationale retrouve sa beauté tumultueuse

Ganda

Eugène nous raconte les grands explorateurs du Portugal au travers du périple de Ganda, rhinocéros d’Inde offert par Alfonso de Albuquerque à son Roi, Manuel I et peint par Albrecht Durer qui ne l’avait jamais vu. Un roman historique dans la veine des meilleurs romans historiques de Cavanna.

Ganda de Eugène
Ganda de Eugène

C’est monstre drôle et cultivé ! Un voyage autour du monde avec le célèbre Ganda et son cornac, le sourire en bandoulière.

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Ganda, c'est l'histoire folle d'un rhinocéros parti d'Inde pour rejoindre la ménagerie du roi Manuel Ier du Portugal, en caravelle ! Un cadeau diplomatique de deux tonnes et demie qui ne passe pas inaperçu et aiguise les imaginations...

C'est aussi le roman d'Ossem, le cornac obligé de suivre le pachyderme dans son odyssée. Malin, inventif, Ossem se donne tous les droits pour améliorer son triste sort.

Avec ironie et une pointe d'érudition, Eugène nous emmène dans un récit plein de surprises. De Goa à Lisbonne et de Gênes à Nuremberg, les puissants de ce monde en prennent pour leur grade

La guerre des pauvres

En Europe, les inégalités sont crasses (en ce 15e siècle), le clergé s’engraisse et les impôts tabassent.

La guerre des pauvres de Éric Vuillard
La guerre des pauvres de Éric Vuillard

Les hommes se soulèvent.

Un livre peut-être un peu moins inspiré que les brillantissimes Congo ou l’ordre du jour. Restent une écriture impeccable et un sujet fort bien amené par conteur talentueux!

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Les exaspérés sont ainsi, ils jaillissent un beau jour de la tête des peuples comme les fantômes sortent des murs.
É. V.