Première personne du singulier

Que dire de ce recueil de nouvelles un peu quelconques d’un auteur si talentueux. Qu’il a besoin de se raconter, qu’il est en panne de créativité, qu’il vieillit, qu’il se retrouve en manque de liquidités ?

Première personne du singulier de Haruki Murakami

Huit nouvelles pas forcément désagréables qui parlent de lui, de souvenirs, de musique, de rencontres féminines, de baseball ou même parfois un peu fantastiques avec un singe qui savait parler (et qui sauve ce recueil).

La sensation de passer une soirée avec un grand-père qui raconte des anecdotes de sa longue vie :
– en 1964, je me souviens, les Beatles chantaient « I Want to Hold Your Hand »

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Après le succès de Des hommes sans femmes, Murakami renoue avec la forme courte. Composé de huit nouvelles inédites, écrites, comme son titre l'indique, à la première personne du singulier, un recueil troublant, empreint d'une profonde nostalgie, une sorte d'autobiographie déguisée dont nous ferait cadeau le maître des lettres japonaises.

Un homme se souvient
De la femme qui criait le nom d'un autre pendant l'amour
Du vieil homme qui lui avait révélé le secret de l'existence, la « crème de la crème » de la vie
De Charlie Parker qui aurait fait un merveilleux disque de bossa-nova s'il en avait eu le temps
De sa première petite amie qui serrait contre son coeur le vinyle With the Beatles
Des matchs de base-bail si souvent perdus par son équipe préférée
De cette femme si laide et si séduisante qui écoutait le Carnaval de Schumann
Du singe qui lui avait confessé voler le nom des femmes qu'il ne pouvait séduire
De ces costumes qu'on endosse pour être un autre ou être davantage nous-même.

Un homme, Murakami peut-être, se souvient que tous ces instants, toutes ces rencontres, anodines ou essentielles, décevantes ou exaltantes, honteuses ou heureuses, font de lui qui il est

Les grands espaces

Avec une époustouflante (si, si !) première page que seule la bande dessinée peut offrir, Catherine Meurisse nous emporte avec elle au pays de son enfance.

Les grands espaces de Catherine Meurisse

Alors qu’elle est encore toute petite, ces parents déménagent en campagne dans une vielle ferme à moitié détruite. Une ruine, quoi.

Elle raconte la nature, les objets, les gens, les paysans et le Roundup, les fleurs et la poésie des arbres, la magie de la nature, l’émerveillement de l’enfance.

Et c’est très chou !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Les filles, la campagne sera votre chance», ont dit les parents. Catherine Meurisse a donc passé son enfance au grand air. Sous ses yeux, un chantier : une vieille maison à rénover, des arbres à planter, un jardin à créer. Des rêves à cultiver. On laboure, on bouture, on plante un rosier provenant de chez Montaigne, un figuier de chez Rabelais. On observe le tumulte du monde - les mutations de l'agriculture, la périurbanisation du monde rural...
Avec l'humour qu'on lui connaît, Catherine Meurisse compose un poème malicieux dédié à la campagne, où a germé sa vocation de dessinatrice. Les Grands Espaces, comme La Légèreté, son précédent album, l'attestent : la nature et l'art - tout ce qui pousse, tout ce qui vit envers et contre tout - seront une chance

Les amis de Pancho Villa

Rodolfo Fierro était la bras droit de Pancho Villa. Un tueur sanguinaire et sans pitié.

Les amis de Pancho Villa de Léonard Chemineau

Adapté d’un roman de James Carlos Blake, Léonard Chemineau propose ici bout de l’histoire de la révolution mexicaine – sa partie sanglante en tout cas – avec un graphisme particulièrement à propos.

Une histoire quand même un peu touffue pour être résumée dans une BD de 128 pages dans lesquelles la mort s’invite plus souvent qu’à son tour

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'est en 1910 que tout a commencé.
Je faisais deux ans de taule à Chihuahua pour avoir buté un flic.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quoi de mieux pour narrer l'épopée de la révolution mexicaine que de se mettre dans la peau de Rodolfo Fierro, le plus fidèle et irréductible compagnon de Pancho Villa ? À travers son récit, c'est l'histoire chaotique du Mexique au début du XXe siècle qui défile. L'odyssée grandiose et pitoyable de ces révolutionnaires à la fois idéalistes et cruels.
Entre faits et fiction, une vision très noire, d'où émergent des moments d'authentique grandeur, le dévouement et le courage d'hommes sans mesure, qui embrassent la vie et la mort avec la même fougue. Une réflexion sur le sens de l'action révolutionnaire

Un barrage contre L’Atlantique

Assis dans un fauteuil dans une belle propriété de son ami (bientôt ex-ami ?) au bout du Cap-Ferret, Frédéric se désole de vieillir.

Un barrage contre l’Atlantique : un roman français, tome 2 de Frédéric Beigbeder

Mais hélas, l’Atlantique, vagues après vagues, une marée après l’autre grignote les côtes aussi inexorablement que les années grisonnent les tempes des cinquantenaire.

Le petit Frédo nostalgise en se lamentant…

… mais au moins, ne s’évertuait-il pas à faire des phrases dans son roman français

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je voudrais faire ici un aveu : je suis complotiste.

Je pense que la nature conspire pour éradiquer l'homme.

L'être humain ayant causé trop de dégâts à la surface de la Terre, il est logique qu'elle songe à s'en débarrasser.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Au hasard d’une galerie de Saint-Jean-de-Luz, Frédéric Beigbeder aperçoit un tableau représentant une cabane, dans une vitrine. Au premier plan, un fauteuil couvert d’un coussin à rayures, devant un bureau d’écrivain avec encrier et carnets, sur une plage curieusement exotique. Cette toile le fait rêver, il l’achète et soudain, il se souvient : la scène représente la pointe du bassin d’Arcachon, le cap Ferret, où vit son ami Benoît Bartherotte. Sans doute fatigué, Frédéric prend cette peinture pour une invitation au voyage. Il va écrire dans cette cabane, sur ce bureau.
Face à l’Atlantique qui à chaque instant gagne du terrain, il voit remonter le temps. Par vagues, les phrases envahissent d’abord l’espace mental et la page, réflexions sur l’écriture, la solitude, la quête inlassable d’un élan artistique aussi fugace que le désir, un shoot, un paysage maritime. Puis des éclats du passé reviennent, s’imposent, tels « un mur pour se protéger du présent ». A la suite d’Un roman français, l’histoire se reconstitue, empreinte d’un puissant charme nostalgique : l’enfance entre deux parents divorcés, la permissivité des années 70, l’adolescence, la fête et les flirts, la rencontre avec Laura Smet, en 2004… Temps révolu. La fête est finie. Pour faire échec à la solitude, reste l’amour. Celui des siens, celui que Bartherotte porte à son cap Ferret. Et Beigbeder, ex dandy parisien devenu l’ermite de Guétary , converti à cette passion pour un lieu, raconte comment Bartherotte, «Hemingway en calbute», s’est lancé dans une bataille folle contre l’inéluctable montée des eaux, déversant envers et contre tous des millions de tonnes de gravats dans la mer. Survivaliste avant la lettre, fou magnifique construisant une digue contre le réchauffement climatique, il réinvente l’utopie et termine le roman en une peinture sublime et impossible, noyée d’eau et de soleil. La foi en la beauté, seule capable de sauver l’humanité.

Une expérience de lecture, unique et bouleversante, aiguisée, impitoyable, poétique, et un chemin du personnel à l’universel

La cavalière

Retour sur un cas de 1976 dans l’éducation nationale. Une professeure agrégée de philosophie au lycée de Digne fut suspendue de ses fonctions et inculpée d’incitation de mineurs à la débauche.

La cavalière de Nathalie Quintane

Retour sur une époque post soixante-huitarde dans un livre à la structure et au style éclatés et déstructurés. Une lecture difficile, qui souffre de sa radicalité, de digressions incessantes, de ses références désordonnées et à un contexte qui m’est trop lointain

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La Cavalière, c'est elle, Nelly : une acharnée de la vérité qui met le feu partout où elle passe. Mais en ce milieu des années 1970, loin déjà de 1968, on est bien décidé à l'éteindre et pour cela à l'atteindre. Inculpation. Procès. Plus de quarante ans après des témoins parlent ; ils se souviennent d'elle - et de l'époque.

«On comprend mal le présent en partant du passé même si on ne peut comprendre le passé qu'à partir du présent. Mais est-ce que je cherche à comprendre ? Des choses montent - des vues, des bribes. Je les recopie, je les consigne. J'aimerais bien savoir si vous voyez ce que je vois, si vous entendez ce que j'entends, si vous pensez que j'exagère ou au contraire que je suis en dessous de la réalité.»

Mécaniques du fouet : vies de Sainte Eugénie

Une biographie mixant la bande dessinée, la peinture, le dessin, du texte et des réflexions personnelles. Un livre atypique et biscornu comme le fut la vie d’Eugénie Guillou (1861 – date de mort inconnue) et aussi fouillée que les traces de sa vie sont lacunaires.

Mécaniques du fouet : vies de Sainte Eugénie de Christophe Dabitch et Jorge González

De religieuse à mère maquerelle prodiguant le fouet, la vie d’Eugénie s’est déroulée à l’inverse d’une rédemption jusqu’à une fin inconnue.

En reprenant les rares vestiges de son passage principalement constitués de son dossier judiciaire, Christophe Dabitch restitue une histoire hypnotique – et un peu glaucasse quand même – très bien mise en valeur par les peintures et dessins aux techniques mixtes et déroutantes de Jorge González.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Eugénie Guillou fut nonne puis spécialiste de la fessée et des mises en scène sexuelles à Paris, au début du XXe siècle.
On la surnommait «La Religieuse»
Elle voulait être indépendante et inventer sa vie, elle aimait le théâtre du fouet. Disparue, morte, oubliée, elle n'a laissé que quelques traces, comme des petits cailloux.
Aujourd'hui, celui qui vous raconte son histoire a ramassé les petits cailloux.
Il y a un siècle entre eux, mais ils se parlent.
Il l'appelle Eugénie, puis Sainte Eugénie, parce qu'elle le vaut bien.
Laisse-moi t'appeler mon Chou.
Ce n'est pas vraiment mon style...
Ça fait pute, comme dans les romans de genre.
Ça doit te plaire puisque tu vas raconter mon histoire

Play Boy

Après la séparation d’avec son mari – avec lequel elle a eu un fils, Constance rencontre une femme, puis une autre et une autre…

Play Boy de Constance Debré

Une rupture et des aventures comme une façon de se séparer de sa vie d’avant, de se trouver soi-même, de se débarrasser de toutes les scories, du mariage, de son père, du fric et de toutes ses attaches. C’est sexuel, désordonné, erratique et confus, comme une nouvelle vie qui se cherche.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«J'ai même pas osé mettre la langue la première fois que j'ai embrassé une fille. C'était après Laurent. Avant je savais mais c'était théorique. J'ai fait un effort pour la deuxième. Je lui ai roulé une vraie pelle. Ça m'avait flattée comme un mec qu'elle soit mannequin. On progressait. J'avais toujours peur, mais moins. Sauf qu'à chaque fois on en était restées là. Ou plutôt elles en étaient restées là avec moi. Des hétéros qui se posaient vaguement la question et qui avaient calé. Des filles plus jeunes que moi, mais des filles comme moi.»

Le petit Didier

Je p’tit JoeyStarr a grandi en banlieue, au milieu des immeubles avec des bandes de copains. Il raconte sa vie avec son père, la famille à Paris et aux Antilles, le foot, l’ennui, les coins de rue sombres, les premiers tubes de colle et les premières bêtises qui le mèneront au pensionnat.

Le petit Didier de JoeyStarr

Rien de spécial, l’enfance de gamin de banlieue. Une bio touchante et gentillette qui pourrait rappeler les Ritals de Cavanna, mais sans la verve, l’humour ou l’autodérision.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«J'ai l'impression d'avoir un soleil dans le ventre, mais il ne peut sortir.»
Le petit Didier Morville grandit dans la cité Allende à Saint-Denis auprès d'un père autoritaire et mutique. Livré à lui-même, l'enfant observe le monde qui se transforme sous ses yeux et qui l'entoure. Avec les gamins de la cité, il joue, trompe l'ennui, dis- simule ses escapades à son père. Sur une bicyclette volée ou dans les cages d'un terrain de foot, il fuit le triste quotidien et goûte à la liberté. En même temps, il continue de se retirer dans sa tanière, discret, caché. Des vents contraires l'animent, le menant parfois là où il ne voudrait pas aller...
Dans ce récit lucide et attachant de son enfance aux contours mouvants, en remontant aux origines, JoeyStarr révèle ce qui a construit son ardente personnalité.

Enfant, il s'appelait Didier Morville. Il est devenu JoeyStarr

Belle et bête

Pourquoi ce livre ? Pourquoi cette aventure, pour chercher ou démontrer quoi ?

Un
Tu étais vieux, tu étais gros, tu étais petit et tu étais moche. Tu étais machiste, tu étais vulgaire, tu étais insensible et tu étais mesquin. Tu étais égoïste, tu étais brutal et tu n'avais aucune culture. Et j'ai été folle de toi. Non pas qu'il y ait un rapport de cause à effet entre tes défauts et les sentiments océaniques que j'ai éprouvés. C'est une curieuse coïncidence. Même au temps où ma passion était si fastueuse que j'aurais échangé mon avenir contre une heure dans tes bras je n'ai jamais cessé de te voir tel que tu étais : un porc.
Belle et bête de Marcela Iacub

Je reste dubitatif, un besoin de vengeance, de se prouver quelque chose, un besoin de salir, de se salir, une fascination ou une pure manipulation ? Curieux.

CONDAMNATION À LA DEMANDE DE DOMINIQUE STRAUSS-KAHN
Par ordonnance du 26 février 2013, le juge des référés du tribunal de grande instance de PARIS a ordonné l'insertion, dans chaque exemplaire de l'ouvrage de Marcela IACUB intitulé « Belle et Bête », du présent encart informant le lecteur de ce que le livre porte atteinte à la vie privée de Dominique STRAUSS-KAHN.

Un texte hypnotique atypique et dispensable.

Reste que ce monsieur ne semble évidement guère recommandable. Oui, je pèse un peu trop mes mots, mais je ne souhaite afficher de bandeau ici… Je m’en tiendrais donc à d’hypocrites euphémismes

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tu étais vieux, tu étais gros, tu étais petit et tu étais moche.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'histoire romancée de la liaison de 7 mois qu'a entretenue l'auteure avec Dominique Strauss-Kahn, en 2012. Tout en en dressant un portrait peu flatteur, elle expose les sentiments réels qu’elle a néanmoins éprouvés pour DSK

Les envolés

Fasciné par cette chute invraisemblable, par cette mort absurde, par ce court métrage ahurissant, Étienne Kern a tenté de faire renaître l’histoire de Franz Reichelt.

Les envolés de Étienne Kern

Belle époque et début de l’aéronautique, accidents en pagaille, les pionniers des airs risquent leurs vies sur des engins à la fiabilité toute relative. C’est alors que le prix Lalance de la Ligue aérienne et de l’Aéro-Club de France offre 5000 francs à l’inventeur d’un parachute.

Le 4 février 1912, il s’élance du premier étage de la Tour Eiffel avec un costume-parachute qui ne s’ouvrit pas. Une chute de quatre secondes

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
4 février 1912. Le jour se lève à peine. Entourés d'une petite foule de badauds, deux reporters commencent à filmer. Là-haut, au premier étage de la tour Eiffel, un homme pose le pied sur la rambarde. Il veut essayer son invention, un parachute. On l'a prévenu : il n'a aucune chance. Acte d'amour ? Geste fou, désespéré ? Il a un rêve et nul ne pourra l'arrêter. Sa mort est l'une des premières qu'ait saisies une caméra.
Hanté par les images de cette chute, Étienne Kern mêle à l'histoire vraie de Franz Reichelt, tailleur pour dames venu de Bohême, le souvenir de ses propres disparus.
Du Paris joyeux de la Belle Époque à celui d'aujourd'hui, entre foi dans le progrès et tentation du désastre, ce premier roman au charme puissant questionne la part d'espoir que chacun porte en soi, et l'empreinte laissée par ceux qui se sont envolés