Changer : méthode

Edouard Louis semble avoir un inépuisable besoin de réparer. De se réparer, réparer ses amitiés perdues, réparer ses regrets, ses erreurs…

Changer : méthode de Édouard Louis

Un livre qui tente de revenir aux sources pour expliquer ses fuites, défendre ses choix, prouver son honnêteté, dissiper les malentendus et justifier ses maladresses.

Une biographie de ses choix de vie et de ses motivations. Mais aussi un témoignage duquel semble affleurer une constante culpabilité.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Une question s'est imposée au centre de ma vie, elle a concentré toutes mes réflexions, occupé tous les moments où j'étais seul avec moi-même : comment est-ce que je pouvais prendre ma revanche sur mon passé, par quels moyens ? J'essayais tout»

Vivre la nuit, rêver le jour : souvenirs

En 2011-2012, Christophe a eu envie d’écrire sa vie – la nuit, des anecdotes, des rencontres, ses femmes et conquêtes, sa fille, les voitures et le poker.

Vivre la nuit, rêver le jour : souvenirs de Christophe

Il a eu aussi besoin de parler de sa création, du son, de l’expérimentation musicale, de ses disques, de sa vision de la musique, et aussi de son rapport à la célébrité.

Il en ressort un livre aux phrases courtes (comme il parlait, d’ailleurs), bourré de name dropping et d’égo, ni déplaisant, ni surprenant tant il semble correspondre à l’image qu’il donnait de lui. Un livre somme toute assez cohérent et paru à sa demande en 2021

Le livre se termine avec une sélection des textes et poèmes qu’il a écrit… quelques mots bleus

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Personne ne peut expliquer vraiment qui il est ni ce qu'il aime. Il y a trop de paramètres cachés et mystérieux. Pour créer, je me sers de ces choses qui sont terriblement secrètes et ancrées en moi, de souvenirs très importants. Plus j'avance, plus je reviens en arrière, plus j'aime l'intouchable que j'étais. »

Les souvenirs bruts et incandescents de la plus singulière étoile de la chanson française.

Enfant d'une famille italienne aimante mais chaotique, jeune dragueur de Saint-Germain-des-Prés, fan d'Elvis et de John Lee Hooker, version frenchy de James Dean, dandy moustachu en smoking crème, fou de bagnoles, chasseur de sons aux verres fumés, Christophe a traversé avec élégance les époques sans jamais se démoder.

Du Golf-Drouot à la salle Pleyel, du hit-parade au frisson underground, ses souvenirs dessinent une autre histoire de la chanson française. Esthète, obsessionnel, anticonformiste, Christophe s'apprêtait à publier le récit sans filtre de son existence quand la mort s'est interposée

Robinsons père et fils : à Madagascar, l’île aux Nattes

Immédiatement après avoir lu la bande dessinée qui m’avait beaucoup touché, j’ai commandé le petit livre qui lui avait donné naissance.

Robinsons père et fils : à Madagascar, l’île aux Nattes de Didier Tronchet

Et au début de ma lecture, j’ai eu un peu peur d’être déçu, de ne pas y retrouver l’humour, de regretter les images si parlantes qui épargnaient bien des mots. Puis, petit à petit, je me suis laissé gagner par ce rythme différent, moins immédiat mais plus profond, plus intime et moins rigolard

Et j’ai été absolument conquis par sa tendre introspection, celle d’un père qui se retrouve confronté à l’adolescence de son enfant sur une île paradisiaque au large de Madagascar.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un îlot perdu dans l'océan Indien... quelques récits de voyageurs, une ou deux photos... il n'en faut pas plus à l'auteur pour quitter son univers urbain et s'expatrier plusieurs mois sur l'île aux Nattes, au large de Madagascar, quintessence du concept îlien, avec « la ferme intention de vivre sans les béquilles que la société moderne fait passer pour indispensables. »

Pourtant, une fois déchiré le voile du fantasme, la réalité rattrape vite le fugitif... À commencer par les réalités personnelles. Partir hors du monde n'est pas partir hors de soi...

Sur cette île sans issue, Didier Tronchet fait l'apprentissage d'une autre vie, non pas en solitaire, mais avec une bombe à retardement devant lui, sur la pirogue, un adolescent, son fils Antoine...

Mohamed Ali, Kinshasa 1974

Passionné de photographie et de bande-dessinées, Jean-David Morvan contacte avec succès l’agence Magnum pour une série autour des photographes phares de l’agence. Ici, Abbas, le photographe d’un des combats du siècle passé : Ali – Foreman.

Mohamed Ali, Kinshasa 1974 de Jean-David Morvan, Abbas et Raphael Ortiz

Alternant habilement les photos et le dessin, cet album retrace plus la destinée de Mohamed Ali (et George Foreman) que la vie du photographe. Les clichés du monstre photogénique Ali valent absolument le détour.

Pourtant je suis resté un peu moins fan du dessin et du traitement des mouvements des boxeurs.

Un dossier complète la BD pour en saisir l’historique de création.

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Le 30 octobre 1974 au Zaïre a lieu le combat de boxe le plus célèbre du vingtième siècle. Surnommé « The Rumble in the Jungle », il oppose Mohamed Ali, qui souhaite reconquérir sa ceinture de champion du monde, et George Foreman, le tenant du titre.

Foreman est une véritable machine à frapper. Il vient de vaincre par K.O. les deux seuls boxeurs à avoir battu Ali. De son propre aveu, Ali est terrifié à l'idée de l'affronter sur le ring...

Présent sur place, le photojournaliste Abbas immortalisera cette rencontre légendaire et les conservera dans ses archives pendant 36 ans avant de les dévoiler. Dans ce livre au croisement du documentaire, du photoreportage et du roman graphique, se révèlent donc dans leur contexte les images percutantes de l'un des plus grands photographes de l'agence Magnum Photos. Nourri par la parole d'Abbas lui-même, le scénario de Jean-David Morvan est mis en scène avec vigueur et rigueur par le dessinateur Rafael Ortiz

Isadora

Julie Birmant propose ici une Isadora Duncan emportée par sa soif de vivre, un peu illuminée et capricieuse, obsédée par la gloire et rencontrant le grand monde à la recherche de notoriété.

Isadora de Julie Birmant et Clément Oubrerie

Malheureusement, peu de danse et d’envolée alors que le dessin de Clément Oubrerie est absolument parfait pour ces représentations.

Une artiste radicale qui tente d’imposer sa vision de la danse, peut-être un peu trop moderne pour l’époque

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Isadora Duncan a vingt ans et c'est une énigme.
Comment cette Américaine sans le sou, exaltée, aussi libre que naïve, parvient-elle au sommet de la gloire en 1903 ?

Scandaleuse sans le savoir, petite flamme que rien ne peut éteindre - sauf peut-être une écharpe trop longue - elle danse sa vie et ne ressemble à personne.

La musique la traverse, Chopin ou Wagner, elle bouge en s'inspirant des vagues, de la Grèce antique, de Rodin.

Que vient donc voir la foule qui se presse à ses spectacles ? Un phénomène, une artiste aux pieds nus ou une guerrière vaillante, livrant bataille contre l'Histoire et ses tragédies ?

Le partisan

Malgré un dessin très soigné – bien qu’un peu statique – ce très bel album souffre du choix de l’absence absolue de textes.

Et si la narration reste absolument fluide et compréhensible, nul doute que les protagonistes ne s’exprimaient pas que par gestes, quand bien même ne parlaient-ils pas la même langue.

Le partisan de Maurizio Quarello

Un épisode de la 2e guerre mondiale en Italie, juste avant la libération et la fin de la république de Salò

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
De l'hiver au printemps, la guerre, la peur, la Libération.

D'après une histoire vraie

Robinsons, père et fils

Didier Tronchet, pour moi, c’était Fluide Glacial. Jean-Claude Tergal, Raymond Calbuth, Sacré Jésus, la bite à Urbain et toutes ces drôleries sans trop de second degré avec pourtant un regard assez aiguisé sur tous les gentils paumés qu’on comprenait généreusement saupoudrées d’autodérision.

Robinsons, père et fils de Didier Tronchet

Mais là, quelle BD ! Un vrai bijou aussi lumineux que l’île aux Nattes sur laquelle il est parti vivre une période indéterminée avec son fils de 13 ans.

Et paradoxalement sur cette île perdue au milieu de rien, il s’est mis à l’introspection. Et il raconte : lui et son fils, son rôle de père et le fossé que l’adolescence creuse entre eux au milieu d’un paradis post-colonial (oui, tout n’est pas si magnifique)

Une BD tirée d’un petit livre tout aussi sublime !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'auteur, urbain sur-connecté du XXIe siècle, tente l'aventure du naufragé volontaire sur une île lointaine et minuscule. Et en plus, il emmène son fils en pleine adolescence. Comment survivre à cette double épreuve ? S'isoler plusieurs mois sur l'île aux Nattes, un îlot proche de Madagascar, en profiter pour évaluer son niveau de résistance à l'absence de confort moderne, se confronter à un nouveau quotidien et le faire avec son ado de 13 ans pour goûter encore un peu à la joie d'être père, voilà une opportunité que Didier Tronchet n'était pas prêt à laisser passer. Mais il ne s'attendait pas vraiment à ça...

Wonderland

En commençant à la manière d’une déclaration écologique, Wonderland bascule rapidement sur une autobiographie enfantine.

Wonderland de Tom Tirabosco

Tom raconte alors la jeunesse de ses parents, leur rencontre à Rome, l’exubérance italienne du papa et la fascination de la maman pour cet homme.

Et tout s’enchaine très vite. Tom arrive puis son premier frère Michel avec un handicap et un caractère d’acier et, en vrac, le départ pour Genève, un troisième frère, et les tensions qui montent dans le couple, les rivalités fraternelles… Bref, une histoire de vie autour d’événements marquants, de souvenirs et d’anecdotes.

Un dessin magnifique, un album splendide !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Au début, il y a une forêt...
La forêt de Blanche-Neige...
Ou celle des tableaux de Caspar Davis Friedrich.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La vie du jeune Tommaso, de sa naissance jusqu'à son entrée au collège. T. Tirabosco relate la rencontre entre ses parents, la naissance de son frère Michel, physiquement handicapé, les relations familiales, ainsi que les multiples influences qui ont façonné son imaginaire, de Titien à W. Disney

Les raisons du coeur : récit véridique, drolatique et fantasmagorique

Jean-Paul a bien failli claquer sur un court de tennis lors d’un jeu avec Archie, un pote blindé de thunes (bien blindé, quand même !). Le voilà à passer au bloc entre les mains de la superstar des chirurgiens du myocarde

Les raisons du coeur : récit véridique, drolatique et fantasmagorique de Jean-Paul Enthoven

Passé le name dropping de toutes ses connaissances si illustres… Jean-Paul commence à réfléchir sur sa vie, ses relations et son besoin de statut social (pas sûr qu’il soit arrivé si loin dans ses réflexions), la célébrité, ses ex et sa présente, sa descendance et ses fantômes.

Introspection, humour et belle écriture

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Par quelle alchimie une peine de cœur peut-elle se transformer en accident cardiaque ?
Que se passe-t-il secrètement dans un cœur ardent et vivant qui, d'un coup, se brise ?
Tel est le mystère que tente d'éclaircir ce récit véridique, drolatique et fantasmagorique.

On y croise des balles de tennis et le chat de Schrödinger, des femmes fatales et un héros virgilien, une Thunderbird rutilante et des effluves d'outremer, Françoise Sagan et Michel Berger, des amitiés salvatrices, quelques doses de morphine et des souvenirs embrouillés de rêves.
Une saison en enfer ? Un aller-retour dans le néant ? Certainement pas.
Voici plutôt la confession d'un homme allégé, réconcilié, détaché, libéré, qui choisit d'en finir avec sa part de comédie.
Et de se raconter, soudain, à cœur ouvert

Son fils

Cette biographie romancée de la mère de Antonin Artaud parle d’amour, l’absolu, aveugle, inconditionnel ! Celui d’une mère adoratrice. Et c’en devient lassant… au début.

Son fils de Justine Lévy

Puis le livre prend une autre dimension quand arrivent l’enfermement en asile, l’abrutissement, les fous, les mauvais traitements, et l’état qui empire et pire encore. Comme une photo du traitement des maladies mentales au début du siècle passé. Inhumain, violent et barbare. Les asiles qui rendent fous !

Une mère ! Une mère seule face aux médecins, à l’administration, la police et la bêtise.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Je suis arrivée dans la cellule où il se reposait et où un infirmier gentil m'a conduite. J'ai inspiré bien fort pour me donner du courage, mais j'étais sûre de moi, de mon bon droit, et de la puissance supérieure de la vérité. Je me suis campée devant lui et j'ai récité : Antonin, tu es né Antonin Marie Joseph Paul Artaud, le 4 septembre 1896 à 8 heures du matin au 15, rue du Jardin-des-Plantes, quatrième étage, en pleine santé, et je suis ta mère - que tu le veuilles ou pas, tu es mon fils et je suis ta mère. Ça ne lui a pas plu du tout. Il m'a considérée gravement, assez longtemps, avant de braquer un poing accusateur sur moi et de m'arracher le cœur : "Vous vous prétendez ma mère, madame, mais la mère de Nanaqui est morte et son âme a quitté ce monde et vous êtes une envoûteuse et le démon qui m'a empoisonné." »