Il n’a jamais été trop tard

Dans ces chroniques mensuelles de 2023 et 2024, Lola Lafon parle de guerres, de viol, de violences… Bref, assez tristement : de l’actu. Mais aussi de sujets plus personnels ou plus intemporels comme l’anorexie ou la Shoah.

Janvier, encore
Quand les eaux sales et usées débordent, il est recommandé, pour éviter une aggravation de la situation, de protéger les ouvertures et de localiser l'origine de l'incident.
La besogne est ardue, car les discours fétides qui entachent notre commun viennent de toutes parts: populismes de droite, de gauche, il y a un défaut d'étanchéité avéré entre les différentes familles politiques et le locataire de la maison présidentielle s'en accommode très bien.
Combien de temps avant que ces errances idéologiques, cette eau brunasse dans laquelle on barbote, nous contaminent tous ? Cette gale de l'âme, on l'a vue venir.
Il n’a jamais été trop tard de Lola Lafon
Elle y laisse s’exprimer sa sensibilité, son désir du vivre ensemble. Un recueil sensible et profond, mais pas vraiment gai pour un titre qui semblait pourtant plein d’espoir

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'est ce que nous laissent les disparus, ces évanouis, les manquants, les passés trop vite : un puzzle de mots, qu'on aura partagés. Des confidences, des désaccords, des fous rires, des désirs et des doutes. Cette hérédité fragile nous échoit.
Qu'en fera-t-on ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Ce livre est une histoire en cours. Celle d'un hier si proche et d'un demain qui tremble un peu. Ce présent qui bouscule, malmène, comment l'habiter, dans quel sens s'en saisir ? Comme il est étroit, cet interstice-là, entre hier et demain, dans lequel l'actualité nous regarde. Elle reflète le monde, mais aussi des événements minuscules en nous, des souvenirs, des questions, des inquiétudes. Ces pages ne sont pas le lieu d'un territoire conquis, d'un terrain marqué de certitudes. Ce livre est l'histoire de ce qui nous traverse, une histoire qu'on conjuguerait à tous les singuliers. »
L.L.

Portrait de l’artiste en déshabillé de soie

C’est beau, fort, puissant, drôle, intense, c’est vivant et envoûtant.

C'est encore une fois l'été. Je suis encore, encore vivante. Toujours vivante. J'entends, je vois. Ça grouille en silence.
Il y a des zéphyrs et des frissons, des tornades. Il y a des maladies de fer, forgées dans les ateliers de Satan. Il y a du courage, de l'inconscience et de l'inertie. Il y a des bêtes, des petites bêtes adorables, des sucreries poudrées, quelques rares amis. Il y a des luisances et des mers de feu, des déchéances, des nullités, des blizzards, des énumérations.
Il y a moi et vous, vous autres, et vous m'avez dévêtue de mon déshabillé de soie que vous avez jeté n'importe où, on ne sait où et qui git sous un
tas de loques sordides.
Portrait de l’artiste en déshabillé de soie de Brigitte Fontaine
Brigitte Fontaine laisse couler les mots avec un talent merveilleuxIl n'y a pas de conclusion. Même pas de commencement. Tout est là comme toujours. Mais quelque chose s'est produit.Elle parle d’elle, de la vie, des amis, de l’âge et de Paris… dans un déshabillé de soie

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je mesure un mètre soixante-neuf, je suis bourrée d'alexandrins et de séries noires, je suis une femelle francophone de race blanche.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Portrait de l’artiste en déshabillé de soie est un hymne à la vie haletant, généreux, véhément et tendre. Auteur-compositeur-interprète, comédienne et dramaturge, Brigitte Fontaine est tout d’abord un écrivain, qui nous livre ici une introspection poétique, la confession d’une vie brûlée sans parcimonie.