Pour d’émouvantes raisons expliquées en fin d’ouvrage (oui, vous n’avez qu’à le lire pour comprendre), Eugène se retrouve à écrire une lettre à Nicolae Ceaușescu, dictateur du pays que ses parents et lui ont fui alors qu’il avait 6 ans. Il raconte l’arrivée à Lausanne en 2 temps (ses parents, puis lui et son frère), l’immigration et ses rapports particuliers avec son pays d’origine.
Il raconte aussi la mégalomanie du couple Ceaușescu, la folie de la dictature, la peur, les usines à bébés, la Securitate… jusqu’à l’effondrement du régime.
Un livre où l’histoire rencontre les émotions et la vie. L’histoire de la construction d’une identité
Màj du 21.04.2023 : Eugène vient de gagner le prix des librairies Payot pour cette lettre. Magnifique, Bravo !
Nicolae,
Je suis né dans le pays que tu as tyrannisé pendant vingt-deux ans. Mes parents ont fui ta police politique qui espionnait et terrorisait la population.
Un jour, ma mère m’a appris que j’avais une dette envers quelqu’un. Un type que ni elle ni moi n’aimions. Je ne savais pas quoi faire de cet aveu. Alors je l’ai enfoui dans ma «chambre des vérités embarrassantes».
À cinquante ans, j’ai décidé d’écrire une lettre à cet odieux personnage. Pour mieux comprendre et peut-être me libérer de cette dette. Je croyais en avoir pour quelques soirs, mais ça m’a pris des mois. Car ce n’est pas tous les jours qu’on écrit à… Nicolae Ceaușescu, tyran de la Roumanie pendant vingt-deux ans.
Plus j’écrivais, plus je réalisais que Ceaușescu a toujours fait partie de ma vie. Même s’il a été fusillé l’année de mes vingt ans, il n’est pas sorti de mon existence pour autant. Au contraire.
Dans Lettre à mon dictateur, Eugène raconte avec sincérité et humour son parcours de migrant, puis d’écrivain. Il découvre que chez un dictateur, la «chambre des vérités embarrassantes» est vide, puisque celui-ci ose tout et se donne tous les droits.