Un court roman sur une déposition dans un commissariat suite à crime. Enfin… c’est confus. Un récit qui part dans tous les sens, chaotique, répétitif, digressif et parfois incohérent à l’instar de l’inévitable confusion suite à une telle agression et à un état de choc post-traumatique.
Un livre qui révolte deux fois. Lorsqu’on comprend et quand on réalise
Je me suis livrée à la police moi-même. J'essaye d'enlever la crasse coincée sous mes ongles mais c'est compliqué. Il en reste toujours un peu. Il me faudrait une fine lame comme la pointe de mes ciseaux en acier, ceux rangés avec ma brosse à dents sur l'évier de ma salle de bains. Mes ongles sont suffisamment longs pour se salir mais trop courts pour m'aider à racler cette terre. Il faudrait que je me lave les mains.
Elle a passé la nuit avec un homme et est venue se présenter à la police. Alors ce dimanche matin, au deuxième étage du commissariat, une enquête est en cours. L’haleine encore vive de trop de rhum coca, elle est interrogée par le Major, bourru et bienveillant, puis par Jeanne, aux avant-bras tatoués, et enfin par Carole qui vapote et humilie son collègue sans discontinuer.
Elle est expertisée psychologiquement, ses empreintes sont relevées, un avocat prépare déjà sa défense, ses amis lui tournent le dos, alors elle ne sait plus exactement. S’est-elle livrée à la police elle-même après avoir commis l’irréparable, cette nuit-là ?
Inspiré de l’histoire de l’auteure, De mon plein gré est bref, haletant, vibrant au rythme d’une ritournelle de questions qui semblent autant d’accusations. Mathilde Forget dessine l’ambiguïté des mots, des situations et du regard social sur les agressions sexuelles à travers un objet littéraire étonnant, d’une grâce presque ludique. Il se lit comme une enquête et dévoile peu à peu la violence inouïe du drame et de la suspicion qui plane très souvent sur sa victime.