Le joueur d’échecs

Voilà bien longtemps, j’avais lu ce joueur d’échecs (Schachnovelle), dernier roman de Stefan Zweig publié en 1942 après son suicide.

Le joueur d’échecs de David Sala, d’après le roman de Stefan Zweig

Et David Sala a réussi une absolument brillante adaptation en bande dessinée. Et si (en tout cas dans mon souvenir), tous les éléments de l’histoire ne semblent pas s’y retrouver, le Monsieur B. est remarquablement mis en valeur et sa dégringolade est fascinante.

Une adaptation au graphisme superbe qui ne manquera pas de me faire replonger dans l’original

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Regarde ce voyageur...
Lui, il cherche une jolie femme, une belle compagne de traversée.
Comme disait Stendahl : "La beauté est promesse de bonheur.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
1941. Dans les salons feutrés d'un paquebot en route pour l'Argentine, le champion du monde d'échecs affronte lors d'une ultime partie un aristocrate viennois, dont l'incroyable maîtrise du jeu est née dans l'antre de la tyrannie.

Cette dénonciation poignante et désespérée de la barbarie nazie est le dernier texte écrit par Stefan Zweig avant son suicide.

La pouponnière d’Himmler

C’est froid, impersonnel et les maigres émotions qui transparaissent ne suscitent guère d’empathie. Difficile d’entrer dans ce roman. Dans cette fiction historique devrais-je dire, et même là, le mot fiction semble de trop, tant cela devait bien ressembler à ça.

Plus de sirènes, mais les dents de Renée continuent à claquer. La guerre arrivera. Elle en est sûre. Elle le sent, même physiquement, que la guerre est en train d'avancer dans sa direction. Respiration haletante, comme si elle courait. couchera plus, elle ne sera plus jamais chez elle nulle part. Elle le sent dans le picotement du bout de ses doigts. Elle le sent dans ses os.

La guerre arrive
La pouponnière d’Himmler de Caroline De Mulder

Alors oui, voilà probablement un livre excellent par sa volonté de coller au plus près de ce que furent ces Lebensborn. Ces maternités de sang pur – délire eugéniste – qui étaient censées repeupler un Reich arien.

Mais il m’a manqué clairement un plaisir de lire. Tel n’était vraisemblablement pas le but

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Deux cents langes, sur trois rangées parallèles. Pas un souffle dans la blancheur du coton. Un parfum de savon de Marseille, de lait sucré. Des rires grelottants. Un moment ils couvrent les gazouillis d'enfants qui viennent à la fois du parc et des fenêtres grandes ouvertes. Les femmes qui rient sont quatre, elles parlent et retirent des cordes les pinces à linge, les jettent dans une boîte métallique. Elles plient les carrés de tissu, qu'elles empilent ensuite dans de vastes paniers d'osier.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Heim Hochland, en Bavière, 1944. Dans la première maternité nazie, les rumeurs de la guerre arrivent à peine ; tout est fait pour offrir aux nouveau-nés de l'ordre SS et à leurs mères « de sang pur » un cadre harmonieux. La jeune Renée, une Française abandonnée des siens après s'être éprise d'un soldat allemand, trouve là un refuge dans l'attente d'une naissance non désirée. Helga, infirmière modèle chargée de veiller sur les femmes enceintes et les nourrissons, voit défiler des pensionnaires aux destins parfois tragiques et des enfants évincés lorsqu'ils ne correspondent pas aux critères exigés : face à cette cruauté, ses certitudes quelquefois vacillent. Alors que les Alliés se rapprochent, l'organisation bien réglée des foyers Lebensborn se détraque, et l'abri devient piège. Que deviendront-ils lorsque les soldats américains arriveront jusqu'à eux ? Et quel choix leur restera-t-il ?

Reconstituant dans sa réalité historique ce gynécée inquiétant, ce roman propose une immersion dans un des Lebensborn patronnés par Himmler, visant à développer la race aryenne et à fabriquer les futurs seigneurs de guerre. Une plongée saisissante dans l'Allemagne nazie envisagée du point de vue des femmes.

Le nom sur le mur

Partant d’un jeune résistant de la seconde guerre mondiale tué à 20 ans, Hervé Le Tellier met les petits plats dans les grands et nous parle de la résistance et de la collaboration ; du nazisme et des victimes ; de l’odieux et du vertueux ; de la petitesse et du suivisme face à au refus de céder.

C'est mon professeur de philosophie de terminale qui m'a fait lire Si c'est un homme, de Primo Levi. Nous en avons parlé ensuite, et il m'a dit, en substance: « Tu sais, les lois antisémites nous choquent d'autant plus qu'elles frappaient des gens qui se croyaient bien intégrés dans nos sociétés européennes. On martyrisait notre voisine de palier. Mais dans les années trente, est-ce que ces mêmes lois racistes - et bien qu'il ne soit pas question d'extermination -, les Anglais ne les appliquaient pas aux coolies en Inde et les Français aux Noirs d'Afrique, sans que cela choque grand monde ? »
Le nom sur le mur de Hervé Le Tellier

Un livre qui m’a souvent rappelé Exterminez toutes ces brutes tant les même schémas se répètent, encore et encore.

En France, l'heure était à la réconciliation, au mythe de la nation sinon résistante, du moins unie derrière sa Résistance. L'article 45 de la loi d'amnistie d'août 1953 interdit même de rappeler les crimes commis. Il ne s'est rien passé. Le président du Conseil René Meyer le résumera sans fard: « L'unité nationale [est] supérieure à toutes les douleurs, plus urgente encore que les réparations. »

Et que penser de l’après guerre, des fondateurs du FN (futur RN), de cette amnistie générale servant à former un roman national destiner à réunir le pays ?

Et s’il est désespérant d’y constater nos compétences moutonnières, voilà un livre indispensable à l’heure de la remontée des fascismes et des extrémismes populistes

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je cherchais une « maison natale ». J'avais expliqué à l'agent immobilier : pas une villa de vacances, pas une ruine « à rénover », pas une « maison d'architecte », pas un « bien atypique », ces bergeries ou magnaneries transformées en habitations où l'on se cogne dans les chambranles de portes à hauteur de brebis.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Je ne suis pas l'ami d'André Chaix, et aurais-je d'ailleurs su l'être, moi que presque rien ne relie à lui ?

Juste un nom sur le mur.

Chaix était un résistant, un maquisard, un jeune homme à la vie brève comme il y en eut beaucoup.

Je ne savais rien de lui. J'ai posé des questions, j'ai recueilli des fragments d'une mémoire collective, j'ai un peu appris qui il était. Dans cette enquête, beaucoup m'a été donné par chance, presque par miracle, et j'ai vite su que j'aimerais raconter André Chaix. Sans doute, toutes les vies sont romanesques. Certaines plus que d'autres.

Quatre-vingts années ont passé depuis sa mort. Mais à regarder le monde tel qu'il va, je ne doute pas qu'il faille toujours parler de l'Occupation, de la collaboration et du fascisme, du rejet de l'autre jusqu'à sa destruction. Ce livre donne la parole aux idéaux pour lesquels il est mort et questionne notre nature profonde, ce désir d'appartenir à plus grand que nous, qui conduit au meilleur et au pire.

Les battantes

Une histoire de village, d’Italie et de guerre. Une histoire de haines ancestrales, de jalousies, de rivalités et… au milieu, un terreau fertile pour les amours interdites des jeunesses qui se découvrent.

Les plus petits mangeaient à contrecoeur mais mangeaient. La tentation était trop forte. Les grands résistaient, se montrant au-dessus de ces bestialités terrestres. Au mieux, ils picoraient.
Qu'il s'agisse de repas de fête ou ordinaires, le rituel était le même: porcelaine fine, argenterie, nappes damassées, cristal de Daum.
Même en temps de guerre, paraît-il, l'étiquette avait été respectée. Dans des assiettes peintes à la main, ciselées d'or, on consommait les miettes que la campagne offrait en période de disette. Mais avec des couverts en argent et des mains propres, la misère vous semble moins misérable, proférait zio Umberto d'un air supérieur.
Ces repas se déroulaient plus ou moins en silence, peu de mastication, aucun plaisir puisque le plaisir, nous le savions, était réservé aux besogneux et aux indigents.
Les battantes de Simona Brunel-Ferrarelli

Malgré plusieurs époques et leur traitement un peu brouillon (ou trop emmêlé pour moi), le style et la passion emportent ce livre très touchant.

Il ne manque qu’un balcon pour se croire à Vérone…

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Lundi 6 septembre 1943
Premier jour d'école. Je ne sais pas si je tiendrai. Ils m'ont amené leurs gosses avec une méfiance de paysans obtus et coincés. C'est parce que je ne suis pas d'ici. Et que je suis une femme.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
"Dans ma famille, aucun évènement, pas même la guerre, ne pouvait enfreindre les certitudes d’un nom qui se savait fort pour sa discrétion, sa respectabilité. Aucune faute, commise ou non, ne serait jamais avouée. On trouverait le moyen de l’étouffer, de la rendre invisible et non advenue.
C’est ainsi que les histoires de famille, racontées à demi-mot par des tantes radoteuses, réchappées à l’enclos du silence pendant les fugues de mon enfance, constituèrent, à l’insu de tous, les vraies bases de mon éducation."
Âpre et rude est la vie à Rocca Patrizia ; frustres et obtus sont ses habitants. Dans cette atmosphère où l’on s’observe, se toise et se jalouse évoluent les familles du village. Leurs liens se dévoilent subtilement au fil des pages. Simona Brunel-Ferrarelli redonne vie avec fougue à cette Italie d’autrefois, aussi dramatique qu’envoûtante. Un roman que porte une écriture musicale et charnelle.

Rodina

Baru mélange ici la grande histoire et les petites, les souvenirs et les faits historiques… réels ou distordus par le temps

Rodina de Baru

L’histoire de la libération d’un train de prisonniers et de prisonnières qui rejoignirent les rangs de la résistance… Oui, les femmes aussi !

Hélas, la frontière entre les faits, le présent et ce qui est raconté n’est pas toujours très claire et si le choix narratif m’a semblé très sympa, le résultat m’a finalement perdu. Mais peut-être aurais-je du lire sa trilogie Bella ciao avant

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je vous ai déjà dit (j'ai vérifié) qu'Enrico s'appelait Heinrich, en réalité...
... Heinrich Becker, précisément, et qu'il était allemand


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans la nuit du 7 au 8 mai 1944, un détachement de FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans-main d'oeuvre immigrée) commandée par Jules Montanari, alias commandant Jacques, fit s'évader trente-sept femmes, russes et biélorusses, et vingt-quatre hommes du camp d'Errouville, en Meurthe-et-Moselle. Après un jour et deux nuits de marche forcée, elles et ils arrivèrent, les pieds en sang, au maquis de l'Argonne. Les hommes furent facilement dispersés dans les différents maquis. Mais les femmes ? Le commandant Jacques avait prévu de les placer dans des familles sûres jusqu'à la fin de la guerre. Sauf quelles voulaient se battre. À l'usure, elles eurent gain de cause et fondèrent le seul et unique détachement exclusivement féminin de la Résistance française. Elles le baptisèrent Rodina, qui veut dire « patrie » en russe.

L’héritier d’Hitler

Et si Hitler avait eu un fils avec une française et que celui-ci avait été enrôlé par les services secrets britanniques pour le tuer ?

L’héritier d’Hitler de Anthony Del Col et Geoff Moore, dessins de Jeff McComsey

L’histoire de la préparation d’un attentat, des agents secrets, de la guerre et de toutes les mocheries possibles avec un seul but : tuer le monstre !

Un album sur plusieurs époques au traitement monochrome oppressant très réussi

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Douvres, Angleterre. Novembre 1943.
Dites au commandant de préparer la salle. Ce sera l'occasion de vous sécher un peu.
Oui Madame.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Certains naissent pour faire l'histoire.

Dans les jours les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale, une espionne britannique découvre un formidable secret : pendant la Première Guerre mondiale, Adolf Hitler, alors en poste en France, rencontra une française ; et de cette union naquit un enfant.

Armée de dossiers volés aux nazis, elle décide de retrouver ce fils caché et de le recruter. Sa mission : entrer en contact avec son père biologique et le tuer pour mettre un terme à la guerre. Mais ce n'est peut-être pas la fin de la saga familiale des Hitler...

Thriller d'espionnage, cette uchronie marche dans les pas de Zero Dark Thirty, Inglourious Basterds et des romans de John Le Carré.

De guerre en guerre : de 1940 à l’Ukraine

A l’aune de sa longue vie, de ses expériences, de la seconde guerre mondiale et de ses engagements, Edgar Morin en arrive à la guerre en Ukraine.

Alors que les générations qui n'ont pas connu la guerre s'horrifient à juste titre des images télévisées de maisons éventrées et de civils assassinés en Ukraine, je me remémore les plus massives destructions et massacres commis par les nôtres, notamment américains.
De guerre en guerre : de 1940 à l’Ukraine de Edgar Morin

Et aujourd’hui, alors que la guerre fait rage en Europe, cet essai tente d’éviter les conclusions trop simplistes et rappelle que la manipulation de l’information, que les crimes de guerre, que les bombardements de villes et civils n’ont jamais été l’apanage exclusif des méchants nazis ou soviétiques (pour ne citer qu’eux).

Alors que l'on se félicite d'avoir accédé à la société de la connaissance, on est plongé dans un aveuglement d'autant plus grand qu'il croit posséder les moyens adéquats du savoir.

Un essai qui tente de sortir d’une vision gentil-méchant pour éviter l’escalade et trouver des solutions permettant une paix durable

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le premier bombardement aérien de terreur en Europe fut celui de la Luftwaffe qui anéantit Rotterdam en mai 1940. Il fut suivi par les pilonnements de Londres au cours de l'été 1940, qui furent abandonnés après la résistance héroïque de la Royal Air Force.
Puis il y eut les bombardements alliés sur les villes allemandes.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« La guerre d'Ukraine a rappelé en moi les terribles souvenirs de la Seconde guerre mondiale. Les destructions massives, les villes ravagées et détruites, les carcasses d'immeubles éventrés, les innombrables morts militaires et civiles, les afflux de réfugiés... J'ai revécu les crimes de guerre, le manichéisme absolu, les propagandes mensongères. Et me sont revenus en mémoire les traits communs à toutes les guerres que j'ai connues, guerre d'Algérie, guerre de Yougoslavie, guerres d'Irak. Les mêmes criminalisations non seulement de l'armée, mais du peuple ennemi, les mêmes délires, les erreurs et illusions toujours renouvelées, l'arrivée de l'inattendu toujours incroyable, puis rapidement banalisé.

J'ai écrit ce texte pour que ces leçons de quatre- vingt années d'histoire puissent nous servir à affronter le présent en toute lucidité, comprendre l'urgence de travailler à la paix, et éviter la pire tragédie d'une nouvelle guerre mondiale. »

Sombre éclat

Y aurait-il eu un dialogue possible entre un militaire allemand raciste et un officier français, noir, ex tirailleur sénégalais, fait prisonnier lors de la blitzkrieg, la défaite française ?

 - Ne suis-je pas capitaine de l'armée française? Croyez-vous que cela a été simple?
 - Les Français font ce qu'ils veulent avec leur semblant d'armée! La pauvre! Y aurait-il moins de nègres dans son sein, elle compterait sans doute moins de prisonniers et moins de défaites...
 - Et pourquoi ne m'accordez-vous point le bénéfice de mon grade?
 - Parce que vous êtes noir! Une bête évoluée! Un singe savant!
 - Nous y voilà... Et donc vous parlez souvent aux animaux? Je n'aimerais pas visiter un zoo avec vous...
 - Cessez! Immédiatement!
Sombre éclat de Jean-Marie Quemener

Rien est moins sûr !

Et pourtant, Jean-Marie Quemener se prend à en rêver dans un récit aussi court que désespéré, urgent et intemporel.

Avertissement au lecteur
Charles Ntchorere n’est pas le fruit de mon imagination. C’est un héros bien réel. Né à Libreville, il a combattu en tant que tirailleur sénégalais lors de la Première Guerre mondiale qu’il achève en qualité de sergent. Il parvient au grade de capitaine avant la Seconde. Cet « indigène », comme l’on disait alors dans l’armée, et ailleurs, a reçu de nombreuses décorations pour sa bravoure.
Son histoire s’achève le 7 juin 1940 dans le village d’Airaines, près d’Amiens. Après quelques jours de combat, ses hommes, une unité « mixte », et lui doivent se rendre, débordés par la Blitzkrieg – la guerre éclair qui permettra aux Allemands d’entrer dans Paris dès le 14 juin – et l’avancée de la 7e division blindée de Rommel. Les troupes du capitaine sont restées là, un sacrifice volontaire, pour couvrir la retraite du reste de leur régiment. La Wehrmacht, à son habitude, trie les prisonniers : les simples soldats d’un côté, les officiers de l’autre.
Le capitaine Ntchorere, lui, considéré comme un animal par les nazis, sera froidement exécuté d’une balle derrière la tête.
S’achève l’Histoire, commence la mienne.
Et si?
Et si un officier allemand, prussien de grande famille, tout en rigueur militaire, avait saisi une chance de parler avec lui ? Et si les deux hommes avaient pu échanger sur les concepts d’humanité, d’honneur, de nation, de combat, d’amour, de vie?
Et si l’ignorance et la barbarie avaient reculé, ne fût-ce qu’un instant ? Et si, au cœur de l’horreur des combats, dans la poussière grise, deux guerriers avaient pu s’entendre?
Je ne refais pas l’Histoire. Elle est tragique. Je l’interroge, puis je l’imagine. Qu’auraient-ils eu à se dire, ces deux hommes ? Et si ?…

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Un trou noir. Un abîme. Une fin sombre, fine... si fine. Un simple tube en acier, étroit. Un tunnel de vie ou de mort. Tout dépend de sa position.
Derrière la crosse, la vie.
Devant le canon, la mort.
L'un donne, l'autre reçoit. Sans rémission. Une vérité de plomb.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« 7 juin 1940. Dans le village d'Airaines, près d'Amiens, s'achève l'histoire d'un homme héroïque, celle d'un tirailleur sénégalais devenu capitaine, Charles Ntchorere. Après des jours de combat, dans un sacrifice volontaire, ses Hommes et lui se rendent aux mains de la 7e division blindée vie Rommel.

Considéré comme un simple animal par les nazis, Charles Ntchorere est froidement exécuté par un officier de la Wehrmacht.

Ici s'achève l'Histoire, ici commence la mienne... »

Une vie heureuse

Ginette a invité Marion pour une causerie dans son salon. On les imagine très bien avec un thé et des spéculos (ou un petit verre de blanc ?)

Souvent, on me pose la question : comment avez-vous fait pour survivre ? 
Je ne sais pas.
Une vie heureuse de Ginette Kolinka et Marion Ruggieri

Et derrière cette apparente légèreté, Ginette Kolinka (la maman du batteur de Téléphone) raconte sa vie, sa jeunesse, la déportation à Auschwitz-Birkenau, le camp, la faim, la maladie, la violence, le retour et surtout : la vie qui reprend !

On a porté l'étoile dès qu'il a fallu la porter.
Papa, né à Paris, et qui était français, avait combattu en 1914, nous n'avions rien à craindre selon lui. On a rendu nos vélos, les postes de TSF, on a évité les jardins publics, on n'est plus allés au cinéma ni à la piscine car c'était interdit aux Juifs. Mes sœurs ont dû arrêter de travailler. Et notre père a dû quitter son atelier.

C’est tendre et doux, même joyeux. Malgré un numéro tatoué sur le bras.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
J'ai 97 ans, ça fait quatre-vingt-sept ans que je monte ces escaliers. Les marches me connaissent. Je les ai usées.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ginette Kolinka, qui va fêter ses 98 ans, habite le même appartement depuis qu'elle a dix ans. Elle a toujours vécu là, au cœur de Paris, à l'exception de trois ans : de 1942 à 1945.

Dans cet appartement, il y a les portraits de ceux qui ne sont pas revenus de Birkenau : son père, son petit frère, son neveu. Les disques d'or de son fils, Richard, batteur du groupe Téléphone. Les photos de famille : petits-enfants, arrière-petits-enfants. Les dessins des écoliers, à qui elle raconte son histoire aux quatre coins de la France. Et même les meubles qu'ont laissés les « collabos ».

Ginette nous fait la visite.

On traverse le temps : l'atelier du père, les cinq sœurs, la guerre, ce mari adorable et blagueur. Les marchés, qui l'ont sauvée. Et les camps qui affleurent à chaque page, à chaque pas.

Mais Ginette, c'est la vie ! Le grand présent. « On me demande pourquoi je souris tout le temps, mais parce que j'ai tout pour être heureuse ! »

La mort en échec

Un livre d’une enfance, polonaise, qui commence à Lodz, en 1938.

J'aurais dû avoir mes règles en entrant à Auschwitz-Birkenau, des rumeurs ont circulé au sujet d'un médicament qui nous avait été administré à notre insu, directement dans la soupe. J'ignore si c'est vrai. De toute façon, comment la vie peut-elle perdurer dans un univers voué à la mort ? Si l'enfer existe, ce camp est son image.
La mort en échec de Isabelle Choko et Pierre Marlière

Et d’une vie tendre au sein d’une famille de pharmaciens, aisée et aimante, l’histoire bascule.

Jusqu'à mon dernier souffle, je témoignerai.

Invasion allemande, ghetto de Lodz, une semaine à Auschwitz-Birkenau, camp de travail, Bergen-Belsen.

Il ne restera qu’elle.

Le témoignage d’un passage en enfer, celui créé par les hommes, certainement bien pire que tous les enfers mythologiques

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Dans les classes où je vais témoigner, les élèves me regardent, moi la rescapée. Je reçois leur énergie, leur vitalité, je ressens leur soif de savoir, leur inquiétude, aussi.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Nous descendons du train, valise à la main. Ma mère a les yeux dans le vague, elle se tourne vers mon père et moi, et nous lance : "Il vaudrait mieux ne pas défaire les valises, il faudrait partir loin d'ici, maintenant." Mais nous sommes restés. »

Quand les troupes nazies envahissent la Pologne en septembre 1939, Izabela Sztrauch, qui ne s'appelle pas encore Isabelle Choko, a onze ans. Elle est envoyée dans le ghetto de Lodz avec sa famille. Son père y meurt d'épuisement et de maladie. À quinze ans, Isabelle est déportée à Auschwitz-Birkenau, puis à Waldeslust et Bergen-Belsen.

Il y a la peur et la violence. Les travaux forcés, le froid, les coups, la promiscuité, la faim. Partout, l'odeur de la mort. Mais aussi des moments de fraternité. Le courage d'un prisonnier de guerre qui prend tous les risques pour lui donner un peu de nourriture. Et l'amour qu'Isabelle porte à sa mère, qu'elle tient dans ses bras jusqu'à son dernier souffle - sur le sol noir de Bergen-Belsen.

Elle revient de l'enfer seule, avec pour unique bagage son désir de vivre, son intelligence et son humour. Défiant le destin, quelques années plus tard, elle est sacrée championne de France d'échecs et fonde une famille. Aujourd'hui, Isabelle raconte