Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Voilà une bande dessinée qui m’a vraiment impressionné. Faire tenir quatre histoires sur 64 pages et qu’elles soient toutes aussi abouties tient du prodige. Une maison de Frank L. Wright : et autres histoires d’amour de CoseyUne petite tulipe rose ; Une maison de Frank L. Wright ; Only love can break a heart ; Sur l’île.
Quatre histoires d’amour de tous âges à l’intense poésie – sans oublier une pointe d’humour et un peu de dépaysement états-unien
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Décampez immédiatement de ma barrière, voyou !
Barrière ? Ou voyez-vous une barrière ?
Là ! Sous vos foutues planches ! Vous le savez très bien, vaurien !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) - On m'a déjà dit que j'avais un sosie, mais je ne l'ai jamais rencontré.
- Ce n'est pas possible ! Tu ne peux pas avoir oublié ! Nos chansons autour du feu ! ...
- Ma mémoire est excellente, et je vous assure que vous êtes le premier Lambert au monde que je rencontre.
- J'ai voulu la revoir, mais ses vieux avaient déménagé pour Davenport. Ou Pittsburgh ? Je ne sais plus. Chicago, peut-être ?
- C'est très touchant, ce romantisme à votre âge, mais avez-vous pensé que - en plus du vieillissement - votre petite amie a probablement changé ? Sans doute ne ressemble-t-elle pas du tout à l'image que vous vous faites d'elle.
- Oui... Je suppose que vous avez raison. Myrtle... Que... que faites-vous dimanche ?
Une histoire d’amour, du printemps à l’hiver, des premiers bourgeons jusqu’à la confiture, de l’absolu à l’absolu.My Love de Niki de Saint PhalleC’est exubérant, chatoyant, poétique, naïf, coloré… C’est Niki
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Where shall we make love ?
On top of the sun ?
In a bed ?
In a field of flowers ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Artiste franco-américaine reconnue internationalement pour ses œuvres engagées et colorées, tour à tour plasticienne, peintre et sculptrice, Niki de Saint Phalle (1930-2002) s'est également consacrée à l'écriture et a publié plusieurs ouvrages autobiographiques illustrés. En 1971, elle entreprend de raconter l'histoire d'un amour, en mots et en dessins, sous la forme d'un livre-objet qui se déploie en accordéon. My Love, ce livre d'artiste, rare et longtemps introuvable, est ici reproduit à l'identique de l'édition originale, telle que Niki de Saint Phalle l'avait imaginée.
Voilà une critique bien difficile à rédiger tant ce chef-d’oeuvre m’a semblé inabouti. Oui, c’est un chef-d’oeuvre, nul doute. C’est beau, prenant, envoûtant et questionnant. Je suis resté sous le charme de ce livre aux nombreux tiroirs (enfin, aux nombreuses étagères de bibliothèques).La cité aux murs incertains de Haruki MurakamiComme l’auteur s’en explique dans la postface, ce livre est une extension d’une nouvelle du même titre de 1980. Elle servit de matière pour La fin des temps paru en 1985 (que je m’en vais m’empresser de relire et qui – dans mes souvenirs – me semble avoir tant de points communs). Insatisfait, Murarami s’est remis au travail en 2020 et ce livre en est une reprise complète.
Mais pourtant, à la fin de cette lecture, il me semble qu’encore, de grands pans restent inexplorés, de nombreuses portes ouvertes restent béantes et les incessantes répétitions m’ont beaucoup troublé. Choix délibérés de l’auteur ou travail inachevé ?
Une histoire fantastique, d’amour impossible, de disparition et de questionnement sur la propre vie de nos inconscients
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) C'est toi qui m'as parlé de la Cité.
Ce soir d'été, respirant les effluves de l'herbe tendre, nous avons marché vers l'amont de la rivière. Nous avons traversé une succession de gradins formant de petites cascades, et nous nous sommes arrêtés de temps en temps pour observer des poissons argentés, filiformes, qui nageaient dans les nappes d'eau. Nous étions tous deux pieds nus depuis un bon moment. L'eau claire lavait et rafraîchissait nos chevilles, le sable fin de la rivière nous enveloppait les pieds, comme un nuage doux dans un rêve. J'avais dix-sept ans, toi, un an de moins.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Tu dis : « La Cité est entourée de hauts murs et il est très difficile d'y pénétrer. Mais encore plus difficile d'en sortir.
- Comment pourrais-je y entrer, alors ?
- Il suffit que tu le désires. »
La jeune fille a parlé de la Cité à son amoureux. Elle lui a dit qu'il ne pourrait s'y rendre que s'il voulait connaître son vrai moi.
Et puis la jeune fille a disparu.
Alors l'amoureux est parti à sa recherche dans la Cité. Comme tous les habitants, il a perdu son ombre. Il est devenu liseur de rêves dans une bibliothèque.
Il n'a pas trouvé la jeune fille. Mais il n'a jamais cessé de la chercher...
Avec son nouveau roman si attendu, le Maître nous livre une oeuvre empreinte d'une poésie sublime, une histoire d'amour mélancolique entre deux êtres en quête d'absolu, une ode aux livres et à leurs gardiens, une parabole puissante sur l'étrangeté de notre époque.
Magnifique, éblouissant ! Le voleur d’amour de Yannick Corboz, d’après le roman de Richard Malka
Des dessins splendides et des aquarelles flamboyantes.
Alors, certes, cette histoire de vampires a un petit air de déjà vu et le traitement du scénario est un brin répétitif.
Une bande dessinée sensuelle et romantique dans un tourbillon gothique
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Harlem, New York City, novembre 20...
Anna, ce soir encore tu t'es endormie dans te rendre compte que je te drogue.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Adrian van Gott est une énigme. Torturé, mystérieux, épuisé par les siècles déjà vécus, il collectionne les conquêtes mais vit seul dans son immense demeure nichée au cœur de Manhattan. Dans cette forteresse des hauts quartiers, il a amassé des livres, des tableaux, des souvenirs mais reste hanté par un douloureux secret. Car Adrian possède un don unique, un étrange et monstrueux pouvoir qui le condamne à dévorer l’amour d’autrui pour assurer sa survie. Pour Adrian, l’amour se vole et ne se gagne jamais. Capable de percevoir les infimes variations de goût et de saveur dans un simple baiser, Adrian n’a eu de cesse d’assouvir son appétit de Constantinople au Paris de la Révolution. Mais qui est-il et quel drame entoure son enfance dans la Venise des années 1780 ? Le jour où deux siècles et demi plus tard, sa route croise celle d’Anna à New York, tout bascule. Troublé, Adrian retrouve dans cette jeune danseuse la même saveur que possédait la seule femme qu’il ait jamais aimée. Pour la première fois de sa vie, il refuse l’inéluctable et jette un regard amer sur son existence passée. Et si le temps était venu de briser ses chaînes ? Anna pourra-t-elle mettre fin à son insatiable quête d’amour ? Après avoir passé sa vie d’immortel à semer la désolation, Adrian a un tout autre plan…
Cet album est une adaptation du roman de Richard Malka intitulé Le Voleur d’amour, publié aux éditions Grasset & Fasquelle, 2021.
Avec son trait voluptueux et raffiné, Yannick Corboz redonne vie à ce héros tragi-gothique. Dans cet album au graphisme éblouissant où l’amour est à la fois une quête et une malédiction, il nous livre une vertigineuse fresque romantique qui interroge sur la nature humaine et la part d’ombre et de lumière en chacun de nous.
Combien de fois meurt-on dans une vie ? De faim, de honte, d’ennui, de désir, d’impatience, de jalousie, de culpabilité, de chaud, d’angoisse, de chagrin, de froid, de peur ou de rire ?
Marie-Christine Horn ne mourra en tout cas pas sans y avoir réfléchi, avec un sourire mi-tendre et mi-moqueur et avec beaucoup de talent ! Le nombre de fois où je suis morte de Marie-Christine Horn
Ces nouvelles, parfois graves mais souvent très drôles, portent un regard coquin et acidulé sur des instants de vie de femmes, joyeux ou tristes, drôles ou cruels… … des grandes et petites morts qui rapprochent de la dernière
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Il est des peines, comme des joies, qui vous surprennent un beau jour comme un vilain, sans qu'on les ait vraiment choisies, provoquées ou même attendues. Il est des joies, comme des peines, qui vous émeuvent plus ou moins, et dont les larmes ont autant un goût de rire que de chagrin.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Morte de faim, morte de peur, morte d’ennui…Femmes tantôt fragiles, en colère ou désespérées, les protagonistes dansent sur le fil, frôlent les précipices en quête de réponses, d’ailleurs ou de sens.
Treize nouvelles, autant de petites morts. Avec lucidité et humour noir, l’auteure signe un texte puissant dont le fil rouge est l’exploration de la psyché féminine dans toute sa complexité.
Un livre beau comme l’amour, dépaysant comme l’exil, questionnant comme la religion, délicieux comme le tadig et triste comme la maladie.
Nafasam de Chirine Sheybani
L’histoire d’une fille de famille juive ayant fuit le régime du Shah d’Iran pour les États-Unis et se retrouvant à Genève pour ses études et… Rencontrer Augustin. Une histoire d’amour au parfum des cuisines.
Une histoire de vie magnifique qui vibre au rythme des émotions
PS pour l’éditeur : Chères éditions cousu mouche, s’il vous plait, plus de polices sans-serif qui ne mettent pas vraiment en valeur vos textes. J’ai eu l’impression de lire un horaire de gare.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Augustin est assis en tailleur sur le tapis.
Elle s'asseyait toujours en tailleur. Partout. Sur les chaises, les fauteuils. Les canapés. Et par terre, évidemment.
Il y a du soleil dehors. Doux. Un chuchotement de lumière.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Augustin et Sepideh. Deux destins. Une rencontre. L’histoire d’un amour. En allant picorer dans leur existence, Chirine Sheybani parle de culture, d’identité, de cuisine, de maladie et d’amour.
À travers le personnage de Sepideh, elle raconte le destin des juifs iraniens, exilés sur leurs terres, puis de par le monde. Elle évoque la dignité de ces hommes et de ces femmes qui se construisent sans racines.
Chirine Sheybani dépeint aussi, au fil de pages puissantes, le combat contre la maladie et le droit de chacun d’écrire le mot fin de son histoire.
Écrit dans un style âpre, haché, et maîtrisé, Nafasam vous entraîne au plus près d’un couple attachant, dans l’intimité de Sepideh la fière et d’Augustin le conciliant.
Le vent léger, c’est l’enfance heureuse, joyeuse et insouciante. La vie qui naît, ensemble, en famille avec une sœur et des frères. La musique des saisons et l’amour qui porte et transporte.
Le vent léger de Jean-François Beauchemin
Et la maladie et la mort qui s’invitent.
Et c’est très beau, même si ça force un peu sur le mélo et le « c’était plus authentique avant »
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Un matin de l'été mille-neuf-cent-soixante-cinq, peu après le passage de la benne à ordures, la verroterie des dernières étoiles a cessé de scintiller, et la nuit noire du monde a majestueusement cédé sa place aux rayons poétiques et très anciens du soleil.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) À l’automne de l’année mille-neuf-cent-soixante-et-onze, une famille composée de six enfants délurés et de leurs parents vit une existence paisible à la campagne. La mère, bientôt malade, est l’objet de l’attention tendre et des soins empressés du père et de ces enfants aimants, à la fois graves et légers, introspectifs et expressifs. À leur récit de ce passage obligé par le malheur et le chagrin s’enchevêtrent divers événements ponctuant l’histoire récente du Québec et du monde. Comme si l’aventure humaine n’était en vérité ni petite ni grande, mais jalonnée de faits, de courants et de hasards, tragiques ou frivoles, formant à la fin un collier, ou une chaîne, celle de cette existence dérisoire et merveilleuse que nous traversons tous.
Kukum m’a fait pleurer deux fois. Par la beauté des premiers instants et par l’horreur de la fin.
Kukum de Michel Jean
L’histoire de l’arrière-grand-mère de l’auteur, Almanda Siméon née en 1882, qui épousa un jeune indien Innu. Une histoire d’amour magnifique au milieu du grand nord canadien. Une belle, très belle histoire qui aurait pu durer toujours.
Jusqu’à ce que Michel Jean nous rappelle brutalement à la réalité…
Et à l’annihilation de peuples premiers en détruisant les forêts, les lacs, la langue et les traditions par le « progrès », la sédentarisation, l’alcool, la langue, les pensionnats…
Un livre aussi beau que terrible
Et voilà que deux semaines après, je tombe sur cette info de Radio Canada : Protection de l’enfance : l’APN confirme qu’Ottawa versera 48 G$ pour réformer le système.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Une mer au milieu des arbres. De l'eau à perte de vue, grise ou bleue selon les humeurs du ciel, traversée de courants glacés. Ce lac est à la fois beau et effrayant. Démesuré. Et la vie y est aussi fragile qu'ardente. Le soleil monte dans la brume du matin, mais le sable reste encore imprégné de la fraîcheur de la nuit. Depuis combien de temps suis-je assise face à Pekuakami?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Almanda a 15 ans quand elle tombe amoureuse de Thomas, jeune Innu de l'immense lac Pekuakami. Orpheline québécoise d'origine irlandaise, elle quitte les siens pour le suivre dans cette existence nomade, brisant bientôt les carcans imposés aux femmes autochtones pour apprendre la chasse et la pêche. Ancré dans une nature omniprésente, sublime et très vite menacée, son destin se mêle alors à celui, tragique, d'un peuple ancestral à la liberté entravée.
Un écrivain de 70 ans raconte ses deuils et, malgré tout, ses espoirs. Son enfance et ses parents, et un peu tout ce qui lui passe par la tête, finalement.
Baumgartner de Paul Auster
Oui, c’est bien écrit. Un livre à la musique austerienne, comme une balade douce dans les pensées d’un écrivain vieillissant, résigné…
Un livre qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler du Modiano. C’est sympa, mais quand même un peu neurasthénique
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Baumgartner est assis à son bureau dans la pièce du premier étage qu'il désigne parfois comme son bureau, son cogitorium ou son trou.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Sy Baumgartner, professeur de philosophie à Princeton, veuf solitaire de soixante-dix ans, entame un voyage dans le grand palais de la mémoire. Ses pensées lentement partent à la dérive « vers le passé, le passé distant que l'on distingue à peine, vacillant à l'extrémité la plus lointaine de la mémoire, et par fragments lilliputiens, tout lui revient ».
Se déploient, en spirales de souvenirs et de réminiscences, sa jeunesse à Newark, la vie de son père, révolutionnaire fantôme d'origine polonaise, sa rencontre foudroyante, à vingt et un ans, avec Anna, poétesse en herbe, puis leur amour fou quarante années durant. Jusqu'à sa disparition, qui laisse Sy comme amputé de celle qu'il appelait sa moitié. Se dessine alors une étude sensible, profonde et fouillée sur l'attachement et les méandres du deuil de l'être aimé.
Un roman traversé par les forces de l'amour et de la perte, étonnamment lumineux.
Une histoire de village, d’Italie et de guerre. Une histoire de haines ancestrales, de jalousies, de rivalités et… au milieu, un terreau fertile pour les amours interdites des jeunesses qui se découvrent.
Les battantes de Simona Brunel-Ferrarelli
Malgré plusieurs époques et leur traitement un peu brouillon (ou trop emmêlé pour moi), le style et la passion emportent ce livre très touchant.
Il ne manque qu’un balcon pour se croire à Vérone…
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Lundi 6 septembre 1943
Premier jour d'école. Je ne sais pas si je tiendrai. Ils m'ont amené leurs gosses avec une méfiance de paysans obtus et coincés. C'est parce que je ne suis pas d'ici. Et que je suis une femme.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) "Dans ma famille, aucun évènement, pas même la guerre, ne pouvait enfreindre les certitudes d’un nom qui se savait fort pour sa discrétion, sa respectabilité. Aucune faute, commise ou non, ne serait jamais avouée. On trouverait le moyen de l’étouffer, de la rendre invisible et non advenue.
C’est ainsi que les histoires de famille, racontées à demi-mot par des tantes radoteuses, réchappées à l’enclos du silence pendant les fugues de mon enfance, constituèrent, à l’insu de tous, les vraies bases de mon éducation."
Âpre et rude est la vie à Rocca Patrizia ; frustres et obtus sont ses habitants. Dans cette atmosphère où l’on s’observe, se toise et se jalouse évoluent les familles du village. Leurs liens se dévoilent subtilement au fil des pages. Simona Brunel-Ferrarelli redonne vie avec fougue à cette Italie d’autrefois, aussi dramatique qu’envoûtante. Un roman que porte une écriture musicale et charnelle.