Jean-Paul Enthoven a une belle plume. Avec un style à la fois riche et fluide, il évite les trop nombreux clichés qui empâtent l’érotisme cheap et monte assez brillamment la tension tout au long du livre. Pour ça, bravo, même si cette écriture pourrait sembler un peu désuète aujourd’hui.
Dans ce livre, ode au luxe, aux bifs qu’on laisse tomber sans compter, aux costumes de lin et aux grands hôtels de la côte amalfitaine, on rencontre un homme classe et cultivé citant Aragon et Baudelaire envouté par la sublime et inaccessible Blanche de N.
Une romance impossible, une soumission ardente, une histoire d’amour impossible qui se refuse à elle même dans une tension érotique ou se mêlent les plus belles femmes aux hommes les plus beaux dans de splendides appartements aux domestiques magnifiques… Oui, au bout d’un moment, c’est un peu too much !
«Certains êtres sont parfois des virtuoses involontaires de l'instrument que nous sommes. Et ils le sont parce qu'un don mystérieux leur a offert un accès immédiat, presque violent, à ce que, d'ordinaire, nous dissimulons.
Ces êtres, que nous identifions à peine quand le hasard nous met en leur présence, jouent d'instinct de cet instrument, donc de nous-mêmes. Rien, pourtant, ne les a préparés à l'exercice auquel ils vont exceller sans le savoir.
Parfois, ils y prennent du plaisir. Parfois, ils s'en acquittent sans y songer. Comme des despotes qui se sentent obligés d'être despotiques, par conformité à leur nature, et presque à leur insu.
Ces êtres sont redoutables car ils vont nous gouverner avant même d'avoir pris la peine de le vouloir.
Mais nous aimons à la folie l'illusion qu'ils nous procurent d'être compris, ainsi que les doses de ravissement qu'ils ont versées dans notre existence - en même temps qu'ils y ont versé leurs doses de venin.
Blanche faisait partie de ces êtres-là...»