Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Si une histoire se termine bien, c’est qu’elle n’est pas finie. Et avec ce testament Donadieu, Simenon ne nous berce pas vraiment d’illusions. L’histoire de Philippe, trop avide, ambitieux, arriviste prêt à tout pour réussir.
Et il réussira ! Et qu’importe les reniements, les mensonges, tromperies et manipulations. Il épousera une fille Donadieu et ce sera la première pierre de son grand oeuvre.
Un roman sombre où les femmes sont des pions que l’on utilise, les amis des ressources à traire, la famille des encombrants à disperser et les promesses de douces paroles laudatives à utiliser sans compter
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Une ouvreuse traversa le hall, ouvrit à deux battants les portes vitrées, tendit la main pour s'assurer qu'il ne pleuvait plus et rentra en serrant son tricot noir, à boutons, sur sa poitrine. Comme à un signal, la marchande de berlingots, de cacahuètes et de nougats quitta, de son côté, l'abri d'un seuil et s'approcha de son éventaire dressé au bord du trottoir.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Philippe Dargens, fils d'un élégant aventurier, directeur de cinéma, a réussi à s'introduire dans une famille d'armateurs de La Rochelle, les Donadieu.
Pour faire fortune, il ne recule devant rien : il fait la conquête de sa belle-mère qu'un testament éloignait des affaires, il écarte ses beaux-frères...
Il trahit peu à peu tous les idéaux de sa jeunesse et utilise son entourage pour satisfaire ses ambitions.
Dans Le siècle des égarés, Julia de Funès affirme que : « Chercher à prouver que la femme, le racisé, l’homosexuel est égal à l’homme blanc hétérosexuel n’a plus aucune pertinence en France en 2022. »
Titiou Lecoq démontre ici brillamment que sur ce point, tout n’est pas aussi clair que ça. Que les inégalités sont insidieuses, que les lois sont parfois perverses, que leur application peut être retorse et que finalement, si ! Il est pertinent et même fondamental de se pencher là dessus !
Dans cet essai, nous suivons Gwendoline de sa naissance à sa retraite en passant par le célibat, la vie en couple, le mariage, des enfants et un divorce. Et à chaque étape, l’écart se creuse. De l’argent de poche à la pension, les inégalités sont flagrantes.
Un livre comme un état des lieux (certainement pas exhaustif et purement économique) des inégalités (légales, sociales, familiales, éducationnelles…) économiques au détriment des femmes.
Avec une conclusion en forme de check-list et des questions à se poser au cours des différentes étapes de la vie (et franchement, ça vaut le coup d’oeil… tout comme les petits caractères des contrats d’assurance)
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Les hommes sont plus riches que les femmes. Ce constat se retrouve partout, a l'échelle de la société comme à celle de la famille.
Et pourtant, longtemps, il ne m'a pas intéressée. J'ai travaillé sur les violences sexuelles, les féminicides, la parentalité, le domestique, l'effacement des femmes dans l'Histoire.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Les hommes sont plus riches que les femmes.
Dès l'enfance, les garçons reçoivent plus d'argent de poche que les filles. Adultes, à poste égal, les femmes sont moins bien payées que les hommes. Et le couple accentue encore les inégalités : au cours de la vie à deux, l'écart ne cesse de se creuser, sans que ni l'une ni l'autre ne s'en rende compte. Ou bien préfère l'ignorer. Chaque fois, il y a des explications et une combinaison de "bonnes raisons" mais le tableau général est accablant. J'écris depuis des années sur les violences sexuelles, le travail domestique, l'invisibilisation des femmes.
Il était temps que je m'intéresse à ce qui est souvent plus tabou que la vie sexuelle : l'argent. »
Avec un talent rare pour la pédagogie, Titiou Lecoq décortique les statistiques les plus récentes. Elle convoque l'historienne Michelle Perrot, des économistes, une conseillère en gestion de patrimoine, des banquières, sa mère et même des arnaqueuses. Son ton mordant fait le reste.
On tourne les pages avec étonnement et parfois colère. Mais Titiou Lecoq propose aussi des solutions simples qui peuvent tout changer
Jean-Paul Enthoven a une belle plume. Avec un style à la fois riche et fluide, il évite les trop nombreux clichés qui empâtent l’érotisme cheap et monte assez brillamment la tension tout au long du livre. Pour ça, bravo, même si cette écriture pourrait sembler un peu désuète aujourd’hui.
Dans ce livre, ode au luxe, aux bifs qu’on laisse tomber sans compter, aux costumes de lin et aux grands hôtels de la côte amalfitaine, on rencontre un homme classe et cultivé citant Aragon et Baudelaire envouté par la sublime et inaccessible Blanche de N.
Une romance impossible, une soumission ardente, une histoire d’amour impossible qui se refuse à elle même dans une tension érotique ou se mêlent les plus belles femmes aux hommes les plus beaux dans de splendides appartements aux domestiques magnifiques… Oui, au bout d’un moment, c’est un peu too much !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) «Certains êtres sont parfois des virtuoses involontaires de l'instrument que nous sommes. Et ils le sont parce qu'un don mystérieux leur a offert un accès immédiat, presque violent, à ce que, d'ordinaire, nous dissimulons.
Ces êtres, que nous identifions à peine quand le hasard nous met en leur présence, jouent d'instinct de cet instrument, donc de nous-mêmes. Rien, pourtant, ne les a préparés à l'exercice auquel ils vont exceller sans le savoir.
Parfois, ils y prennent du plaisir. Parfois, ils s'en acquittent sans y songer. Comme des despotes qui se sentent obligés d'être despotiques, par conformité à leur nature, et presque à leur insu.
Ces êtres sont redoutables car ils vont nous gouverner avant même d'avoir pris la peine de le vouloir.
Mais nous aimons à la folie l'illusion qu'ils nous procurent d'être compris, ainsi que les doses de ravissement qu'ils ont versées dans notre existence - en même temps qu'ils y ont versé leurs doses de venin.
Blanche faisait partie de ces êtres-là...»
Après quinze ans d’absence, le narrateur revient au pays, à Lagos au Nigeria et se retrouve confronté à la corruption et la violence généralisée.
Un récit empreint de tristesse et de colère devant un pays dépouillé de ses richesses et se débattant dans la misère où les pauvres rackettent les pauvres pendant que le pétrole s’exporte.
Un livre témoignage auquel je n’ai malheureusement pas accroché.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) New-Yorkais depuis quinze ans, le narrateur rentre pour trois semaines dans sa ville natale, Lagos. En vingt-sept chapitres, il rend compte de ce séjour au cours duquel il retrouve sa famille, ses amis, son premier amour, renoue avec son passé et l'univers étourdissant de la mégapole nigériane aux quinze millions d'habitants.
Des périples suicidaires en danfos, ces minibus jaunes décrépis et bondés qui fusent dans les rues, à la meilleure manière de doser un pot-de-vin ou de flouer les gamins de la zone, Chaque jour appartient au voleur est tout à la fois récit de voyage, reportage intime et ode à « cette cité aux mille Shéhérazade ». Une écriture précise et mélancolique, magnifiée par des photographies de Teju Cole
La bio idéale pour découvrir Balzac et avoir envie de se faire toute la Comédie Humaine.
Titiou dévoile Honoré et sa vie et ses déboires avec une plume amusée et un brin moqueuse mais pleine d’une grande tendresse pour cet homme, génie et bourreau de travail qui a crée le roman moderne.
Et découvrir un mytho-mégalo-impulsif absolument attendrissant
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Parce qu'il était fauché, parce qu'il a couru après l'amour et l'argent, parce qu'il finissait toujours par craquer et s'acheter le beau manteau de ses rêves, parce qu'il refusait d'accepter que certains aient une vie facile et pas lui, parce que, avec La Comédie humaine, il a parlé de nous, j'aime passionnément Balzac. »
Tout le monde connaît Balzac, mais bien souvent son nom reste associé aux bancs de l'école. Avec la drôlerie qu'on lui connaît, Titiou Lecoq décape le personnage. Elle en fait un homme d'aujourd'hui, obsédé par l'argent, le succès, l'amour, dans un monde où le paraître l'emporte sur le reste. Sous sa plume, ce géant de la littérature devient plus vivant que jamais
Trump, Trump, Trump, Donald Trump comme une obsession, une colère, une rancœur, la représentation de la douleur, du mal, du fake… Cause et symptôme des dérives, de la déchéance, de l’abandon.
Ronney est en colère et déjà résigné. Les douleurs à la jambe témoignent de son abattement. Et tout se mélange, et Trump et encore lui. Qu’est devenue l’Amérique, sinon un corps malade et usé comme Rooney.
Un livre terrible et magnifique qui sombre dans la folie d’un corps abusé et d’une nation trompée.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Avec Féroces et La Chute des princes, Robert Goolrick a entamé un cycle autofictionnel qui a saisi lecteurs et critiques par sa beauté, son incandescence et sa lecture nostalgique et acerbe de l'histoire contemporaine des États-Unis.
Ainsi passe la gloire du monde vient clore cette aventure littéraire. On y retrouve Rooney, l'avatar de l'auteur, et ses amis inoubliables, emportés par le siphon qu'est devenu leur pays déchiré par un tyran aux allures de clown orange cannibale. Un pays aussi clivé que durant la guerre de Sécession, nordistes et confédérés ayant été remplacés par les « déplorables » et les « I % ».
Rooney, qui a perdu sa vie à tenter de rester parmi les derniers, se retrouve échoué, malade sans recours, miséreux sans excuse, avec pour seule consolation quelques rares souvenirs de joie, et portant la blessure ouverte d'une question trop douloureuse : quand on fait l'amour pour la dernière fois, sait-on que c'est la dernière ?
À l'occasion de funérailles, il convoque les fantômes du passé, part à la recherche des quelques fidèles qu'il connaît encore, témoins d'une autre vie, d'une autre Amérique
En partant d’une chaussette sale, Titiou s’emballe. Mais ce qui pouvait ressembler à une colère d’hystérique (les femmes..!) se construit, s’argumente et se développe en un essai féministe et engagé. Un livre de vulgarisation et de démonstration brillant comme un carrelage sur Instagram!
Les évidentes inégalités sautent aux yeux comme les plus insignifiantes vicieuseries de la vie de tous les jours. Les petites merdasses quotidiennes comme les sempiternelles injustices médiatisées passent à la caisse, et la facture est salée comme le potage de la ménagère modèle.
Un livre drôle, militant et sérieux pour remuer les petits conforts machistes.
Mais diable, Titiou, pourquoi encore cette tranche de foie veau? Ce matin, alors que je lisais dans le bus, je suis tombé sur ces lignes qui m’ont rappelé cette fameuse photo O__O Ma tartine a bien failli remonter.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Un jour, je me suis demandé : pourquoi est-ce moi qui ramasse les affaires qui traînent ? Je n'ai trouvé qu'une seule réponse. Parce que je suis une femme qui vit avec un homme et deux enfants et que, conséquemment, les corvées, c'est pour ma gueule.
Être une femme, ce n'est pas seulement l'idéal de minceur et de cheveux qui brillent, c'est le souci permanent des autres et du foyer, c'est être sans cesse ramenée à la saleté, aux taches, à la morve. L'égalité serait déjà là, mais les femmes conservent la conviction intérieure qu'elles doivent s'occuper de tout et de tout le monde, et d'elles en dernier, s'il reste cinq minutes à la fin de leur triple journée.
Cette féminisation de la sphère privée implique une autre conséquence : l'espace public est toujours masculin. Peut-on se dire égaux quand la moitié de la population adapte ses vêtements en fonction des transports et fait attention à ne pas être seule la nuit dans la rue ? Et si le combat féministe devait encore et toujours se jouer dans la vie quotidienne de chacune et chacun, chez soi, dans sa propre maison, devant le panier de linge sale ? »
Denis Robert commence son livre par exprimer sa reconnaissance envers Cavanna. C’est beau, c’est juste !
Après, et ben… c’est l’histoire de Hara-Kiri et de Charlie. C’est la passion, les envols et les descentes, les sursaut et les coups de putes. Surtout les trahisons, en fait.
Et il manque quand même un peu de bonne poilade dans ce livre. Hara-Kiri c’était pourtant ça, non ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Je voudrais avoir la froideur de l'entomologiste en entamant ce récit. Prendre les pièces une par une, remonter le temps. Éclater le temps. Disséquer. Poser. Observer. Dater. Comprendre. C'est l'histoire de deux êtres rares : Cavanna et Choron. C'est l'histoire d'un premier journal, puis d'un deuxième, d'un troisième : tous créés par une bande de kamikazes, ivres de liberté et bourrés de talent. Ces journaux ont amusé, éclairé, ouvert les yeux et les esprits de deux ou trois générations de lecteurs, de citoyens, d'électeurs, de journalistes. Hara-Kiri mensuel, Hara-Kiri hebdo, La Gueule ouverte, Charlie Mensuel et le dernier : Charlie Hebdo... 1960-1985 : vingt-cinq années d'insolence, d'humour, de spontanéité et de subversion. L'époque étant ce qu'elle est, ces journaux fougueux qui sentaient le foutre, la sueur, l'alcool, la liberté sont devenus des marques. C'est l'histoire de la dilapidation d'un héritage. Une histoire tumultueuse, magnifique, triste et honteuse. À mes yeux, elle est exemplaire
De la distorsion des rapports familiaux et amoureux par le fric, tout plein de fric, beaucoup, très! Et là, comment ça se passe pour cette jeunesse dorée en quête de sentiments, d’amour et de sincérité?
Un roman à plusieurs voix. Drôle et sans pitié pour ces pauvres choux blindés qui rament dans leurs riches aberrations.
Ils seraient presque à plaindre.
– Un petit bémol, pour une fin un peu nunuche…
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Une île privée des Seychelles. Tatiana, « bécasse sentimentale », rencontre Philip, un garçon bien de sa personne ; ils sont beaux, elle est riche, ils s'aiment et décident de se marier. Leur histoire a tout du conte de fées, oui... mais celui-ci est écrit par Saphia Azzeddine, experte en démolitions.
Des plages de sable fin aux coulisses du mariage, de Los Angeles à Paris, et de la meilleure copine à la femme de ménage, chaque personnage prend la parole, comme un choeur de pleureuses, et décrit ce couple en chemin vers l'autel. Sur la scène mondaine, les acteurs de cet univers d'ultra-riches et d'égoïstes liftés s'affrontent et s'esquivent dans une satire sociale aussi drôle que cruelle
Josiane Balasko ne juge pas, tout le monde est paumé, les jeunes comme les femmes mûres. Et le fric qui met à l’épreuve, ceux qui en ont comme ceux qui en cherchent. Le prix des sentiments. Honte et fierté des statuts sociaux.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Fanny et Marco sont mariés depuis quatre ans. Ils s'aiment. Mais, un jour, Fanny découvre le vrai métier de Marco : escort boy. Il vend ses charmes à des femmes riches et solitaires. Parmi ces dernières, Judith, animatrice d'une émission de télé-achat, qui s'est prise d'affection pour le jeune homme au point de le recevoir chez elle...
Les relations du trio vont-elles tourner au drame ou à la farce, au vaudeville ou à la comédie de moeurs ?
Actrice adorée du grand public, mais aussi scénariste et réalisatrice, Josiane Balasko nous fait passer du rire aux larmes avec autant de brio que de tendresse. C'est en vraie romancière qu'elle dépeint ce jeune couple amoureux et l'angoisse d'une femme libre, désemparée face à l'âge qui vient...