Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
César (serait-ce autobiographique ?) est un jeune garçon couvé par ses grands-mères et tantes, tiraillé entre son père et sa mère séparés, avec des demis frères et soeurs dont il ne sait trop quoi faire.
Et que faire (et comment faire) de sa vie, des relations sociales, de sa sexualité, des attentes, de ses angoisses, de ses peurs, de ses incapacités à être raccord avec les autres, de ses passions décalées ? Coincé à Key-West avec sa grand-mère et ses (grand-)tantes par l’épidémie de Covid, il tente d’écrire sa misère.
Un bijou d’autodérision sur l’inadaptation sociale. Pauvre César, mon pauvre lapin
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Mes projets de carrière sont tombés à l'eau, vous savez. Les gens m'avaient pourtant prévenu.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Réinscrit à Sciences-Po après avoir échoué une fois au concours d'entrée de l'ENA, le narrateur fait une crise d'angoisse en plein cours de préparation du grand oral, alors qu'il pense faire une crise cardiaque. Il abandonne finalement les cours. La suite du récit roule sur la nature de ses relations avec les femmes de sa famille, dont sa mère, sa petite soeur et ses tantes
Catherine Meurisse a pu profiter d’une résidence d’artistes au Japon, juste au bord de mer. Elle se trouvait également au Japon lors d’un tsunami.
Elle en a tiré ce récit en y mêlant sa fascination pour les paysages et les personnes, la mer et la nature, les forêts et leurs habitants.
Oscillant entre humour, poésie et fantastique, avec certaines planches splendides entrecoupées de pages plus discutables, La jeune femme et la mer ressemble à un conte graphique au message quelque peu sibyllin
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Arigato !
Vous avez fait bon voyage ?
Vous devez être fatiguée !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) «Je voudrais peindre la nature», déclare la jeune dessinatrice française débarquant au Japon. Sur son chemin, un peintre japonais, lui, cherche à « peindre une femme ». Quelle nature ? Celle qui apaise ou celle qui submerge ? Et quelle femme ? Nami, qui tient l'auberge thermale où les deux artistes vont séjourner ? Nami n'est pas un modèle facile. Mystérieusement liée aux éléments naturels, elle sait lire l'arrivée des typhons dans les plis de la mer. C'est en tout cas ce que prétend le tanuki effronté, animal mythologique nippon incontournable, qui surgit au gré des déambulations des deux voyageurs...
Conte philosophique, La Jeune femme et la mer rappelle que notre vie dépend de notre capacité à entrer en résonance avec la nature
K. (Koren ?) vit avec un colloc bien porté sur le cul, mais il se met en couple avec une copine. Six mois plus tard : rupture et retour en colloc.
Dépité et un peu déprimé, il suit les conseils de son colloc et s’inscrit sur LoveBug, un site de rencontre. Et bim, une, deux, trois… il enchaine rapidement les coups d’un soir.
Et la machine s’emballe…
Une fable sympa au dessin très soigné sur la vacuité du donjuanisme en ligne, son machisme et la marchandisation des individus (des proies comme des chasseuses-eurs)
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Vide-grenier du siècle
C'est le paradis ! J'adore l'été en ville.
Une torture chinoise, oui. J'en peux plus.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) A la suite d'une rupture, une relation de K. lui propose de rejoindre un site de rencontres : Lovebug. K. se rend à de nombreux rendez-vous et devient addict. Il perd son intégrité et ses amis
Nina Bouraoui parle de son enfance en Algérie, de son arrivée en France, de sa mère et de sa famille, de son homosexualité, du milieu lesbien parisien…
Un livre entre souvenir et devenir dont je ne me rappellerais pas forcément
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « J'écris les travées et les silences, ce que l'on ne voit pas, ce que l'on n'entend pas. J'écris les chemins que l'on évite et ceux que l'on a oubliés. J'étreins les Autres, ceux dont l'histoire se propage dans la mienne, comme le courant d'eau douce qui se déverse dans la mer. Je fais parler les fantômes pour qu'ils cessent de me hanter. J'écris parce que ma mère tenait ses livres contre sa poitrine comme s'ils avaient été des enfants. »
Avec Tous les hommes désirent naturellement savoir, Nina Bouraoui signe un roman envoûtant sur les origines du désir et de la violence
Camille de Peretti s’est mise en tête de revisiter un monument – Les liaisons dangereuses – en s’y campant en Marquise de Merteuil et, ma foi, y dévoile un talent à la hauteur de son audace.
Et à l’instar des lettres recueillies dans une société et publiées pour l’instruction de quelques autres, tout est calcul, fourberie et intrigues avec une question que je me suis posé tout au long : l’autrice sera-t-elle aussi cruelle avec ses personnages que l’avait été Choderlos de Laclos ?
Un hommage en forme pastiche délicieusement amoral
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Julien et Camille sont faits pour s'entendre. Fascinés par la littérature du XVIIIe siècle, élèves brillants, cyniques, ils ont la conviction de s'être trompés d'époque. Et surtout une dévorante envie de s'amuser et d'affirmer leur toute-puissance. Alors quoi de mieux pour combler leurs aspirations que de se prendre pour le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil ?
Quelques règles, de nombreuses « proies » à séduire, un maximum de « trophées »... Les voilà « partenaires de crime », maîtres d'un jeu cruel dont ils tirent les ficelles en redoutables manipulateurs. Mais c'est un jeu dangereux, qui risque de se retourner contre eux et de les précipiter dans ce qu'ils redoutent le plus : devenir des adultes..
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Le premier tome de "Thérapie de Groupe", "L’Étoile qui danse", mettait en scène un auteur de bande dessinée en plein désarroi à la recherche de l'inspiration. Dans le second tome de cette trilogie, "Ce qui se conçoit bien", l'auteur, toujours en panne, poursuit sa quête de l'idée du siècle afin de redevenir l'auteur à succès qu'il était. Après ses échecs répétés il est désormais hébergé par la Clinique des Petits Oiseaux Joyeux (" Clinique Psychiatrique pour fous, gros et demi-gros.").
Il y expérimente la vie en communauté et va donc participer, ou non, aux animations proposées : sport ("De vous à moi, c'est pas pour critiquer, mais on ne fait pas une équipe de foot potable avec des sociopathes."), atelier de dessin, rencontre avec le psychiatre ("J'aime bien les psychiatres, ce sont les seuls à écouter sérieusement les fous...", distribution de médicaments ("la drogue y est gratuite et en plus - et je n'ai jamais vu ça ailleurs - il y a toujours quelqu'un pour s'assurer qu'on prenne bien toute notre drogue. C'est bien simple, je ne comprends pas pourquoi il n'y a pas plus de monde".).
En décrivant un Manu Larcenet en manque d'idées, l'auteur ouvre des dizaines de pistes qu'il explore avant de les refermer et démontre paradoxalement une imagination débordante. Il continue d'explorer l'histoire de l'Art, fréquente Jérôme Bosch et Brueghel l'Ancien, convoque Boileau et Nietzche à un débat télévisé, dialogue avec Baudelaire et réinvente le western.
Le séjour à la clinique porte ses fruits et l'auteur, pas forcément guéri mais apaisé, retrouve sa famille.
Un happy end provisoire en quelque sorte : "Aux Petits Oiseaux Joyeux, si on met de côté quelques suicidaires, en général tout se finit bien ." Un album dense d'une originalité absolues. C'est riche, débridé, foisonnant, intelligent, drôle, décalé et désespéré. Mais l'auteur est aussi un artiste et, en revisitant les grands maîtres, il démontre une incroyable virtuosité graphique.
Manu Larcenet, le dessinateur, peut tout dessiner, jongler avec les couleurs, le noir ou le sépia, adopter tous les styles ; c'est un créateur torturé et complet. Les lecteurs familiers de l'auteur ont évidemment déjà lu le premier tome de cette série hors-norme. Pour ceux qui sont en première année de Larcenet, il est recommandé de le découvrir en commençant par lire le sensationnel "Combat Ordinaire", son premier très grand succès.
Le tome 6 comme l’occasion de relire toute la série, brillante !
La famille va s’agrandir et les peurs avec. Mais la campagne est belle et Capucine et Mariette tout autant
Des rires et des sourires, de la tendresse et des angoisses… Le tome 6 complète magnifiquement la série
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) - Vous rentrez à Paris ?
- Non Manu, voyez-vous, ce voyage m'a ouvert les yeux...
Il a réveillé en moi le guerrier Masaï aux sens aiguisés comme des silex. Je serai dorénavant « l'Esprit à l'Arc » et je combattrai l'injustice partout dans la forêt !
Il faut avoir du chaos en soi pour enfanter une étoile qui danse a dit Friedrich Wilhelm Nietzsche. Et depuis, cette citation est reprise à l’envi par tous les psy du monde afin de rassurer les patients en pleines crises d’angoisse. On dirait que pour Manu Larcenet, cette technique ne fonctionne guère.
Une BD qui semble fortement autofictionelle dans laquelle Jean-Eudes de Gageot-Goujon, dessinateur super star au firmament de la création se retrouve en panne devant des cases blanches.
Mais alors que le combat ordinaire se maintenait dans une réalité plausible, l’étoile qui danse nous emporte dans une tourmente délirante.
Une bande-dessinée à l’humour dépressif absolument jouissif, un chef d’œuvre au dessin et aux couleurs splendides, aux audaces de toutes pages, à lire et à relire en attendant impatiemment le retour de Jean-Eudes
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) "Thérapie de Groupe" met en scène de façon éblouissante un auteur de bande dessinée à la recherche de l'inspiration. Dans une quête inlassable il parcourt l'univers de la création. Il remonte l'Histoire, fait appel aux plus grands peintres, interpelle Boileau, Nietzsche ou Dieu Lui-même. Faire rimer humour et désarroi n'est pas à la portée de tous les poètes. Avec cet album drôle et émouvant, cultivé et percutant, c'est pourtant l'exploit que réalise l'auteur.
Ce voyage aux sources de la création est l'occasion pour le lecteur de constater l'extraordinaire talent graphique de Larcenet et l'ampleur de sa palette. Mais aussi d'entrevoir la douleur d'un artiste se cognant aux murs de l'incompréhension et de la solitude. Au bout du voyage, à chaque fois, l'impasse de la souffrance. Avec une lucidité féroce, l'auteur ne s'épargne jamais et dépeint de façon poignante un artiste à la dérive.
Sauf que cet artiste, Manu Larcenet, est aussi le maître de l'autodérision. Et qu'il réussit à rendre chaque dessin, chaque page, chaque échec, aussi hilarants que bouleversants. Face à l'angoisse de la création, sans artifice ni dissimulation, il se met à nu dans une exploration d'une richesse et d'une profondeur rare et d'une vérité souvent déchirante. Et d'une drôlerie surprenante. Dialogues ciselés, mise en scène au cordeau, dessin incroyablement abouti, le dernier avatar d'une oeuvre originale et dense, "Thérapie de Groupe" enchantera évidemment la cohorte des fidèles de Larcenet.
Et sera un vrai choc pour ceux qui le découvrent.
Pour ce livre au titre smiley, Frédéric rappelle à la rescousse son double publicitaire né avec 99.- Francs, Octave. Et Octave a vieilli et commet la pitrerie de trop qui le démissionne de la radio France Publique.
Un livre un peu geignard, truffé de name-dropping dans lequel le pauvre Octave est victime des autres, de lui, des drogues, des femmes, du temps, de tous, où tout le monde est victime, ou le monde est victime et la société est victime ou la victime est victime, victime, victime…
Car ce n’est pas de la faute à Frédéric si Octave est une brelle et finit toujours par cracher dans la soupe après avoir cassé sa soupière.
Pourtant, c’est un livre plein de talent, drôle et caustique qui tape juste, allègre et décomplexé même s’il finit un peu moisi.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Octave Parango a travaillé dans la publicité durant les années 1990 et dans la mode durant les années 2000. Il est désormais humoriste à 8h55, le jeudi matin, sur la plus grande radio nationale de service public.
clôt la trilogie d'Octave Parango sur les aliénations contemporaines : après la tyrannie de la réclame puis la marchandisation de la beauté féminine, Frédéric Beigbeder s'attaque à la dictature du rire.
Une satire réjouissante des dérives de notre société de divertissement
Voilà enfin un recueil érotique plutôt réussi. Premièrement, parce qu’il n’est pas exclusivement érotique et ne confond pas la mécanique et les intentions. Et rien que pour ça, c’est déjà apaisant.
Ensuite parce qu’il est drôle, plein de second degré et d’autodérision, léger et profond, sexe et torride, intelligent et assumé, féminin et féministe, assumé et revendicatif.
Et… d’un érotisme plein de désir
Reste les pulpes des doigts qui revenaient sans cesse sur les poils comme un motto que je ne comprenais pas…
Finalement… autobiographie, romancée ou pure fiction… qu’importe
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) La vie et le parcours sexuel d'une femme en douze rencontres et situations qui n'ont rien de commun. Douze moment sur le chemin de l'épanouissement et de la découverte de soi, dans la mouvance de la sexualité positive et de l'érotisme au féminin.
La musique rythme ses désirs, ses dilemmes et ses ébats. Des amant(e)s, des amours, comme autant de chansons qu’on attache à des souvenirs, qu’on réécoutera peut-être.
Douze parle de l’intime et de la jouissance : où et comment ça se forme, ça se construit, ça se joue, ça se déploie. Une parole crue, sensuelle et décomplexée sur la manière de s’approprier le corps : le sien comme celui des autres.