Après plusieurs Maigret, des schémas et pattern récurrents transparaissent et permettent de mieux évaluer et jauger les différents volumes. Et cette histoire m’a semblé assez emblématique, même si elle ne se passe pas à Paris, mais en Bretagne où le commissaire se rend, motivé par une grosse envie d’huître et de vin blanc.
Un commissaire empathique, bonhomme, qui passe son temps à boire des verres, causer le bout de gras et se promener jusqu’à ce qu’un plan se dessine de lui-même et que l’évidence apparaisse
L'instituteur au purgatoire
Il y a des images qu'on enregistre inconsciemment, avec la minutie d'un appareil photographique, et il arrive que, plus tard, quand on les retrouve dans sa mémoire, on se creuse la tête pour savoir où on les a vues.
Maigret ne se rendait plus compte, après tant d'années, qu'en arrivant, toujours un peu essoufflé, au sommet de l'escalier dur et poussiéreux de la P. J. il marquait un léger temps d'arrêt et que, machinalement, son regard allait vers la cage vitrée qui servait de salle d'attente et que certains appelaient l'aquarium, d'autres le Purgatoire. Peut-être en faisaient-ils tous autant et était-ce devenu une sorte de tic professionnel ?
C'était un village de bouchots et de parcs à huîtres près de la Rochelle. Un village comme tant d'autres. Il y avait un adjoint qui buvait, des joueurs de cartes, un facteur qui se croyait un personnage important, un aubergiste qui connaissait les secrets de chacun et la vieille Léonie qui haïssait le monde entier. On n'y aimait pas beaucoup les étrangers.
Maigret tente d'innocenter Joseph Gastin, un instituteur de Saint-André-sur-Mer, en Charente-Maritime, accusé du meurtre de Léonie Birard, la bête noire du village.