Confessions à un ficus

Roman absurde sur l’absurde ou roman drôle sur la tristesse ?

Ces confessions à un ficus sont un peu de tout ça tout en parlant de rupture, du monde du travail, de psychothérapie et de théâtre contemporain.

Foulerai-je un jour la terre d'un pas léger, délesté du fardeau qui m'encombre, et que je peine à définir ? Le docteur Somme ne m'a rien promis, sans me décourager non plus. « Pensez-vous pouvoir faire quelque chose pour moi ? » lui ai-je demandé lors de notre deuxième rendez-vous. L'air dubitatif, il a affirmé que « oui, si vous pouvez faire quelque chose pour vous ».
Il ignore que j'ai frappé à la porte d'un psychiatre par inadvertance, alors que j'espérais un généraliste disposé à me fournir de puissants somnifères.
Confessions à un ficus de Catherine Logean

Et c’est brillant ! Comme les feuilles d’un ficus qu’on aurait cirées
S'il ne répondait pas aux Pourquoi, le docteur Somme acceptait le Comment, sans se montrer très explicite cependant.
 - Comment faire, Docteur ?
 - Essayez.
 - Essayer quoi ?
 - Autre chose.

Un petit livre très (vraiment très) drôle qui se joue de Geoffroy qui peine à jouer. Paumé, largué, inadapté… mais sincère et touchant. Et capable, comme nul autre, de démontrer l’absurde par lui-même

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je me lève, mais je reste assis

Avant de revoir la lumière du jour devant un parterre de voisins curieux, compatissants, atterrés ou furieux - « mais que fait la régie ? » -, je suis resté coincé deux heures dans l'ascenseur. J'avais pour me distraire une facture, un prospectus annonçant une promotion sur les matelas Bico, au confort de couchage inégalé, et mon reflet dans le miroir: un individu ni grand ni petit, ni gros ni maigre, ni beau ni laid ; un compromis entre Laurel et Hardy.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quand nous découvrons Geoffroy, le héros de ce roman, il est coincé dans un ascenseur, simple métaphore de l'existence pour cet employé timoré qui échoue superbement à faire son chemin. Doté d'un jumeau à qui tout réussit, il végète dans une entreprise d'emballage dont il va claquer la porte pour se consacrer au tri des pommes. Repéré par une metteuse en scène d'avant-garde qui porte haut l'art du vide, il subit les autres sans cesser de s'interroger, tant sur son absurde parcours que sur sa capacité à tout supporter.

Il faudra un ficus compatissant pour qu'il ose enfin sortir du cadre. Car il suffit parfois d'une plante de salon pour révéler une tragédie intime et bouffonne.

Catherine Logean, qui signe ici son premier livre, possède ce dont rare de faire rire avec un personnage aussi navrant que sincère.

Le travail m’a tué

Des débuts merveilleux avec des étoiles dans les yeux et des paillettes au coeur jusqu’à la chute sur le carrelage de l’entreprise. Enfin, chute… Suicide, pour être précis.

Le travail m’a tué de Hubert Prolongeau et Arnaud Delalande, dessins de Grégory Mardon

L’histoire d’un employé au sein d’une grosse entreprise qui, au fil des restructurations, des plans, des changements managériaux et structurels, le presse, et le presse encore plus dans une vertigineuse perte de sens et d’injonctions délirantes.

Un album très bien monté qui démontre au fil des planches la progressive perte de contrôle de Carlos.

Une entreprise responsable ET coupable !

Le suicide au travail a fait irruption dans le monde médiatique avec une première «vague» en 2006 chez Renault, puis une deuxième en 2008-2009 chez France Telecom. Pendant une saison, le sujet a été à la une. Le problème n’est pas né avec cette médiatisation, et il ne s’est pas arrêté avec elle : il y a encore eu dix suicides et six tentatives chez Renault entre 2013 et 2017, et cela sur seulement quatre des onze sites du groupe (chiffres donnés par les syndicats). Quelques victoires juridiques ont accompagné cette reconnaissance : la plus spectaculaire a été la condamnation de Renault pour «faute inexcusable» en 2009 dans l’affaire l’opposant à la veuve d’Antonio B., un salarié s’étant suicidé en 2006. C’était devant le tribunal de la sécurité sociale. En mai 2019 s’est ouvert le procès au pénal de France Telecom, devenu depuis Orange, dont sept dirigeants se sont retrouves en correctionnelle pour «harcèlement moral» et «complicité de harcèlement moral», une première qui n’a pas manqué de remettre le problème sur le devant de la scène.
Hubert Prolongeau

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tribunal des affaires de sécurité sociale.
Les voilà : Mme Perez et son avocate.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
1 - Rester toujours égal avec ma N +1 et toujours valider avec le N + 2
2 - Rester maître de soi
3 - Attendre patiemment la fin des réunions
4 - Etre prudent
5 - Ne pas être stressé par le temps
6 - Attendre la validation du N + 2...
7 - Ne pas communiquer
8 - Avoir confiance
9 - Ne rien écrire mais parler...
10 - Construire ma vie. Ma famille. Ma femme. Mon enfant.

Socrate au pays des process

Procédure, burn-out, brainstorming, salaires, interventions de formateurs, win-win, big-data ou sabirs incompréhensibles mêlés d’anglicismes et d’abréviations… Julia de Funès décortique les entreprises, leurs biais, la vie qui les anime et leurs méthodes managériales sous un angle philosophique.

Socrate au pays des process de Julia de Funès

Et cela donne des portraits drôles, absurdes, édifiants, consternants ou surprenants… mais rarement efficaces et sensés

Ou sont les humains qui les composent, leur libre-arbitre et l’expression de leur bon-sens ? Est-ce efficace ou sensé ?

Et moi ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Durant quelques années, j'ai été chasseuse de têtes : j'étais censée évaluer des candidats expérimentés qui occupaient des fonctions complexes et techniques, auxquelles je ne pouvais, du haut de mes vingt-deux ans, rien comprendre. Je me suis aussitôt retrouvée confrontée au non-sens absolu. Comment évaluer ce que je ne connaissais pas ? Comment juger des compétences nécessaires à des métiers dont j'ignorais tout ?

C'est la philosophie qui m'a pour ainsi dire sauvée : mes études de philo m'ont enseigné à dynamiter mes préjugés et à rechercher le sens de ce qui est. C'est désormais ce que je m'emploie à faire, à la demande des entreprises, avec leurs collaborateurs. Je vous invite donc à un voyage philosophique, au ton volontairement léger, dans le monde des affaires