Le mal joli

L’histoire d’une passion. Mais la grosse passion, celle qui emporte tout. Celle où la douleur côtoie l’extase. La passion adultère, celle qui ne peut vivre ni mourir.

Quand je dis ça, je ne suis pas en train de soutenir qu'il faille prendre pitié des femmes et des hommes adultères. Ça ne viendrait à l'idée de personne, pas même aux gens qui l'ont vécu. Mais je dis qu'il existe dans cette existence humaine des drames qui se promènent déguisés en miracles, et il est étrange que ce drame que nous sommes tant à partager ne soit compris par pratiquement personne, que nous nous trouvions toujours seuls face à l'abîme de nos pensées, seuls comme face à un deuil, à la maladie, et que personne n'ait jamais pensé à réunir les gens atteints de cette affliction sous un même toit, deux fois par semaine, pour vider leurs poches pleines de considérations terribles, où se dissolvent les enfants, les responsabilités, le sens commun.
Le mal joli de Emma Becker

Un livre que j’ai lu en me demandant comment il allait se terminer – on le sait bien, les histoires d’amour finissent mal. Faudra-t-il un second tome me demandais-je en voyant la fin approcher ?

Un jour, je ne saurai plus mentir. Tout le reste de mon existence s'adaptera à mon amour pour Antonin et je n'aurai qu'à hausser les épaules. Parce que c'est ça, la vie : c'est la matière devenue folle.

Une autofiction forcément impudique dans laquelle Emma Becker nous vend ses talents d’amante tout en peignant un tableau au réalisme cru. Celui d’un amour interdit, torture divine auto-infligée.

Et que celles et ceux qui n’ont jamais vécu telle passion gardent leur pierre pour s’en frapper au soir de leur mort

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il me semble a posteriori que tout allait bien lorsque j'ai rencontré Antonin pour la première fois. C'est déjà faire preuve de relativisme m'aurait-on posé la question ce soir-là, cafardeuse et assommée d'herbe comme je l'étais, j'aurais eu un sourire triste et répondu qu'on m'avait déjà enculée plus aimablement.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Pendant combien de temps peut-on supporter deux amours inconditionnelles ? Pendant combien de temps une femme peut-elle vivre écartelée entre une passion amoureuse et un amour absolu pour ses enfants ?

Dans ce nouveau roman, Emma Becker regarde en face et dévoile sans complaisance les moments les plus dangereux, les plus intenses et les plus beaux d'une vie.

Elle ausculte ici le mal joli, cette traversée des plaisirs incandescents et des peines inavouables qui scandent un amour interdit. Et elle nous conte cette histoire d'amour, ou plutôt nous la fait vivre en temps réel, durant un printemps, un été et un automne.

Trois saisons privée des siens auprès de l'homme qu'elle aime, privée de lui auprès des siens.
Trois saisons dans la vie d'une femme.
Trois saisons d'extase et de déchirement.

Emma Becker va encore plus loin dans l'écriture de l'intime et jamais elle ne nous avait tendu un miroir aussi universel.

Un certain Monsieur Blot

Le célèbre auteur des carnets du major W. Marmaduke Thompson (que je m’en vais vite relire) s’est aussi penché sans miroir sur le français moyen. Oui, juste lui : le plus moyen des moyens ! Monsieur Blot, actuaire, gagnant du Grand concours du français moyen.

Un certain goût du tragique incite les femmes à choisir la nuit...
Un certain Monsieur Blot de Pierre Daninos

Guillaume Meurice ne renierait pas la première partie qui m’a fortement fait penser à son Petit éloge de la médiocrité. Alors, moyen ? c’est nul ou ce n’est pas si mal ?

Je ne peux pas dire que j'aie la passion des honneurs. Ce n'est pourtant pas faute de les célébrer avec ponctualité dans ces banquets au cours desquels patrons et employés de notre Société - gigantesque panier de crabes - apprennent que, du plus humble des appariteurs jusqu'au Président-Directeur général, ils ne forment qu'une seule et grande famille. (Il y a quelque chose de vrai là-dedans, du moins si l'on considère la famille comme un foyer-type de discordes.)

La seconde partie m’a rappelé Laure Murat et son Proust, roman familial avec la vacuité… que dis-je, le vide intersidéral aristocratique.

« Il me semble qu'un enfant de sept ans pourrait en faire autant... peut-être mieux... »
Erreur. Erreur fondamentale. Devant n'importe quel carré, quel cercle, quel pâté surtout, surtout ne jamais parler de l'enfant-qui-pourrait-en-faire-autant. Sous peine d'être aussitôt catalogué balourd, provincial, cul-terreux, primaire, en bref, car ce mot bref contient toutes les paysâneries bourgeois. Bourgeois inéluctablement embourgeoisé qui ne comprendra jamais rien à rien - surtout quand il s'agit d'un peintre dont les non-couleurs massives, contrastant avec les surfaces lisses, sont fondues dans le presque néant ou le peut-être rien.

Un livre des années 60 qui a franchement bien vieilli tant les situations décrites semblent toujours aussi actuelles !

Un bijou de clairvoyance et d’humour avec bon nombre de pépites

j’aime aller dans les boîtes de nuit : cela me guérit de l’envie d’y retourner pendant un an

Et la claire démonstration que l’abrutissement devant les instagrameur-euse-s-x date de bien avant l’apparition des réseaux sociaux

Rien de tel pour cela que les journaux en général et les hebdomadaires en particulier. Il faut bien en convenir : sans eux, pas de célébrité assurée ; impossible de connaître par le détail la vie privée des princes. L’hebdomadaire, les potins et le cinéma sont devenus les mamelles de la jeunesse (cela fait trois, d’accord mais n’est-ce pas une jeunesse monstrueuse ?). La couverture de Paris-Match ou de Elle pèse plus lourd dans la destinée d’une jeune fille que les deux bachots et l’agrégation philo. Ma fille et ses amies diront d’une autre : « Elle a eu la couverture de Match ! » comme je me serais écrié jadis : « Elle a été première au Concours général ! »

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Encore un concours.... Un Grand, bien entendu, puisqu'en ce pays de la grandeur un journal ou un poste émetteur ne saurait patronner un concours sans le qualifier de Grand.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Miné par sa vie de bureau, par sa vie conjugale, par sa vie extra-conjugale, par ses enfants, par la hantise de retrouver chaque matin les mêmes têtes, M. Blot, un jour, éclate. Plus exactement, un « concours du Français Moyen » organisé par un journal lui permet de faire éclater ses sentiments. En marge de ses brèves réponses aux questions posées, il se livre à l'inventaire de sa vie. Actuaire dans une compagnie d'assurances, accoutumé aux calculs de probabilités, il est favorisé dans les estimations statistiques : il gagne le Concours, et vingt millions. Devenu Français Moyen n°1, M. Blot, de transparent devient opaque, célèbre, adulé. L'homme tel qu'il vit selon qu'il est noyé dans l'anonymat ou éclairé par les feux de « l'actualité » - tel est un des thèmes de cet ouvrage à la fois grave et empreint de l'humour propre à l'auteur des Carnets du Major Thompson. Un livre dont Le Monde a écrit : « Il contient des observations sur l'homme de notre temps qui dépassent considérablement les procédés de l'humour.

Que notre joie demeure

Si Kevin Lambert s’amuse avec les mots avec grand talent, usant de phrases à rallonges comme de très courtes pour rythmer les instants (258 mots pour la première phrase, quand même (tout en citant Proust par ailleurs)), cette joie m’a semblé bien plate, hélas.

Les commandes ralentirent aux Ateliers C/W, l'affaire fit pendant plusieurs semaines la une. Céline se mit à perdre des cheveux. Elle en trouvait, paniquée, par grosses mottes dans le drain de la douche. Le stress la rongeait. Le monde entier s'était ligué contre elle, plus personne n'osait lui parler, la défendre. Elle consulta pour des maux de ventre, une perte d'appétit, un torticolis, des migraines, des tremblements, avant que son médecin ne lui suggère que la source de ses malaises puisse être l'anxiété et peut-être la cigarette, qui finirait par la tuer. Elle essaya d'arrêter, y parvint, puis se remit à fumer.
Que notre joie demeure de Kevin Lambert

L’histoire d’une architecte talentueuse, immensément riche et reconnue internationalement qui chute devant la voix populaire, une colère entretenue par des médias visiblement en mal de bouc émissaire. Histoire d’ultra-riches et de leur déconnexion du monde, de responsabilité sociale, d’image publique. Tout semble factice, aseptisé… Et même les grandes douleurs manquent d’émotions.

Un livre qui m’a laissé froid

(mais si vous désirez un livre de Kevin Lambert qui vous décoiffe sévèrement, lisez Querelle)

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Les conversations du trottoir tourbillonnent et gagnent l'escalier de secours, montent à l'étage puis au suivant et montent encore, dépassent les portes d'un ascenseur qui s'ouvrent sur un couple en robes froissées par le vent, les invitées se laissent porter par le courant d'air et réajustent leurs tenues, en sortant elles sont déjà dans le sublime appartement, plafonds hauts, moulures de bois, carrelage de marbre blanc, il faut habituellement posséder une clé pour enfoncer le bouton du dernier étage, mais ce soir, l'appartement est ouvert et balayé par les bourrasques qui se faufilent dans les corridors, se répercutent contre les portes closes de chambres et de bureaux décorés avec soin, des chapelles éteintes à la gloire de divinités qu'on ne prie plus où chuchotent des agneaux en attente du sacrifice sur les lits, les sofas, allongés sur le parquet parfois, ils se refont la courbure de la colonne vertébrale sur d'épais tapis en négociant une entente financière ou amoureuse, le regard, le sourire, le rire éclatant font figure d'offre ou de concession pour ces nouveaux adolescents qui, la cinquantaine avancée, boivent enlacés et complotent contre un monde qu'on aura tôt fait d'oublier en lisant le ton emporté d'un courriel écrit trop tard, vantant l'amour et l'espoir, ces puissances archaïques qui déplaceront toujours monts et mers, dit-on, en chuchotant ils gardent un œil sur le rayon jaune qui filtre sous la porte, j'ai peur qu'on nous entende, un rire étouffé d'enfant abusant de sa permission, mélodie d'une immortelle joie qui les dépasse et les rassemble dans ce berceau d'amour.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L’éblouissante Céline Wachowski, architecte de renommée internationale, dévoile enfin le Complexe Webuy, un projet ambitieux et structurant; surtout, le premier grand projet public qu’elle réalise pour Montréal, sa ville. Pourtant, les critiques de la population et de groupes militants ne tardent pas à fuser : on accuse Céline de détruire le tissu social, d’accélérer l’embourgeoisement des quartiers, de péchés plus capitaux encore. L’architecte est prise dans la tourmente et sommée de réagir.
C’est la classe dirigeante que Kevin Lambert met en scène ici, fouillant la psyché de ces gens au sommet de leur discipline et qui pour la première fois de leur vie risquent de perdre pied. Quelle fiction se racontent-ils pour justifier leurs privilèges, pour asseoir leur place dans un monde qu’ils ont eux-mêmes bâti ?
Dans une prose leste et immersive, «Que notre joie demeure» fait entendre les points de vue et pensées secrètes de ses personnages, tout en peignant le portrait clairvoyant du Montréal d’aujourd’hui.

Le beau monde

Rigolote critique de « la haute », là où ils sont tout aussi petits qu’en dessous. Comme un portrait en négatif de la noblesse et de ses ingravissables échelons pour qui n’est pas bien né. Ses rites, coutumes, usages et ses basses mesquineries.

Le beau monde de Laure Mi Hyun Croset
Le beau monde de Laure Mi Hyun Croset

Une fiancée, roturière, parvenue, laborieuse… ne se rend pas à son mariage le jour de ses noces avec Charles-Constant. Qu’en dira-t-on ?

C’est drôle et doucement piquant.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Tout est prêt pour un mariage parfait. Le beau monde est réuni, l'atmosphère pétillante, l'élégance au rendez-vous. Il ne manque que la mariée.

Impatience, inquiétude... Que se passe-t-il ? Où est-elle ? Pourquoi ce retard ? Et pourquoi ce silence de mort de la part du futur marié ? Son portable sonne. Visage consterné. Les invités peuvent enfin se lâcher...

Drôle, cinglant, insolent : quand un mariage dans le beau monde tourne au jeu de massacre... Laure Mi Hyun Croset fait tomber les masques et tourne en dérision les convenances sociales

Martin Eden

Certain de ses rêves, porté par sa propre confiance, aveuglé par son amour et brûlant de sa force et de sa jeunesse, Martin Eden arrivera.

Martin Eden de Jack London
Martin Eden de Jack London

Où ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Martin Eden, le plus autobiographique des romans de Jack London, est le récit d'un écrivain né dans les bas-fonds, homme de rien basculé dans la bourgeoisie qui croit tenir sa revanche sur la vie... C'est aussi la rencontre d'un homme et d'une femme ; l'occasion enfin de découvrir le vrai visage de Jack London, une personnalité rare à la source de notre modernité. Son oeuvre, dont Martin Eden est le point d'orgue, a fasciné des millions de lecteurs