Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Un bon gros pamphlet contre l’appareil soviétique bien caricatural ! Les gens d’en face se passe en Géorgie, à l’époque une république d’URSS et on y suit Adil bey, consul turc candide fraîchement arrivé.
Et tout y passe et Simenon ne recule devant aucun stéréotype : espionite aiguë, empoisonnement, dénonciations arbitraires, exécutions sommaires, pénurie alimentaire, bureaucratie inefficace, faim, alcoolisme des corps consulaires, prostitution… Tout y passe !
Un amusant cliché suivi d’une romance un peu bâclée
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) « Comment ! vous avez du pain blanc ! »
Les deux Persans entraient dans le salon, le consul et sa femme, et c'était celle-ci qui s'extasiait devant la table couverte de sandwiches joliment arrangés.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Les impressions défavorables ressenties par Adil bey à son arrivée dans la petite ville populeuse et maussade où l'appellent ses fonctions de consul se précisent de jour en jour : l'inconfort délibéré de son installation, les contacts décevants avec l'administration soviétique, la méfiance agressive des gens qui l'entourent. Elles atteignent le malaise lorsqu'il constate qu'un couple, les Koline, l'épie des fenêtres d'en face. Or Sonia, sa secrétaire, habite chez eux.
Baru mélange ici la grande histoire et les petites, les souvenirs et les faits historiques… réels ou distordus par le temps
L’histoire de la libération d’un train de prisonniers et de prisonnières qui rejoignirent les rangs de la résistance… Oui, les femmes aussi !
Hélas, la frontière entre les faits, le présent et ce qui est raconté n’est pas toujours très claire et si le choix narratif m’a semblé très sympa, le résultat m’a finalement perdu. Mais peut-être aurais-je du lire sa trilogie Bella ciao avant
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Je vous ai déjà dit (j'ai vérifié) qu'Enrico s'appelait Heinrich, en réalité...
... Heinrich Becker, précisément, et qu'il était allemand
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Dans la nuit du 7 au 8 mai 1944, un détachement de FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans-main d'oeuvre immigrée) commandée par Jules Montanari, alias commandant Jacques, fit s'évader trente-sept femmes, russes et biélorusses, et vingt-quatre hommes du camp d'Errouville, en Meurthe-et-Moselle. Après un jour et deux nuits de marche forcée, elles et ils arrivèrent, les pieds en sang, au maquis de l'Argonne. Les hommes furent facilement dispersés dans les différents maquis. Mais les femmes ? Le commandant Jacques avait prévu de les placer dans des familles sûres jusqu'à la fin de la guerre. Sauf quelles voulaient se battre. À l'usure, elles eurent gain de cause et fondèrent le seul et unique détachement exclusivement féminin de la Résistance française. Elles le baptisèrent Rodina, qui veut dire « patrie » en russe.
Une lecture éclairante pour qui voudrait comprendre les sens premiers de féminisme ou de laïcité et leurs relations. Un réquisitoire implacable contre le sexisme des religions, sans jamais confondre foi et clergé, intime et politique, croyances et manipulation.
Un livre qui commence par un gros saut en arrière, à la naissance des trois grandes religions monothéistes, pour comprendre comment elles se sont constamment assises sur les droits des femmes, simples outils procréatoires.
Un essai qui démontre, pas à pas, comment les religieux ont conservé leur emprise et quelles révolutions (française, bolchevique, féministes…) ont petit à petit redonné aux femmes des droits sur leur corps et leurs libertés.
Mais également combien ces avancées sont constamment remises en questions, comme elles sont fragiles.
Tristane Banon termine aujourd’hui, avec les débats autour du voile ou de la laïcité avec une position claire et étayée qui n’est pas sans rappeler les brillantes plaidoiries de Richard Malka.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Je suis née des trois religions du Livre.
Mon grand-père était musulman, ma mère est catholique et mon père, juif.
Longtemps j'ai voulu suivre une voie religieuse. C'eût été réconfortant et confortable, balisé.
La religion vous prend au berceau, littéralement, et s'occupe de vous jusqu'à la mort. Elle vous exempte de beaucoup de questionnements, elle pallie le doute, les incertitudes, vous console des accidents de la vie, aussi. Avec les années, elle vous dit quoi faire, comment, qui respecter, quoi espérer, quel chemin emprunter.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Quand « Dieu » est érigé en maître à penser politique, c'est la femme qui, la première, courbe l'échine. Il suffit d'observer les fondamentalistes islamistes imposer le niqab, la burqa, le tchador ou le hijab, les juifs ultra-orthodoxes perruquer leur femme, ou encore les traditionalistes catholiques aller jusqu'au meurtre lors de raids anti-avortement, pour s'en convaincre. Bien sûr, ils sont les radicaux, les extrémistes, ils sont ceux pour qui la religion est le moyen d'installer un ordre social au sein duquel la femme se soumet, s'oublie et vit cachée, à l'ombre des hommes.
Ce livre ne veut pas faire le procès de la croyance, il appartient à chacun de décider ce en quoi il veut placer sa confiance, cela relève de l'intime.
Mais aucun texte sacré - ni la Torah, ni la Bible, ni le Coran - ne veut l'émancipation de la femme, aucun ne lui reconnaît les mêmes possibles qu'aux hommes. Seuls existent des croyants humanistes, conscients de ce que les écrits ont à enseigner, et de ce qu'il faut savoir laisser au bord du chemin de l'universalisme.
Alors que l'obscurantisme intégriste gagne doucement du terrain, bien plus ancré dans les mentalités que ce que l'on croit, Tristane Banon dénonce les grands marionnettistes de droit divin et rappelle qu'il n'y a pas de féminisme envisageable sans l'irrespect des religions et une bonne part de laïcité
Cette bd-bio – aux nombreux flash-back sur la jeunesse d’Isadora Duncan – raconte la relation mouvementée entre le poète russe Sergueï Essenine et la danseuse.
Au faît de sa gloire, Isadora décide de partir à Moscou soutenir la révolution et danser pour les masses travailleuses. Elle y rencontre Sergueï, de 18 ans son cadet pour une relation mouvementée, comme sa vie d’ailleurs !
Un dessin très dansant pour une bio qui m’a semblé peu claire dans ses intentions.
Et finalement, est-ce réellement un tome 1 sans suite ou faut-il voir Isadora comme le tome 2 d’une série tarabiscotée ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Voyou aimant à se fracasser les poings dans les fenêtres, poète adulé telle une rock star, Serge Essenine est un cow-boy de Moscou.
Avec son ami Mariengof, à la chevelure lustrée comme un piano de concert. Ils sont les chefs de la bande des imaginistes et... inséparables.
Mais un beau jour de 1921 surgit du fin fond de l'Ouest une danseuse plus si jeune, une Américaine aussi célèbre que Lénine, Isadora Duncan...
Un boomer au pays du wokisme des réseaux sociaux, au milieu des haters, fachos, ultras, blessés et des trolls anonymes !
Une crucifixion (ne pas parler de lynchage) du bien maladroit Jean Roscoff – historien à la retraite, divorcé et alcoolique tentant de renaître tel un Phénix grâce à une biographie d’un poète noir américain (africain-américain, donc). Une histoire qui pourrait faire penser à La tache de Philip Roth s’il l’avait écrite à l’époque de Twitter.
La dégringolade d’un ancien militant gauchiste ex-touche-pas-à-mon-pote un peu radoteur enchaînant les bourdes dans un univers dont il ne maîtrise plus les codes.
Une cabale très instructive et bien foutue permettant de mieux saisir les nouveaux ressorts des polémiques et la non communicabilité des différents points de vue. Qui crie le plus fort ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) «J'allais conjurer le sort, le mauvais oeil qui me collait le train depuis près de trente ans. Le Voyant d'Etampes serait ma renaissance et le premier jour de ma nouvelle vie. J'allais recaver une dernière fois, me refaire sur un registre plus confidentiel, mais moins dangereux.»
Universitaire alcoolique et fraîchement retraité, Jean Roscoff se lance dans l'écriture d'un livre pour se remettre en selle : Le voyant d'Étampes, essai sur un poète américain méconnu qui se tua au volant dans l'Essonne, au début des années 60.
A priori, pas de quoi déchaîner la critique. Mais si son sujet était piégé ?
Abel Quentin raconte la chute d'un antihéros roman tique et cynique, à l'ère des réseaux sociaux et des dérives identitaires. Et dresse, avec un humour délicieusement acide, le portrait d'une génération
Edgar Morin se raconte, parfois fier de lui mais reconnaissant ses erreurs et expliquant ses choix
Une vie longue et riche, une vie à penser et à agir.
Comme une incitation à se remettre en question, à ne pas s’endormir et à prendre position quitte à prendre des coups
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Qu'il soit entendu que je ne donne de leçons à personne. J'essaie de tirer les leçons d'une expérience séculaire et séculière de vie, et je souhaite qu'elles soient utiles à chacun, non seulement pour s'interroger sur sa propre vie, mais aussi pour trouver sa propre Voie. »
E.M.
À 100 ans, Edgar Morin demeure préoccupé par les tourments de notre temps. Ce penseur humaniste a été témoin et acteur des errances et espoirs, crises et dérèglements de son siècle. Il nous transmet dans ce livre les enseignements tirés de son expérience centenaire de la complexité humaine.
Leçons d'un siècle de vie est une invitation à la lucidité et à la vigilance
La découverte du sexe, de la passion, des choix et des trahisons à Cuba.
L’amour entre la plage et la police politique, le désir et les frustrations.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Dans ce roman, Zoé Valdés revient sur les lieux de ses bouleversantes nostalgies, à La Havane, pour cartographier les rêves d'une petite fille, Desirée Fe, ses fantasmes et ses frustrations d'adolescente, amoureuse découvrant avec l'ardeur de sa jeunesse les méandres de la sexualité. Parmi les ruines de la cité du désespoir, se dressent une infinie soif de liberté et une indomptable volonté de survivre
Sans mentir, j’ai été très touché par l’homme qui ment, de ce sacré menteur de Marc Lavoine.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Communiste et charmeur, cégétiste et volage : tel était Lulu, mon père. Menteur aussi, un peu, beaucoup, passionnément, pour couvrir ses frasques, mais aussi pour rendre la vie plus belle et inattendue.
Lulu avait toujours une grève à organiser ou des affiches à placarder. La nuit venue, il nous embrigadait, ma mère, mon frère et moi, et nous l'aurions suivi au bout du monde en trimballant nos seaux de colle et nos pinceaux. Il nous faisait partager ses rêves, nous étions unis, nous étions heureux.
Évidemment, un jour, les lendemains qui chantent se sont réduits à l'achat d'une nouvelle voiture, et Che Guevara a fini imprimé sur un tee-shirt.
Le clan allait-il survivre à l'érosion de son idéal et aux aventures amoureuses que Lulu avait de plus en plus de mal à cacher ? Collègues, voisines, amies ; brunes, blondes, rousses : ses goûts étaient éclectiques. Lulu était très ouvert d'esprit.
Sans nous en rendre compte, nous avions dansé sur un volcan. L'éruption était inévitable
Magnifiques allez-retours entre sa mère et la guerre civile espagnole. Dur et tendre.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Deux voix s'entrelacent. En premier celle de Georges Bernanos, témoin direct de la guerre civile espagnole, qui dénonce la terreur exercée par les nationalistes et l'Eglise catholique. En second celle de Montse, mère de la narratrice, qui conserve pour seul souvenir la joie des jours radieux de l'insurrection libertaire