Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Il serait de bon ton de sourire d’un livre un peu cucul sorti d’une maison d’auto-édition narrant les déboires d’un quarantenaire sur Tinder et Meetic…
Et pourtant, tout cela sonne tellement authentique, si humain, pathétique et consternant d’humanité, même!Julien à la recherche de l’amour sur Internet.
Et c’est drôle ! Certes les clichés y sont légion, mais toutes les romances ne se ressemblent-elles pas dans cette quête surréaliste du grand bonheur ?
Un livre où les peurs et les douleurs crient leur besoin d’amour
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Je pourrais faire remonter le début de cette histoire la veille de Noël, sur Meetic.
24 décembre
Bonjour,
Votre portrait me séduit. Mais est-ce réciproque ? Concernant la taille minimum requise, je vais être obligé de marcher sur la pointe des pieds! ;) Quant à l'âge, je vous rassure, j'ai signé un pacte avec le diable ;)
Au plaisir de vous lire,
Julien
P.-S.: et joyeux Noël!
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Célibataire parisien et dépendant affectif, Julien se lance dans une quête éperdue et obsessionnelle sur les sites de rencontres pour trouver l’âme sœur. Ses errements de « romantique sexuel » l’amènent à croiser la route de toute une galerie de personnages féminins plus ou moins déroutants, en particulier Frida, une femme insolite, exubérante et écorchée vive. Leur rencontre va très vite dégénérer en un jeu du chat et de la souris tragi-comique à l’issue d’abord incertaine puis inattendue.
C’est très doux, calme, assez suisse en fait. Un peu comme ces reportages Passe-moi les jumelles.
L’histoire d’un couple, une famille, le temps qui passe et la transmission, l’héritage que l’on laisse à ses enfants. Bien plus qu’une somme d’argent, une histoire, une vie.Rien de fou-fou, juste la vie.
Avec beaucoup de tendresse, Fanny Desarzens raconte, et c’est beau
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Ce n'est ni la montagne ni la mer. Ça se passe entre les deux, c'est un plateau dans ce niveau du monde. Et ce qui surprend d'abord c'est la couleur. La même teinte qui se décline dans tout ce grand espace. Partout, c'est vert. Ce sont tous ces champs qui quadrillent la terre. Arrangés comme ça ils sont comme des carreaux d'une grande nappe, les uns à côté des autres.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) «Ça fait comme dans une file de gens, on est chargé par exemple d’un paquet et on le donne au suivant parce que c’est trop lourd. Ou au contraire c’est quelque chose de léger qu’on confie au creux de la main à celui qui suit, on referme les doigts sur la paume pour dire : prends en soin. »
Ce qu’il reste de tout ça met en lumière des gens apparemment sans histoire. Mais c’est justement cette banalité qui décuple la portée de leurs actes. Comme ces menues privations pour mettre à l’abri ceux qui leur succéderont.
Un roman qui dit l’attention de toute une vie pour transmettre un bout de soi et léguer des possibles.
Après Galel et Chesa Seraina, qui lui ont valu plusieurs prix littéraires et un accueil élogieux, Fanny Desarzens confirme avec ce troisième roman son statut d’une des autrices les plus talentueuses de sa génération.
Voilà exactement le genre de livres dont je raffole. C’est court (pas besoin d’en faire des tonnes), c’est bien écrit et ce n’est pas prétentieux pour autant, c’est léger mais cela touche juste, c’est doux et drôle… Bref, un livre sur lequel je suis tombé au hasard et qui m’a enchanté !L’histoire d’une rupture et des injonctions au bonheur instagrammable.
Un bon moment de yoga – avec ce gros bouffon de Schopenhauer – plein de doutes et d’autodérision !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Je pense que tu t'en rends compte toi aussi, nous sommes trop différents, on n'a pas la même philosophie de vie ! Le temps est trop précieux, je vais m'en aller.
Un silence a suivi cette phrase qui sonnait le glas de notre date. Il m'a fixée avec un mélange de mépris et de commisération, puis s'est saisi de l'immense smoothie vert, qui trônait, vaguement menaçant, au centre de la table. En trois vigoureuses aspirations - il ne faisait plus aucun effort pour atténuer le « sluuuurp» -, il l'a terminé.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Suite à une rupture amoureuse, une jeune étudiante doctorante en philosophie se trouve confrontée à un monde au positivisme imposé, où règne la tyrannie de la forme physique et de la santé, et où le yoga semble réduit à une pratique hygiéniste.
Démunie face à ce nouvel environnement en inadéquation totale avec sa culture du doute et son affection pour la mélancolie, notre héroïne arrivera-t-elle à trouver l'équilibre nécessaire pour réapprendre à vivre? Avec un savoureux ton humoristique, l'auteure nous emmène sur le chemin de la résilience, et nous livre une petite pépite teintée de philosophie de vie sur fond de yoga.
L’histoire d’une passion. Mais la grosse passion, celle qui emporte tout. Celle où la douleur côtoie l’extase. La passion adultère, celle qui ne peut vivre ni mourir.
Un livre que j’ai lu en me demandant comment il allait se terminer – on le sait bien, les histoires d’amour finissent mal. Faudra-t-il un second tome me demandais-je en voyant la fin approcher ?
Une autofiction forcément impudique dans laquelle Emma Becker nous vend ses talents d’amante tout en peignant un tableau au réalisme cru. Celui d’un amour interdit, torture divine auto-infligée.
Et que celles et ceux qui n’ont jamais vécu telle passion gardent leur pierre pour s’en frapper au soir de leur mort
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Il me semble a posteriori que tout allait bien lorsque j'ai rencontré Antonin pour la première fois. C'est déjà faire preuve de relativisme m'aurait-on posé la question ce soir-là, cafardeuse et assommée d'herbe comme je l'étais, j'aurais eu un sourire triste et répondu qu'on m'avait déjà enculée plus aimablement.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Pendant combien de temps peut-on supporter deux amours inconditionnelles ? Pendant combien de temps une femme peut-elle vivre écartelée entre une passion amoureuse et un amour absolu pour ses enfants ?
Dans ce nouveau roman, Emma Becker regarde en face et dévoile sans complaisance les moments les plus dangereux, les plus intenses et les plus beaux d'une vie.
Elle ausculte ici le mal joli, cette traversée des plaisirs incandescents et des peines inavouables qui scandent un amour interdit. Et elle nous conte cette histoire d'amour, ou plutôt nous la fait vivre en temps réel, durant un printemps, un été et un automne.
Trois saisons privée des siens auprès de l'homme qu'elle aime, privée de lui auprès des siens.
Trois saisons dans la vie d'une femme.
Trois saisons d'extase et de déchirement.
Emma Becker va encore plus loin dans l'écriture de l'intime et jamais elle ne nous avait tendu un miroir aussi universel.
Séparé en 6 chapitres dont l’unité est quelque peu brinquebalante, cette femme de trente ans dépeint la condition de la femme au 19e. Et ce n’est pas folichon, tant à cette époque, une femme n’existe pas sans mariage.
Balzac féministe ? Il semblerait qu’il y ait débat. Mais ici, quelle empathie pour Julie. Mal mariée. Enfin… mal, pour qui ? Pour elle, en tous cas ! Pour son grand malheur.
Un mot sur les destinées de M. d’Aiglemont sous la Restauration.
Ne se rencontre-t-il pas beaucoup d’hommes dont la nullité profonde est un secret pour la plupart des gens qui les connaissent ? Un haut rang, une illustre naissance, d’importantes fonctions, un certain vernis de politesse, une grande réserve dans la conduite, ou les prestiges de la fortune sont, pour eux, comme des gardes qui empêchent les critiques de pénétrer jusqu’à leur intime existence. Ces gens ressemblent aux rois, dont la véritable taille, le caractère et les mœurs ne peuvent jamais être ni bien connus ni justement appréciés, parce qu’ils sont vus de trop loin ou trop près.
[…]
Songez maintenant au rôle que doit jouer une femme d’esprit et de sentiment en présence d’un mari de ce genre ; n’apercevez-vous pas des existences pleines de douleurs et de dévouement dont rien ici-bas ne saurait récompenser certains cœurs pleins d’amour et de délicatesse ? Qu’il se rencontre une femme forte dans cette horrible situation, elle en sort par un crime, comme fit Catherine II, néanmoins nommée la Grande.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Premières fautes
Au commencement du mois d'avril 1813, Il y eut un dimanche dont la matinée promettait un de ces beaux jours où les Parisiens voient pour la première fois de l'année leurs pavés sans boue et leur ciel sans nuages.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Un des mythes fondateurs de l'histoire de la condition féminine. Avec La Femme de trente ans, le thème immémorial de l'émancipation des femmes sort de la fable ou de l'illusion comique pour s'insérer dans le contexte de la société libérale issue de la révolution de 1830. La liberté politique, c'est aussi, pour la femme jusque-là enfermée dans ses devoirs d'épouse et de génitrice, le droit à l'indépendance morale et au désir. «À trente ans,» l'héroïne de Balzac découvre que non seulement elle peut encore être aimée mais qu'il ne lui est plus interdit de devenir un être humain à part entière. Au prix de quelles luttes ! Comme l'écrit Pierre Barbéris, «Balzac a découvert la femme de trente ans comme Marx a découvert le prolétariat».
Trente ans, c'est l'âge de la vérité, l'âge où se concentrent toutes les forces vitales avant le déclin, où le besoin de vivre devient impérieux. À trente ans, Julie d'Aiglemont, dont ce roman nous retrace la vie, cède à l'adultère, pour échapper à un mariage décevant... De la jalousie au meurtre, du meurtre à la fuite, cet acte coupable mènera, implacablement, à la ruine de la famille tout entière. La Femme de trente ans, œuvre noire et mystérieuse, est l'un des grands romans de Balzac sur la femme et sa condition.
Tessa se retrouve face à un ex, une séparation mal digérée. Toutes les émotions et les sentiments refont surface, aussi tranchantes qu’alors, malgré un mariage et trois enfants.
Que faire avec ça ?
Comment ne pas se demander : « Qu’ai-je fait de ma vie ? »
Et que faire lorsqu’il propose de se retrouver pour boire un verre ?
Une histoire au scénario bien sympa avec une tension qui monterait bien, hélas entrecoupée de tant de flash-back et de digressions qu’ils ont fini par gâcher une fin pourtant magnifique
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Je ne sais pas encore que je suis chez lui. J'aurais peut-être dû le deviner. Y avait-il un indice dans cette assiette au fond de l'évier, le couteau posé sur l'assiette, le beurre et la confiture sur le couteau? Les cheveux de Francis s'emmêlaient-ils sur le peigne dans la salle de bains? Se rasait-il toujours au rasoir à lames, ses pantalons se déchiraient-ils encore aux genoux ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Tessa, chanteuse classique reconvertie en courtière immobilière à Montréal, ne va pas bien. Elle élève pourtant ses trois fils qu'elle adore avec Jim, un homme qui la chérit. Lors d'une vente, elle croise Francis, son ancien grand amour, qu'elle n'a jamais oublié. Ils se donnent un rendez-vous qu'elle souhaite autant qu'elle appréhende, revisitant malgré elle un passé mal enfoui.
Les maisons fouille les drames privés d'une époque d'insatisfaction et de conformisme. Derrière les portes closes sur des intérieurs encombrés par la solitude, on rit les larmes aux yeux.
Camille Zabka nous raconte une fin de couple, dans la violence et la fuite. Et c’est pas mal bien foutu.
Mais mieux encore, elle nous raconte l’Indonésie, les expats condescendants, vivant en groupes dans des prisons dorées, servis par « ceux qui font », les pembantus, domestiques, chauffeurs, jardiniers…
Elle raconte aussi les ravages des cultures de palme, la déforestation, la destruction de l’habitat des orang-outans…
Une bien moche réalité
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) C'est la bonne nuit pour fuir. La lune éclaire la route.
Je chante pour me donner le courage de rejoindre le village, au loin là-bas, de l'autre côté de la forêt.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) C'est l'histoire d'une femme qui a cru au paradis en s'installant sur l'île de Java.
Mais quand elle se retrouve derrière les hauts murs de son Complex pour Occidentaux, elle découvre une autre réalité, un autre homme et le décor de rêve se fissure.
Elle refuse d'être écartelée entre deux mondes.
Elle vient d'avoir trente ans, un âge pour vivre ou pour mourir. Elle va choisir de vivre.
Sauvage, c’est l’histoire d’une femme à la cuisine. Mais attention, pas de confusion ! Forte et maîtresse de sa destinée dans un restaurant romain.
Mais aussi une femme qui se cherche, bousculée par sa passion, ses amours, sa famille et son désir.
Une ode à la cuisine romaine portée par une femme décidée et qui, malgré ses doutes, prend sa vie en main.
Magnifique !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) C'est le matin à Rome. Quelques heures plus tôt, je me suis réveillée à côté de Bensch, il m'a embrassée, et puis les voix cristallines des enfants se sont élevées dans les chambres, le jour s'est ouvert. J'ai filé dans la salle de bains, je me suis lavé les cheveux, je les ai séchés, attachés en chignon. J'ai passé une robe noire et des collants, j'ai mis de la crème, du mascara, du rouge à lèvres, des boucles d'oreilles.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) À Rome, Ottavia Selvaggio a décidé à quinze ans d'être maîtresse de son destin. Ni ses histoires d'amour, ni le mariage, ni même la maternité ne la font dévier de sa route. Pendant que son mari s'occupe de leurs enfants, elle invente dans son restaurant une cuisine qui ne doit rien à personne.
En robe noire et sans frémir, Ottavia avance droit, jusqu'au jour où un homme surgit du passé avec un aveu qui la pousse à douter de ses décisions. Comment être certaine d'avoir choisi sa vie ?
Au travers de ses souvenirs d’enfance Sophie parle de cette blessure inguérissable, de ce deuil impossible, de cette séparation qui n’est pas la sienne. Le divorce de ses parents.
Des instants, des lieux, des émotions… comme une longue liste qui peine à prendre, à reprendre et se recoller. Un livre qui m’a semblé aussi fragmenté que la petite Sophie à pu l’être
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Dans un album sont réunies mes photos de classe. Sur celle de l'année 1987-1988, tous les élèves sont déguisés, c'est mardi gras. Je porte une robe jaune à volants et un jupon qui appartenaient à ma mère. Mon visage est plein, souriant, lumineux.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Ce samedi matin de janvier, ma mère m'attend à la sortie de l'école. Comme les autres jours, nous remontons la rue des Boulangers mais, au lieu de nous arrêter au carrefour, nous prenons à gauche dans la rue Monge. Je me retourne et aperçois un camion de déménagement garé en bas de notre immeuble. Ma mère serre ma main dans la sienne. Je n'ai pas envie de parler, je pense au camion, aux cartons, au salon qui demain sera à moitié vide. Je pense à mon père. Désormais, j'irai chez lui tous les mercredis soir et un week-end sur deux. Ma mère s'est organisée pour que je passe l'après-midi et la nuit chez une amie. Avant de partir, elle me dit Profite bien de ta journée, amuse-toi, essaye de penser à autre chose. Je hoche la tête mais je sais que jamais plus je ne penserai à autre chose. »
Sophie Lemp fête ses dix ans quand ses parents divorcent. Trente ans plus tard, c'est avec le regard d'une petite fille devenue adulte qu'elle revit cette séparation.
Pourquoi cette blessure, commune à tant d'enfants, est-elle si difficile à cicatriser ?
Un chef d’oeuvre de la BD. Un homme qui s’agrippe et tente de construire sa vie.
Oscillant entre grosse marrade et profonde déprime, humour léger et crises d’angoisses, ce combat ordinaire dévoile un homme qui doute, se cherche, et se confronte (voir, se retrouve confronté bien malgré lui) pour tenter d’avancer.
Et c’est beau, sensible et d’une grande finesse
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Un jeune photographe, en pleine interrogation existentielle, se retire à la campagne. Il rencontre alors un vieux pêcheur, une jeune femme vétérinaire et l'amour, avec les choix qu'il implique