Le salon de massage

A la lecture de ce salon de massage, j’ai vraiment eu l’impression que Mazarine avait créé Souheila, lui avait donné un âge, un copain et un métier et s’était ensuite contentée de la regarder vivre…

… et entrer dans un salon de massage et…

Tout mon corps réagissait à ses mains calleuses dont j'aimai immédiatement la texture. Lorsqu'elle remonta le long de mes jambes vers mes fesses, je ne savais plus si j'espérais qu'elle s'y aventure ou si je le redoutais. Mon corps s'ouvrait et se détendait, mon esprit commençait à son tour à lâcher prise. Elle s'en tint au bas des fesses, puis au bas du dos. Rien dans son attitude ne laissait penser que son métier eût un aspect sexuel. D'ailleurs, il était bien noté sur une feuille imprimée et scotchée au mur que toute demande explicite serait sanctionnée par la loi. J'ignorais de quelle loi il s'agissait mais commençais à considérer que cette activité était tout à fait normale: masser était un métier à part entière, [...]
Le salon de massage de Mazarine Pingeot

Une Souheila qui semble vivre comme un bateau en papier qui descend le courant, se laissant porter, coincer, chahuter par les éléments.
Sur le chemin du retour, je laissai couler des larmes de rage et d'impuissance. Je ne savais plus ce que je faisais ni pourquoi. La gratuité de mon existence me sautait aux yeux. J'aurais pu sauter du pont de Tolbiac, mais même ça n'aurait pas eu de sens.

Une vie où même le désir, les rencontres ou les conflits ne semblent réussir à la toucher. Et pour qui ne se laisse pas toucher, quoi de mieux qu’entrer dans un salon de massage ?

« Chaque roman dit au lecteur : "Les choses sont plus compliquées que tu ne le penses." C'est la vérité éternelle du roman mais qui se fait de moins en moins entendre dans le vacarme des réponses simples et rapides qui précèdent la question et l'excluent. »
Milan Kundera, L'Art du roman
Un roman qui commence avec un épigraphe bien sympatoche !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je venais d'avoir 28 ans et un poste à Paris dans une école du XII arrondissement quartier tranquille dont l'ambiance me rappelait Nevers, là où j'ai commencé à enseigner. Je connaissais Paris pour y avoir fait mes études. Ce n'était pas nouveau pour moi, je n'y débarquais pas comme une provinciale apeurée ou au contraire curieuse de tout et qui va au-devant du danger. J'avais aimé la province bien plus que je ne l'avouais à mes amies ou à mon compagnon. Secrètement j'en nourrissais une nostalgie qui me donnait un air blasé, un air de Parisienne.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Tout va bien pour Souheila. Ou, plus exactement, rien ne va mal. Alors, qu'est-ce qui la pousse à entrer dans ce salon de massage thaïlandais à deux pas de chez elle qu'elle n'avait jamais remarqué ? Et pourquoi n'en parle-t-elle pas à Rémi, l'homme avec qui elle partage sa vie ? C'est la question à laquelle elle va devoir répondre quand un scandale éclate, qui met au coeur de l'attention le salon de massage et ses clientes.

Souheila, plus à l'aise dans l'ombre et les interstices, se voit contrainte de se rapprocher de ces femmes avec lesquelles elle ne partage rien, si ce n'est d'avoir été victime des mêmes trafiquants. Mais être victime est-il suffisant pour créer des liens ? C'est pourtant par le biais de ce petit groupe que Souheila rencontre un homme qui va bouleverser le cours de son existence, l'obligeant à faire des choix, elle qui s'en remettait au hasard.

Avec une plume saillante et un humour mordant, Mazarine Pingeot s'attaque ici aux sujets les plus brûlants de notre époque

Déréglée : journal d’une ménopause

Vous approchez de la cinquantaine et vous êtes une femme : ne lisez pas forcément ce roman graphique, ça risquerait de vous faire peur. Quoique, c’est tellement drôle ! Tout compte fait : lisez-le, c’est trop bien foutu.

Vous approchez de la cinquantaine et vous êtes un homme (ou si vous n’êtes pas personnellement concerné-e par la ménopause) : lisez le absolument ! En plus de passer un bon moment, vous apprendrez quelque chose et vous changerez probablement votre regard !

Déréglée : journal d’une ménopause de Francine Oomen

Après une première partie consacrée à la ménopause et aux dérèglement physiques, mentaux, sociaux, humains… qu’elle peut induire (oui, Francine parle d’elle et de son cas précis, difficile d’en tirer des généralités), la seconde partie est beaucoup plus introspective (et encore plus touchante)

Un vrai bijou de bande dessinée à la créativité assez folle !

J’ai adoré !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le titre... Euh... Hum... Quelque chose avec le mot ménopause ? Ménopause : le guide de survie ? Non ! Comment j'ai survécu à la ménopause ? Comment j'ai vécu la ménopause ? Non plus, ça ne va pas ! Euh... Déréglée, journal d'une ménopause ?
Yes ! Je l'ai ! Yes !

Merde... Encore une bouffée de chaleur !


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un roman graphique bourré d'humour, dans lequel Francine Oomen décrit sa traversée personnelle de la ménopause et la crise existentielle qui l'accompagne.
À 52 ans, Francine ne comprend pas ce qui lui arrive : cerveau en compote, bouffées de chaleur, sautes d'humeur, syndrome de la page blanche... Elle ne se reconnaît plus. Jusqu'à ce qu'elle identifie la source de ces bouleversements : la ménopause bien sûr !
Avec fraîcheur, sincérité et humour, l'autrice nous entraîne dans sa traversée personnelle de cette période si redoutée, dont les symptômes envahissants la plongent dans une crise existentielle et la poussent dans une introspection aussi douloureuse que salutaire.
Et si le secret, pour se libérer des injonctions de la société et des traumatismes du passé, c'était de ralentir ? Et si, pour surfer la grande vague de la ménopause, il fallait d'abord accepter de s'y jeter ?

L’amour

A en croire ce que j’avais appris, ce livre est un véritable tour de force, un exploit ! On m’avait dit (et j’avais cru) qu’il était impossible de raconter le bonheur. Ce livre magnifique vient casser ce mythe !

Dans le même genre, Jacques ne comprendra jamais qu'elle préfère entamer le pain frais plutôt que de finir le pain d'hier. Et pas la peine de venir nous raconter qu'elle en fera du pain perdu, elle n'en fait jamais. Ce que Jeanne peut éventuellement reconnaître, mais pour aussitôt observer qu'à ce compte-là ils ne mangeront jamais de pain frais. Si on mange le pain du jour le lendemain du jour, on mange toujours du pain d'hier. Ce à quoi Jacques objecte que ben voyons.
Jeanne et Jacques ont comme ça des débats.
L’amour de François Bégaudeau

C’est beau et tendre, ça ne veut pas dire que des malheurs n’y ont pas leur place, mais c’est bien une histoire heureuse dont il s’agit. Pas même de suspense inutile, c’est inscrit au dos en première ligne, ce livre raconte deux vies, il raconte l’amour.

Un vrai bonheur !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La première fois que Jeanne voit Pietro, c'est au gymnase où sa mère fait le ménage.
Quand c'est le jour de nettoyer les gradins, la mère embarque sa fille, on n'aura pas trop de quatre bras. Jeanne y gagne 20 francs, ça fait un petit complément à sa paye de l'hôtel. Et puis ça l'occupe.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« J’ai voulu raconter l’amour tel qu’il est vécu la plupart du temps par la plupart des gens : sans crise ni événement. Au gré de la vie qui passe, des printemps qui reviennent et repartent. Dans la mélancolie des choses. Il est nulle part et partout, il est dans le temps même.
Les Moreau vont vivre cinquante ans côte à côte, en compagnie l’un de l’autre. C’est le bon mot : elle est sa compagne, il est son compagnon. Seule la mort les séparera, et encore ce n’est pas sûr. »
F. B.

Fragments : rassembler les cœurs brisés

Qu’on ait quitté ou qu’on l’ai été, cette autopsie d’une rupture amoureuse parlera à toutes et tous.

Fragments : rassembler les cœurs brisés de Anaïs Schenké

Fragments raconte la douleur, le vide, la négation de soi, les excuses bidon ou maladroites, les incompréhensions et… l’interminable deuil (et ses rechutes)

Une bande dessinée d’une grande poésie graphique et scénaristique, presque trop douce pour réussir à témoigner de toute cette violence, tout en restant absolument juste.

Un album à ouvrir avec précaution, les mauvais souvenirs ne sont pas toujours très loin

Avec un gros coup de cœur pour l’utilisation d’un langage épicène fort à propos !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Je crois qu'à cet instant, j'ai compris ce qu'il ne savait pas encore : ce n'était pas la soirée qu'il quittait, c'était moi. »

Parce que la rupture amoureuse est un moment de vie charnière d'une rare violence où l'on se retrouve face à soi-même, au bord du vide abyssal que laisse la perte de l'amour de l'être aimé, cet ouvrage saura résonner en chacun·e de nous.

Entre tristesse, colère, amertume, auto flagellation, amour et désamour, les ruptures que l'on traverse nous forcent souvent à renoncer pour accepter. Renoncer à l'autre, à une partie de soi.

C'est aussi dans ces moments que l'on puise dans ses dernières ressources pour « rassembler ses morceaux » et dépoussiérer notre vision de l'amour pour valoriser celle que l'on a de nous-mêmes.

Ce roman graphique est un voyage au coeur de l'intime, où se mêlent la douleur, le beau, les souvenirs, la violence, les moments de joie et d'espoir. Explorant nos sentiments et ressentiments les plus profonds, il porte la voix de tous les coeurs brisés et de leurs blessures les plus personnelles

Ces jours qui disparaissent

Acrobate dans une troupe, Lubin se cogne la tête et depuis… il disparait un jour sur deux. Jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’une autre personne prend possession de son corps ces jours-là. Un autre lui, plus travailleur, investi professionnellement et aussi, bien plus propre… même s’il mange un peu n’importe comment et qu’il est bien moins sportif.

Ces jours qui disparaissent de Timothé Le Boucher

Mais alors… qui est-il ? Qui est le vrai ? Lui ou son autre lui ? Comment s’accrocher à sa vie ? Lutter pour elle ? Qui est légitime ? Peut-on partager une vie ? Et ses amours ?

Une bande-dessinée qui m’a bien scotché, me laissant plein d’empathie pour celui qui s’est fait faucher sa vie un jour sur deux… pour le moment ! Et dans cette BD qui fait la part belle au looser, difficile de ne pas espérer jusqu’au bout.

Un album porté par un scénario brillant et un dessin très frais à la ligne claire. Une grosse réussite !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Lubin... Ta tête ?
Ça va, je sens presque plus rien...
J'ai juste perdu un paquet de neurones.
Encore faudrait-il qu'il y en ait eu.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Que feriez-vous si d'un coup vous vous aperceviez que vous ne vivez plus qu'un jour sur deux ? C'est ce qui arrive à Lubin Maréchal, un jeune homme d'une vingtaine d'années qui, sans qu'il n'en ait le moindre souvenir, se réveille chaque matin alors qu'un jour entier vient de s'écouler. Il découvre alors que pendant ses absences, une autre personnalité prend possession de son corps. Un autre lui-même avec un caractère bien différent du sien, menant une vie qui n'a rien à voir. Pour organiser cette cohabitation corporelle et temporelle, Lubin se met en tête de communiquer avec son « autre », par caméra interposée. Mais petit à petit, l'alter ego prend le dessus et possède le corps de Lubin de plus en plus longtemps, ce dernier s'évaporant progressivement dans le temps. Qui sait combien de jours lui reste-t-il à vivre avant de disparaître totalement ?

Au-delà d'un récit fantastique vraiment prenant, Ces jours qui disparaissent pose des questions fortes sur l'identité, la dualité de l'être et le rapport entre le corps et l'esprit.

Faire les sucres

Il ne faut pas s’y tromper, derrière les codes feel-good de la couv’ ou du titre, se cache un autre type de livre. Pas forcément un livre d’horreur, trash ou que sais-je, mais les amateurs de jolies histoires qui finissent bien ne s’y retrouveront pas forcément.

- Tu vas m'embrasser encore?
Quand elle repenserait à cette soirée, elle ne saurait plus qui, d'elle ou de lui, avait posé la question. Mais ça n'a pas eu d'importance pour la suite, parce qu'ils s'étaient embrassés de nombreuses heures, et lorsqu'elle s'était rhabillée pour rentrer à la maison, la lumière du jour commençait à poindre par la fenêtre de la chambre de son chef de choeur.
Faire les sucres de Fanny Britt

L’histoire d’une middle-age crisis, à l’âge où un événement (pas forcément gravissime) peut tout faire dérailler. Un moment où les repères ne sont plus clairs, où l’usure des couples se fait ressentir et où le besoin de sens se fait prégnant. Un accident, la peur de mourir et voilà qu’Adam bascule emportant avec lui Marion, sa compagne.

Un livre qui – tout en restant choupinou – propose avec finesse – et quelques clins d’œils amusés – une jolie satire sociale en exposant quelques contrastes de préoccupations. Et comment ne pas sourire devant ce besoin de retour à la terre d’une personne à qui tout réussit ou face à l’abandon dans d’autres bras de son épouse délaissée. Et comment ne pas réagir devant leur incompréhension face aux douleurs qui leur font face ?

Cliché ? Oui, mais bien pris, avec le bon angle et sans trop de douceur malgré tout

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il l'asseyait sur un tabouret placé près du ventilateur et elle le regardait faire. Il versait d'abord le sucre dans la grande marmite de cuivre, dont Celia pensait qu'elle se transformait en timbale d'orchestre, le soir venu. Parfois, pour lui faire plaisir, il décrochait une des grandes cuillères de bois qui pendaient au mur et tapait de toutes ses forces sur la surface arrondie de la marmite. Un timbre profond, vibrant, s'en échappait, qui captivait Celia. Alors elle applaudissait et disait encore ! Encore ! Et son grand-père s'exécutait.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Faire les sucres, au Québec, c'est exploiter une érablière. Obsédé par le retour à la terre, Adam achète la propriété de la famille Sweet dans l'espoir qu'une nouvelle vocation le sauvera de ses torts et de la vacuité de sa vie de restaurateur vedette. Parallèlement, sa femme Marion délaisse peu à peu ses manières douces et son cabinet de dentiste. Aux États-Unis, à quelques centaines de kilomètres au sud, la jeune Celia voit son île natale, où sa mère tient une boutique de taffys, envahie par des touristes sans gêne.

Comment vont s'entrecroiser le destin de ce couple de Montréalais à qui tout réussit, installés - Jusqu'à tout récemment, du moins - dans leur certitude d'être bons et modernes, et celui de la jeune femme ?

Dans ce roman choral, l'odeur délicieusement réconfortante du sirop d'érable se mêle à l'âpreté des fonds marins. Il y a du Virginia Woolf chez Fanny Britt, qui, cinglante et tendre, creuse la question de nos privilèges et de nos illusions, balayées par les vagues du ressentiment et de la souffrance sociale.

Ce qu’un jeune mari devrait savoir

Aux siècles précédents, les manuels destinés aux jeunes filles foisonnaient et, évidemment, prodiguaient leurs invraisemblables conseils au premier degré. Il fallait bien les instruire, les pauvresses. Aujourd’hui, celles-ci ont désormais de l’instruction et force est de constater que ce sont plutôt les jeunes hommes qui auraient bien besoin de quelques judicieuses recommandations ! Ce manuel réunit nombre d’autrices (et quand même un ou deux auteurs) canadiennes pour palier à ce cruel manque.

Traitez votre amante comme si c'était elle, la seule. Parce que, dans les moments que vous passez avec elle, elle ne doit penser qu'à son clitoris - que vous êtes en train de chatouiller -, et non à votre téléphone, auquel vous répondez invariablement, que ce soit votre papa ou votre admiratrice favorite de Gwyneth Paltrow qui vous appellent.
Votre femme aime Gwyneth Paltrow et c'est correct.
Si vous avez un chien ou un furet, ne le promenez pas avec votre amante.
Ce qu’un jeune mari devrait savoir : guide du jeune mari parfait de Mélodie Nelson

Si la plupart des autrices s’en sortent fort bien avec beaucoup d’humour, de second degré, de dérision, de parodie et de moqueries… d’autres ont pris leur travail avec plus de sérieux. Zut.

Il m'a malheureusement rendu la tâche impossible.
Ce n'est pas moi qui exagère, c'est lui qui était dégueulasse. Il avait le rire aussi gras que sa conversation était mince. D'une vulgarité inégalée, il n'arrêtait pas de prendre mon amie par la taille pour l'asseoir de force sur ses cuisses. Je le soupçonne même d'avoir tenté de la doigter entre les deuxième et troisième services. Il a fumé un cigare tandis que je desservais la table. Un-ci-ga-re-tan-dis-que-je-des-ser-vais-la-ta-ble
Ce qu’un jeune mari devrait savoir : un travail de funambule de Rose-Aimée Automne T. Morin

Mais voilà bien un charmant recueil de bonnes drôleries (qui ne sera, hélas, par forcément lu par les personnes qui en auraient le plus besoin).

Spéciale dédicace à Mélodie Nelson ! Merci, je ris encore !

Avec :
les Réflexions de
Martine Delvaux, Martina Chumova, Eli Tareq El Bechelany-Linch, Stéphanie Boulay, Mélodie Nelson, Léa Stréliski
les Désirs de
Heather O’Neill, Lili Boisvert, Ariane Lessard
la Révolution de
Roseline Lambert, Véronique Grenier, Rose-Aimée Automne T. Morin, Coco Belliveau, Stella Adjokê
et l’Alliance de
Mikella Nicol, Jolène Ruest, Patrick Watson, Simon Boulerice

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je n'ai jamais voulu de mari, jamais voulu me trouver un mari, me faire un mari, me dessiner un mari, me tricoter un mari, m'écrire un mari. Non. Jamais. Surtout pas un mari. Une femme, oui, une fois, je l'ai ardemment désiré, et puis je l'ai fait, j'ai dit oui à la question Prenez-vous cette femme pour épouse ? Mais un mari ? Un vrai ?
Non. Jamais.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Les manuels de la femme parfaite, de la ménagère parfaite ou de la fille parfaite pullulent depuis deux siècles. Règles de savoir-vivre, conseils vestimentaires, comment utiliser une fourchette, comment blanchir des draps, bref comment apprendre, obéir et aimer. Les éditeurs et les magazines féminins de l’ère victorienne à nos jours n’ont jamais eu peur de nous dire comment bien dresser les jeunes filles. Nous souhaitons renverser la vapeur en demandant aux autrices et auteurs de nous dire ce que serait le «mari parfait», afin d’offrir un guide un brin décalé. Sans jamais moraliser. Comment texter avec élégance et compassion, comment cuisiner un repas, comment gérer les anniversaires, les demandes en mariage, les voyages, le confinement, les excursions du dimanche au Ikea, les longues conversations d’été, les rénovations, l’éducation des enfants? Les récits de ce livre sont parfois historiques, parfois personnels; ils racontent des moments de douleur ou de compassion qui contribuent à montrer comment être un mari parfait.

Prague

Histoire d’une passion qui ne veut pas dire son nom. C’est cru, rude, ça part doucement en vrille et difficile de voir vers où le tourbillon se dirige.

Je suis arrivée en premier au bar, le même qu'à l'habitude. J'ai reconnu la serveuse. Je l'avais déjà rencontrée dans un party où, encore une fois, j'avais pleuré, vomi, fait une conne de moi. Elle m'avait nettoyé le visage et les cheveux.
Prague de Maude Veilleux

Une autofiction qui goûte très authentique, avec style et rythme ! Pleine de questionnements et qui tente de n’en éviter aucun… ou presque, mais sera-ce le sujet du livre suivant.

Je n'en revenais pas de découvrir le sexe. Je croyais avoir tout compris. Je veux dire, pas dans la pratique, mais dans l'émotion. Je pensais avoir aimé, avoir désiré, mais je me rendais compte que ça pouvait être autre.

Un court roman comme une démonstration de l’adaptation hédonique. Impossible de rester éternellement en haut. Et comment faire ensuite ?

Finalement on y trouve la difficulté de tout embrasser. Et prendre dans ses bras peut aussi signifier qu’il faut laisser tomber ce qui s’y trouvait

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Nous avions commencé à parler de partir à Prague à la blague. Nous étions dans un bar, avions déjà bu pas mal. Je lisais Vérité et amour de Claire Legendre. Il adorait Milan Kundera. J'avais toujours rêvé de Prague sans trop savoir pourquoi. L'idée était venue comme ça. Nous avons payé nos verres, dit au serveur que nous partions en voyage la semaine suivante. Nous sommes sortis, avons traversé la rue jusqu'à son appartement et avons acheté les billets.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le livre avait beau parler du couple ouvert au début, ce n’était plus tout à fait le sujet.
Le sujet, c’était je-ne-sais-plus-trop-quoi. Le sujet, c’était mon angoisse à ne plus aimer quelqu’un qui m’avait sauvé, qui avait tout pour me plaire, qui m’aimait, que j’aimais. Ne plus aimer quelqu’un que j’aimais et aimer un autre, un imparfait, un inconnu. Ne plus aimer l’homme que je voulais aimer pour toujours.
J’hésite à l’écrire : ne plus aimer l’homme que j’avais voulu aimer pour toujours.

In Bed

Des couples, des amis, des collègues, des désirs d’enfants ou de sexe, des gaffes, des grincements, des fantasmes… La vie infidèle.

In Bed de Lydia Frost et illustrations de Jean-Philippe Kalonji

Une BD franchement explicite aux splendides dessins monochromes de Kalonji. Des merveilles de sensualité.

Mais zut, le scénario un peu léger ne rend pas vraiment honneur aux talents graphiques et aurait mérité quelques développements

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Manhattan. Upper East Side.
Serre-moi fort...
Déjà ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Je veux me perdre en toi, jusqu'à tout oublier, jusqu'à ce que tout disparaisse... Plus de temps, plus d'espace, plus que cette chambre, ce lit, nos corps... Je ne vis que pour cet instant, magique, éternel... Je ne vis que pour toi car je ne sais plus vivre pour moi... Je veux me perdre en toi, pour n'avoir plus rien à perdre... In Bed... »

L'adultère transcendé par le graphisme de Kalonji et la finesse du récit de Lydia Frost, un album remarquable et simplement beau

L’amour

Un petit format au contenu un peu inégal.

Bastien Vivès, tome 3 : L’amour de Bastien Vivès

Des portraits de couples très cosy ou bien déjantés, avec à chaque fois, un oeil affûté pour les croquer.

…Et difficile parfois de ne pas se sentir observé

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Formule
Je suis ravis qu'on puisse prendre ce fafé tous les deux.
Moi aussi.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Spécialiste du romantisme assumé (Polina, Le Goût du Chlore) et récemment de l'humour trash cul (Les Melons de la colère), Bastien Vivès explore sans concession le thème de l'amour, mais ne le fait pas forcément rimer avec toujours. Amour vache, amour tendre, amour idéal, amour volage, il n'y a pas de règle en la matière et encore moins avec Bastien Vivès qui, pour autant, ne badine pas avec l'amour