Journal : l’histoire de mon coeur et de mon cul

Attiré bien sûr par la couv’ et le titre très tentants, je suis tombé sur un livre féministe des plus intimes et passionnants. Alors certes, il y a quelques longueurs, mais quel journal !

Je crois que c'est une de mes névroses fondatrices, une des dernières sur lesquelles je bute encore aujourd'hui : d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours considéré le sexe comme une monnaie d'échange contre de l'amour. Voulant être aimée et acceptée, j'ai toujours cru que j'obtiendrais le nécessaire en échange de faveurs sexuelles.
Et surtout j'ai très longtemps confondu désir et amour.
Journal : l’histoire de mon coeur et de mon cul de Noémie de Lattre

Premièrement, c’est très drôle et Noémie se livre sans détours. Mais ce que j’ai trouvé vraiment bien foutu, c’est qu’elle débriefe son propre journal au fil de sa lecture. Et là, ça devient très intéressant.

Personne ne m'a parlé du plaisir sexuel animal de l'allaitement. Je n'en reviens pas. Cela dit, c'est logique. Dans un cas je suis tout à mon amour maternel, donnant à mon enfant un sein nourricier. Dans l'autre je suis en mode chagasse offrant à mon amant un nichon putassier. Mais peu importe la valeur symbolique que j'y mets, ça reste mon téton qui est sucé !

On assiste à la naissance de sa conscience et de son activisme féministe dans une démarche très personnelle (et souvent absolument universelle). Le journal d’une femme qui se bat et qui apprend à s’aimer et se connaitre.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La Reine de la Pipe
12 mars 2005
Merde ! Mais qu'est-ce que j'ai ? C'est quoi le problème ? J'ai une odeur ? Un truc horrible caché dans le vagin ou tatoué dans le dos qui fait fuir tous ceux qui s'approchent trop près ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Me voici donc, toute nue, toute véhémente, toute dérisoire. Voici les méandres de ma tête et de mon cœur. Voici ma pulpe, le bois dont je suis faite. »
PS : À ma famille, mes ex et à leurs parents : s'il vous plaît, ne lisez pas ce livre. Je vous aime

À ciel ouvert

Après les autobiographiques Putain et Folle, Nelly Arcan a fait une incursion dans la fiction avec À ciel ouvert.

De voir Rose avait mis le doigt sur quelque chose en elle, sur une cicatrice de cœur manquant. Physiquement elles se ressemblaient, c'est vrai, mais cette ressemblance en indiquait une autre, cachée derrière, celle de leur mode de vie consacré à se donner ce que la nature leur avait refusé ; Rose et Julie étaient belles de cette beauté construite dans les privations, elles s'en étaient arrogé les traits par la torsion du corps soumis à la musculation, à la sudation, à la violence de la chirurgie, coups de dé souvent irréversibles, abandons d'elles-mêmes mises en pièces par la technique médicale, par son talent de refonte. Elles étaient belles de cette volonté féroce de l'être.
À ciel ouvert de Nelly Arcan

Un livre où elle explore les corps et la beauté, la vénérée beauté, la froide et chirurgicale beauté. Cette burqua de chair dont on oblige les femmes à se vêtir et qui donnera le titre à son dernier ouvrage posthume.

Des femmes prisonnières de leur image et des hommes esclaves de leurs fantasmes

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le ciel à marée haute
C'est sous un soleil d'été que cette histoire avait commencé, l'an dernier, sur le toit de l'immeuble où vivait Julie O'Brien et où elle était allongée comme une écorchure, sans mentir, mot qu'elle s'était donné en respect pour sa peau formée de rousseur et de blondeur, une peau qui venait de l'Irlande si on la faisait remonter à la troisième génération paternelle et qui n'était pas armée, s'était-elle dit ce jour-là, contre l'acidité du soleil d'aujourd'hui, qui darde, qui pique vers la population mondiale ses rayons.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Sur le toit d'un immeuble de Montréal, une femme au teint de rousse est allongée, immobile, sous le soleil. Julie O'Brien souffre le martyre, mais considère les soins qu'elle s'inflige comme obligatoires.
La beauté, chez Nelly Arcan, est toujours sujet et objet de maltraitance. La beauté est une guerre. Et la guerre surgit lorsque Rose Dubois rejoint Julie sur ce toit brûlant...

Belle de jour

Une femme heureuse, à qui tout sourit aux bras d’un mari aimant. Mais, après avoir rencontré un troublant bellâtre et entendu qu’une dame de ses connaissances avait été aperçue sortant d’une maison de plaisir, elle se dit :
– Moi aussi, je veux !

- Ma chérie, ma chère chérie.
Severine alluma doucement la lampe posée sur une table basse près du lit. Elle avait besoin de voir la félicité pure, dépouillée de pensée qui se livrait dans ces paroles. La lumière, voilée d'une soie opaque, s'étala mollement à travers la chambre. Pierre n'en fut pas heurté, ne remua point, mais ce que Séverine avait tenté de surprendre, le mystère végétal d'un visage qui n'appartient encore qu'aux ombres et à la vie, avait disparu de ses traits. Il était revenu au sentiment de lui-même. 
- Comme je suis heureux de te retrouver, dit-il... Cela me manquait tant.
Il ouvrit soudain les yeux.
Belle de jour de Joseph Kessel

Incapable de résister à son fantasme, à son dévorant désir transgressif, elle s’en va vendre ses charmes chez Madame Anaïs. Une lecture dans l’attente d’un « classique, juste et moral » retour de manivelle.

Le tout dans une écriture un peu passée et ampoulée. Bof, bof… un homme qui parle des femmes

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Pour aller de sa chambre à celle de sa mère, Séverine, qui avait huit ans, devait traverser un long couloir. Ce trajet qui l'ennuyait, elle le faisait toujours en courant. Mais, un matin, Séverine dut s'arrêter au milieu du couloir. Une porte qui, à cet endroit, donnait sur la salle de bains, venait de s'ouvrir. Un plombier parut. Il était petit, épais. Son regard, filtrant sous de rares cils roux, se posa sur la petite fille. Séverine, qui, pourtant, était hardie, eut peur, recula.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une femme de la haute bourgeoisie finit par s'adonner à la prostitution en raison de sa misère affective et du caractère insipide de sa vie

Le carnet écarlate : fragments érotiques lesbiens

Un bijou de petites phrases, pensées et anecdotes sur le désir et la jouissance.

Je ne suis que polissonne. J'attends de vieillir pour devenir vraiment vicieuse.
Le carnet écarlate : fragments érotiques lesbiens de Anne Archet

Le tout entrecoupé de (trop) rares illustrations de Mélanie Baillargé.

Elle lance le carnet écarlate sur la table de nuit tt s'approche de moi avec un sourire trop pincé pour être honnête.
- Alors ? Jusqu'à présent... tu aimes ?
Pour toute réponse, elle m'embrasse et me dit :
-J'adore me frotter à ton redoutable sens de la répartie, mais ta cuisse dégage beaucoup plus de chaleur.
Avec les dessins de Mélanie Baillargé

Une femme qui parle – avec beaucoup de style – de son amour des femmes, de sexe, de domination, de masturbations et autres infinis plaisirs lesbiens.

La violence du désir peut être une source de sérénité. Donne-moi ta chair en sacrifice, je lécherai longuement tes plaies après t'avoir mordue.

Un cadeau à mettre entre tous les doigts polissons sans les avertir

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
- Qu'est-ce qu'il y a là-dedans ? me demande-t-elle en feuilletant le carnet écarlate.
- Le meilleur de moi-même.
- Vraiment ?
Alors je dois lui faire l'amour. Elle lèche une page comme s'il s'agissait de mon sexe, effaçant petit à petit de sa salive tout ce que j'avais écrit, puis offre à ma bouche un petit bout de langue bleue. Vedette anarcha-féministe du wild wild web, Anne Archet fait son entrée officielle dans la littérature papier avec ce recueil joyeux et sans complexe. À la fois torride et tendre, cruel et hilarant, Le carnet écarlate réunit des centaines d'aphorismes et microrécits sulfureux mettant en scène l'érotisme lesbien sous toutes ses formes. Un livre cochon et féministe qui vous fera rire aux éclats, pour un public large (d'esprit).
Avec les dessins de Mélanie Baillairgé

Court vêtue

Félix, quatorze ans en stage d’été dans la même maison que Gil, un petit peu plus âgée. Mais elle, elle l’a déjà fait.

Court vêtue de Marie Gauthier

Un livre entre attirance, désir et évitement. Un livre à l’imparfait et quasiment sans dialogues qui laisse un sentiment désincarné, lointain avec des personnages sans prises réelles sur leurs destinées.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Vive, légère, alerte, elle était comme un courant d'air dans la maison. Elle arrivait pour repartir une seconde plus tard. La nuit, elle filait sans prévenir. Puis soudain elle était dans sa chambre, dans son lit. Félix l'entendait respirer dans son sommeil. Il imaginait sa poitrine en train de se gonfler sous la chemise de nuit. Il faisait jour c'était dimanche.»

Félix, quatorze ans, en apprentissage dans un bourg poussiéreux et écrasé de chaleur, est hébergé par son patron. Dans la maison du cantonnier habite aussi sa fille de seize ans Gilberte, dite Gil. Gil travaille à la supérette, s'occupe avec une certaine légèreté des repas et du ménage. Dans le temps qui lui reste, elle s'éclipse avec des hommes. Beaucoup d'hommes, souvent plus âgés qu'elle. Fasciné par la jeune fille, Félix vit dans l'attente d'un regard de Gil, d'un signe.
Marie Gauthier restitue avec une intensité magnétique l'atmosphère moite et oppressante du bourg en plein été, les sensations confuses du jeune garçon devant la sensualité troublante du corps de Gil

Ce prochain amour

Quelles phrases géniales, quelles envolées mémorables ! Chaque début de chapitre est travaillé, ciselé et millimétré, ciblé et percutant ! La première page est à elle seule un chef d’oeuvre !

Ce prochain amour de Nora Benalia

L’histoire d’une femme qui s’est abandonnée à son couple et qui, finalement (trop tardivement ?), a décidé de reprendre sa vie. Mais est-ce possible encore, où sont les hommes et qui sont-ils réellement, quelles sont les règles ?

Une dénonciation (et une démonstration) du patriarcat, de la violence, de la difficulté de sortir des schémas imposés et du manque de couilles de la moitié de la population (qui était pourtant celle qui devrait en avoir)

Un livre avec malgré tout certaines longueurs et une certaine confusion dans la seconde partie à laquelle j’ai moins accroché

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La narratrice a renoncé à son métier, élevé seule ses trois enfants et été menacée de mort par leur père. Refusant de se laisser abattre, poussée par la rage, elle se bat au quotidien, bien décidée à obtenir vengeance

Le goût des garçons

L’histoire d’une adolescente de treize ans dans un collège catholique qui raconte son obsession pour les garçons.

Le goût des garçons de Joy Majdalani

Au début, tout est imaginé, imprécis, interdit mais terriblement attirant et inaccessible. Il faut alors nouer des alliances avec des amies (qui le restent rarement longtemps), subir les trahisons et les effets de groupe, intriguer pour soulever un peu le voile, comploter pour découvrir… tout est permis car seul compte le but à atteindre. Réussir à séduire et à capter le regard, l’attention de celui qui osera.

Fantasmes de bites, de caresses, de langues, de fluides, de désirs, toucher, voir et goûter. C’est frais et ça sonne très juste, c’en est très drôle et touchant. Un livre qui crie : je veux !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Elles sont «de bonne famille», «bien élevées». Collégiennes dans un établissement «strict». Elles n'ont que le désir en tête.

La narratrice, qui a treize ans, rêve des garçons, de leur sexe, de faire l'amour avec eux. Elle s'allie à la terrible Bruna, rivale et confidente, qui sait dénicher sur Internet des garçons avec qui s'adonner à des conversations téléphoniques interdites. Bruna lui tend un piège, où elle tombe avec naïveté. Qu'importent les fâcheux qui la traitent de putain ! Il lui faut goûter, goûter aux garçons.

Légendes, ragots, ignorances, peurs, élans, embûches, alliances, traîtrises, téléphone, Internet, tout tourne autour des garçons et de leur corps mystérieux dans un mélange de crainte, de fantasmes et de romantisme. Cru et délicat, dévoilant les candeurs comme les cruautés, voici un premier roman d'une véracité implacable

On ne touche pas

Une prof de philo qui, par un coup de tête, se retrouve effeuilleuse dans un club.

On ne touche pas de Ketty Rouf

Une femme face à son désir, celui de plaire, d’oser être libre, d’aimer son corps, de transgresser, de voir jusqu’ou elle osera, de vivre, de s’enivrer, de jouer et jouir du désir des hommes.

L’occasion aussi de parler de l’éducation nationale, de l’enseignement, du découragement, du regard qu’on préfère poser ailleurs et de toutes les petites – et grandes – hypocrisies

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Joséphine est prof de philo dans un lycée de Drancy. Elle mène sa vie entre Xanax, Tupperware en salle des profs, et injonctions de l'Éducation nationale qui lui ôtent le sentiment d'exister.
Sauf que.

Chaque nuit, Joséphine devient Rose Lee. Elle s'effeuille dans un club de striptease aux Champs-Élysées. Elle se réapproprie sa vie, se réconcilie avec son corps et se met à adorer le désir des hommes et le pouvoir qu'elle en retire. Sa vie se conjugue dès lors entre glamour et grisaille, toute-puissance du corps désiré et misère du corps enseignant.
Mais de jouer avec le feu, Rose Lee pourrait bien finir par se brûler les ailes.
Récit d'un affranchissement, réflexion bouleversante sur l'image de soi et le rapport à l'autre, ce premier roman hors norme de Ketty Rouf fait voler en éclats les préjugés sur le sexe et la société

La marge d’erreur

Gabriel Salin est condamné, cancer, 3 mois. Abandonné par Joséphine, il ne se remet pas de la rupture. Alors, il consomme des tranquillisants, antidépresseurs, anxiolytiques, calmants, somnifères… plus de désir, plus d’érections, plus d’envies…

Et arrive une voisine, Diane. Et…

La marge d’erreur de Nicolas Rey

Est-ce possible de retrouver la soif de vivre et du sexe s’il ne reste que trois mois ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Savoir finir en beauté ? C'est tout un art. »

Entre désinvolture et grâce déchue, débandade et érotisme débridé, autofiction et fantaisie romanesque, La Marge d'erreur fait le portrait hilarant d'un dépressif chronique plein de rage de vivre, pour les dernières semaines qu'il lui reste

Sexploratrices : à la conquête du plaisir

Des femmes à la découverte de leurs désirs, orgasmes, envies, corps… Avec des hommes, parfois, mais pas forcément…

Sexploratrices : à la conquête du plaisir de Dalila Kerchouche

Des histoires multiples avec des traumas à guérir, des explorations, des découvertes et de la joie. Des professionnelles du sexe et des femmes seules, en couple ou à plusieurs…

Des femmes qui ont (re)pris possession de leurs corps, de leur sexualité et de leurs orgasmes avec le sexe comme thérapie, démarche artistique ou spirituelle

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Elles ont décidé de ne plus subir leur sexualité, mais d'en jouir. Elles défient les conditionnements qui ont verrouillé leur libido pendant des années. Elles bravent l'ordre social tacite qui les a privées de la puissance intime de leur sexe.

Grand reporter, j'ai rencontré pendant un an des femmes qui ont mis leur jouissance au centre de leur vie. Le jour, elles travaillent comme puéricultrice, businesswoman, ingénieure ou médecin. La nuit, elles deviennent libertines, polyamoureuses, maîtresses dominatrices, initiatrices saphiques, effeuilleuses burlesques ou masseuses tantriques.

De tous âges, de tous milieux sociaux, d'orientations sexuelles diverses, elles racontent leurs étonnants voyages sensuels tels des chemins de résilience. Leur corps, longtemps abandonné, ignoré, qui se met à vibrer. Leur vagin, jusqu'alors inerte, qui s'éveille, s'anime, se tonifie, pulse, s'embrase et irradie. Leurs paradoxes, aussi, quand certaines s'attachent pour se libérer. Toutes décrivent cette force intérieure organique, quasi viscérale, lorsque le clitoris se gorge de vie et se redresse fièrement.

Elles brisent les codes d'une sexualité passive centrée sur la jouissance masculine pour inventer une nouvelle culture du désir au féminin, qui n'est plus seulement génitale, mais aussi relationnelle, égalitaire, consciente et joyeuse.

En reprenant le pouvoir sur leur sexualité, en affirmant leurs désirs comme leurs non-désirs, elles transforment leur existence.

En s'affranchissant de la norme, elles gagnent en liberté intérieure. Elles sexplorent pour s'explorer et s'exprimer. Écoutons-les