Folle

Après le choc de Putain, j’ai directement entamé Folle, livre dans lequel Nelly Arcan annonce son suicide pour ses 30 ans (ce qu’elle réalisera tristement un peu plus tard). Elle y parle d’une déception amoureuse, de ses obsessions pour la « jeunesse-beauté » (duo indissociable selon elle et qu’elle voit s’échapper) et des rôles assignés aux femmes.

Aussi je mourrai parce que, pour être aimée des autres, il m'aurait fallu sourire. Je mourrai pour démontrer que le sourire est une façon de s'économiser comme le sommeil. Tu m'aimais mais tu détestais la tristesse sur mes lèvres fermées qui perdurait dans les moments heureux comme l'odeur du corps sous celle de la lavande. Bien sûr il m'arrivait de sourire mais le sourire des gens tristes a toujours quelque chose de laborieux, il met du temps à venir, ça ressemble aux poulains à peine sortis du ventre de leurs mères qui tentent de tenir debout ; pour y arriver, ils doivent s'y prendre à plusieurs reprises, et devant leurs mères désemparées, ils titubent, ils se cassent la gueule. Un jour d'anniversaire où j'avais dans les bras une nouvelle poupée, ma mère m'a frappée parce qu'elle en avait assez d'attendre la joie. Très tôt j'ai, compris que, dans la vie, il fallait être heureux ; depuis, je vis sous pression.
Folle de Nelly Arcan

Une fin de relation toxique et chaotique pleine d’aigreur et de regrets.

Cette lettre est mon cadavre, déjà, elle pourrit, elle exhale ses gaz. J'ai commencé à l'écrire le lendemain de mon avortement, il y a un mois.
Aujourd'hui, ça fait exactement un an qu'on s'est rencontrés.
Demain, j'aurai trente ans.

Des phrases plus courtes, posées, un style plus maîtrisé mais moins déconcertant

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
À Nova rue Saint-Dominique où on s'est vus pour la première fois, on ne pouvait rien au désastre de notre rencontre. Si j'avais su, comme on dit la plupart du temps sans dire ce qui aurait dû être su au juste, et sans comprendre que savoir à l'avance provoque le pire, si on avait pu lire dans les tarots de ma tante par exemple la couleur des cheveux des rivales qui m'attendaient au tournant et si de l'année de ma naissance on avait pu calculer que plus jamais tu ne me sortirais de la tête depuis Nova...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Ensuite j'ai eu peur de tout, j'ai eu peur qu'il soit comme toi, qu'en naissant le bébé ait déjà un passé rempli d'autres femmes. [...] Il me semblait qu'en venant de toi, cet enfant me quitterait.»
Devenant son propre personnage, Nelly Arcan, jeune romancière sulfureuse, écrit une lettre à l'homme qui l'a quittée. Histoire de conquête et d'abandon, de désir et d'humiliation entre une jeune femme québécoise et son amant français, consommateur de cyber-sexe et de coke. Elle s'y révèle amoureuse folle, folle de jalousie, folle de son corps haï, folle de la dictature planétaire de l'image.
Après le succès éblouissant de Putain, Nelly Arcan plonge une nouvelle fois dans la beauté d'un désespoir absolu

Liberty

Mais pourquoi publier ça ? Quel intérêt, pour qui ?

Rentré à Longpont, je ne me drogue pas tout de suite. Je préfère me lancer dans un grand ménage. À minuit j'ai fini. J'allume un feu, je peux commencer à boire et à me droguer. Pornos (sans intérêt) jusqu'à l'aube puis, à partir de huit heures, je regarde des clips sur YouTube. Essentiellement du vieux rock (Gene Vincent, Wanda Jackson, Eddie Cochran).
Liberty de Simon Liberati

Il y a quelques années , Simon Liberati tenait un journal. On y lit ses rencontres (tellement de gens) et des pages entières de livres qui l’inspirent (oui, il lit bien et beaucoup), qu’il se drogue, fait son ménage, baise, a des soucis de fric, d’éditeur, de femmes, de jaloux, qu’il prend des bains… Et donc ?

Jeudi 23 mai. - Christian Louboutin a donné ce matin à Alléluia tout un assortiment de chaussures incroyables, des modèles de défilé ou de photos. Je lui demande de m'en montrer d'autres. Il y en a des dizaines, des centaines peut-être qui trainent un peu partout, sous les lits, dans la poussière, ou emmêlées comme des araignées dans de grandes boîtes. Certaines, les plus hautes, n'ont jamais été portées. D'autres ont les talons tout culottés. Tout ça dans le plus grand désordre.

Quelle publication inutile !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Jeudi 14 février. - Le train de Paris s'arrête, rails brisés. On m'explique qu'il va pouvoir rouler, mais très lentement. Il fait nuit noire. Je cesse de regarder les reflets dans la vitre et je reprends un livre de Jean Chalon.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Avec Liberty, Simon Liberati revient sur « trois mois de galère, les cent jours d'un plumitif aux abois ». Une période tumultueuse durant laquelle l'écrivain navigue entre des relations amoureuses chaotiques, accumule nuits blanches et excès, puis affronte un mystérieux corbeau.
Ce « roman vrai » rassemble toutes les veines du style Liberati. Ainsi y retrouve-t-on le chroniqueur lucide de la débauche, le critique littéraire érudit ou encore le portraitiste intraitable. Au-dessus de ces qualités, domine le moraliste au style éblouissant.

« Pour avoir une vie amusante, je veux dire amusante à raconter, il faut renoncer à l'espoir d'une vie heureuse. Savoir toujours y renoncer à temps fut la plus grande chance de ma vie. »

Zulu

Un polar (thriller ?) au milieu de l’apartheid et du racisme dans les tonwships d’Afrique du Sud qui monte gentiment… et de plus en plus, et de pire en pire, et quand c’est trop, il y a encore plus pire.

Zulu de Caryl Ferey

Un thriller (polar ?) absolument addictif, qu’on se dépêche de terminer pour regretter ensuite de l’avoir trop vite dévoré.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Enfant, Ali Neuman a fui le bantoustan du KwaZulu pour échapper aux milices de l'Inkatha, en guerre contre l'ANC. Même sa mère, seule rescapée de la famille, ne sait pas ce qu'elles lui ont fait... Aujourd'hui chef de la police criminelle de Cape Town, Neuman doit composer avec deux fléaux majeurs en Afrique du Sud : la violence et le sida. Une jeune fille est retrouvée cruellement assassinée dans le jardin botanique de Kirstenbosch. La cause du massacre semble être une drogue de composition inconnue. Neuman, qui enquête dans les townships sur l'agression de sa mère, envoie son bras droit, Brian Epkeen, et le jeune Fletcher sur la piste du tueur. Ils ne savent pas où ils mettent les pieds... Si l'apartheid a disparu de la scène politique, de vieux ennemis agissent toujours dans l'ombre de la réconciliation nationale...

Les enfants du Platzspitz : ma vie avec une mère toxicomane

Le récit glaçant de la fille d’une héroïnomane à l’époque du Platzspitz et du Letten à Zürich

Les enfants du Platzspitz : ma vie avec une mère toxicomane de Michelle Halbheer et écrit par Franziska K. Müller

Un réquisitoire contre les pouvoirs publics et la protection de l’enfance, incapables de voir (aveugles ?) la détresse d’une enfant et les maltraitances dont elle était victime.

Un témoignage qui a inspiré le film les enfants du Platzspitz

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le livre Platzpitzbaby, publié par les éditions Wörterseh, a été accueilli avec enthousiasme lors de sa sortie en 2013 et devint un best-seller outre-Sarine. Le destin touchant d’une jeune fille vivant avec sa mère toxicomane et qui accédera à une vie meilleure à force de volonté et de courage, a ému plus de 40'000 lecteurs. Nous sommes ravis de publier «Les enfants du Platzspitz» en français à l’occasion de la sortie du film éponyme dans les salles de cinéma romandes

La scandaleuse Madame B.

Une histoire incroyable qui commence par le meurtre de son père, un jugement et un acharnement judiciaire incompréhensible, une évasion, chirurgie éthétique de boucher, cavale, la French Connection et le trafic de drogue. Re-prison aux États-Unis et re-évasion… puis des chevaux et enfin l’espoir une vie paisible avant l’extradition vers la Suisse qui refuse de lacher le morceau pour une peine quasi-purgée…

La scandaleuse Madame B. de Pierre Beguin

Une aventure racontée dans un style terne et lassant mais qui tente de rendre compte au plus juste la vie incroyable de Josette Bauer qui fascina Truman Capote

Un Truman Capote qui semble n’avoir que peu de goût pour les helvètes…

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Rien ne semblait destiner Josette Bauer à une vie de cavale. Fille d'un riche industriel suisse, elle aime le luxe, les voitures de sport et les palaces. Jusqu'à cette nuit de novembre 1957 où l'impensable se produit...

Arrestations, prisons, évasions. C'est une incroyable aventure qui commence. Mille vies en une : trafiquante de drogue pour la « French Connection », prostituée, « garçon » d'écurie, éleveuse de chevaux. De Genève aux États-Unis en passant par la France, l'Algérie et l'Espagne, celle que la presse surnomme « la sorcière », « l'ange noir » ou « la diabolique » fascine. Cette trajectoire hors du commun hypnotise en premier lieu le célèbre écrivain Truman Capote qui en fait la clé d'une oeuvre à venir, un « roman-vérité » qui s'intitulerait La scandaleuse Madame B.

C'est ce destin vertigineux, entre fiction et réalité, que retrace Pierre Béguin, auteur de plusieurs romans dont Vous ne connaîtrez ni le jour ni l'heure et Condamné au bénéfice du doute, à partir d'archives, de chroniques judiciaires et de témoignages. En arrière-plan se dessine un monde en plein bouleversement où le lecteur croisera des personnalités comme les Kennedy, les Rolling Stones, Henry Kissinger, et des figures clés de la jet-set new yorkaise

Un roman français

A l’occasion d’un petit séjour en garde à vue suite à une ligne de coke sur le capot d’une voiture, Frédéric tente de se rappeler de son enfance

Un roman français de Frédéric Beigbeder

Des souvenirs aériens au milieu d’une poisseuse cellule dans laquelle les frimeurs font pâle figure

C’est chou…

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« C'est l'histoire d'une Emma Bovary des seventies, qui a reproduit lors de son divorce le silence de la génération précédente sur les malheurs des deux guerres.
C'est l'histoire d'un homme devenu un jouisseur pour se venger d'être quitté, d'un père cynique parce que son coeur était brisé.
C'est l'histoire d'un grand frère qui a tout fait pour ne pas ressembler à ses parents, et d'un cadet qui a tout fait pour ne pas ressembler à son grand frère.
C'est l'histoire d'un garçon mélancolique parce qu'il a grandi dans un pays suicidé, élevé par des parents déprimés par l'échec de leur mariage.
C'est l'histoire d'un pays qui a réussi à perdre deux guerres en faisant croire qu'il les avait gagnées, et ensuite à perdre son empire colonial en faisant comme si cela ne changeait rien à son importance.
C'est l'histoire d'une humanité nouvelle, ou comment des catholiques monarchistes sont devenus des capitalistes mondialisés.
Telle est la vie que j'ai vécue : un roman français. »
F.B.

Notes à usage personnel

Le récit d’une vie mouvementée, d’un père alcoolique, d’une jeunesse intense, du désir d’enfant, d’être femme, de rage et d’apaisement.

Notes à usage personnel de Emilie Pine

Un livre d’une grande profondeur aux riches enseignements porté par une franchise déroutante et salvatrice.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« J'ai peur d'être cette femme qui dérange. Et peur de ne pas déranger assez. J'ai peur. Mais je le fais quand même. »

Au fil de six essais, Emilie Pine nous livre ses « mémoires accidentels », un magnifique témoignage sur sa vie de femme, ses failles intimes, ses combats, ses colères et ses renoncements. À la fois crue, vulnérable, drôle et radicalement honnête, elle aborde tous ces sujets que l'on a trop souvent l'habitude de taire : l'addiction, l'infertilité, les ruptures familiales, les violences sexuelles... Poignant et juste, Notes à usage personnel, dessine l'histoire en creux d'une femme qui dérange, en rébellion contre le silence

L’homme qui pleure de rire

Pour ce livre au titre smiley, Frédéric rappelle à la rescousse son double publicitaire né avec 99.- Francs, Octave. Et Octave a vieilli et commet la pitrerie de trop qui le démissionne de la radio France Publique.

L’homme qui pleure de rire de Frederic Beigbeder

Un livre un peu geignard, truffé de name-dropping dans lequel le pauvre Octave est victime des autres, de lui, des drogues, des femmes, du temps, de tous, où tout le monde est victime, ou le monde est victime et la société est victime ou la victime est victime, victime, victime…

Car ce n’est pas de la faute à Frédéric si Octave est une brelle et finit toujours par cracher dans la soupe après avoir cassé sa soupière.

Pourtant, c’est un livre plein de talent, drôle et caustique qui tape juste, allègre et décomplexé même s’il finit un peu moisi.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Octave Parango a travaillé dans la publicité durant les années 1990 et dans la mode durant les années 2000. Il est désormais humoriste à 8h55, le jeudi matin, sur la plus grande radio nationale de service public.

clôt la trilogie d'Octave Parango sur les aliénations contemporaines : après la tyrannie de la réclame puis la marchandisation de la beauté féminine, Frédéric Beigbeder s'attaque à la dictature du rire.

Une satire réjouissante des dérives de notre société de divertissement

De la race des seigneurs

Alain-Fabien Delon frappe tout de suite très fort.

De la race des seigneurs de Alain-Fabien Delon

Avec ce roman, il met en scène Alex Delval, 18 ans, fils d’Alexandre Delval, acteur de cinéma. Difficile d’y voir autre chose qu’une autobiographie romancée dans laquelle Alain-Fabien règle ses comptes avec son père. Et tout y passe !

C’est âpre, trash, thérapeutique et forcément impudique. S’il est probablement inutile de chercher à y démêler le vrai du faux, ce livre permettra de comprendre toute la difficulté à se retrouver fils de A.D.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une vie peut-elle basculer en une nuit ?
Alex Delval, dix-huit ans, rêve de devenir acteur comme son père. Mais alors qu'un rôle lui est offert, le doute l'assaille violemment. Happé par ses démons, il se réfugie dans l'alcool. Une rixe éclate. Rideau. Quand il reprend ses esprits, Alex se trouve face à un homme qu'il ne connaît pas. La soixantaine, le regard bon. Un psy. Dans les profondeurs de la nuit, une complicité inattendue va naître entre eux.
Pour la première fois, Alex osera se livrer.
Comment devenir soi quand on a grandi dans l'ombre d'un mythe ? Comment dépasser l'image du « fils de » pour s'emparer enfin de son destin ?
Un père, un fils. L'amour, la haine.

Et une vie à construire

La frivolité est une affaire sérieuse : 99 essais

Comme avec la majorité des recueils, il y a du bon… et du moins. Là, toutefois, il y a aussi de l’excellent et du dispensable.

La frivolité est une affaire sérieuse : 99 essais de Frédéric Beigbeder
La frivolité est une affaire sérieuse : 99 essais de Frédéric Beigbeder

Car Beigbeder me fascine autant qu’il m’épuise. Il est aussi brillant que trop facile.

Et si on lui passe les chroniques « actu » et attentats qui ne lui rendent pas vraiment grâce tant il a plus de talent pour parler sérieusement de frivolité que l’inverse, et si on accepte le name-dropping qui empostillonne ses textes… c’est de la bonne came où l’autodérision côtoie une certaine profondeur avec humour.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Frédéric Beigbeder n'a cessé de tourner en dérision le monde auquel il appartient. Aujourd'hui, la frivolité devient une forme de militantisme.

De la « Fashion Week » à la finale de la Coupe du monde de football, du Festival de Cannes à une attaque à main armée au bar du Ritz, de l'enterrement de Jean d'Ormesson à une visite à Charlie Hebdo : cela fait trente ans que Beigbeder est sur tous les fronts. Et sur tous les sujets, des plus frivoles aux plus graves, il garde le même ton, unique mélange de sarcasme et de tendresse, d'humour noir et de nuits blanches. Ces 99 essais le révèlent au sommet de son art.

Dans ces textes, rien n'est vain car tout est lesté d'une discrète gravité : de toutes ses dérives, l'auteur a fait une philosophie. Pourquoi 99 ? Parce que ce chiffre lui a porté chance autrefois. On y voit le monde s'écrouler et au milieu, un type qui ne pense qu'à s'en amuser. Ce qui, quand on n'a pas d'autre choix, reste la plus profonde chose à faire