Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Pour une dystopie apocalyptique, voilà un livre vraiment très court. Alors en plus, qu’il soit bien foutu, éco-féministe et même (au vu de l’actu étasunienne du début 2025) franchement visionnaire, relève de l’exploit !2060 de Lauren BastideUn très bon petit livre, trop vite lu, avec une bien sombre vision de notre avenir moutonnier.
Alors faisons la fête en attendant la FDM
L’extrême-droite avait pris le pouvoir en 2027 et ne l’avait jamais rendu.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) 6h00
Lever
Elle n'a plus besoin de réveil. Chaque matin, ses paupières frémissent à l'aube. Elle reste au lit, fixe l'obscurité en essayant de rattraper des bribes de rêves où souvent elle doit fuir. L'hiver, elle met longtemps à s'extraire de sa chambre.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) 22 juin 2060. Après des siècles à vivre comme si demain n’existait pas, l’humanité se prépare à une Fin du Monde, rebaptisée FDM comme pour conjurer l’inéluctable.
Durant son ultime journée, heure après heure, l’héroïne va revivre les combats féministes et écologistes qui ont rythmé sa vie.
Dans une ambiance à la fois mélancolique et poignante, qui évoque Charlotte Perkins Gilman ou Virginia Woolf, cette fiction trouve un équilibre subtil entre anticipation, littérature et politique.
Il y avait eu Fahrenheit 451 où la lecture devenait prohibée par un pouvoir fasciste. Trop dangereuse.
Il est possible que Danier Fohr soit plus proche de la réalité future. En tout cas, la bonne blague est assez plausible et son traitement léger et amusant plutôt bien amené. Et si, simplement, les hommes ne lisaient plus ? L’émouvante et singulière histoire du dernier des lecteurs de Daniel Fohr
Certes, sa vision des lectures féminines est bien caricaturale, mais passons car c’est sur un ton plutôt badin que se déroule cette petite histoire.
Pour autant, derrière cette blague potache se pose quand même quelques questions assez essentielles. Car finalement, qui sera la plus dangereux ? Un pouvoir fasciste et tyrannique ou notre propre flemme ?
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Pas plus tard qu'hier.
J'ai pris Le vieil homme et la mer dans une édition de poche et je l'ai mis dans la poche intérieure de mon manteau.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) 2021 : 85% des lecteurs sont des lectrices.
Sans qu’on puisse l’expliquer, jour après jour, l’écart continue de se creuser et une projection raisonnable permet même d’affirmer que les lecteurs masculins auront totalement disparu en 2046. Peut-être avant. Ce roman raconte l’histoire du dernier homme qui lisait. Comment a-t-il vécu cette situation inédite, seul au milieu des femmes qui le comprennent encore et partagent sa passion ? Son destin est-il une impasse et saura-t-il renverser la situation ? Qu’en disent les autres hommes ? Un roman-manifeste, aussi drôle qu’inquiétant, que les femmes devraient faire lire d’urgence aux hommes avant qu’il soit trop tard.
Si j’imagine que le roman en 1963 a dû paraître impressionnant, il faut dire qu’il a un petit peu vieilli quand même. De plus, difficile de le prendre avec distance, tant les reprises cinématographiques ont modelé mon inévitable à priori. La planète des singes de Pierre Boulle
Reste qu’à sa lecture, il est facile de comprendre pourquoi il a tant fasciné les réalisateurs par son génial scénario et toutes les analogies qu’il met en évidence par ce miroir (pas si déformant que ça) qui nous renvoie une bien sale image de notre humanité.
La planète des singes, un livre qui ne se présente plus et dont l’adaptation avec le flingueur Charlton Heston est assez fidèle malgré une fin qui m’avait semblée plus bien plus aboutie et fantastique sur grand écran
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Jinn et Phyllis passaient des vacances merveilleuses, dans l'espace, le plus loin possibles des astres habités.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Y a-t-il des êtres humains ailleurs que dans notre galaxie ? C’est la question que se posent les trois passagers d’un vaisseau spatial survolant une planète proche de Bételgeuse : on y aperçoit des villes, des routes curieusement semblables à celles de notre Terre. Après s’y être posés, les voyageurs découvrent que cette planète est habitée par des singes qui vont les capturer et les soumettre à diverses expériences. Il leur faudra, devant ces singes, faire la preuve de leur humanité...
Et si le plus gros problème de l’humanité venait d’une paire de couilles ?
Testosterror de Luz
Surpris par une épidémie qui s’attaque à leur production hormonale, les virilistes paniquent !
C’est drôle, délirant, absurde, extrême et pourtant… tellement crédible !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Le dimanche, chez moi, ça a toujours été sacré.
Grasse matinée, grillades, rosé bien frais, sieste devant la télé...
Une seule règle d'or...
.. Jamais de sport.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Tu ne pleures pas, Jean-Pat, tu sues des larmes de colère. »
Un virus fait chuter le taux de testostérone des hommes... et se répand sur la planète !
Jean-Patrick, concessionnaire automobile dans la zone d'activité commerciale de Saint-Pierre-Le-Caillou, panique et tente de se réfugier au sein de la secte masculiniste dirigée par Jo, son coach sportif.
Contaminé par le virus, Jean-Pat voit sa vision du monde changer... Mais alors qu'il se détache du mouvement viriliste, son fils s'y engouffre.
Notre héros parviendra-t-il à sauver son enfant des griffes d'un gourou macho ? Privée de testostérone, l'humanité sombrera-t-elle dans le chaos ? Quel secret la part de féminité de Jean-Pat renferme-t-elle ? Et si la vérité résidait dans les yeux de Champion, son irrésistible chien priapique ?
Le postulat de ce livre est hilarant (et très intéressant aussi). Et si c’était plutôt le fait de manger qui était tabou plutôt que la sexualité ?
Dès que sa bouche fut pleine de Juliette Oury
Et dans cette société où tout le monde vit son alimentation caché – voir honteux – en ne se nourrissant que de barres anaromatiques, tout le monde baise et se touche, se retrouve pour une partie entre amis, partage une banquette entre collègues…
Mais petit à petit, Laetitia (qui s’emmerde quand même un peu dans son couple) sent monter le désir, celui de l’interdit, l’envie de goûter, de cuisiner, de manger, du gras, du goûteux, salé, épicé, sucré, des saveurs et des textures… Croquer dans cette irrésistible pomme !
Un livre sur le désir et la sensualité débordant d’érotisme culinaire
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Laetitia avait rarement très envie, le matin. Son sommeil était lourd et pénétré de rêves obscurs qui collaient à ses yeux quand elle ouvrait les paupières. Pourtant, chaque matin, quand Bertrand posait la main sur elle, quand elle sentait son érection contre sa cuisse, elle lui souriait, et puis elle se laissait faire.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Ce geste ne disait rien du désir de Bertrand, dont elle ne savait pas grand-chose, mais il parlait du jeune homme consciencieux qu'il était, de ceux qui avaient bien noté que les experts considéraient le rapport matinier, en ce qu'il rompait la chasteté de la nuit, comme le meilleur pour le métabolisme. Laetitia voyait que son amoureux mettait un point d'honneur à suivre les recommandations officielles et qu'il baisait donc équilibré, ne s'autorisant que peu d'écarts. »
Dans ce monde où la place du sexe et celle de la nourriture sont inversées, le sexe rythme les journées de tous, tandis que la nourriture est une affaire de l'intime, d'amants, qu'il faut taire et qui fait rougir.
Véritable expérience de lecture, Dès que sa bouche fut pleine est aussi un premier roman initiatique, l'histoire d'une jeune femme entraînée malgré elle par son désir, un désir défendu qu'elle va transformer en une force intime capable de la protéger contre toutes les formes d'aliénation. D'ailleurs, le désir et l'appétit sont-ils vraiment si différents ?
Difficile critique pour cette dystopie convaincante qui met l’accent sur un bon nombre de dérives possibles de nos sociétés. Hélas, si tout ça m’a semblé plutôt bien pensé j’ai eu beaucoup de peine à me laisser emporter par ce roman qui m’a finalement semblé confus.
Résistance 2050 de Amanda Sthers et Aurélie Jean
Peut-être à cause d’une volonté de trop bien faire, de traiter le plus exhaustivement ce sombre avenir et l’utilisation d’un décompte temporel qui m’a un peu perdu…
Bienvenue en 2050 où les français sont majoritairement pucés et les grossesses extra utérines. Un monde où le totalitarisme guette des populations robotisées à l’humeur régulée.
Mais, alors qu’un danger s’approche des poches de résistance s’organisent…
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) 18 mai 2050
La force arrive avec la nuit. Des percées de lumière douce strient le ciel puis elle échange avec la population en silence. Les gens comprennent ce qui arrive, non pas avec leur bon sens ni même par déduction, mais d'une façon télépathique.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) En 2050, une grande partie des pays du globe encourage sa population à s’équiper d’une puce cérébrale qui augmente les capacités intellectuelles de chacun, prévient les maladies, anesthésie la douleur, apaise, réveille, endort – qui transforme les individus en ordinateurs… et les met donc à risque d’être piratés, d’échapper à leur propre raison. Cette invention a été couronnée d’un Nobel, elle est le fruit des recherches d’un couple français, Ash et Chloé. Lui est proche du pouvoir, elle se met à douter. Car le visage qui incarne la résistance française est celui d’Oona, une artiste que Chloé a connue et aimée. Quand les deux femmes se rencontrent, le pays est au bord de la guerre civile. Le sud de la France et la Bretagne sont des zones libres, prêtes à en découdre pour protéger leurs enfants. Mais le gouvernement a d’autres préoccupations : il semble qu’une force non identifiée s’approche peu à peu de la Terre…
Amanda Sthers et Aurélie Jean se projettent dans un roman dystopique où les craintes qui naissent aujourd’hui sont incarnées et poussées à leur apogée. Un rythme frénétique et des personnages jubilatoires
Il faut lire Antoine Jaquier ! C’est important. Tout d’abord parce qu’il écrit bien, et c’est pas désagréable. Ensuite parce qu’il écrit avec ses tripes, avec la viande et des idées ! C’est rude, souvent trash, merdique, angoissant, violent (parfois très ! (Avec les chiens m’avait franchement dérangé)), inspiré, et souvent avec une vision très noire de l’avenir (mais franchement, vous y croyez encore aux lendemains radieux ?).
Simili Love de Antoine Jaquier
Un livre en plusieurs parties sur notre abrutissement généralisé et la fin de la société suite à la Grande Lumière (la mise en libre accès de toutes la informations personnelles par Foogle) et la prise en main de l’avenir de la planète par l’intelligence artificielle.
Un livre lumineux, sombre et magnifique ! Un livre qui gratte là où ça démange
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Pas que j'avais manqué d'amour, non, on ne pouvait pas dire ça. Sans doute même un privilégié. Le fils chéri de maman. L'adolescent que les filles se disputaient. De solides amitiés forgées à la vingtaine. Des copines et une épouse formidables. Pas de quoi me plaindre.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) 2040. Dans un monde socialement fracturé, Foogle décrète la Grande lumière et rend publiques les données personnelles. Une épidémie mortelle prolifère, les pauvres sont chassés des centres, les autres s'isolent et vivent avec des androïdes facilitateurs de vie.
Déprimé et solitaire, un écrivain tombe fou amoureux de son androïde et rompt avec son statut protégé...
Épidémie - Surveillance - Transparence : Bienvenue en 2040...
Si on commence par ce qui est très bon dans cette bande dessinée, on peut parler du dessin, de la créativité du contexte, du développement, du scénario, des points de vue politiques, sociaux et économiques, de la construction des métaphores et… Oui ! Il y a vraiment plein de trucs géniaux dans Shangri-La
Shangri-La de Mathieu Bablet
Mais si certaines planches sont magnifiques, d’autres m’ont laissé froid et fatalement, au fil de la lecture, je me suis éloigné.
Reste un space opera graphique impressionnant au service d’une critique sociale très contemporaine de nos compulsions acheteuses abruties par un pouvoir économique omnipotent. Portrait d’une société lobotomisée qui court à sa perte en croyant à un paradis promis lui permettant d’oublier les oeillères qu’elle s’est mise elle-même.
Un album au flashback éblouissant
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) L'espace infini. L'Homme et Tianzhu Enterprises.
Bienvenue à Parisfrance en 2027 dans une société contrôlée par l’AG, l’Administration Générale. Bienvenue dans l’ignorance abrutie où nulle tête ne doit dépasser et où il est commun de se faire tatouer des publicités sur le front pour arrondir les fins de mois dans des blocs de béton abreuvés de télévision.
Motus de Lucien-Guy Touati
Une dystopie à la Fahrenheit 451 ou 1984 (tiens, il va me falloir le relire celui-là) écrite pour la jeunesse mais qui tient malgré tout encore presque la route. Une lecture amusante comme un clin d’œil à l’anticipation des années 70.
Julian convoqué chez le médiatre va-t-il s’en sortir ? Et Lodie ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) "Monsieur Malet Julian doit se rendre le vendredi 26 novembre 2027 à 10 heures au centre psycho-médical de Boissy III. Motif : Rendez-vous avec le Médiatre Pier Roby en vue d'un entretien."
Quand Julian reçoit cette convocation, il se sent en danger. Certes il n'a commis aucun délit, mais il y a longtemps qu'il est repéré.
"Regard vif, démarche rapide. Aucune publicité frontale. Tendance au dialogue", précise sa fiche signalétique.
En 2027, cela suffit pour être mis au banc de la société. Et quelle société ! C'est le règne absolu d'une hyper-administration aberrante. Les individus au regard éteint portent sur le front des slogans publicitaires. On ne se parle plus. La communication entre les êtres se limite au strictement utilitaire.
Indifférents, passifs, soumis, les hommes forment un morne troupeau malléable à merci
Dans un Paris dystopique qui ne fait pas vraiment envie Tristan Keys semble faire un gros rejet technologique.
Paris 2119 de Zep et Dominique Bertail
Un monde où la téléportation est devenue l’alternative aux déplacements « à l’ancienne » et où les rues et les transports en communs sont devenus des espaces glauques. Suite à quelques événements, Tristan commence à penser que quelque chose lui échappe. Rejet technologique, paranoïa, théorie du complot ou manipulation ?
Une jolie BD vite lue au propos un peu convenu (mais pas tant, finalement)
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Reconnaissance faciale.
TRISTAN KEYS. 01 102 087. Entrée métro autorisée.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Paris, nous sommes en 2119, l'ambiance est futuriste mais quelques éléments du XXIème siècle perdurent. Le métro existe encore mais la plupart des personnes préfèrent se téléporter via la cabine "Transcore". Tout un chacun est systématiquement scanné et reconnu dans les espaces publics et privés. Les clones, les drones et les hologrammes sont monnaie courante. Tristan Keys vit dans ce monde dont il rejette le plus possible la numérisation. Tel un marginal, il continue à prendre le métro, à marcher dans les rues, à l'inverse, sa compagne Kloé est une adepte des déplacements inter-continents via le Transcore. Au cours de ses déplacements à pieds, il constate assez vite des comportements préoccupants, des situations anormales. Que se passe-t-il vraiment dans ce Transcore ? Est-ce une simple téléportation pour ses utilisateurs ?