Maigret se fâche

A la retraite depuis deux ans, en train de se battre contre des doryphores sur ses aubergines… Maigret se voit sollicité par une petite vieille au caractère bien trempé au sujet de la mort suspecte de sa petite fille, noyée. Ni une, ni deux, Maigret fait sa valise et laisse sa femme et les aubergines ravagées.

C'était par vanité plutôt ou par une sorte de pudeur que, depuis deux ans, il refusait systématiquement de s'occuper de toutes les affaires qu'on venait lui proposer, surtout des banques, des compagnies d'assurances, des bijoutiers qui lui soumettaient des cas embarrassants.
On aurait dit, quai des Orfèvres : « Le pauvre Maigret repique au truc, il en a déjà assez de son jardin et de la pêche à la ligne. »
Or, voilà qu'il se laissait embobiner par une vieille femme surgie dans l'encadrement de la petite porte verte.
Il la revoyait, raide et digne, dans l'antique limousine que conduisait avec une périlleuse désinvolture un François en tenue de jardinier qui n'avait pas pris le temps de changer ses sabots contre des souliers.
Maigret se fâche de Georges Simenon

L’occasion de revoir un camarade de classe qui ne lui avait pas laissé forcément un bon souvenir. Les choses ne s’amélioreront pas.

Au moment où il allait disparaître dans le hall d'entrée, il se ravisa, revint sur ses pas pour laisser tomber, la face lourde, le regard pesant:
 - Vois-tu, je sens que ce que je vais découvrir est tellement laid, tellement sale, qu'il m'arrive d'hésiter à continuer.
Il partit sans se retourner, referma violemment la porte derrière lui et se dirigea vers la grille. Celle-ci était fermée. La situation était grotesque, de se trouver ainsi dans le parc de la propriété sans que personne ne s'occupât de lui.
Il y avait toujours de la lumière dans le bureau, mais Malik ne songeait pas à reconduire son adversaire.

Un très bon polar bien glauque au milieu du fric et au bord de la Seine et des canaux à quelques kilomètres de Paris

Une longue nouvelle de 140 pages suivie du déjà lu La pipe de Maigret

Maigret 46/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La vieille dame dans le jardin
Madame Maigret, qui écossait des petits pois dans une ombre chaude où le bleu de son tablier et le vert des cosses mettaient des taches somptueuses, Mme Maigret, dont les mains n'étaient jamais inactives, fût-ce à deux heures de l'après-midi par la plus chaude journée d'un mois d'août accablant, Mme Maigret, qui surveillait son mari comme un poupon, s'inquiéta :
- Je parie que tu vas déjà te lever...
Pourtant le fauteuil transatlantique dans lequel Maigret était étendu n'avait pas craqué. L'ancien commissaire de la P.J. n'avait pas poussé le plus léger soupir.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans sa retraite de Meung-sur-Loire, Maigret est sollicité par Bernadette Amorelle qui s'inquiète de la récente noyade dans la Seine de sa petite-fille Monita : la jeune fille nageait bien et il ne doit pas s'agir d'un accident

La nuit du carrefour

Avant le voyant d’Etampes (rien à voir, d’ailleurs), il y eu le carrefour d’Étampes. le Carrefour des Trois Veuves ! Un Maigret atypique (une des premières enquêtes de 1931 d’ailleurs, ce qui pourrait être une explication) avec de l’action, des coups de révolver, des menottes et des voitures qui foncent dans la nuit.

Elle lui tendit un briquet finement ciselé, soupira en bombant la poitrine, ce qui échancra son corsage.
Mais le commissaire ne se hâtait pas de la juger. Il avait vu, dans la société qui hante les palaces, de fastueuses étrangères qu'un petit bourgeois eût prises pour des grues.
La nuit du carrefour de Georges Simenon

Après plus d’une trentaine de Maigret, une chose de plus que je trouve fascinante avec Simenon, c’est son traitement des relations hommes-femmes dans une époque bien tradi-patriarcale. Et alors qu’il se vantait d’avoir connu 10’000 femmes lors d’un entretien avec Fellini (il dira par la suite que ce fut une boutade), le commissaire Maigret semble asexué et insensible aux charmes féminins. Pour autant, que dire descriptions des femmes qui parsèment ses livres et peuvent paraître aujourd’hui bien « étranges » ?

Elle frémit.
« C'est sûrement la principale raison pour laquelle il se cache...
 - Mais il vous cache, par le fait !
 - Qu'est-ce que cela peut faire ?
 - Vous êtes sacrifiée...
 - C'est le rôle d'une femme, surtout d'une sœur... Ce n'est pas tout à fait la même chose en France... Chez nous, comme en Angleterre, dans une famille, il n'y a que le fils aîné, l'héritier du nom, qui compte... »

Et les relations Monsieur et Madame Maigret ? Et les différents couples représentés ? Le témoignage d’une époque ?

Maigret 7/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le monocle noir
Quand Maigret, avec un soupir de lassitude, écarta sa chaise du bureau auquel il était accoudé, il y avait exactement dix-sept heures que durait l'interrogatoire de Carl Andersen.
On avait vu tour à tour, par les fenêtres sans rideaux, la foule des midinettes et des employés prendre d'assaut, à l'heure de midi, les crèmeries de la place Saint-Michel, puis l'animation faiblir, la ruée de six heures vers les métros et les gares, la flânerie de l'apéritif.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Sur la route de Paris à Étampes, à trois kilomètres d'Arpajon, se trouve un lieu-dit qu'on appelle le Carrefour des Trois Veuves. Il n'y a que trois maisons à ce carrefour: l'une est une villa habitée par un aristocrate danois, Carl Andersen, et sa sœur Else. La deuxième est le pavillon d'un agent d'assurances et de sa femme, les Michonnet. La troisième est celle du garagiste Oscar et de sa femme. Un dimanche, Michonnet découvre que sa voiture, dans son garage, a été remplacée par celle d'Andersen. Et dans le garage de la villa d'Andersen, on trouve la voiture de Michonnet, occupée par le cadavre de Goldberg, un diamantaire anversois. Le commissaire Maigret se rend sur place pour enquêter, et s'installe, avec le brigadier Lucas, à l'auberge d'Avrainville proche