Dans l’oreille du cyclone

Exemple parfait du shitstorm à l’heure des réseaux sociaux et des polémiques instrumentalisées.

« Nazifier les Juifs, pour vous, ce n'est pas antisémite ? »

Je rappelle une énième fois que je n'ai pas parlé des Juifs en général mais bien du Premier ministre israélien en particulier. J'insiste sur la démarche d'un humoriste satiriste, son positionnement, l'importance de l'outrance et de l'impertinence. Je rappelle aussi que j'utilise le terme nazi à des fins péjoratives et qu'il semble assez saugrenu de me prêter une quelconque accointance avec ce type d'idéologie. C'est une insulte utilisée par certains Juifs eux-mêmes, et qu'il serait également étrange de les taxer d'antisémitisme. D'ailleurs qu'est-ce qui leur prouve que je ne suis pas juif moi-même ? J'en profite pour leur poser la question. Ils répondent par une autre.
« Vous êtes juif ?
 - La police française est vraiment en train de demander à un citoyen français s'il est juif ? » 
Sourires gênés.
Dans l’oreille du cyclone de Guillaume Meurice

Guillaume raconte, jour par jour, la tempête qui s’est abattue sur lui après sa blague sur Netanyahou. Bonne ou mauvaise, la question n’est pas là. Raison ou tort, ici non plus. Mais alors, antisémite, la blague ? alors que seul Bibi est nommé ? Difficile à défendre.

Et donc… pourquoi s’excuser ?

Et aussi. Pourquoi un tel déferlement de haine ? Et d’où venait elle ? D’un parti créé par d’anciens SS ? De médias de « droite dure » ? Et qui sont les amis, les soutiens, qui reste et qui fuit ?

Le journal de bord d’un brillantissime capitaine au milieu d’un ouragan. Il affronte le gros temps, convaincu et convainquant !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
« C'est qui, pour vous, le nazi absolu ? »
Je ris. D'un rire franc. Même pas moqueur. Même pas frondeur.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'est l'histoire d'une blague qui commence sur France Inter et finit à la police judiciaire, en passant par CNews et l'Assemblée nationale.

C'est l'histoire d'un clown pris dans la tourmente d'une polémique sans fin, entre insultes, menaces et pressions absurdes.

C'est l'histoire du lien entre notre époque et la pratique humoristique, à mi-chemin entre rire et sport de combat.

Dans ce journal de bord d'une tempête médiatique, Guillaume Meurice raconte comment les polémiques se fabriquent et se défont. Un texte, drôle et inquiétant, sur l'humour politique.

Et Dieu riait beaucoup

Joann Sfar est un surdoué prolifique. Malheureusement, prolifique, il l’est peut-être un peu trop et parfois… reste un sentiment de brouillon, de premier jet mal corrigé, d’inabouti. Et là, ben ouais ! Zut !

Ils ne parvenaient pas à s'empêcher de marcher côte à côte. Le juif d'extrême droite et le juif bien-pensant accéléraient et ralentissaient leur cadence au même moment.
Loin au-dessus, Dieu riait beaucoup.
Et Dieu riait beaucoup de Joann Sfar

Alors, certes, je n’ai pas l’éducation religieuse suffisante pour bien tout comprendre. Et du judaïsme, ma foi… je n’en sais rien où pas grand chose que des généralités.

Pourtant, serais-je passé à côté d’un grand chef d’oeuvre ? Et bien même pas, me semble-t-il, tant tout cela m’a vraiment semblé confus.

Dieu a-t-Il vraiment ri ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Chaque nuit, on asseyait le roi David à la terrasse de son palais. Il passait un moment à faire semblant d'y voir encore et nommait toutes les collines de son empire.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'est l'histoire de deux juifs dans un avion vide.
C'est aussi celle d'un homme qui quitte la France à la recherche de sa terre promise et ne la trouve pas.
On y croise un metteur en scène qui n'a plus rien à perdre, une comédienne armée d'un revolver, un polémiste juif d'extrême droite, un vétérinaire, un chien, un Joann Sfar, sans oublier le roi David et la Shulamite. Dans ce récit de pure fiction, chacun cherche sa place, même Dieu.
Lorsqu'on a des mauvaises idées, il faut parfois s'y accrocher obstinément, surtout quand c'est tout ce qu'il nous reste.

« Nous ne sommes pas éloignés de Dieu, il habite loin, c'est tout. »

Ce que faisait ma grand-mère à moitié nue sur le bureau du Général

Curieuse suite de la France goy (que je n’ai pas lu, aurais-je dù ?)… Voilà une écriture avec un style bien torché et pas mal d’humour, une intrigue qui s’annonce intéressante, une histoire de famille plutôt glauque dans un milieu qui ne l’est pas moins, un titre très accrocheur, la grande histoire qui rencontre les petites, des morts, des suicides, des fachos et des fous de guerre, des fils qui souhaitent tuer le père… et… ?

Le « Search Engine Optimization » est une sorte d'agence, de système, un moteur de recherche qui repère et conseille l'utilisation des mots-clés. Par exemple, quand j'envoie ma chronique à L'Express intitulée « Comparaisons déraisonnables », estimant que ce titre ne va pas générer la moindre vue, les responsables du numérique, en se basant sur le rapport du SEO, proposent à la rédaction en chef un autre titre, avec des mots-clés censés attirer les internautes. C'est ainsi que mes comparaisons déraisonnables deviennent dans leur version numérique « Poutine contre Hitler ». Plus accrocheur.
Ce que faisait ma grand-mère à moitié nue sur le bureau du Général de Christophe Donner

Et pas grand chose en fait.

Presque un gachis en fait, comme un soufflé servi trop tard, comme un excès de vouloir trop bien faire ou d’en faire trop.

Peut-être suis-je juste passé à côté, mais… dommage

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je ne sais pas parler. J'apprends. Je prends les mots qu'on me donne. J'ai appris à dire Maman, mais elle ça n'est pas Maman. Je ne peux pas non plus l'appeler Mamie parce que j'en ai déjà une. Et pas question de Mémé, elle ne me répondrait même pas si je l'appelais Mémé. Elle n'aime pas non plus Grand-mère. À tout prendre, elle préférerait encore Mère-grand, ça la ramènerait au Chaperon rouge, en pleine fiction, mais là, c'est moi qui coince, à cause des r peut-être, ou du gr... je ne sais pas faire le gr. J'arrive juste à prononcer les consonnes douces, les syllabes faciles, ma, in.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le sort du fascisme français s'est joué le 24 novembre 1923, quand Philippe Daudet, alors âgé de 14 ans, décide de tuer son père, Léon Daudet, leader charismatique de l'extrême droite antisémite.

Au même moment, le jeune de Gaulle et le vieux Pétain écrivent l'autre grande tragédie oedipienne de la République française. On croyait tout savoir sur cet épisode, on était loin du compte.

Alors que le roman de Christophe Donner s'annonçait comme la suite de La France goy, surgit Otto Zorn, oligarque en rupture de poutinisme ayant fait fortune dans les crypto-monnaies. Ce roi Midas du numérique nourrit un singulier fantasme : devenir le propriétaire exclusif du premier roman du métavers.

Moyennant fortune et impunité, l'écrivain s'engage, au prix de son âme, à le lui livrer, révélant le dernier grand secret de sa famille : les circonstances qui ont conduit sa grand-mère, à moitié nue, sur le bureau du Général.

Les vieux fourneaux : Chauds comme le climat

Les vieux fourneaux sont toujours verts ! Peut-être un peu moins vifs, moins drôles, moins percutants.

Et même si le discours reste toujours pertinent, la franchise a des hauts et des bas et cet opus n’est pas vraiment au sommet.

Les vieux fourneaux, tome 7 : Chauds comme le climat de Wilfrid Lupano, dessin de Paul Cauuet

Des histoires de village, de feu et d’usines qui rapportent plus en finance qu’en production. De jeunes qui tournent facho sans qu’il soit vraiment possible de comprendre pourquoi… Du sentiment que la violence monte inexorablement

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je suis vraiment navré de vous déranger, mais vous avez coupé votre téléphone, apparemment, et...
J'avais besoin de réfléchir


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'est la fête à Montcoeur ! Le maire a décidé d'organiser un « pique-nique de l'amitié et du vivre-ensemble ». Hélas, le vivre-ensemble a du plomb dans l'aile, ou plutôt un pic à brochette dans les fesses. Celles du maire, en l'occurrence, victimes d'une agression de Berthe, l'ancienne amante de Mimile.

La fête est donc de courte durée, d'autant qu'on apprend bientôt la mort d'Armand Garan-Servier, le patron de l'entreprise qui porte son nom.

À son décès s'ajoutent d'ailleurs plusieurs incendies inexpliqués qui ne font qu'attiser les tensions déjà palpables dans le village...

De son côté, à Paris, Antoine participe à la manifestation du 1er mai, où il s'oppose à la violence d'un militant des « black blocs », avant de se retrouver à l'hôpital après une charge policière musclée. Et il n'est pas au bout de ses peines...

L'événement lui vaut également une empoignade avec Pierrot, venu lui rendre visite. Un accrochage symbolique, qui témoignerait presque de l'impossible réconciliation au sein de la grande famille de la gauche...

Ce qu’il faut de nuit

Après la mort de sa femme, un père continue, avec ses deux fils. Mais durant les trois années de cancer, les enfants ont grandi et les liens se sont imperceptiblement distendus.

Ce qu’il faut de nuit de Petitmangin Laurent

Et un fils se met petit à petit à trainer avec des mecs que le père ne sent pas trop. Lui, militant socialiste regarde avec peine et incompréhension son aîné trainer du côté des fachos. Et cette histoire qui s’assombrissait bascule en enfer.

Un premier roman bouleversant d’une très grande maîtrise

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'est l'histoire d'un père qui élève seul ses deux fils. Une histoire d'amour. Les années passent, et les enfants grandissent. Ils choisissent ce qui a de l'importance à leurs yeux et ceux qu'ils sont en train de devenir. Ils agissent comme des hommes. Et pourtant, ce ne sont encore que des gosses. C'est une histoire de famille et de convictions, de choix et de sentiments ébranlés, une plongée dans le coeur de trois hommes.
Laurent Petitmangin, dans ce premier roman fulgurant, dénoue avec une sensibilité et une finesse infinies le fil des destinées d'hommes en devenir

L’effroi

Lors d’une représentation retransmise à la télévision, le chef d’orchestre fait le salut Nazi. Un altiste se lève et lui tourne le dos dans un réflexe indigné.

De ces premiers instants télévisés, le livre suit la lente descente du musicien, enivré par sa soudaine renommée, apeuré par des menaces néo-nazies, déstabilisé par des pressions professionnelles, abandonné par le reste de l’orchestre et dépassé par les sur-interprétations de son geste, ne trouvant du réconfort qu’au sein de sa famille. A cet instant, sa vie avait basculé.

L'effroi de François Garde
L’effroi de François Garde

Un style magnifiquement maîtrisé dans une construction chronologique qui suit la chute et le désarroi d’un homme emporté dans l’élan de son effroi.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quand, un soir de première à l'Opéra Garnier, Louis Craon, chef d'orchestre de renommée internationale, fait le salut nazi, la stupeur est si grande que personne ne bouge dans la fosse, ni dans la salle. Personne, sauf un altiste, Sébastien Armant, qui le premier se lève et tourne le dos au chef.

En quelques secondes, ce geste spontané et presque involontaire, immédiatement relayé par les médias, transforme Sébastien Armant en héros. Dès le lendemain, toutes les rédactions s'arrachent « l'homme qui a dit non ». Le musicien jusqu'ici inconnu se laisse emporter dans un tourbillon de sollicitations incessantes, jusqu'au moment où un mystérieux groupe extrémiste revendiquant le geste de Craon le prend pour cible.

Récit au jour le jour d'une existence qui bascule, L'effroi pose de manière originale la question de l'obéissance et de l'héroïsme ordinaires

Mon cousin le faciste

Le cousin de Philippe Pujol est un facho. Pas un petit, effacé, discret qui râle en cinquième ligne derrière sa télévision, non! C’est un vrai, dur, froid, violent, militant, fondateur de l’Oeuvre française. Le poing levé revendiquant fièrement son fiel haineux.

Mon cousin le fasciste de Philippe Pujol
Mon cousin le fasciste de Philippe Pujol

De la repoussante crasse brutalité des crânes rasés jusqu’à la gourdasse acceptation des masses bêlantes fascinés par les Zemour et Dieudonné, pyromanes décomplexés… Un panorama de la normalisation des idées rances.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En octobre 2010, dans une stratégie de « normalisation » idéologique, le Front national écarte plusieurs militants proches des courants les plus extrémistes qui traversent le parti. Parmi eux, Yvan Benedetti est traduit devant la commission de discipline du mouvement pour cause de double appartenance au Front national et à l'OEuvre française, un groupuscule nationaliste extrême. Cet homme, représentant d'une frange fasciste affirmée gommée par l'opération de communication du Front national, n'est autre que le cousin germain, de dix ans son aîné, du journaliste Philippe Pujol, Prix Albert-Londres. Grand reporter, l'auteur s'interroge sur les destins croisés et pourtant opposés, dans une mise en regard fascinante. Il dresse le portrait de son double en négatif et tente, au-delà des caricatures, de dépeindre un fascisme plus contemporain qu'il n'y paraît. Dans un studio parisien surchauffé, autour d'une stèle de l'OAS, dans les pas des processions de la Phalange en Espagne ou encore lors d'un rassemblement sur la tombe du maréchal Pétain sur l'île d'Yeu, en reporter, Philippe Pujol sonde l'âme rance et familière d'une idéologie française

Vernon Subutex 2

Vernon Subutex, le messie post-rock s’égare dans le tome 2. Pourtant, l’écriture de Virginie Despentes est cristalline. J’en reste coi.

Vernon Subutex 2 de Virginie Despentes
Vernon Subutex 2 de Virginie Despentes

Une critique ici

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Qui est Vernon Subutex ?

Une légende urbaine.
Un ange déchu.
Un disparu qui ne cesse de ressurgir.
Le détenteur d’un secret.
Le dernier témoin d’un monde disparu.
L’ultime visage de notre comédie inhumaine.
Notre fantôme à tous