Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Un navire marchand, une commandante et vingt (ou vingt et un ?) marins qui font halte au beau milieu de l’Atlantique pour piquer une tête dans les eaux abyssales. Et alors…Ultramarins de Mariette NavarroL’histoire d’un dérèglement, léger, presque imperceptible, juste un doute, un sentiment… une brume qui grossit.
Une intrigante histoire de bateau qui navigue entre gothique, fantastique et introspection des âmes marines
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Dans le geste connu, le geste de travail, dans le geste refait chaque jour, un espace s'est glissé. Un tout petit espace blanc inexistant jusqu'alors, une seconde suspendue. Et dans la seconde suspendue, la seconde imprécise, toute la suite de la vie s'est engouffrée, a pris ses aises, a déroulé ses conséquences.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Ils commencent par là. Par la suspension. Ils mettent, pour la toute première fois, les deux pieds dans l’océan. Ils s’y glissent. A des milliers de kilomètres de toute plage.»
A bord d’un cargo de marchandises qui traverse l’Atlantique, l’équipage décide un jour, d’un commun accord, de s’offrir une baignade en pleine mer, brèche clandestine dans le cours des choses. De cette baignade, à laquelle seule la commandante ne participe pas, naît un vertige qui contamine la suite du voyage. Le bateau n’est-il pas en train de prendre son indépendance ?
Ultramarins sacre l’irruption du mystère dans la routine et l’ivresse de la dérive.
Mais oui, Size does matter, Stanislas le sait bien. Mais cela pourrait être pire, non ? Grand petit homme de ZanzimEt bien oui ! Et ça va s’empirer rapidement dans cette mignonne bande dessinée qui tourne autour de ce petit personnage timide, gentiment obsédé, légèrement fétichiste et diablement timide.
Une grosse réussite au graphisme léger pour cette drôle d’historiette vraiment touchante, celle d’un petit homme au grand cœur.… Alors, BD d’incel comme j’ai pu le lire dans nombre de critiques ? Non, franchement pas.
Certes, Stanislas semble (au début) complexé, fétichiste et un peu voyeur (est-il responsable de sa petite taille ?)… Mais surtout grand rêveur ! Et si ce n’est pas en hauteur… il va grandir !
Mais quand-même, zut pour son chat 😉
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Stanislas Rétif est un petit homme, célibataire, la trentaine, à la beauté raisonnable. Il souffre de timidité au contact des femmes. Celles-ci l'impressionnent au plus haut point.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Petit homme deviendra grand
Stanislas Rétif habite, avec son chat, un petit appartement sous les combles. Introverti, il rêve de devenir un grand homme mais sa timidité et son mètre cinquante-sept ne lui sont d’aucun secours quand il s’agit d’aborder une inconnue. Stanislas est pourtant un grand amoureux des femmes ! En travaillant dans un magasin de chaussures, rien ne le met plus en joie que d’habiller leurs pieds. Un jour, lassé de ses déboires, il fait le vœu de devenir un « grand homme » tout en caressant sa paire de bottines préférée. Ce qu’il ignore, c’est que ces bottes en cuir de vache sacrée indienne ont un pouvoir immense ! La magie opère, mais à l’envers ! Le voilà réduit à la taille d’un pouce. Comment survivre dans cet environnement devenu hostile ? C’est le début d’une nouvelle vie dans laquelle les araignées deviennent des prédateurs et où les commérages n’ont plus de secrets pour Stanislas se faufilant, invisible, dans l’intimité des foyers. Capturé par une mamie sénile, il va bientôt se retrouver dans la maison de Fleur… jeune femme qui, à la vue de ses bottes pourrait être l’une de ses clientes… Au fur et à mesure, Stanislas va apprendre à connaître Fleur, et tomber éperdument amoureux d’elle… mais aussi la voir souffrir. Car Fleur est atteinte d’un mal qui la ronge. Que peut faire Stanislas du haut de ses 11 cm ? Peut-il devenir un grand homme par son courage, la beauté de ses actes et son don de soi ?
Après une première partie fantastique faite de guerre et d’univers parallèles, on découvre un vieil homme, critique littéraire, fatigué et insomniaque parcourant sa vie avec sa petite fille durant une nuit sans sommeil.Seul dans le noir de Paul AusterEt si le début m’a fort déconcerté, la suite est bien plus émouvante, faite de regrets, d’amour et de culpabilité. Mais faut-il se sentir coupable d’événements qui nous échappent ?
Et même…
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Seul dans le noir, je tourne et retourne le monde dans ma tête tout en m'efforçant de venir à bout d'une insomnie, une de plus, une nuit blanche de plus dans le grand désert américain. A l'étage, ma fille et ma petite-fille sont endormies, seules, elles aussi, chacune dans sa chambre: Miriam, quarante-sept ans, ma fille unique, qui dort seule depuis cinq ans, et Katya, vingt-trois ans, la fille unique de Miriam, qui a dormi quelque temps avec un jeune homme du nom de Titus Small mais Titus est mort et maintenant Katya dort seule avec son cœur brisé.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Seul dans le noir, je tourne et retourne le monde dans ma tête tout en m'efforçant de venir à bout d'une insomnie, une de plus, une nuit blanche de plus dans le grand désert américain. »
Ainsi commence le récit d'August Brill, critique littéraire à la retraite, qui, contraint à l'immobilité par un accident de voiture, s'est installé dans le Vermont, chez sa fille Miriam, laquelle ne parvient pas à guérir de la blessure que lui a infligée un divorce pourtant déjà vieux de cinq ans, et qui vient de recueillir sa propre fille, Katya, anéantie par la mort en Irak, dans des conditions atroces, d'un jeune homme avec lequel elle avait rompu, précipitant ainsi, croit-elle, le départ de ce dernier pour Bagdad...
Pour échapper aux inquiétudes du présent et au poids des souvenirs, peu glorieux, qui l'assaillent dans cette maison des âmes en peine, Brill se réfugie dans des fictions diverses dont il agrémente ses innombrables insomnies. Cette nuit-là, il met en scène un monde parallèle où le 11 septembre n'aurait pas eu lieu et où l'Amérique ne serait pas en guerre contre l'Irak mais en proie à une impitoyable guerre civile. Or, tandis que la nuit avance, imagination et réalité en viennent peu à peu à s'interpénétrer comme pour se lire et se dire l'une l'autre, pour interroger la responsabilité de l'individu vis-à-vis de sa propre existence comme vis-à-vis de l'Histoire.
En plaçant ici la guerre à l'origine d'une perturbation capable d'inventer la « catastrophe » d'une fiction qui abolit les lois de la causalité. Paul Auster établit, clans cette puissante allégorie, un lien entre les désarrois de la conscience américaine contemporaine et l'infatigable et fécond questionnement qu'il poursuit quant à l'étrangeté des chemins qu'emprunte, pour advenir, l'invention romanesque.
Voilà une critique bien difficile à rédiger tant ce chef-d’oeuvre m’a semblé inabouti. Oui, c’est un chef-d’oeuvre, nul doute. C’est beau, prenant, envoûtant et questionnant. Je suis resté sous le charme de ce livre aux nombreux tiroirs (enfin, aux nombreuses étagères de bibliothèques).La cité aux murs incertains de Haruki MurakamiComme l’auteur s’en explique dans la postface, ce livre est une extension d’une nouvelle du même titre de 1980. Elle servit de matière pour La fin des temps paru en 1985 (que je m’en vais m’empresser de relire et qui – dans mes souvenirs – me semble avoir tant de points communs). Insatisfait, Murarami s’est remis au travail en 2020 et ce livre en est une reprise complète.
Mais pourtant, à la fin de cette lecture, il me semble qu’encore, de grands pans restent inexplorés, de nombreuses portes ouvertes restent béantes et les incessantes répétitions m’ont beaucoup troublé. Choix délibérés de l’auteur ou travail inachevé ?
Une histoire fantastique, d’amour impossible, de disparition et de questionnement sur la propre vie de nos inconscients
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) C'est toi qui m'as parlé de la Cité.
Ce soir d'été, respirant les effluves de l'herbe tendre, nous avons marché vers l'amont de la rivière. Nous avons traversé une succession de gradins formant de petites cascades, et nous nous sommes arrêtés de temps en temps pour observer des poissons argentés, filiformes, qui nageaient dans les nappes d'eau. Nous étions tous deux pieds nus depuis un bon moment. L'eau claire lavait et rafraîchissait nos chevilles, le sable fin de la rivière nous enveloppait les pieds, comme un nuage doux dans un rêve. J'avais dix-sept ans, toi, un an de moins.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Tu dis : « La Cité est entourée de hauts murs et il est très difficile d'y pénétrer. Mais encore plus difficile d'en sortir.
- Comment pourrais-je y entrer, alors ?
- Il suffit que tu le désires. »
La jeune fille a parlé de la Cité à son amoureux. Elle lui a dit qu'il ne pourrait s'y rendre que s'il voulait connaître son vrai moi.
Et puis la jeune fille a disparu.
Alors l'amoureux est parti à sa recherche dans la Cité. Comme tous les habitants, il a perdu son ombre. Il est devenu liseur de rêves dans une bibliothèque.
Il n'a pas trouvé la jeune fille. Mais il n'a jamais cessé de la chercher...
Avec son nouveau roman si attendu, le Maître nous livre une oeuvre empreinte d'une poésie sublime, une histoire d'amour mélancolique entre deux êtres en quête d'absolu, une ode aux livres et à leurs gardiens, une parabole puissante sur l'étrangeté de notre époque.
Vuzz est une sale bête, une charogne sans morale, un guerrier sans armée. Ses plaisirs : tuer, violer, manger…
Vuzz : l’intégrale de Philippe Druillet
C’est une horreur absolue et c’en devient drôle… pour qui supporte
Un petit trésor minimaliste, en bleu et blanc aux traits si reconnaissables et à l’histoire bien méchante
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Vuzz !!
Manger...
Manger??
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Une œuvre à part dans l’univers de Druillet
Vuzz est un guerrier. Un pillard qui a des besoins simples dans la vie : se battre, manger et faire l’amour. Vuzz vit dans un monde où les villes en ruines abritent zombies, lapins géants et autres sorciers pédophiles. Un monde où tout n’est que désolation et incertitudes. Un monde où Vuzz ne peut finalement compter que sur lui-même. Et ça lui va très bien comme ça...
Vuzz est un personnage à part dans l’œuvre de Philippe Druillet. Dans ses aventures, l’auteur, comme son héros, se laisse aller à son propre plaisir. Exit les grandes envolées graphiques, les fresques bariolées sur deux pages, la démesure des architectures et la noirceur assumée du propos. Ici, le récit est volontairement décalé, presque humoristique ; la narration dépouillée et la mise en scène minimaliste. Cette intégrale inédite, petit format et en noir et blanc, rassemble les aventures complète de ce anti-héros et nous fait redécouvrir l’étendue de l’imaginaire créatif d’un auteur hors-norme.
Le roman à message est un art difficile, si les ficelles sont trop grosses : ça ne passe pas. Et là, comment dire… elles sont énormes, des câbles de télécabines ! Et pourtant, c’est plutôt bien foutu et je me suis laissé séduire (pas même coupable) comme par un bon film de Noël. Cucul : new rom-com de Camille Emmanuelle
Alors, oui : le livre porte très bien son titre !
Un livre à conseiller les yeux fermés à tous les ados et même aux plus grand-e-s !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Tout a été bouleversé dans ma vie, mais rien n'a changé dans cette pièce. Mêmes fauteuils classiques en cuir noir, même plante suspendue toujours impeccablement verte, même grand pictogramme chinois encadré, face à moi. J'ai arrêté la thérapie depuis plus d'un an, assez fière de n'avoir plus besoin de béquille pour avancer dans l'existence. Pourtant, en cette belle matinée d'avril, je me sens soulagée d'être de nouveau installée dans ce fauteuil face à ma psy.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Il est sa création. Elle ne sera pas sa créature.
Le jour, Marie Couston est prof de français contractuelle dans un lycée. La nuit, elle écrit sous pseudo de la romance érotique. Mais lorsque son éditrice exige qu'elle abandonne ses romans cucul pour de la dark romance, Marie voit rouge. En clair, on lui demande de rendre sexy des violences conjugales et sexuelles... Sans regret, et un peu saoule, Marie décide de tuer son personnage principal avant de s'endormir.
Au réveil, elle n'en croit pas ses yeux : un inconnu est assis sur son canapé. L'homme, très beau dans son costume sur mesure hors de prix, lui explique alors le plus sérieusement du monde qu'il est James Cooper, le mâle alpha de sa romance et de ses fantasmes...
Hilarante et engagée, la comédie romantique que vous attendiez, sans savoir que vous l'attendiez.
Trois jeunes filles ado dans un monde où les hommes ont disparu se retrouvent à sauter dans un trou vers (hoops ! Oui, des gros vers oranges) et vont devoir se confronter à leurs peurs.
Hoops de Genie Espinosa
Une petite bande dessinée un peu naive – un peu rigolote, aux dessins qui alternent entre graphisme numérique d’une grande platitude et personnages plutôt réussis.
De l’empowerment féministe à la girl power !
Allez les copines, ensemble on est les plus fortes
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Encore en retard !
Elle me fatigue !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Kubo, Pippa et Gor sont trois adolescentes qui vivent dans un monde sans hommes. Ces derniers ont disparu mystérieusement il y a plus d'un an. Profitant d'une pause, les filles décident de sécher les cours et de fumer un énième joint en cachette.
C'est ainsi qu'elles tombent dans un hoop ou un trou de vers spatio-temporel, aussi rond et brillant que les anneaux qu'elles portent aux oreilles, et atterrissent dans un paradis infernal. Elles vont devoir trouver la sortie en utilisant toutes les astuces possibles et en faisant appel aux pouvoirs qu'elles ignorent posséder.
Hoops est une aventure d'exploration personnelle et d'empowerment.
Une lutte pour découvrir que le chemin vers l'autre côté est avant tout un voyage intérieur.
Il y avait les tranches de vie, désormais Chabouté nous propose les tranches de musée.
Musée de Christophe Chabouté
Il se promène et observe dans un musée (l’un des plus beaux du monde, le musée d’Orsay). Le jour, les visiteurs s’y baladent et la nuit, les œuvres.
Entre fidèles portraits des visiteurs et nuits fantastiques, cet album est un hommage magnifique à ce musée qui ne l’est pas moins.
Claude Monet – Coquelicots, 1873
Une bande dessinée idéale pour se donner envie d’une petite balade à Paris
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Qui regarde qui ? …
Entre les statues de marbre et les tableaux de maîtres, les visiteurs du musée d’Orsay posent tantôt des yeux admiratifs, tantôt un regard perplexe sur les chefs-d’œuvre qui bordent les allées. Ils échangent dans un murmure discret et continuent leur déambulation. Mais lorsque les portes du musée d'Orsay ferment et que la nuit tombe, les sculptures et les peintures quittent la pose, descendent de leur socle, s'animent, se détendent, se mettent à se raconter, s’interrogent ou commentent ce qu'elles ont pu voir ou entendre au cours de la journée. L’Olympia de Manet, qui en a peut-être assez de passer sa vie allongée, déserte sa couche ; les Raboteurs de parquet de Caillebotte, fatigués, délaissent les lattes du parquet ; et Héraclès se dirige, comme à son habitude, tout droit vers sa pièce favorite : les toilettes. Certains se retrouvent pour dresser un portrait peu flatteur des visiteurs indélicats ; d’autres, désabusés, s’assoient pour observer l’absurdité du monde à travers les vitraux de la grande horloge. D’autres encore accueillent les nouveaux venus, car les collections s’agrandissent ! Au petit matin, toutes les œuvres regagnent leur socle ou leur cadre et reprennent la pose avant l'ouverture des portes. Un quotidien au musée où l’on découvre que tour à tour, les rôles s'inversent. Que peuvent bien penser de nous les peintures et les sculptures à force de nous observer et de nous écouter dans les couloirs et les salles d'un musée tout au long de la journée ?… Ce que de jour les « regardeurs » disent des regardés, et surtout ce que de nuit les regardés racontent des « regardeurs ». Le lecteur devient témoin et spectateur d'un quotidien aussi bien nocturne que diurne dans le musée.
Fin observateur, Christophe Chabouté signe un album plein de poésie qui nous invite à réfléchir sur notre rapport à l’art, nos certitudes et à la manière dont nous percevons le monde. Se jouant des visiteurs mais jamais du lecteur, il laisse place à la contemplation avec humour et sensibilité.
Quelle incroyable bande dessinée !?! Je n’en reviens toujours pas. Malaisant, cringe, bizarre, gore, étrange ou indéfinissable ?
Jolies ténèbres de Marie Pommepuy et Fabien Vehlmann, dessins de Kerascoët
Des petits enfants cruels et sans filtres sortent du corps d’une petite fille morte en décomposition au milieu de la forêt. Déjà là, le pitch est curieux.
Le reste est à l’avenant.
Un dessin féerique pour une histoire monstrueuse au message un peu cryptique.
Une réussite désarçonnante
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Il arrive
il arrive !
Mais je ne suis pas prête !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Dans le palais imaginaire de la presque princesse Aurore, le plafond se met soudain à dégouliner, les murs s'effondrent d'eux-mêmes et tous les invités s'en échappent pour ne pas finir engloutis sous des marées nauséabondes. Parce que la demeure d'Aurore n'est rien d'autre qu'une enfant gisant abandonnée dans les sous-bois, sans que quiconque sache ni comment ni pourquoi elle s'est retrouvée là. Au fil des saisons, la minuscule souveraine se démènera pour faire de son monde un conte de fées comme elle en a toujours rêvé, en compagnie de créatures telles que l'Orgueilleuse, ou l'Aventurière, et bien entendu le Prince m'as-tu-vu.
Or, dans cette fable-là, les princesses ne deviennent guère des reines. Et Aurore l'apprendra à ses dépens, lorsqu'il lui faudra prendre de cruelles décisions...
C'est une "Alice au pays des merveilles" de David Lynch, mélange de la poésie de Miyazaki et de l'insolite de Tim Burton, que ce conte noir brodé par Fabien Vehlmann et les Kerascoët.
Envoûtantes autant que morbides, ces "Jolies ténèbres" parues pour la première fois en 2009 font désormais leur entrée chez "Aire Libre" : une réédition à la hauteur de l'ouvrage, qui se voit ainsi couronné par le prestigieux label et prend place à son tour aux côtés des grands noms de la bande dessinée romanesque.
La forme est travaillée, recherchée, poétique à l’excès. Elle en enrobe le fond et l’histoire pour en devenir une figure de style ampoulée qui m’a lassé et laissé en surface.
La langue des choses cachées de Cécile Coulon
Et même l’histoire (qui baigne dans un ésotérisme qui me laisse généralement froid, il est vrai), de guérisseurs et guérisseuses se transmettant leurs dons pour soigner celles et ceux pour qui les hommes ne peuvent rien, ne m’a pas vraiment touché
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Car c'est ainsi que les hommes naissent, vivent et disparaissent, en prenant avec les cieux de funestes engagements: leurs mains caressent et déchirent, rendent la peau si douce qu'on y plonge facilement des lances et des épées.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) À la tombée du jour, un jeune guérisseur se rend dans un village reculé. Sa mère lui a toujours dit : « Ne laisse jamais de traces de ton passage. » Il obéit toujours à sa mère. Sauf cette nuit-là.
Cécile Coulon explore dans ce roman des thèmes universels : la force poétique de la nature et la noirceur des hommes.
Avec La Langue des choses cachées, ses talents de romancière et de poétesse se mêlent dans une oeuvre littéraire exceptionnelle.