Un livre hypnotique, dur, aride, sec, limite désagréable et malaisant. Un livre qu’il faut reprendre à plusieurs fois, déposer, reposer et laisser poser. un livre à la rythmique hallucinée qui nous plonge dans la folie d’un deuil. Flore à perdu sa mère et elle ne s’en remet pas. Médicaments, psy, alcool… rien n’y fait, la spirale semble sans fin.
Ajoutez un frère absent et un autre schizophrène (ou approchant, je n’ai pas vraiment compris) qui squatte la cave avec des amis, un travail de chirurgienne dans un milieu hostile (ou est-ce Flore que tout agresse ?), une fille de quatre ans…
Un livre difficile d’accès, mais qui brillamment raconte une femme qui sombre
Je gâche tout. C'est comme ça. Moi, Flore Forget, indigne fille de feu Violette Hubert, ma mère, je dois bien l'avouer, je pourris tout. Je fais tout foirer, tout tourner. Une mauvaise mayonnaise. C'est ce que je fais de la vie. Je saccage, je ravage, je ruine, je pulvérise. Je rêve follement d'éradiquer le facile. Je plastronne fièrement avec mon air de pimbêche, de soldate amarante et ma gueule ramenarde de G.I. goulue. Je pense éperdument arracher la vie au fumier sur lequel elle croît si bien, la salope. Je me prends pour un grand vent, une rafale, un raz-de-marée, un noroît, une tourmente. Je fais dans le jugement dernier.
La chirurgienne toxicomane Flore Forget ne fait pas dans la dentelle. Quand sa mère, Violette Hubert, meurt un Vendredi saint dans le même hôpital où elle termine une opération, Flore se met à vaciller dans le brouillard profond qui l’enveloppe, entre la crise de nerfs et un grave délire névrotique. Et lorsque s’ajoute à cette fin du monde le retour de son frère aîné, Florent, surnommé « l’Fêlé », avec dans ses bagages les morceaux d’un puzzle familial ravagé par les atrocités de la Seconde Guerre, rien, mais rien ne va plus.
On comprend alors que le délire verbal – décapant et survolté et révolté et incendiaire – de Flore est le seul espoir qui lui reste, avec sa fille de quatre ans, Rose, à qui elle voudrait épargner sa propre douleur de vivre et la sauver du désastre général. Elle entreprend ainsi une plongée dans les profondeurs de l’identité familiale pour y circonscrire son identité personnelle, et peut-être se libérer du poids du monde qui l’écrase davantage chaque jour.