Jolies ténèbres

Quelle incroyable bande dessinée !?! Je n’en reviens toujours pas. Malaisant, cringe, bizarre, gore, étrange ou indéfinissable ?

Jolies ténèbres de Marie Pommepuy et Fabien Vehlmann, dessins de Kerascoët

Des petits enfants cruels et sans filtres sortent du corps d’une petite fille morte en décomposition au milieu de la forêt. Déjà là, le pitch est curieux.

Le reste est à l’avenant.

Un dessin féerique pour une histoire monstrueuse au message un peu cryptique.

Une réussite désarçonnante

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il arrive
il arrive !
Mais je ne suis pas prête !


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans le palais imaginaire de la presque princesse Aurore, le plafond se met soudain à dégouliner, les murs s'effondrent d'eux-mêmes et tous les invités s'en échappent pour ne pas finir engloutis sous des marées nauséabondes. Parce que la demeure d'Aurore n'est rien d'autre qu'une enfant gisant abandonnée dans les sous-bois, sans que quiconque sache ni comment ni pourquoi elle s'est retrouvée là. Au fil des saisons, la minuscule souveraine se démènera pour faire de son monde un conte de fées comme elle en a toujours rêvé, en compagnie de créatures telles que l'Orgueilleuse, ou l'Aventurière, et bien entendu le Prince m'as-tu-vu.

Or, dans cette fable-là, les princesses ne deviennent guère des reines. Et Aurore l'apprendra à ses dépens, lorsqu'il lui faudra prendre de cruelles décisions...
C'est une "Alice au pays des merveilles" de David Lynch, mélange de la poésie de Miyazaki et de l'insolite de Tim Burton, que ce conte noir brodé par Fabien Vehlmann et les Kerascoët.

Envoûtantes autant que morbides, ces "Jolies ténèbres" parues pour la première fois en 2009 font désormais leur entrée chez "Aire Libre" : une réédition à la hauteur de l'ouvrage, qui se voit ainsi couronné par le prestigieux label et prend place à son tour aux côtés des grands noms de la bande dessinée romanesque.

Gore de mer

Pour les vacances d’été à la plage, le Gore des Alpes avait publié un recueil de nouvelles en 2022. Avec des pépites et… ma foi, du moins sanglant.

Gaël avait douze ans lorsque le père se mit soudain à chier sans pouvoir s'arrêter. Au début, il tentait de se lever, d'aller jusqu'aux cabinets, très vite, il faisait sous lui, une large tache trop claire pour être honnête qui n'avait pas fini de se répandre qu'il se vomissait déjà dessus. En trois jours, le père creva, comme une grande partie des villageois. C'était le choléra.
Gore de mer : Ouessant de Stéphanie Glassey

Mais quand c’est bon, c’est très ! C’est la valse au cracra sans tabous avec du sexe (parfois en plusieurs morceaux), des viandes et des fluides de toutes sortes et origines…

On peut être choqué. Pas à l'idée que la veuve baise son amant sur les morceaux encore tièdes de son mari. De cela, tout le monde s'en fiche. Mais du fait qu'elle préfère ce sac d'os, tout en angle et en coin, musclé comme un squelette et surnommé Allumette. Dans la fièvre de l'orgasme elle hurla: « Allumette, gentille Allumette, je te plumerai! » Les femmes ne sont pas cruelles, elles sont curieuses. Leurs choix sont autant d'énigmes.
Gore de mer : Ciel mon mari de Gabriel Bender

Oui, les bords de mer sont parfois putrides

Puis Thelma avait coupé les amourettes de son mari, les avait fait frire dans un peu d'huile d'olive et les lui avait servies en guise de dernier repas du condamné. Il les mastiquait encore quand elle lui avait tranché la gorge. Un testicule à moitié mâché était ressorti par la plaie béante et avait glissé sur le torse adipeux de J. D. pour s'arrêter dans le creux de son nombril.
Et Thelma avait crié : « Olé! »
Gore de mer : Thelma et Louis de Nicolas Feuz

Pour les amateurs du genre, l’occasion de rire de l’excès

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Pour l’été, le Gore des Alpes sculpte son summer body et devient le Gore de Mer pour mieux se glisser en milieu aqueux. Daupins-garous, sirènes envoûtantes et meurtrières, monstres marins, zombies aquatiques, serial killers et expéditions nautiques, tout y est pour un tsunami d’horreur et de sable chaud. Les plumes du Gore des Alpes, plus acérées que jamais, vous donnent rendez-vous pour un jeu de massacre estival. Laissez flotter vos idées noires dans un bain suave et tentaculaire.

17 nouvelles pour frissonner les pieds dans l’eau.

avec Philippe Battaglia, Gabriel Bender, Louise Anne Bouchard, Joël Cerutti, Eric Felley, Nicolas Feuz, Jean-François Fournier, Jordi Gabioud, Oliva Gerig, Stéphanie Glassey, Marie Javet, Joël Jenzer, FrançOis Maret, Micolas Millié, Olive, Dita von Spott, Vincho

Buffet de campagne

Hommage à la pulp lit. des 50’s, le but n’est visiblement pas de faire de la sophistication, du style et des phrases. Il faut de l’horreur, du sexe, de la viande, du mystère, du légendaire, du cracra avec une bonne grosse dose d’autodérision.

 - Alors? Comme ça, m'sieur a choisi Megève comme lieu de villégiature? L'gamin veut se reposer chez nous ? C'te idée y est pas vraiment la bonne, vindiou! Si vous saviez c'que cache notre montagne, encore plus depuis que les monchus y viennent en nombre...!
 - Avant, on aurait dit que c'est pas fait pour les précieux dans vot' genre, mais avec le débarquement des Rothschild... Faut croir' qu'ils l'aiment, not' montagne! Et qu'ils y en redemandent!... On va pas vous y mangez ! Vous y êtes bien trop chétif!
L'homme partit dans un grand éclat de rire et fit un clin d'œil complice à son camarade, qui tenait la bride de l'un des bourricots et avait chargé l'une de mes valises sur ses épaules. Il reprit d'un ton jovial:
 - En plus d'y être un monchu, v'là t'y pas que ça y est un Pique-Meurons! Y trouvera p't'êt' une bonne fénole sur l'aulp qui va nous y décoincer, c'te jeune-là!
Buffet de campagne de Olivia Gerig

Et là, c’est assez réussi. C’est pas top-top (même un peu nul) mais c’est drôle, exactement dans la cible et pas trop mal foutu avec des pages inintelligibles à qui ne goûte pas au patois savoyard et quelques pépites mémorables.

C'est alors que Nathalie surgit dans l'entrée. Magnifique, attirante, excitante, avec ses mains couvertes de sang séché.

L’histoire d’un souffreteux à Megève où l’on mange de si bonnes charcuteries et où certaines portes n’ont pas à être ouvertes…

J'exécutai ses ordres. J'ôtai d'abord mes bottes, puis mes vêtements. J'étais à moitié nu, debout devant le banc. C'est là qu'elle réapparut face à moi. Elle ne portait qu'une chemise de nuit rose pâle transparente à travers laquelle on voyait distinctement ses seins charnus, ses tétons pointer ainsi que la toison abondante de son pubis. Ses longs cheveux noirs étaient lâchés sur ses épaules. Elle s'avançait droit sur moi d'une démarche à la fois décidée et chaloupée. Sa poitrine généreuse et son sexe attiraient tour à tour mon regard. J'étais prêt à exploser. Si elle me touchait, tout serait fini même avant d'avoir commencé. Je fermai les yeux.

Gore des alpes, une très sympa collection !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Un grognement terrifiant déchira le silence de l'alpage de Plaine-Joux. Il provenait d'une ferme isolée, dernière habitation, avant les sommets. Le bruit cessa lorsqu'une silhouette effrayante de femme vêtue d'un pantalon, de bretelles et de bottes fit son apparition sur la colline. Les cheveux longs en bataille et le visage crasseux, la démone tenait les rênes d'un cheval de trait. Elle posa sur sa croupe un harnais garni de saucissons, diots et lard et s'assit en selle.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Buffet de campagne vous emmènera dans la station de sports d’hiver la plus huppée et tendance de la France de l’Entre-Deux guerres, Megève, en compagnie d’un jeune journaliste genevois, pleutre et chétif. Il découvrira, à ses dépens, les plaisirs de la chair et de la bonne chère, le goût du sang et de la violence qui attirent les nobles européens. Un séjour initiatique dans les alpages du Mont d’Arbois dans l’ombre d’une femme mystérieuse, une mante religieuse démoniaque.

Delirium

Bien souvent dans les romans de gare mal fichus, les rêves servent de cache-misère aux auteurs pour trouver une fin à leurs abracadabrantesques délires. Mais là, non. C’est pas Inception mais c’est un peu cul, un peu valaisan, pas assez gore et plutôt drôle.

Delirium de Louise Anne Bouchard

Un détective privé à la recherche d’infos sur une ancienne disparition mystérieuse, huit beautés marchandes de leurs charmes au Dolly Pop.

Une histoire qui n’est pas sans rappeler celle du célèbre portrait d’Oscar le Sauvage.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Couleur3 et Canal diffusaient les infos en boucle : on recherchait un homme disparu depuis soixante-douze heures.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Jérôme boit trop, baise trop, et s’est fait virer de son job.
Il va se refaire une santé en Valais. Et là, encore, il baise trop, boit trop.
Dans son cauchemar, on l’enlève et on le malmène : séquestration et sévices pour l’empêcher de toucher à la légende du Dolly Pop, la mystérieuse disparition de huit beautés qui gagnaient leur vie en Valais en vendant leurs charmes et parfois leurs petites culottes

La chienne du Tzain Bernard

Après avoir bien ri avec La fête de la vicieuse de Philippe Battaglia dans cette même collection, j’avais pensé à une pépite sortie d’une mine aux joyaux tous merveilleux. Hélas, cette chienne, premier numéro du Gore des Alpes, ne m’a guère convaincu.

La chienne du Tzain Bernard de Gabriel Bender

Une histoire contée par le nain d’un potentat Valaisan qui passe son temps à engrosser les filles de ferme et… accidentellement sa soeur. Un récit avec des gros chiens qui dévorent des enfants.

Malheureusement, le récit manque de fluidité et le scénario de consistance. Les Tz’ lassent bien vite et les incessantes interruptions donnent droit à des pages d’énumérations aussi agaçantes qu’anecdotiques.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La Chienne du Tzain-Bernard rend hommage aux premières œuvres de la littérature gothique dans un style épique qui rappelle les fictions polissonnes de l’Ancien Régime. L’auteur interroge et met en lumière les liens interlopes du clergé avec l’argent et le pouvoir, donc avec le sexe.
«Il ne savait pas non plus comment et pourquoi la blonde gisait sur le sol, un œil crevé et l’autre vitreux, le fémur à l’envers, la clavicule et la nuque brisée»

Dirty sexy valley

Comme un film d’horreur porno, ce livre ose tout et pire et pire encore. Tellement qu’on se sent intrigué, amusé et nauséeux comme devant un massacre à la tronconneuse revisité par Russ Meyer. Répugnant et hilarant.

Dirty sexy valley de Olivier Bruneau

Un livre qu’on peut jeter au feu après 20 pages tout comme il serait possible de lui donner 5 étoiles tant il va au bout de son délire.

Et même si c’est trop, j’ai quand même bien rigolé

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans la moiteur d'un été torride, six étudiants inséparables décident de célébrer leur diplôme en s'adonnant à une authentique orgie dans une cabane isolée à la montagne. Mais quand ils débarquent sur place, prêts pour la fête de leur vie, ils ignorent que dans la pinède habite une famille dégénérée pour qui la perversion est un art de vivre.

Voici un roman qui dépasse les bornes. Horreur, sexe et humour : réfléchissez avant d'offrir ce livre à votre belle-mère. En revisitant la crème du cinéma trash (des bombes sexuelles en mini short aux massacres à la perforeuse dans les bois) et en nous offrant un mélange tout personnel de Quentin Tarantino et de Russ Meyer, Dirty Sexy Valley transforme en éclats de rire ce qui nous obsède depuis la nuit des temps : Eros et Thanatos, revisités en mode pop-corn