Stella et l’Amérique

Voilà une bien grosse poilade, un bon moment de polar old-fashioned à l’américaine avec des tueurs, de l’humour (plein d’humour !), un petit peu de sexe, des interdits et des tabous, et plein de brigands bien mal intentionnés (à commencer par Sa Sainteté).

Santa Muerte se pencha et cracha dans la bassine en plastique à ses pieds. Elle s'essuya la bouche avec un mouchoir de tissu sale et but au goulot une lampée de mezcal. Lequel, avec les cigarettes sans filtre, est une belle tentative d'écourter le temps long. Le ver dans la bouteille chatouilla ses lèvres avant de s'en retourner au fond. Santa passa sa petite langue noire sur sa bouche.
« Assieds-toi et parle, ma jolie. Mes clients attendent.
 - J'ai vu personne dehors.
 - Je parle aussi avec des fantômes, la plus grande part du boulot est invisible. »
Stella et l’Amérique de Joseph Incardona

Un roman noir dans la lumière sainte.

Deux balles franchirent le verre, la peau et l'os. 
Dans ces conditions, la vie, quelle qu'elle soit, s'efface. 
Et on tuera tous les affreux.

Et une fin avec un clin d’œil à Vernon Sullivan bien mérité

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il faut savoir que Stella n'était pas exactement belle, ni très futée non plus. Mais elle était sincère. Et loyale. Et dans une vie, quand on y pense, ça peut suffire pour devenir une sainte.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Stella fait des miracles. Au sens propre. Elle guérit malades et paralytiques, comme dans la Bible. Le Vatican est aux anges, pensez donc, une sainte, une vraie, en plein vingt et unième siècle ! Le seul hic, c'est le modus operandi : Stella guérit ceux avec qui elle couche. Et Stella couche beaucoup, c'est même son métier...

Pour Luis Molina, du Savannah News, c'est sûr, cette histoire sent le Pulitzer. Pour le Vatican, ça sentirait plutôt les emmerdements. Une sainte-putain, ça n'est pas très présentable. En revanche, une sainte-martyre dont on pourrait réécrire le passé...

Voilà un travail sur mesure pour les affreux jumeaux Bronski, les meilleurs pour faire de bons martyrs. À condition, bien sûr, de réussir à mettre la main sur l'innocente Stella. C'est grand, l'Amérique.

Avec sa galerie de personnages excentriques tout droit sortis d'un pulp à la Tarantino et ses dialogues jubilatoires dignes des frères Coen, Joseph Incardona fait son cinéma.

Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan

Roland Perez est né avec un pied bot dans une famille juive marocaine à Paris. Ce livre, c’est son enfance, l’amour de sa mère, sa vie, son handicap et sa guérison, sa famille, son père, ses frères et soeurs, la cuisine juive, les voisins, Sylvie Vartan, ses études, sa femme et ses enfants, la télévision… Tout ça emmêlé, avec les parfums de la cuisine, l’odeur du métro et celle du lino du salon.

Jamais je ne me suis senti différent, jamais dans le regard de ma famille je n'ai lu de pitié ni de peine. Tout leur amour, tellement immense, me portait et effaçait toute trace de tristesse ou de frustration. Je marchais dans ma tête, tout simplement. C'était mon domaine, j'étais comme tout le monde, même si je ne savais pas à quoi ressemblait le monde. Car on veillait bien à me protéger des regards extérieurs. Dehors, oui, j'étais différent. Toujours dans les bras de ma mère à cinq ans, je devenais un objet de curiosité pour les voisins, les commerçants et les autres enfants. Ma mère déployait toujours la même rengaine à destination de ceux qui l'interrogeaient, ne serait-ce que du regard :
 - Vous savez, Roland il ne se plaint jamais, il se met devant la télé, il adore chanter, faire la conversation, il ne s'ennuie pas ! Et puis bientôt, il va marcher. On a rendez-vous avec un grand médecin qu'on nous a donné.
Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan de Roland Perez

C’est truculent, très drôle et ça déborde d’amour, c’est beau comme tout. C’est doux comme un cigare au miel (la pâtisserie, donc !), ça déborde de sucre et ça fait même pleurer tellement c’est bon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ma mère était persuadée qu'avec des cigares au miel on pouvait tout acheter. Avant chaque visite de l'assistante sociale, elle s'enfermait des heures durant dans sa cuisine. Assis par terre, je la regardais rouler les petites bûches, tandis que l'appartement s'emplissait des parfums d'amande et de fleur d'oranger.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Roland vit dans un HLM du 13e arrondissement de Paris, au sein d'une famille juive séfarade d'origine marocaine. A 5 ans, il ne marche toujours pas. Gardé à l'écart du monde par une mère très croyante et surprotectrice, l'enfant se passionne pour les émissions de télévision et pour Sylvie Vartan

La petite fille sur la banquise

Un livre déchirant, dont on ne ressort pas indemne. Une enfance détruite, une vie déchiquetée.

La petite fille sur la banquise de Adélaïde Bon
La petite fille sur la banquise de Adélaïde Bon

Un viol dans une cage d’escaliers à neuf ans. Et vingts-trois ans après, enfin! Un suspect! Le coupable arrêté. Et avec le procès, la découverte de toutes les autres victimes. Toutes ? Combien de vies détruites par un seul homme ? Cinquante, cent, certainement plus encore.

Un choc ! Un récit bouleversant d’une grande sincérité. Un témoignage absolu sur une vie massacrée, les séquelles, l’appareil policier et judiciaire et la tentative de retrouver la vie.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Elle ne sent pas les méduses s'immiscer en elle ce jour-là, elle ne sait pas qu'elles vont la déporter de sa route, l'attirer vers des profondeurs désertes et inhospitalières, entraver jusqu'au moindre de ses pas, la faire douter de ses poings, rétrécir année après année le monde qui l'entoure à une poche d'air sans issue.

Personne ne la prévient, personne ne lui explique, le monde s'est tu. »
A.B.

Quand ses parents trouvent Adélaïde muette, pleurant sans savoir dire pourquoi, ils l'emmènent au commissariat et portent plainte contre X pour attouchements sexuels. Elle grandit sans rien laisser paraître, le sourire aux lèvres. Des années de souffrance et de solitude, à se battre contre les méduses.

Vingt-trois ans après, elle reçoit un appel de la brigade des mineurs, un suspect a été arrêté. Tout s'accélère